Idriss était de nouveau au volant. Le soleil commençait à frapper fort sur le pare-brise, et la radio diffusait une musique douce en fond. Il roulait d’un air concentré, les pensées chargées : "Il faut que tout soit prêt. Je dois finir en une semaine ce qui était prévu sur un mois… Sinon je ne verrai jamais le Canada."
Il gara la voiture dans le parking souterrain de l’immeuble de son entreprise, attrapa sa mallette, ajusta sa chemise et prit l’ascenseur. Une fois arrivé à son étage, il fut accueilli par sa fidèle secrétaire, Madame Lucie, assise derrière son bureau, tapotant sur son clavier.
— Bonjour, Monsieur Idriss !
— Bonjour Lucie. Bien réveillée ?
— Comme toujours. Je vous ai imprimé votre programme de la semaine, il est sur votre bureau.
— Parfait. Mais justement, j’allais te parler du programme. Il s’approcha un peu, baissa la voix. Je veux qu’on compresse tout. Les réunions, les déplacements, les rendez-vous… Tout ce qui était prévu sur 4 semaines, on l’exécute en une seule.
Lucie le regarda, interloquée.
— Pardon ? Une semaine ? Monsieur Idriss… Ce n’est pas possible. Il y a des réunions avec les partenaires étrangers, les rapports trimestriels… Vous aviez bloqué tout un mois pour ça.
— Je sais. Mais je dois voyager dans huit jours. C’est important. Je dois régler des affaires personnelles, à l’étranger.
— Très bien… dit-elle en reprenant son calme professionnel. Je vais voir ce que je peux faire. Mais vous allez devoir enchaîner les journées jusqu’à 20h, parfois plus.
— Ça ne me fait pas peur. Je veux juste que tout soit fini avant vendredi prochain. Et préviens les chefs de service. Tout le monde doit accélérer.
— Compris. Je vais ajuster votre agenda et vous faire une nouvelle proposition d’ici midi.
— Merci Lucie. Tu es toujours aussi efficace.
— Et vous toujours aussi imprévisible. dit-elle en souriant.
Idriss hocha la tête en entrant dans son bureau, déjà en train de réfléchir à ce qu’il devait préparer pour rejoindre Anastasie. Mais dans un coin de sa tête, il savait qu’il devait aussi ménager Myriam et Aïshe. Trois vies. Un seul homme.
Il était 13h30. Le soleil tapait fort dehors, et Idriss, cravate desserrée, referma doucement la porte de son bureau. Dans le couloir, il croisa Lucie.
— Vous partez déjà, Monsieur Idriss ?
— J’ai une petite pause à prendre. Je reviendrai plus tard si besoin. Garde ton téléphone allumé.
— Toujours. Bon après-midi.
— Merci Lucie.
Il prit l’ascenseur, descendit lentement, comme un homme qui portait le poids de plusieurs existences sur ses épaules. Une fois dans sa voiture, il démarra, direction la maison d’Aïshe. Une envie soudaine de calme… ou peut-être de tendresse.
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14h05 – Chez Aïshe
Aïshe ouvrit la porte dès qu’il sonna. Elle portait un pagne léger, et un petit haut en coton. Son visage s’éclaira en le voyant.
— Tu es déjà là ? Tu n’es pas au bureau ?
— Je me suis échappé un moment. J’avais besoin de respirer… et chez toi, je respire.
— Tu dis toujours ça quand tu veux faire une sieste.
— Pas faux. Mais aujourd’hui, je veux juste… passer du temps avec toi. C’est tout.
— Entre, la maison est calme. Yasmina est sortie voir une amie, et Adam révise chez ses cousins. On est seuls.
— Alors c’est parfait.
Ils s’installèrent dans le petit salon, la télé en fond sonore.
— Tu veux que je t’apporte quelque chose ? Jus ? Thé ?
— Un jus bien frais, ce serait parfait.
Elle disparut quelques minutes dans la cuisine, puis revint avec un plateau. Il la regardait avec douceur.
