Home / Romance / LES BRAISES DE L'INTERDIT / Chapitre 1 – Le Bal du Destin

Share

LES BRAISES DE L'INTERDIT
LES BRAISES DE L'INTERDIT
Author: Déesse

Chapitre 1 – Le Bal du Destin

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-02-17 19:39:40

Isolde Valentyne

Les lumières des lustres scintillent, se reflètent dans les immenses miroirs qui bordent la salle. Partout, des conversations feutrées, des éclats de rire retenus, des murmures qui s’entrelacent avec la musique envoûtante d’un orchestre caché. L’air sent le lys blanc et le champagne, un mélange sucré et entêtant. Je suis au centre de tout cela.

Les regards m’effleurent, me scrutent, m’évaluent. Je suis Isolde Valentyne, et ce soir, je suis la femme que tout le monde observe. Ma robe, un voile d’ombre, épouse ma silhouette avec une perfection étudiée. Chaque mouvement laisse derrière moi un frisson de soie. Mon collier de diamants capte la lumière, mais je sais que ce n’est pas lui qu’ils regardent. C’est moi. Toujours moi.

Et lui aussi me regarde. Raphaël De Veyrac.

Adossé à une colonne de marbre, il ne bouge pas. Son regard m’ancre sur place, brûlant d’une certitude glaciale. Il n’a pas besoin de parler pour imposer sa volonté. Il sait que ce qu’il veut, il l’obtient. Et ce soir, il me veut. Comme on veut une terre à conquérir, un joyau à enfermer sous clé.

Il se redresse, fend la foule avec l’élégance d’un homme habitué à dominer son univers. Quand il atteint ma hauteur, il ne me laisse pas le temps de reculer. Il tend la main.

— Danse avec moi.

Sa voix est basse, un ordre déguisé en invitation. Je sens l’attention de la salle converger vers nous. Leur attente m’écrase.

J’hésite une seconde. Juste une. Puis je pose ma main dans la sienne. Et la prison se referme.

Il me guide sur la piste, m’attire contre lui avec une aisance troublante. Son bras se referme autour de ma taille, ses doigts effleurent ma peau nue. La musique ralentit. Tout devient plus intime. Trop intime. Son souffle caresse mon oreille quand il murmure :

— Tu es magnifique, Isolde.

Je ne réponds pas. Parce que je sais ce qu’il veut dire. Tu seras mienne.

Et pourtant, je le sens. Un autre regard. Une autre force qui m’arrache à l’étreinte de Raphaël sans même me toucher.

Je le sais avant même de le voir. Dante Orsini est là.

Adossé à une balustrade, un verre de whisky à la main, il me fixe avec une intensité troublante. Ses cheveux sombres, légèrement ébouriffés, tombent sur son front. Son costume noir, impeccable mais nonchalant, tranche avec la blancheur éclatante de sa chemise entrouverte. Il n’a pas la richesse de Raphaël. Pas son empire. Mais il a autre chose. Un charisme brut. Une violence contenue.

Et moi.

Depuis toujours.

La musique s’arrête. Je veux reculer, m’éloigner de l’étreinte de Raphaël, mais sa main se resserre sur la mienne. Il ne me lâchera pas.

Puis tout bascule.

Une chaleur brusque, une autre main qui s’empare de mon poignet. Plus rugueuse. Plus impatiente.

Dante.

— Non. Elle danse avec moi.

Le silence tombe. Le monde entier s’arrête.

Raphaël ne bouge pas. Son regard, d’un calme terrifiant, descend lentement sur la main de Dante qui me retient. Puis il remonte, plantant ses yeux d’acier dans ceux de son rival.

— Lâche-la.

Dante ne bouge pas. Il serre ma main un peu plus fort, juste assez pour me rappeler qu’il est là, qu’il existe, qu’il ne me laissera pas disparaître dans l’ombre de Raphaël. Son sourire est lent, cruel.

— C’est à elle de choisir, non ?

Les invités retiennent leur souffle. Tous attendent.

Je sens la tension vibrer entre leurs corps, entre leurs âmes prêtes à s’affronter. Je suis le champ de bataille.

Mon cœur bat trop vite. Mon souffle est court. Et je sais qu’à cet instant précis, mon destin bascule.

Isolde Valentyne

Les regards sont braqués sur moi. Ils me transpercent, me pèsent, m’emprisonnent dans un étau invisible. Tout le monde attend mon choix.

Dante serre mon poignet. Sa main est brûlante, son pouce effleure ma peau avec une familiarité interdite, une marque invisible qu’il y grave de force. Il ne dit rien de plus. Il attend. Il exige. Comme il l’a toujours fait.

