Point de vue : MyriamIl est presque 19h quand Myriam entend le bruit du portail. Elle baisse doucement le feu sous la marmite, se regarde rapidement dans la glace du salon, ajuste son foulard et se dirige vers la porte.La voiture d’Idriss s’immobilise. Elle serre ses mains, un mélange de joie et de suspicion dans le cœur.Il entre avec sa valise, sourire aux lèvres, comme si de rien n’était. Idriss (ouvrant les bras) :— Mon amour… je suis enfin à la maison. Myriam (sourire tendre mais mesuré) :— Bienvenue, Idriss. Tu nous as manqué. Idriss (la prenant dans ses bras, puis l’embrassant sur la joue) :— Tu m’as manqué encore plus. Il n’y a pas un jour où je n’ai pas pensé à toi.Ils s’installent au salon. Myriam apporte un jus de gingembre frais et une serviette chaude. Myriam :— Tu veux prendre une douche avant de manger ? J’ai préparé ton plat préféré : du poisson braisé et du riz au coco. Idriss (souriant) :— Tu me gâtes toujours, hein ? Je vais me doucher, ensuite on mange
Point de vue : MélissaAllongée sur son lit, enroulée dans une couverture douce, Mélissa fixait son téléphone, le sourire aux lèvres. La chambre était plongée dans une douce lumière tamisée, juste assez pour créer une ambiance de cocon.Elle repensait encore à cet échange rapide sur le trottoir : Karim, son regard franc, son sourire désarmant, et cette façon qu’il avait eue de la saluer comme s'ils se connaissaient depuis toujours.À 21h12, son téléphone vibra, la faisant légèrement sursauter. Un message, et son cœur accéléra un peu malgré elle.[Message – Karim] « Salut belle inconnue du trottoir. Je te dérange ou tu rêves encore de moi ? »Mélissa éclata d’un petit rire. Il osait tout, celui-là ! Elle s’empressa de répondre :[Mélissa] « Hmm… tu viens de m’interrompre en plein rêve. Tu avais des fleurs et un accent italien. »Presque immédiatement, la réponse arriva :[Karim] « Ah, donc j’étais déjà dans tes pensées. Tu vois ? J’ai de l’avance sur les autres. »Elle secoua la têt
Dans un coin paisible de la ville, vivait une femme nommée Myriam, douce, discrète, aimante. Depuis plus de trente ans, elle partageait sa vie avec Idriss, son mari. Un homme de 57 ans, travailleur, toujours bien habillé, respecté de tous.Ils formaient ce que beaucoup appelaient « un couple exemplaire ».Ils avaient trois enfants. Leur fils aîné, Malik, âgé de 28 ans, travaillait à l’étranger. Les deux autres, Leïla et Samiya, vivaient encore à la maison, étudiantes et complices de leur mère.Myriam menait une vie simple, rythmée par la routine, les prières, la cuisine… et l’attente d’Idriss chaque soir.Je regardais l’horloge du salon pour la troisième fois en moins de dix minutes. Il était 21h12. Idriss était en retard.Je n’étais pas de nature méfiante… mais ce soir, je ne sais pas pourquoi, quelque chose me mettait mal à l’aise.J’entendais enfin la clé tourner dans la serrure.— Salam alaykoum, lança-t-il d’une voix fatiguée.— Wa alaykoum salam, répondis-je en me levant du cana
Point de vue : AnastasieDe l’autre côté de la ville, loin de la maison tranquille de Myriam, une autre femme s’affairait dans sa cuisine.Anastasie, la deuxième femme d’Idriss, alignait les couverts sur la table avec la précision d’une routine bien établie. Comme chaque soir, elle préparait le dîner pour quatre : elle-même, ses deux filles, et Idriss.— Naomie ! Jade ! Venez mettre les serviettes ! lança-t-elle.Naomie, l’aînée de 17 ans, sortit de sa chambre, l’air fatiguée. Elle rentrait du travail, encore en uniforme de l’entreprise où elle faisait un stage.Jade, sa petite sœur de 14 ans, descendit avec un livre dans les mains.— Tu peux poser ça cinq minutes, Jade ?— C’est pour demain, maman… C’est le bac blanc.— Je sais, mon cœur. Mais le dîner, c’est sacré. Tu sais comment est ton père.Elles s’activèrent autour de la table, pendant qu’Anastasie retirait la marmite du feu. Un bon riz au gras, sa spécialité. Elle voulait que tout soit parfait. Idriss aimait que tout soit prêt