— Tu es belle aujourd’hui. Ce pagne te va bien.
— Tu dis ça pour me flatter ou pour te faire pardonner ?
— Pourquoi pardonner ?
— Parce que tu me laisses souvent dans l’attente, Idriss. Un jour tu parles de voyage, un autre tu annules. Tu passes, tu repars. Tu me laisses des promesses et des silences.
Il soupira en prenant le verre.
— Je sais. Et je ne suis pas fier. Mais tu comptes pour moi, Aïshe. Je te l’ai dit, tu es ma force, ma lumière dans ce monde compliqué.
— Alors reste un peu. Pas juste en parole.
Il se leva, s’approcha d’elle, et l’embrassa tendrement sur le front.
— Je reste jusqu’à 17h. Après, je dois rentrer chez Myriam. Elle ne comprendrait pas si je rentre trop tard.
— Et moi, je devrais comprendre ?
Il resta silencieux, pris entre deux feux.
— Aïshe… fais-moi confiance encore un peu. Une semaine. Après, tout changera.
— Tu as déjà dit ça. Mais d’accord. Une semaine.
Ils restèrent ensemble, main dans la main, le silence plus fort que les mots.
Point de vue omniscientIl était 17h03 quand le téléphone d’Aïcha sonna. C’était un appel de sa fille Naomie, la voix tremblante.Naomie (au téléphone)— Maman… je… il faut que je te dise quelque chose. C’est très grave.Aïcha— Qu’est-ce qu’il y a ma fille ? Tu me fais peur !Naomie (en larmes)— Mon fiancé… Karim… il est mon frère, maman. Le fils d’Idriss. Ton mari.Aïcha (choquée, debout d’un bond)— Qu… quoi ? Tu dis quoi ? Non, ce n’est pas possible ! Ma fille, t’as dit quoi ?Naomie— J’ai appelé Myriam pour confirmer. C’est bien lui… je suis anéantie maman, je… je sais plus quoi penser.Aïcha laissa tomber son téléphone sur le canapé. Elle regardait dans le vide, les mains tremblantes, le souffle court.---Pendant ce temps, Vanessa (appelée parfois Mélissa) était seule dans sa chambre. Depuis des heures, elle fixait la boîte de pilules. Elle avait acheté ces comprimés clandestins, persuadée que c’était sa seule issue. Elle ne voulait pas d’un enfant, encore moins si c’était av
Chez Mélissa (Vanessa) – 10h15Assise sur son lit, Mélissa regarde les comprimés qu’elle a achetés la veille. Le petit sachet plastique est posé devant elle, comme un piège silencieux. La lumière du matin entre par la fenêtre, douce et cruelle à la fois. Tout semble paisible autour d’elle, sauf en elle.> "Je n’ai que 20 ans... Je ne suis pas prête. Pas pour ça. Pas maintenant. Pas comme ça..."Elle prend son téléphone. Une hésitation. Elle clique sur le nom de Karim, mais ne compose pas. Elle le regarde. Son sourire dans la photo de profil. Sa voix qui lui revient en écho : « Tu dois aussi penser à ton avenir… »> "Et s’il m’en voulait ? S’il me laissait ? Et s’il pensait que j’ai voulu le piéger ? Non. C’est mieux qu’il ne sache rien. C’est mieux d’effacer tout ça…"Les comprimés tremblent dans ses mains. Elle sort un verre d’eau, le pose sur la table de chevet.Mais juste au moment de les avaler, une larme coule sur sa joue. Elle serre les dents.Mélissa (à voix basse)— Pourquoi j
Lieu : Maison de MyriamHeure : 14h00L’ambiance est légère et remplie d’excitation dans le grand salon décoré avec goût. Myriam a tout préparé pour recevoir la fiancée de son fils : thé à la menthe, jus frais, petits gâteaux traditionnels. La petite sœur de Karim est déjà prête avec son téléphone, impatiente de prendre des photos. Idriss, en chemise beige et pantalon sombre, tourne un peu en rond, puis monte à l’étage.Myriam (regardant l’heure sur son téléphone)— Elle ne devrait plus tarder… C’est toujours comme ça avec les jeunes filles d’aujourd’hui, elles arrivent à l’heure du cœur, pas à l’heure de la montre !Tout le monde rit doucement. Cinq minutes plus tard, la sonnette retentit.Karim (se levant d’un bond)— Ah ! C’est elle !La domestique va ouvrir. Une jeune femme élégante entre dans la cour. Ses pas sont timides, mais assurés. C’est Naomie. Elle porte une robe chic, simple mais élégante, ses cheveux bien coiffés, un léger maquillage, et un sourire discret aux lèvres.My