Raphaël, lui, ne cède pas. Il me retient encore, sa prise plus froide mais non moins puissante. Son regard glisse sur moi, puis sur Dante. Il ne montre rien. Il ne montre jamais rien. Mais je le connais. Il bout.

— Isolde.

Un murmure, mon nom arraché à la tension. Je dois parler. Décider.

Mais comment le pourrais-je ? Comment trancher entre la soie glacée et le feu brut ? Entre la promesse d’un empire et celle d’un gouffre sans fond ?

L’air me manque.

Alors, je fais la seule chose possible. Je me dégage. D’un geste sec. D’une urgence désespérée.

Dante me relâche en dernier, ses doigts glissant sur ma peau dans une caresse finale, un adieu qu’il refuse d’admettre. Raphaël, lui, ne proteste pas. Il recule à peine, mais son regard me transperce encore. Ce n’est pas fini. Jamais.

La musique reprend. Le murmure du bal renaît, mais quelque chose a changé. Tout a changé.

Je m’éloigne sans un mot. Je ressens leurs regards derrière moi, les murmures des invités, les suppositions, les paris silencieux sur qui, de Raphaël ou de Dante, finira par m’avoir.

S’ils savaient. Personne ne m’aura.

Mais l’un d’eux me détruira.

Dante Orsini

Je l’ai laissée partir. Je n’aurais pas dû.

Mon poing se resserre autour de mon verre de whisky. L’alcool tourne dans mon esprit sans jamais m’apaiser. Elle m’évite.

Je la vois, plus loin. Elle s’éloigne de la foule, glisse entre les ombres du palais. Son corps parle pour elle. Tendue. Fuyante. Brisée.

Je connais Isolde mieux qu’elle ne se connaît elle-même. Je sais ce qu’elle ressent. Cette peur. Cette envie. Cette malédiction qu’elle refuse de nommer. Je suis son poison. Et elle sait que trop longtemps exposée, elle finira par plier.

Mais elle ne pliera pas devant De Veyrac.

Je lance mon verre sur une table en marbre et me détourne. Je ne la laisserai pas m’échapper.

Isolde Valentyne

L’air nocturne me fouette le visage quand je franchis les portes du balcon. Je respire enfin.

Derrière moi, le bal contin

ue. Une mascarade de rires et de jeux de pouvoir. Je m’accoude à la rambarde, ferme les yeux un instant.

Continue to read this book for free
Scan code to download App

Latest chapter

  • LES BRAISES DE L'INTERDIT    Chapitre 89—FIN : L'Union Parfaite

    IsoldeLe silence dans la pièce est lourd de promesses et d’émotions retenues. Chaque souffle, chaque mouvement semble résonner avec une force qui dépasse l’ordinaire. Je me tiens toujours près de la fenêtre, regardant la lumière déclinante du crépuscule, ses teintes or et rose se fondant sur l'horizon. Une lumière douce, presque irréelle, envahit la pièce et enveloppe tout autour de moi dans un halo chaleureux. Mais, au-delà de cette scène tranquille, c’est la présence de Dante qui me marque, me hante, me nourrit.Je n’ai pas à me tourner pour savoir qu’il est là, derrière moi. Il est la constante qui me définit, la force invisible qui me retient à cet endroit, à ce moment précis. Je le sens, presque avant de le voir. Il n’a pas besoin de parler pour que je le ressente. Sa présence est une pression douce, familière, réconfortante. Il est tout ce que je cherchais, tout ce dont j’avais besoin et bien plus.Je ferme les yeux un instant, m’immergeant dans l’instant, dans cette sensation

  • LES BRAISES DE L'INTERDIT    Chapitre 88 — L’Inéluctable Soumission

    IsoldeLa nuit qui tombe sur la demeure de Dante est une couverture silencieuse, un voile opaque qui m’isole de tout ce que j’ai pu connaître. La pièce autour de nous semble se rétrécir, comme si le monde entier s’effondrait pour ne laisser que lui et moi, pris dans l’étreinte glaciale de son pouvoir. Son regard est fixé sur moi, une lueur triomphante qui éclaire ses traits avec une certitude glacée.Je le sens, cette emprise de plus en plus forte, cette force qui me presse de tous côtés. Il n’y a plus de répit, plus de fuite possible. Je suis là, dans cet espace où ses mots sont des chaînes et ses gestes des ordres que je me sens incapable de contester.— Tu as peur de ce qui se passe, n'est-ce pas ? me dit-il, sa voix basse et douce, mais l'ombre d’un sourire pervers se dessine sur ses lèvres.Je le fixe en silence, mes lèvres serrées, une partie de moi hurle de s’échapper, mais une autre, plus profonde, plus enfouie, accepte cette réalité avec une amertume douce. Je sais que je sui

