L'âme des sept

Chapitre 1

**Ville de Grenoble : Mistral**

Il sonnait exactement seize heures trente minutes sur la pendule de chaque maison à Mistral. Comme chaque jour depuis cinq ans, les rues de Mistral se vidaient à une vitesse inquiétante. Les portes se claquaient, les rideaux se tiraient avec nervosité, et les volets grinçaient dans la panique silencieuse des habitants. À cette heure précise, une ombre s’étendait sur la ville, plongeant le quartier dans une nuit artificielle et oppressante. Une nuit qui commençait toujours à la même heure… et qui ne s’éclipsait qu’à l’aube.

Personne n’osait plus sortir à cette heure-là. Ceux qui avaient bravé cette loi tacite, poussés par la curiosité ou l’orgueil, n’étaient jamais revenus. Mistral était devenu un territoire de silence et de peur.

               Quinze ans plus tard

**Amsterdam**

__Tout le monde a peur de cette ville. Sommes-nous sensée y aller ?

__Comme si j'avais le choix. Monsieur Pinocchio ne laisse jamais tomber une idée. Je suis certain qu'il fait tout cela pour faire démarquer sa maison de presse qui est presque en faillite. 

__C'est absurde ! Je ne pourrais même pas jouer au patinage en pleine soirée. 

__On va s'y faire. D'accord ? Il suffit juste que tu te fasses l'idée que nous partons pour une nouvelle découverte. 

__Mais ce n'est pas juste, dit-elle en faisant une moue boudeuse. Cette ville ne m'inspire pas du tout. Tu t'imagines qu'on restera enfermer durant presque la moitié de la journée ? Ce n'est pas une ville à fréquenter.

__Je sais ma puce. Mais si je perds ce job, comment vais-je payer les factures ? Ils ne se payerons pas toutes seules. Il y a tellement de choses à faire, tu sais. Je te promets qu'après celle ci, j'arrêterai de travailler pour monsieur Pinocchio et j'essayerai de trouver autre chose. Mais avant cela, j'ai vraiment besoin de ton soutien mon ange. 

Elle ne répond rien et sort en laissant sa mère toute seule. Cette dernière pose son regard sur le portrait de son mari qui était posé sur la table de chevet et s'affala dans le canapé contrarié. Elle laissait couler des larmes qu'elle essayait de refouler depuis des mois. Elle commençait par perdre les pédales et regrette tous les jours de ne pas donner une vie comme il le faut à son unique enfant. 

__Maman, tu pleures ? questionna t'elle. 

Elle se redresse et essuya nerveusement ses larmes. 

__Oh ! Je croyais que tu étais partir faire un tour. J'arrange les affaires et nous allons y aller. Tu peux m'attendre dans la voiture si tu veux. 

Elle posa un regard triste sur sa mère avant de venir s'installer près d'elle.

__Je t'ai fait pleurer ? Est-ce que je t'ai blessé ? demande t'elle en saisissant sa main.

__Non chérie. Ce n'est... pas toi. C'est juste que...ton père me manque tellement, avoua-t-elle en effondrant en larme. Tout serait si différent s'il n'était pas parti assez tôt. Je n'arrive même pas à joindre les deux bouts. Quelle genre de mère suis-je si je ne peux même pas offrir une vie parfaite à ma fille ? Je me sens tellement inutile. 

__Ne raconte pas des bêtises. Tu es la mère la plus parfaite que j'ai jamais vu ailleurs. Malgré mes caprices, tu es restée égale à toi même. Papa me manque également. J'aurais aimé qu'il soit encore là pour t'épauler. Je suis désolée de te mener la vie si dure.

Elle regarde sa fille toute émue et lui fit une longue étreinte. 

__Tu vas m'étouffer maman. C'est bon, dit-elle en riant. 

Sa mère la suit dans son rire et ensemble ils arrangent leurs valises dans la malle arrière de la voiture. Le trajet a été assez long mais elles étaient enfin arrivée dans la ville de Grenoble après avoir parcouru une si longue distance. 

**Mistral**

Debout toutes les deux devant l'appartement qui leur a été loué, avec leur valise en main, après des heures de route, elles contemplent la beauté de l'immeuble qu'elles devaient occuper. L’architecture était belle, ancienne, presque rassurante. Mais il flottait dans l’air une étrangeté qui échappa à toute logique.

__Ce serait un quartier vraiment chic s'il n'était pas han....

Sa mère lui ferma la bouche de sa main juste avant qu'elle ne termine sa phrase.