Point de vue : MyriamJe m’étais réveillée plus tôt que d’habitude, sans vraiment savoir pourquoi. Le silence de la maison m’avait semblé anormal. Comme si l’air était plus lourd.Je descendis à la cuisine pour préparer le petit déjeuner. Je savais qu’Idriss avait une réunion importante. Il me l’avait dit la veille. Je voulais qu’il parte le ventre plein, comme toujours.Du café noir bien fort, des œufs brouillés, un peu de pain grillé, du beurre, du miel. Je pris soin de tout disposer joliment sur la table.Pendant ce temps, à l’étage, j’entendais sa voix. Il parlait au téléphone, à voix basse, dans notre chambre. Curieuse sans être indiscrète, je montai les marches lentement, sans bruit.La porte était entrouverte.— Oui, trois billets. Confirmation reçue ?Un silence. Puis sa voix reprit, ferme :— D’accord. 8h demain matin. Assurez-vous que tout est prêt.Mon cœur se serra. Trois billets ? Pour qui ? Et pourquoi un vol aussi tôt ?Je poussai doucement la porte.— Idriss ? dis-je d
Point de vue : MyriamJe m’étais réveillée plus tôt que d’habitude, sans vraiment savoir pourquoi. Le silence de la maison m’avait semblé anormal. Comme si l’air était plus lourd.Je descendis à la cuisine pour préparer le petit déjeuner. Je savais qu’Idriss avait une réunion importante. Il me l’avait dit la veille. Je voulais qu’il parte le ventre plein, comme toujours.Du café noir bien fort, des œufs brouillés, un peu de pain grillé, du beurre, du miel. Je pris soin de tout disposer joliment sur la table.Pendant ce temps, à l’étage, j’entendais sa voix. Il parlait au téléphone, à voix basse, dans notre chambre. Curieuse sans être indiscrète, je montai les marches lentement, sans bruit.La porte était entrouverte.— Oui, trois billets. Confirmation reçue ?Un silence. Puis sa voix reprit, ferme :— D’accord. 8h demain matin. Assurez-vous que tout est prêt.Mon cœur se serra. Trois billets ? Pour qui ? Et pourquoi un vol aussi tôt ?Je poussai doucement la porte.— Idriss ? dis-je d
Point de vue : Anastasie— Allez les filles, bougez-vous ! lança Idriss en tapant dans ses mains.— Il est quelle heure, papa ? demanda Naomie en courant vers sa chambre.— Il est presque neuf heures. Vous devez être à l’aéroport dans moins de trente minutes !Jade redescendit avec un petit sac à dos.— Maman, tu veux que je prenne ta trousse de toilette aussi ?Je hochai la tête, encore sous le choc. Tout allait trop vite. Mon cœur battait à cent à l’heure. Je regardai encore une fois l’enveloppe contenant les billets, posée sur la table, comme si elle allait s’envoler.Je me levai enfin.— D’accord. Je vais m’habiller. Idriss, tu peux aller charger les valises ?— C’est déjà fait. J’ai mis deux sacs dans le coffre, il reste juste ta valise. Dépêche-toi, mon amour.Je passai dans la chambre, m’habillai rapidement, le regard vide. Enfilai un pantalon noir, un chemisier beige. Rien d’extravagant. Je maquillai à peine mes cernes. L’émotion faisait déjà le reste.— C’est bon ! On est prê
Point de vue : MyriamLe silence régnait dans la maison, à peine troublé par le tic-tac de l’horloge du salon. Myriam, assise sur le canapé, feuilletait distraitement un magazine quand elle entendit le bruit familier du portail. Elle posa le magazine et se leva.La porte s’ouvrit. Idriss entra, légèrement fatigué, sa veste sur le bras.— Myriam, mon amour… comment tu vas ?Elle sourit et s’approcha de lui.— Je vais bien, mon mari. Et toi, tu as l’air épuisé. Installe-toi, je t’apporte de l’eau.— Merci, mon cœur.Idriss s’assit dans son fauteuil préféré. Myriam revint avec un verre d’eau fraîche.— Je t’ai déjà préparé la table. Le dîner est prêt.Mais Idriss secoua doucement la tête.— Non, mon ange. Je suis plein. J’ai mangé à la cantine de l’entreprise. Juste envie de prendre une douche et me reposer un peu devant Bein Sports.Myriam s’assit en face de lui.— Et les filles ? Ça fait trois jours que tu rentres tard. Tu ne les vois même plus.Idriss soupira, frottant son front.— Je
