#LA_REUNION_DE_SON_PERE
#EPISODE_2
Sa mère lui avait expliqué qu'il n'allait pas avoir la possibilité d'assister à l'enterrement de son père, puisque celui-ci occupait un rang de notable et les notables étaient enterrés le jour même de leurs décès.
Néanmoins, sa présence était très exigée pour les funérailles qui allaient être programmés dans une date proche.
Même si Rolis n'avait jamais été proche de son père, il était vraiment touché par le deuil.
Sa femme s'était réveillée ce matin et l'avait trouvé assis sur le lit en pleurs...
Valérie : c'est encore le même rêve chéri ?
Il savait qu'il avait fait un rêve dans la nuit, mais il avait perdu la mémoire sur le scénario.
Quand il lui avait annoncé la nouvelle, elle l'avait pris dans ses bras pour le consoler.
Rolis : c'est vrai que ce n'est pas lui qui m'a élevé, et que je n'ai pas vraiment eu la chance de le connaître une fois que j'étais adulte... Mais c'était mon père 😭😭
Valérie : c'est vrai, tu as raison chéri, on n'a qu'un seul père dans la vie. Si perdre un être cher n'est pas quelque chose de facile, je n'imagine pas la douleur lorsque c'est un parent.
Rolis : merci chérie
Valérie : restons en attente du programme, pour organiser notre départ pour le village. Tu comptes assister n'est-ce pas ?
Rolis : normalement chérie
Il avait pris sa journée auprès de ses patrons pour faire son deuil à la maison. Ses collègues qui avaient appris la nouvelle, l'avaient envoyé des cartes de condoléances...
Valérie avait passé la journée à l'encourager...
Elle lui faisait des messages pour savoir s'il avait besoin de quelque chose, en longueur de journée.
Dans ce pays, il ne s'était pas trop familiarisé aux gens. Il avait juste son travail et sa famille.
À MBAKOU, le chef supérieur avait appris le décès de Jean et était venu personnellement lui rendre un dernier hommage, puisque Jean était un membre du conseil des neufs Notables.
Sur la demande du chef, la famille avait libéré la pièce où se trouvait Jean, pour qu'ils puissent entrer avec ses notables et faire le constat de la mort...
Après quelques heures d'incantation sur le corps inerte de Jean, ils étaient finalement sortis avec lui, couvert de la tête aux pieds avec Ndop (tissu traditionnel à l'ouest Cameroun) pour se diriger vers une tombe qu'on avait au préalable creusé.
Seuls les notables et quelques membres initiés de la famille pouvaient assister à l'enterrement de Jean... Ils avaient l'interdiction de prendre la moindre photo...
Après l'enterrement, on avait donné l'autorisation aux frères, femmes et enfants de Jean d'aller voir sa tombe.
En soirée, le chef du village devait siéger avec les membres de la famille pour trouver une date pour les funérailles de Jean.
La mère de Rolis l'avait ténu au courant de tout ce qui s'était passé. Les funérailles étaient programmés pour deux semaines après l'enterrement...
Il ne comprenait pas cette habitude et culture bizarre où, on devait enterrer une personne le jour même de son décès, en plus sans cercueil comme s'il était un chien sans maître. Avec le simple prétexte qu'il était un proche du chef.
Les funérailles étant programmés, il avait commencé à préparer le voyage avec sa femme et son fils... À une semaine des funérailles ils avaient pris le vol pour le Cameroun, mais sa maman lui avait demandé de rester à Douala et de venir à Mbakou seulement à la veille des funérailles...
C'était sa première fois au Cameroun depuis plus de 25 ans. Ils avaient pris un appartement meublé chez #Americain_immobilier pour son séjour à Douala
Valérie : pourquoi on ne part pas directement dans ton village ?
Rolis : Comme si moi-même je savais... On m'a aussi dit de rester ici et d'attendre.
Ils avaient passé toute la semaine à l'appartement et le vendredi dans l'après midi, ils étaient dans un véhicule avec pour destination Mbakou.
