INICIAR SESIÓNLe vent soufflait fort ce matin-là.
La brume s’était levée sur la clairière, dévoilant un cercle de pierres anciennes dressées comme des gardiennes.
Au centre, Grec se tenait, son bâton planté dans la terre. Les sept enfants se tenaient autour de lui, formant un cercle parfait.
— Avant d’apprendre la magie, dit-il d’une voix grave, vous devez connaître ce que vous portez déjà en vous.
Il leva le bâton.
— Chacun de vous a un don, un pouvoir que vos ancêtres vous ont transmis à la naissance. Ces dons sommeillent, mais aujourd’hui, ils vont s’éveiller.
Un silence solennel tomba. Le feu bleu brûlait sans fumée, et l’air vibrait d’une énergie invisible.
Grec commença par Jacques.
Il posa sa main sur son front.
— Toi, fils du vent et du fer, tu portes le don de la vision.
Une lumière dorée jaillit dans les yeux de Jacques, et il eut soudain des images — brèves, rapides : des villages en flammes, des ombres qui fuient, un grand serpent noir caché sous la terre.
Il recula, essoufflé.
— J’ai vu… j’ai vu ce qui va venir.
Grec hocha la tête.
— Tu es le voyant. Celui qui prévient avant que le mal ne frappe.
Il se tourna vers Jenevieve, qui ferma les yeux sans qu’il ait besoin de lui demander.
Le vent souleva doucement ses cheveux, et un parfum de fleurs sauvages emplit l’air.
— Toi, dit Grec, tu es la gardienne des esprits.
D’un geste, elle toucha la terre, et une forme de lumière s’éleva : une silhouette féminine, translucide, douce et rassurante.
Les autres reculèrent, surpris.
— Ce sont les voix de la forêt, murmura Jenevieve, comme si elle les entendait depuis toujours.
— Tu entends ce que les autres ne peuvent entendre, répondit Grec. Tu parleras aux morts comme aux vivants.
Il s’avança vers Michael.
Le garçon serrait les poings, nerveux.
Grec traça un signe sur son torse.
Un éclair d’énergie traversa son corps, et le feu bleu s’intensifia.
— Ton don est celui du courage de feu. Tu es le bouclier, celui qui ne recule jamais.
Le feu autour de lui prit la forme d’une armure rouge flamboyante, avant de disparaître.
Michael haleta.
— J’ai senti la chaleur… mais elle ne me brûlait pas.
— Parce qu’elle t’appartient, répondit Grec.
Il se tourna ensuite vers Lina, l’une des deux filles revenues d’entre la mort.
Elle avait gardé un silence étrange depuis leur résurrection.
Grec la fixa longuement.
— En toi, sommeille le souffle du temps.
— Le temps ? répéta-t-elle, confuse.
— Oui. Tu peux ralentir ou accélérer les choses vivantes, selon ton cœur.
Il toucha sa main : une feuille tomba d’un arbre, et dans sa paume, elle se fana, puis retrouva sa fraîcheur en un instant.
Les autres restèrent bouche bée.
Puis vint le tour de Benoît, grand et calme.
— Toi, dit Grec, tu es lié à la terre.
Benoît posa instinctivement sa main sur le sol, et aussitôt, la terre vibra. Des racines sortirent de la poussière et s’enroulèrent doucement autour de son bras, comme pour le saluer.
— La terre te répondra toujours, ajouta Grec. Tu seras la force tranquille de ce cercle.
À côté de lui, Thomas, le plus jeune, observait la scène, tremblant d’impatience.
— Et moi ? demanda-t-il timidement.
Grec sourit.
— Toi, petit loup, tu portes le don de l’ombre.
À ces mots, la lumière autour de Thomas s’éteignit un instant. On ne voyait plus que ses yeux, brillants comme deux étoiles dans le noir.
Puis la lumière revint.
— Tu pourras te fondre dans les ténèbres, disparaître aux yeux des sorciers, mais prends garde : l’ombre t’écoutera, si tu la respectes.
Enfin, il se tourna vers la dernière, Nadia, une fille calme au regard profond.
— Ton don, murmura Grec, est le plus ancien de tous : le souffle de guérison.
Il prit un petit couteau, se fit une entaille au doigt.
Avant même qu’il n’ait saigné, Nadia posa sa main dessus.
La plaie se referma aussitôt, sans trace.
Un murmure d’émerveillement parcourut le groupe.
Grec posa enfin son bâton au centre du cercle.
— Voilà pourquoi les sorciers vous craignent. Chacun de vous porte une part de la lumière ancienne.
Mais il y a un prix.
Ces dons vous relient à vos ancêtres… et à leurs ennemis.
Si vous tombez dans la peur, vos dons se retourneront contre vous.
Un silence lourd tomba sur la clairière.
Jacques regarda ses amis, le cœur battant.
— Et maintenant ? demanda-t-il.
Grec sourit faiblement.
— Maintenant, vous allez apprendre à les maîtriser.
Parce que la vraie guerre… commence à la tombée de la prochaine lune.
Le soleil s’était levé, teintant la clairière d’une lumière dorée.
Pour la première fois, les sept enfants allaient s’exercer à manier leurs dons.
Grec se tenait au centre du cercle de pierres, son bâton planté dans le sol, observant chacun de ses apprentis avec attention.
— Souvenez-vous, dit-il, la magie ne vient pas des mains, mais du cœur. Si votre cœur tremble, votre pouvoir tremble aussi.
Les enfants hochèrent la tête.
Jacques ferma les yeux, cherchant à ressentir les échos de sa vision. Jenevieve murmura quelques mots pour écouter les voix des esprits.