  • LES BRAISES DE L'INTERDIT    Chapitre 87 — La Lisière de l’Abîme

    IsoldeIl me libère enfin de son emprise, mais le monde autour de moi semble vaciller. Ses mains, maintenant froides, s’éloignent de ma peau, me laissant un vide que je peine à combler. Il recule d’un pas, me dévisageant avec une intensité qui me transperce. Ses yeux, d’un bleu glacé, sont comme deux océans dans lesquels je pourrais me noyer, noyée dans ses mensonges et ses vérités cruelles.— Tu as peur, n’est-ce pas ? me demande-t-il, la voix basse, presque murmurée, comme une caresse meurtrière.J’aspire à la fuite. J’ai envie de courir, de m’échapper de cette pièce étouffante, mais mes jambes sont figées, mes pensées emprisonnées par un enchevêtrement de désir et de terreur. Je sais que je ne peux pas fuir. Pas cette fois.— Peur ? Non, je ne ressens rien, Dante. Rien du tout, lâche-je d’une voix brisée, mais le déni ne me protège plus.Il sourit alors, un sourire à la fois cruel et satisfait, comme s’il venait de découvrir un secret que même moi, je ne connaissais pas.— Mentir n

  • LES BRAISES DE L'INTERDIT    Chapitre 86 — L’Enfer ou Rien

    IsoldeL’aube, timide, peine à se lever. Les premiers rayons hésitent à effleurer les toits de la ville, tandis que Dante, silencieux et sombre, s’avance dans la pénombre, me tirant presque à sa suite. Sa main se ferme autour de mon poignet avec une douceur glacée, une douceur qui trahit pourtant l’intensité de ses pensées. Je n’ose m’opposer à lui. Mes jambes, lourdes de fatigue, m’emprisonnent dans une inertie silencieuse.Nous avançons ainsi, sans un mot. Ses pas sont assurés, rapides, comme si un urgent besoin le poussait à fuir tout ce qui pourrait le retenir. Je le suis, sans réfléchir. Peut-être par crainte. Peut-être parce que, malgré ma volonté de m’échapper, il est celui qui m’enserre encore.Après un long chemin à travers des rues désertées, nous atteignons une demeure imposante, dissimulée dans l’ombre d’arbres centenaires. La silhouette de la bâtisse se découpe dans la brume matinale. Elle est majestueuse, mais froide, presque intimidante dans sa grandeur.— C’est ici, di

  • LES BRAISES DE L'INTERDIT    Chapitre 85 — Ce qu’il nous reste

    IsoldeLe soleil grimpe lentement dans un ciel d’une pureté indécente. Tout autour de moi, la ville s’éveille sans savoir qu’elle marche sur les cendres d’un amour en ruines. Je marche longtemps, sans but, le cœur étranglé par cette scène qui se répète en boucle dans mon esprit. Le regard de Dante. Les larmes de Raphaël. Et moi… incapable de choisir. Incapable de sauver qui que ce soit.Le poids de la solitude me brise les épaules. Mes pas me ramènent là où tout a commencé : ce vieux parc oublié au bord du fleuve, où Dante m’a prise dans ses bras pour la première fois, où Raphaël m’a fait rire quand plus rien n’existait. Le vent soulève mes cheveux, caresse ma peau gelée. Et tout me semble dérisoire.Le bruit de pas derrière moi me fait sursauter. Raphaël. Évidemment. Son visage est ravagé, ses yeux rougis par la colère et la douleur.— Tu fuis encore, Isolde ?Je ne réponds pas. Je n’ai plus la force. Je m’assieds sur ce vieux banc qui menace de s’effondrer et je fixe l’eau trouble d

