Le Cercle du Sang et de la Lumière

La nuit était tombée.

Le ciel, d’un rouge profond, semblait brûler à l’horizon.

Une lune écarlate montait lentement, versant sa lumière sanglante sur la clairière.

Les sept enfants étaient rassemblés autour du feu sacré.

Grec traçait lentement un grand cercle sur le sol avec de la poudre argentée, puis y grava des symboles anciens que personne ne connaissait.

Chaque mot qu’il murmurait faisait trembler l’air, comme si la forêt entière retenait son souffle.

— Ce soir, dit-il, nous allons unir vos âmes. Le lien que vous formerez vous protégera les uns les autres… mais aussi vous exposera à ceux qui vous traquent.

Il leva les yeux vers la lune rouge.

— Car la magie attire la magie — la lumière appelle toujours l’ombre.

Les enfants échangèrent un regard silencieux.

Même Thomas, affaibli, tenait sa pierre noire entre les mains, concentré.

— Asseyez-vous dans le cercle, ordonna Grec.

Ils obéirent.

Le feu s’éleva, et la poudre sur le sol s’illumina d’un éclat blanc argenté.

Grec planta son bâton au centre, puis ferma les yeux.

— Que la lumière des anciens réveille la vérité des héritiers…

À ces mots, un souffle puissant traversa la clairière. Le vent tourna autour d’eux, formant un tourbillon d’énergie.

Les symboles gravés au sol s’allumèrent un à un, et les dons de chaque enfant commencèrent à s’activer.

Le feu de Michael prit une teinte dorée.

Les racines autour de Benoît se mirent à frémir doucement.

Le temps sembla ralentir autour de Lina, chaque battement de cœur résonnant dans l’air.

Jenevieve entendit des murmures anciens, des voix bienveillantes priant pour eux.

Nadia fit apparaître une lumière douce dans ses mains, guérissant une petite coupure sur son poignet.

Même Thomas, concentré, réussit à garder son ombre calme, contrôlée.

Mais c’est Jacques qui attira tous les regards.

Debout, le visage tourné vers la lune, il leva ses deux mains.

Une lumière dorée jaillit de son corps, si forte qu’elle fit vaciller les flammes du feu sacré.

Le vent se plia autour de lui, formant une spirale parfaite.

Ses yeux brillaient d’un éclat presque surnaturel.

Grec recula d’un pas, impressionné.

— Il la maîtrise déjà… murmura-t-il. La vision et la lumière intérieure sont en lui depuis toujours.

Jacques regarda ses amis, puis posa sa main sur le sol.

Le cercle entier s’illumina d’un or pur.

Pendant quelques secondes, la magie fut parfaite : sept cœurs battant à l’unisson, sept dons unis dans une harmonie totale.

Mais soudain, quelque chose se brisa.

Une fissure invisible déchira le cercle.

Un vent glacial passa entre eux — venu d’un autre monde.

Les flammes se teintèrent de noir.

Les voix que Jenevieve entendait changèrent de ton : elles n’étaient plus bienveillantes… elles murmuraient des prières d’un autre âge, pleines de haine.

— Quelqu’un nous observe ! cria-t-elle.

Grec ouvrit brusquement les yeux et frappa le sol de son bâton.

Une lumière blanche explosa autour du cercle, repoussant l’ombre.

Mais au-dessus d’eux, dans le ciel, la lune écarlate semblait saigner… une traînée rouge coulait comme une larme à travers les nuages.

Le feu s’éteignit d’un coup.

Tout devint silencieux.

Grec respirait lourdement, le front couvert de sueur.

— Ils ont senti votre réveil… murmura-t-il. Les sorciers savent maintenant que vous êtes là.

Les enfants se regardèrent, effrayés.

Jacques, lui, restait debout, le regard fixé vers la lune.

— Qu’ils viennent, dit-il d’une voix ferme. Nous sommes prêts.

Grec le fixa longuement.

— Tu es fort, Jacques. Trop fort pour ton âge. Mais souviens-toi… la puissance attire le mal autant que la lumière attire la nuit.

Il ramassa son bâton et ajouta :

— Demain, nous quitterons cette clairière. Vous devez apprendre ailleurs, là où même les sorciers n’osent pas entrer.

Un long hurlement de loup retentit au loin.

Puis un second.

Et un troisième.

La forêt, silencieuse depuis des jours, venait de se réveiller.