Sa mère était venue les chercher en route. Ça faisait tellement longtemps qu'il avait quitté Mbakou qu'il ne connaissait plus aucun chemin. Rolis avait présenté son fils Rayan et sa femme Valérie à sa mère Chimène...
Il avait remarqué une attitude bizarre chez sa mère. Elle n'était ni heureuse de faire la rencontre de son petit fils et de sa belle fille, ni comme une personne qui venait de perdre son mari, ni comme une femme qui n'avait pas vu son fils depuis 25 ans. Certes elle présentait une petite tristesse, mais pas celle d'une femme qui était devenue veuve il y'a quelques jours... C'était plus de l'inquiétude
Quand ils étaient arrivés dans la cour de son père, les funérailles avaient déjà commencé. Ses amis notables, ses frères, ses femmes, ses autres enfants et aussi quelques grand-parents du village étaient tous réunis dans sa grande cour.
Certains vieillards qui étaient dans la cour qui avaient reconnu Rolis, venaient l'embrasser en disant ;
- Donc c'est toi Rolis ? Soit beaucoup fort... Ton père nous parlait tout le temps de son fils qui est en Allemagne
Il secouait juste la tête en souriant pour rester poli...
Chimène : les enfants, les grands funérailleq c'est demain. Vous ne devez pas passer la nuit ici
Rolis : mais pourquoi maman ?
Chimène : comprends juste ce que je te dis
Rolis : je viens à peine d'arriver et tu veux déjà que je parte ? Je n'ai même pas encore salué tout le monde... En plus tu veux que je parte où ?
Chimène : tu vas aller avec ta famille, chez ma sœur dans le village voisin pour passer la nuit. Vous n'êtes pas en sécurité ici !
Rolis : comment ça en sécurité, si c'est les bandits, on peut appeler la police pour nous garder
Chimène : mon fils, ce sont des choses très compliqué... Ton père était un homme polygame et tout le monde ne t'aime pas ici...
Valérie : faisons ce que ta maman demande chéri s'il te plaît
Elle avait compris de quel genre de sécurité Chimène voulait parler.
Rolis ne comprenait rien, mais à la fin, il avait fini par écouter les femmes... Il avait fini par accepter d'aller passer la nuit chez l'une des sœurs de sa mère, qui l'avait très bien accueilli. Le lendemain, sa mère était venue les chercher avec des vêtements du funéraille...
Chimène : mon fils, aujourd'hui c'est le grand jour, tu dois être très prudent et faire très attention
Rolis : attention à quoi maman ?
Chimène : ce sont des informations que nous n'avons pas l'habitude d'avoir, mais cette fois, apparemment il y a une fuite... D'après certaines personnes, tu es successeur de ton père et ce titre peut changer dans vie à jamais
Rolis : maman, je suis juste venu assister à aux funérailles de papa, c'est tout. Après ça, je vais rentrer... Vos histoires de tradition et autres, ça ne me concerne pas. Ses autres enfants ont plus besoin de ses biens que moi.
Chimène : ce n'est pas juste une histoire de biens... Bref rien n'est encore confirmé, mais si tout à l'heure pendant le grand funéraille, tu vois un homme en tissu rouge venir vers toi, prends la course.
Rolis : ok maman, j'ai compris.
Il avait accepté juste pour se débarrasser des histoires de sa mère.
Ils avaient été tous habillés en uniforme de funéraille et conduit au village de son père. Le funéraille avait déjà commencé...
Tout était très différents de ce à quoi Rolis s'attendait, on ne pleurait pas son père, c'était plutôt une fête. Les voisins de son père, la famille au sens élargi, les associations auxquelles il appartenait étaient tous réunis dans sa cour pour montrer combien il était aimé, combien il comptait pour la collectivité. À vrai dire c’était une grande fête, avec des danses autour du tam-tam, des tours de deuil, des hommes costumés avec des coiffures sortis pour la circonstance, puis des obligations de toutes sortes pour les familles...
On offrait des plats cuisinés aux parents, aux amis, aux voisins...