__Ne dit surtout à personne la vraie raison de notre présence ici. Plus on reste cacher, plus nous avons une chance de nous en sortir.

__C'est un si grand risque, dit-elle en suivant sa mère à l'intérieur.

__Que nous n'avons nul autre chose que de prendre. Demain je vais t'inscrire dans la nouvelle école. J'espère que tu t'y sentiras bien. 

__Avec les ombres qui rôdent autour de nous ? siffla t'elle en roulant les yeux. Maman je t'en prie, ajoute t'elle sur un ton enjoué. Puis-je choisir la chambre qui me plaît ? demande t'elle à sa mère pour détourner son attention.

__Choisis celle que tu veux mon ange.

Il y avait trois chambres à l'étage et sa mère avait pour l'intention de prendre un et l'utiliser comme son bureau. Alors elle avait le choix entre deux chambres. Son attention fut attirée particulièrement par une chambre qui se trouvait au bout du couloir. Comme poussé par une force invisible, elle se dirige d'un pas décidé vers cette chambre. Dès qu'elle la pénètre, elle ressent comme une énergie étrange circuler dans l'air. Tout avait l'air irréel. Elle aurait cru un instant voir un ombre qui l'observait depuis le coin de la chambre. Prise de panique, elle ferma les yeux et pose sa main droite sur son cœur en retenant sa respiration. Une main froide lui toucha l'épaule et elle tique. 

__Eh ce n'est que moi. Tu vas bien ? demande sa mère.

Elle ouvrit les yeux et jeta un coup d'œil rapide au coin de la chambre. La lumière du soleil perçait à travers la fenêtre. Il n’y avait rien.

“J'ai tellement lu des histoires bizarres que je commence à me mettre des idées tordues dans la tête”, se dit-elle au fond d'elle avant de répondre à sa mère.

__Je vais bien maman. Je contemplait juste ma nouvelle chambre, assura-t-elle sa mère en lui offrant son plus beau sourire. 

__Elle te plaît ? Je pourrais t'aider à faire un peu de rangement plus tard. 

__Ne t'en fais pas maman. Je peux le faire seule. 

Elle balaya du regard la chambre avant de fermer la porte derrière elle après le départ de sa mère. Elle rangea ses affaires dans le placard et alla prendre une douche. Elle avait toujours cette sensation d'être observée. Elle chasse rapidement cette idée de la tête se disant que tout cela n'était que possible dans les films. Mais elle était loin de savoir que la tournure que prenait sa vie était digne d'un film. À seize heures exactement, sa mère lui demanda te tirer sur les rideaux à travers le talkie walkie. Elle ne discute pas l'ordre de sa mère. Elle n'avait pas d'ailleurs l'idée de faire une exploration de la ville. Elle fit exactement ce que sa mère lui a demandé avant de se plonger dans ses recherches sur les surnaturels sur son iPad. Elle y était tellement plongée qu'elle n'avait pas remarqué l'ombre qui s'était dessiné dans le même coin de sa chambre. 

Finalement, elle se sentit bousculer. 

__Ma princesse, lève-toi. Je dois t'inscrire à ta nouvelle école aujourd'hui. 

__Maman je suis fatiguée. J'ai à peine dormir pendant trente minutes, se plaint-elle.

__À peine ? s'enquit sa mère. Il est presque huit heures, princesse.

__Quoi ? s'écria t'elle en sortant du lit. 

Elle jeta un coup sur l'horloge et remarque effectivement que sa mère avait raison. Elle n'avait jamais passé autant de temps dans son lit peu importe les circonstances. Elle était surprise d'avoir perdu le fil du temps. Tout ce dont elle se rappelait était l'image de sa petite personne juste assise devant sa coiffeuse à faire des recherches sur les histoires surnaturels. Elle ignorait même à quel moment elle s'était retrouvée dans son lit et couverts de son drap.

__Es-tu entré dans ma chambre la nuit dernière, maman ? demanda t'elle perplexe. 

__Non. Je me suis endormie face à mes paperasses. C'est l'alarme qui m'a réveillé aussi. 

Elle resta crisper en écoutant l'explication de sa mère. Elle ne se rappelait pas le moment où elle s'était couchée dans le lit mais elle était tout de même certaine qu'on devrait une explication précise à cela. Elle quitta le lit bien qu'elle se sentait fatiguée et alla s'apprêter pour son inscription dans la nouvelle école où une nouvelle aventure l'attendait.