Point de vue : MélissaAllongée sur son lit, enroulée dans une couverture douce, Mélissa fixait son téléphone, le sourire aux lèvres. La chambre était plongée dans une douce lumière tamisée, juste assez pour créer une ambiance de cocon.Elle repensait encore à cet échange rapide sur le trottoir : Karim, son regard franc, son sourire désarmant, et cette façon qu’il avait eue de la saluer comme s'ils se connaissaient depuis toujours.À 21h12, son téléphone vibra, la faisant légèrement sursauter. Un message, et son cœur accéléra un peu malgré elle.[Message – Karim] « Salut belle inconnue du trottoir. Je te dérange ou tu rêves encore de moi ? »Mélissa éclata d’un petit rire. Il osait tout, celui-là ! Elle s’empressa de répondre :[Mélissa] « Hmm… tu viens de m’interrompre en plein rêve. Tu avais des fleurs et un accent italien. »Presque immédiatement, la réponse arriva :[Karim] « Ah, donc j’étais déjà dans tes pensées. Tu vois ? J’ai de l’avance sur les autres. »Elle secoua la têt
Point de vue : MyriamIl est presque 19h quand Myriam entend le bruit du portail. Elle baisse doucement le feu sous la marmite, se regarde rapidement dans la glace du salon, ajuste son foulard et se dirige vers la porte.La voiture d’Idriss s’immobilise. Elle serre ses mains, un mélange de joie et de suspicion dans le cœur.Il entre avec sa valise, sourire aux lèvres, comme si de rien n’était. Idriss (ouvrant les bras) :— Mon amour… je suis enfin à la maison. Myriam (sourire tendre mais mesuré) :— Bienvenue, Idriss. Tu nous as manqué. Idriss (la prenant dans ses bras, puis l’embrassant sur la joue) :— Tu m’as manqué encore plus. Il n’y a pas un jour où je n’ai pas pensé à toi.Ils s’installent au salon. Myriam apporte un jus de gingembre frais et une serviette chaude. Myriam :— Tu veux prendre une douche avant de manger ? J’ai préparé ton plat préféré : du poisson braisé et du riz au coco. Idriss (souriant) :— Tu me gâtes toujours, hein ? Je vais me doucher, ensuite on mange
Point de vue : IdrissLe restaurant surplombe une petite rue calme de Toronto. À travers la vitre, les lampadaires diffusent une lumière dorée. Idriss et Karim sont assis à une table près de la baie vitrée. Le serveur vient de poser les plats. Idriss (d’un ton détendu, en coupant son steak) :— Alors, raconte-moi un peu. Comment va le travail ? Tu tiens toujours le coup dans cette jungle ? Karim (en riant légèrement) :— Je survis, Papa. C’est intense, mais j’aime ce que je fais. Cette semaine, j’ai enfin signé un gros partenariat avec une boîte de Montréal. Idriss (impressionné) :— Vraiment ? Je suis fier de toi, mon fils. Tu sais, je n’ai jamais douté que tu arriverais loin. Karim :— Merci. Ça me fait plaisir de l’entendre de ta bouche.Un petit silence s’installe. Les couverts tintent doucement dans les assiettes. Idriss s’essuie les lèvres avec sa serviette, regarde son fils avec un sourire complice. Idriss :— Bon… et le cœur, lui, il travaille aussi ? Ou il est en congé ?
Point de vue : IdrissIl est presque minuit à Toronto. La maison d’Anastasie s’est calmée après la fête. Mélissa est montée dans sa chambre, radieuse, et Anastasie range les derniers verres dans la cuisine. Idriss sort dans le jardin, téléphone à la main. La brise est fraîche, mais il ne sent que le poids de ses pensées.Il compose le numéro de Myriam. Myriam (voix fatiguée, mais douce) :— « Allô… Idriss ? »Idriss (avec tendresse) :— « Oui mon cœur. Tu dormais ? »Myriam :— « Non… Je t’attendais. Je m’inquiétais un peu… »Idriss (mentant avec délicatesse) :— « Pardonne-moi. La journée a été très longue. On a eu des réunions de dernière minute, j’ai à peine eu le temps de respirer. »Un silence. Puis Myriam soupire légèrement. Myriam :— « Je comprends. Tant que tu vas bien. Ici tout va bien. La maison est vide sans toi. »Idriss (avec chaleur) :— « Tu me manques, mon Ange. Chaque nuit sans toi me semble froide. Dès que je finis ici, je rentre. On se fera ce petit week-end au b
Point de vue : IdrissLa lumière du matin filtre à travers les rideaux de la chambre. Idriss ouvre les yeux lentement. Il met quelques secondes à se rappeler où il est : au Canada, dans la maison d’Anastasie. Il se lève, enfile une chemise légère, et descend les escaliers.Dans la cuisine, Anastasie s’affaire déjà autour du petit-déjeuner. Mélissa, encore en pyjama, est debout près de la table, les yeux brillants d’excitation. Mélissa (sautillant presque) :— « Papa ! Tu es réveillé ! » Idriss (souriant tendrement) :— « Comment ne pas l’être, aujourd’hui ? Ma princesse fête ses 18 ans ! » Anastasie (en lui tendant une tasse de café) :— « Elle n’a pas dormi de la nuit. Elle attendait que tu sois là ce matin. » Mélissa (prenant la main de son père) :— « Papa, tu te rends compte ? 18 ans… Je suis adulte maintenant ! » Idriss (lui serrant la main doucement) :— « Tu es devenue une femme. Une belle jeune femme. Et je suis tellement fier d’être ton père. »Il se penche et l’embrasse