En face d'eux, il y avait une tente vide qui symbolisait la disparition de Jean. Seule une photo de lui rappelait sa personne.
Pendant que les femmes, les enfants et les petits enfants de Jean étaient tous vêtues en blanc et dansaient autour des tam-tam, il y avait un homme drapé de rouge qu’on nomme le maître de la foudre, qui se promène en regardant le ciel comme s’il chassait les nuages en pensée. Les notables de la chefferie aussi dansaient aussi autour en contrôlant bien Rolis puisqu'il était le successeur
À l’heure où le soleil s'était décliné, un mouvement de foule avait annoncé que le moment était venu : quelques notables et l'homme en rouge s'étaient retourné à la direction de Rolis.
Son instinct lui avait fait se rappeler de ce que sa mère lui disait quelque instants plus tôt...
Il s'était mis à courir sans connaître la direction dans laquelle il allait... Quelques minutes après, il s'était retrouvé dans la forêt de ses rêves... Les notables initiés l'avaient arrêté là-bas, puis l'avaient passé aux mains des autres, qui l'avaient roulé de coups de poings, coups de pieds... Avant de le dépouiller de ses vêtements. Une lutte sans merci, s'était engage, d'autant plus acharné...
Les notables le battaient parce que c'était la dernière fois qu'ils allaient avoir une telle opportunité, puisque désormais, Rolis allait avoir le même titre de notable qu'eux.
À la fin de sa bastonnade, il avait le corps tout enflammé et les ravisseurs avaient disparu avec lui pour quelques instants
C'était désormais en chef de famille que Rolis allait revenir
À suivre...
#LA_REUNION_DE_SON_PERE#EPISODE_3Ils avaient conduit Rolis dans la case où les notables avaient l'habitude de siégér.Ils l'avaient tellement molesté, qu'il n'avait plus le courage de placer un mort.Ils étaient 8 notables installés sur des chaises, Rolis était debout au milieu de la salle. Après environ 10 minutes de silence, l'un des plus vieux présents avait pris la parole.Memkam : pourquoi tu as l'air tellement surpris de ce qui se passe ? Ton père ne t'avait pas préparé ça ?Rolis : préparer à quoi ?Les autres notables tous étonnés, avaient commencé à se regardent entre eux... Il y avait des chuchotements du genre ;- vous êtes même sûr que Jean avait bien vu les signes &agr
#LA_REUNION_DE_SON_PERE#EPISODE_4Deux ans encore étaient passés, la femme de Rolis avait donné naissance à son deuxième garçon.Depuis son retour du Cameroun, il avait décidé de mettre des draps blancs sur cette partie de sa vie. Il n'avait jamais accepté de parler de ce qui s'était passé dans la brousse à sa femme... D'autant plus que Memkam le lui avait interditIl avait recommencé à avoir des rêves où la corneille faisait des apparitions pour lui demander de retourner au village.Non seulement il ignorait les rêves, mais il avait aussi décidé de ne pas en parler à ValérieCe matin, au moment de sortir de la maison pour regagner leurs différentes occupations, la famille avait trouvé une colonie de C
#LA_REUNION_DE_SON_PERE#EPISODE_5Rolis était entré dans la chambre de son fils et l'avait Trouvé en train de hurler de douleur, ensuite plus rien, il tremblait sur le lit, en s'agrippant de toutes ses forces sur le drap... C'était comme s'il entrait en transeRolis : Rayan... Rayan tu as quoi ?Il ne répondait pas. Valérie qui avait vu Rolis sortir de la chambre était arrivée derrière lui...Ils avaient pris sa température et l'enfant faisait plus de 40 degrés... À cette heure tardive de la nuit, il n’y avait même pas moyen t'appeler les urgences... Rolis avait décidé le conduire lui-même à l'hôpital, pendant que sa femme était restée prendre soin de leur dernier né.Alors qu'il roulait pour l'hôpital, l