  • LES BRAISES DE L'INTERDIT    Chapitre 84 — L’Aube des Ruines

    IsoldeQuand j’arrive enfin, Dante est là. Assis sur le capot de sa voiture, une clope au bec. L’air plus mort que vivant.Il ne dit rien. Il attend.Je m’arrête face à lui. Silence.— Tu savais que je viendrais.Un sourire amer déforme sa bouche.— Ouais. Mais je préfère te l’entendre dire.Je déglutis.— Je suis là.Il écrase sa clope, se lève. Me jauge comme si j’étais déjà à genoux devant lui.— Pourquoi ?— Parce qu’il y a plus rien d’autre. Parce que même si je pars, je crève pareil.Dante hoche la tête. Son regard me brûle.— Je voulais pas que ça finisse comme ça.— Moi non plus.Il s’approche. Son souffle caresse mon visage.— Dis-moi, Isolde. Si je le bute… tu m’en voudras ?Mes lèvres tremblent.— Oui. Mais tu le feras quand même.Un silence terrible. Puis sa main se lève et effleure ma joue.— Il t’a prise, hein ?Je ferme les yeux. La honte me dévore.— Je t’aime encore. Malgré ça.Je suffoque. Je voudrais hurler. Lui dire d’arrêter. Mais je reste là. Parce que je suis dé

  • LES BRAISES DE L'INTERDIT    Chapitre 83 — Le Retour du Diable

    IsoldeLa nuit est longue. Sale. Et je ne dors pas. Pas vraiment.Raphaël conduit sans un mot jusqu’à son repaire, une villa planquée au sommet de la ville, là où personne n’ose grimper sans invitation. Les souvenirs me frappent à chaque virage, à chaque pierre. Je connais cet endroit. Je l’ai aimé. J’y ai souffert. Et maintenant, je reviens. Comme une traîtresse. Comme une amante en fuite.Il me pousse à l’intérieur sans douceur, claque la porte derrière lui et me plaque contre le mur. Son souffle est court. Ses yeux noirs de désir et de rage.— Dis-moi que tu es là parce que tu veux de moi. Pas pour lui briser le cœur. Dis-le, Isolde.Je ne dis rien. Parce que je ne sais plus. Parce que je me déteste autant que je le désire.Ses lèvres s’abattent sur les miennes. C’est brutal, violent. C’est Raphaël. Pas d’amour, pas de promesses. Juste le feu. Le besoin de posséder, d’effacer Dante de ma peau, de mes veines.— Tu es à moi ce soir, murmure-t-il contre ma gorge. Et je te jure que dem

  • LES BRAISES DE L'INTERDIT    Chapitre 82 — Le Sang et le Vertige

    IsoldeUn bruit de porte claque derrière moi. Je me fige. Dante. Il est là. Dans l’ombre. Le regard noir. Figé comme une statue.Raphaël se redresse, sûr de lui, arrogant.— Tiens, voilà le roi déchu.Dante ne parle pas. Mais sa main glisse lentement sous sa veste. Il est prêt à tuer. Je le sens. Et Raphaël aussi.— Arrête, Dante. Pas ici. Pas maintenant.Raphaël rit doucement.— Tu croyais quoi, Dante ? Qu’elle t’appartenait ? T’es qu’un passage, un foutu refuge. Mais moi, je suis son chaos. Je suis son mal.Je serre les poings.— Ferme-la, Raphaël.Il se tourne vers moi.— Non. Tu m’écoutes. Tu as deux options, Isolde. Tu restes là à crever à petit feu, ou tu me suis. On se barre. On crame ce monde et on recommence ailleurs. Juste toi et moi.Dante gronde, prêt à exploser. Mais je lève la main.— Pas un mot.Le silence tombe. Le vent hurle. Le choix me déchire.— Et si je refuse ?Raphaël sourit. Lentement.— Tu refuseras pas. Parce que tu n'as jamais su me dire non.Il m’embrasse.

  • LES BRAISES DE L'INTERDIT    Chapitre 81 — Le Goût du Vide

    IsoldeIl n’y a plus de roi.Plus d’ennemi à abattre. Plus de guerre à mener.Le silence est une malédiction.On s’est terrés dans la maison au bord de la mer. Celle que Dante ne regardait jamais vraiment, planquée entre les falaises. Il disait que c’était leur tombe, qu’ils y finiraient quand tout serait fini. J’ai ri la première fois. Maintenant, j’y suis. Et je ne ris plus.Dante ne parle pas.Il se lève tôt. Disparaît des heures. Revient les mains sales, le regard vide. Parfois, il me regarde dormir comme s’il n’était plus sûr de qui je suis, de ce que nous sommes sans la guerre, sans la rage.Moi, je compte les heures.Je regarde la mer et j’attends.— On est morts, hein ?Ma voix brise le silence. Il lève à peine les yeux.— Non.Mais il ment. Je le vois. Je le sens. On est morts ce soir-là, dans l’entrepôt. Ce qui reste, c’est juste deux corps qui respirent par habitude.Je me lève. J’enfile un vieux sweat à lui, trop grand, troué. Et je sors. Pieds nus dans le sable froid. La

Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status