Point de vue : AnastasieIl est 18h passées. Anastasie, debout près de la fenêtre, regarde les voitures défiler dans la rue tranquille. Ses filles, Mélissa (17 ans) et Nadia (14 ans), sont dans leurs chambres, probablement sur leurs téléphones.Elle vérifie une énième fois l’heure sur son portable. Son cœur bat vite. Il a dit qu’il arrivait aujourd’hui.Le bruit d’un moteur s’arrête. Elle jette un œil dehors. Une voiture noire s’est garée. Elle retient son souffle.La portière s’ouvre… Idriss en sort. Anastasie (doucement, les mains sur sa poitrine) :— « C’est lui… »Elle descend les marches précipitamment et ouvre la porte avant qu’il ne sonne. Anastasie :— « Idriss… » Idriss (sourire tendre) :— « Mon amour. »Elle se jette dans ses bras, le serrant fort contre elle. Anastasie :— « Tu es enfin là… Je n’y croyais plus. » Idriss (lui caressant les cheveux) :— « Je t’avais promis, non ? Rien ne pouvait m’empêcher de venir. »Ils s’embrassent doucement. Il entre, tire sa valise
Point de vue : MyriamIl est 6h30 du matin. La lumière dorée du jour s'infiltre doucement par les rideaux. Myriam termine de boutonner la chemise d’Idriss pendant qu’il vérifie ses documents de voyage. Myriam (d’une voix douce) :— « Tu es sûr d’avoir tout pris ? Ton passeport, ton billet, ta trousse de toilette ? » Idriss (en souriant) :— « Oui, mon cœur. Tu es pire que ma secrétaire. »Elle rit doucement, puis ajuste la cravate d’Idriss. Ses gestes sont tendres, précis. Myriam :— « Tu m’as dit deux semaines, c’est bien ça ? » Idriss (la regardant dans les yeux) :— « Deux semaines, peut-être moins… Tout dépend des négociations. Mais je t’appellerai chaque soir. »Myriam :— « Promis ? » Idriss (lui prenant les mains) :— « Promis. Et dès que je reviens, on planifie enfin nos vacances. Toi et moi, sans boulot, sans appels. Juste nous. » Myriam :— « Tu sais, la maison est vide sans toi. Les enfants le sentent aussi. »Idriss (la serrant dans ses bras) :— « Je sais… Mais tout
Point de vue : IdrissLe bureau était silencieux, à peine troublé par le bruit d’un ventilateur qui ronronnait faiblement. Idriss fixait son agenda ouvert sur son bureau. Une date encerclée en rouge : “Vol Canada – J-3”. Il soupira longuement, se massa les tempes, puis saisit son téléphone.Il composa rapidement un numéro. Au bout de deux sonneries, une voix douce répondit. Lucie :— « Bureau du Directeur, bonjour ? » Idriss :— « Lucie, c’est moi. Tu peux m’annuler tous les rendez-vous à partir de vendredi soir. » Lucie (surprise) :— « Tous ? Même celui avec les représentants de Cotonex ? » Idriss :— « Surtout celui-là. Je pars en mission à l’étranger. » Lucie :— « Très bien, Monsieur. Combien de jours dois-je prévoir ? » Idriss (hésitant) :— « Je ne sais pas encore. Peut-être deux semaines… Peut-être plus. » Lucie :— « D’accord. Je bloque votre agenda jusqu’à nouvel ordre. Je vous envoie un récap tout à l’heure. »Idriss :— « Parfait. Merci, Lucie. Et… garde ça discret,
Idriss était de nouveau au volant. Le soleil commençait à frapper fort sur le pare-brise, et la radio diffusait une musique douce en fond. Il roulait d’un air concentré, les pensées chargées : "Il faut que tout soit prêt. Je dois finir en une semaine ce qui était prévu sur un mois… Sinon je ne verrai jamais le Canada."Il gara la voiture dans le parking souterrain de l’immeuble de son entreprise, attrapa sa mallette, ajusta sa chemise et prit l’ascenseur. Une fois arrivé à son étage, il fut accueilli par sa fidèle secrétaire, Madame Lucie, assise derrière son bureau, tapotant sur son clavier.— Bonjour, Monsieur Idriss !— Bonjour Lucie. Bien réveillée ?— Comme toujours. Je vous ai imprimé votre programme de la semaine, il est sur votre bureau.— Parfait. Mais justement, j’allais te parler du programme. Il s’approcha un peu, baissa la voix. Je veux qu’on compresse tout. Les réunions, les déplacements, les rendez-vous… Tout ce qui était prévu sur 4 semaines, on l’exécute en une seule.