#LA_REUNION_DE_SON_PERE#EPISODE_6Il était dans une situation extrêmement compliquée, les notables l'avaient clairement fait comprendre qu'ils allaient le forcer la main pour qu'il fasse son retour à Mbakou. Du coup il ressentait déjà cette pression...Depuis l'extrémité du couloir où il se trouvait, il avait vu l'un des médecins qui opérait son fils, parler à sa femme...Voir sa femme d'abord couler les larmes avant de tomber sur ses deux genoux avec les mains sur la tête, lui transmettait exactement le message de ce qui s'était passé au bloc opératoire.Parfois dans un conflit, les personnes qui souffrent le plus, sont celles qui sont au milieu. Ce bébé venait de perdre la vie pour la simple raison qu'il était le fils Rolis.Ro
#LA_REUNION_DE_SON_PERE#EPISODE_7Rolis : et si je ne bois pas ?Memkam : en buvant cette coupe, tu vas devenir un membre à part entière de notre réunion donc si tu refuses de la boire, ton retour au Cameroun n'a pas d'utilité à nos yeuxRolis : du coup vous allez continuer à me mettre la pression pour que j'adhère à votre réunionMemkam : tu comprends très vite. Et dis-toi bien que nous disposons des sources illimitées pour te convaincre...Rolis : ok j'ai compris. Et ce sang, il est de qui déjà ?Memkam : pour la petite histoire, nous avons fait un deal avec un planteur du village, au moment de payer notre part, il faut dire qu'il a été gourmand et a pris tous les fruits lui seul. Nous nous sommes servi dans sa famille pour lui donn
#LA_REUNION_DE_SON_PERE#EPISODE_8Ce soir, ils étaient restés dans la case. L'un des notables présents écrasait les herbes qui allaient les aider à causer l'accident.Ils étaient restés dans cette case jusqu'à trois heures du matin. C'est à cette heure que la corneille à un œil jaune, était venue se poser sur la fenêtre pour leur faire comprendre que c'était le moment. Tous avaient compris et dans une synchronisation de mouvement, ils se sont levés pour prendre la direction de la porte.Un accident de bus, Rolis était curieux de savoir comment tout ça allait se passer.Sur la route principale de Mbakou, il y avait un virage très dangereux. Les habitants du village avaient pour habitude d'appeler ce virage, tombeau ouvert. Tellement il avait déj&agrav
#LA_REUNION_DE_SON_PERE#EPISODE_9Il avait eu très peur cette nuit, d'autant plus qu'il ne connaissait même pas comment il avait fait pour arriver chez lui. Le dernier souvenir qu'il avait, était celui d'avoir bu un verre avec des collèguesDe tout le reste de la nuit, Rolis n'avait plus trouvé le sommeil. Le moindre petit bruit du moustique qui s'envolait, lui faisait se mettre sur ses gardes. Toute la boisson qu'il avait consommé à la veille, était finie dans son corps.Pour la première fois depuis l'ouverture de sa société, il s'était rendu au travail avec un légèr retard.C'est sur les lieux qu'un de ses proches collaborateurs lui avait expliqué que le whisky de la veille, avait eu beaucoup d'effets sur lui, au point qu'ils étaient obligés de l'accompagner chez lui.Cette information avait un peu rassuré Rolis, ma
#LA_REUNION_DE_SON_PERE#EPIDODE_10Comment et à quel moment Tcham était entré ?Personne ne le savait...Il s'était présenté aux notables de Mbakou en retirant son chapeau large bord fait en paille, pour qu'ils puissent bien voir sa tête...Ils avaient tous baissé la tête face à lui, pour lui montrer qu'ils acceptaient sa supérioritéTcham : voilà ce qui se passe quand on laisse les enfants venir jouer dans la cours des grands... On ne sait plus qui est qui, tout le monde s'amuse à ce qu'il veut, mais je suis là aujourd'hui pour vous placer chacun à sa place.Memkam : notre place on la connait, ce qui s'est passé est juste une erreur... Volontairement, on n'aurait jamais souhaité avoir un conflit avec le grand Tcham. Nous savons