Lieu : Maison de LucieHeure : 10h du matinIdriss est au volant de sa berline noire, l’esprit agité. Il a pris soin de porter une chemise bien repassée, sobre, et un parfum discret. Après la conversation tendue avec Lucie sur sa grossesse, il a décidé d’assumer. Il doit parler avec elle… et rencontrer enfin sa mère.La voiture se gare devant un petit immeuble tranquille. Idriss prend une inspiration, éteint le moteur, et sort calmement. Il monte les escaliers, frappe à la porte.Lucie ouvre avec un doux sourire, un peu nerveuse.Lucie (gênée mais souriante)— Bonjour Idriss… entre, je t’en prie.Il entre. L’appartement est propre, modeste, mais chaleureux. Il s’assied sur le canapé en velours vert pendant que Lucie apporte deux verres d’eau. Elle tourne un instant autour de la table, visiblement troublée.Lucie (baissant les yeux)— Je… je voulais te présenter ma mère. Elle va bientôt arriver. Elle voulait te voir.Idriss (soupirant)— Oui… c’est bien. On doit être adultes dans tout
Chez Lucie – Fin de matinéeLucie était assise dans le canapé de son salon modeste, les jambes croisées, le regard rivé sur l’écran de son téléphone. Un message venait d’arriver, signé Idriss.> Idriss :« Voici l’argent pour le transport de ta ménagère. Je viendrai voir ta mère bientôt, mais pour l’instant je suis un peu empêché. On s’arrange, d’accord ? Prends soin de toi. »Lucie soupira de soulagement en voyant la notification de virement. Elle ouvrit son application bancaire et constata que la somme promise était bien là. Elle se leva lentement et alla poser une main sur son ventre, encore à peine arrondi.Lucie (murmurant avec tendresse)— Petit ange… papa commence à faire un pas. Peut-être qu’il va vraiment nous assumer un jour.Elle esquissa un sourire. Ce n’était pas encore l’idéal, mais elle se sentait un peu plus en sécurité, un peu moins seule.---Dans un restaurant discret en périphérie de la ville – 17h30Karim était déjà assis à la terrasse, un cocktail sans alcool à l
Point de vue : IdrissDeux semaines s’étaient écoulées depuis le retour de Karim en France. Idriss, toujours tiraillé entre ses vies parallèles, essayait tant bien que mal de garder le contrôle. Entre les obligations familiales, les rendez-vous professionnels et les tensions internes, il n’avait pas eu une minute à lui. Mais ce matin-là, alors qu’il sirotait son café dans son bureau, son téléphone vibra.[Appel entrant – Anastasie]Il sourit inconsciemment en voyant son nom s’afficher. Cela faisait plusieurs jours qu’ils n’avaient pas eu une vraie conversation. Il décrocha rapidement.Idriss (voix douce)— Mon amour… quelle belle surprise de t’entendre ce matin.Anastasie (voix posée, avec un brin d’excitation)— Bonjour Idriss. J’espère que je ne te dérange pas ?Idriss— Toi ? Jamais. Je suis au bureau, mais j’ai toujours le temps pour toi. Que se passe-t-il ?Anastasie— Écoute… j’ai réfléchi. Les enfants sont en vacances dans une semaine. Et j’ai aussi quelques jours de congé. J’a