Peu à peu, le cercle s’emplit d’une énergie douce et lumineuse.
Mais au bout du cercle, Thomas — le plus jeune — paraissait agité.
Ses yeux brillaient d’une lumière noire, presque liquide.
— Calme-toi, Thomas, dit Grec d’une voix apaisante. L’ombre obéit à celui qui la respecte.
— J’essaie, maître… mais elle me parle, dit le garçon, tremblant.
Il leva la main sans le vouloir, et soudain, la lumière du jour s’éteignit brutalement.
Toute la clairière fut engloutie dans l’obscurité.
Les enfants poussèrent un cri.
Jacques sentit le sol vibrer sous ses pieds, Jenevieve perdit le contact avec les esprits — tout devint silence et froid.
Une présence étrange s’avança entre eux, invisible mais lourde, comme si une ombre vivante respirait.
— Thomas ! appela Grec. Reprends-toi !
Mais le garçon semblait ailleurs, ses lèvres murmurant des mots inconnus.
Son don, le pouvoir de l’ombre, s’était ouvert sans contrôle — et maintenant, c’était l’ombre qui le contrôlait.
Le feu bleu s’éteignit.
Dans la noirceur totale, ils entendirent des rires… mais pas ceux des enfants.
Des rires anciens, froids, lointains.
— Ils reviennent… murmura Jenevieve d’une voix blanche.
Soudain, Grec leva son bâton et frappa la terre.
Un cercle de lumière blanche jaillit autour d’eux, repoussant les ténèbres.
Thomas tomba à genoux, haletant, comme vidé de toute force.
L’obscurité se dissipa lentement, avalée par la lumière du vieux magicien.
Un long silence suivit.
Les enfants regardaient Thomas, encore tremblants.
Grec, lui, paraissait soucieux.
Il posa une main sur l’épaule du garçon.
— Tu as ouvert une porte que personne n’aurait dû ouvrir aujourd’hui, dit-il doucement.
— Je… je n’ai pas voulu, murmura Thomas, les yeux pleins de larmes.
— Je le sais. Ce n’est pas ta faute. Ce pouvoir t’a choisi, mais il n’obéit qu’à ceux qui comprennent la peur.
Il se tourna vers les autres.
— Rappelez-vous ceci : la magie n’est pas un jeu. Chaque don est un fardeau. Si vous perdez le contrôle, le mal vous trouvera avant que vous ne le cherchiez.
Puis il aida Thomas à se relever.
— Toi, reprit-il, tu ne pratiqueras plus avec les autres pour l’instant.
— Pourquoi ? protesta le garçon, honteux.
— Parce que ton don est double. En toi se cachent deux esprits : la lumière et l’ombre. Si tu veux survivre, tu dois apprendre à les séparer.
Il sortit une petite pierre noire de sa tunique et la tendit à Thomas.
— Tiens. Ceci est une Pierre d’Absorption. Elle retiendra l’excès de ton énergie quand tu perdras le contrôle. Mais attention : si elle se brise, c’est toi qu’elle engloutira.
Thomas la prit avec précaution.
— Et si je n’y arrive pas ? demanda-t-il, la voix tremblante.
— Alors, dit Grec en le fixant droit dans les yeux, tu deviendras le premier ennemi du groupe sans même t’en rendre compte.
Les autres enfants échangèrent un regard inquiet.
L’ambiance, autrefois pleine d’émerveillement, était devenue lourde et grave.
Grec leva son bâton et dit d’une voix ferme :
— Reposez-vous. L’entraînement reprendra demain.
La lune se lèvera rouge ce soir… et ce sera le signe que la guerre des anciens commence à s’éveiller.
La porte secrète s’ouvrit dans un grondement sourd, comme si la montagne elle-même respirait.Une lumière bleutée glissa au sol, montant jusqu’au plafond. Jacques, Jenevieve et les cinq autres enfants restèrent immobiles, le souffle court.Grec entra le premier, appuyant son bâton contre la pierre.— Suivez-moi, ordonna-t-il d’une voix basse mais puissante.La salle, immense, circulaire, s’éclaira au fur et à mesure qu’ils avançaient.Sur les murs, sept symboles en forme de lune luisaient chacun d’une couleur différente : argent, bleu, rouge, vert, noir, or, violet.Une énergie vibrante parcourait l’air, comme si la salle elle-même était vivante.— Bienvenue dans la Chambre des Sept Lunes, dit Grec.Sa voix résonna dans toute la pièce.Les enfants se regroupèrent, fascinés.— Vous ne le savez peut-être pas encore… mais vous êtes les Sept Lunes du Secret.Les sept clés du bonheur…Et du malheur pour ceux qui cherchent la destruction.Un frisson parcourut le groupe.— Des tourbillons de
La nuit était tombée.Le ciel, d’un rouge profond, semblait brûler à l’horizon.Une lune écarlate montait lentement, versant sa lumière sanglante sur la clairière.Les sept enfants étaient rassemblés autour du feu sacré.Grec traçait lentement un grand cercle sur le sol avec de la poudre argentée, puis y grava des symboles anciens que personne ne connaissait.Chaque mot qu’il murmurait faisait trembler l’air, comme si la forêt entière retenait son souffle.— Ce soir, dit-il, nous allons unir vos âmes. Le lien que vous formerez vous protégera les uns les autres… mais aussi vous exposera à ceux qui vous traquent.Il leva les yeux vers la lune rouge.— Car la magie attire la magie — la lumière appelle toujours l’ombre.Les enfants échangèrent un regard silencieux.Même Thomas, affaibli, tenait sa pierre noire entre les mains, concentré.— Asseyez-vous dans le cercle, ordonna Grec.Ils obéirent.Le feu s’éleva, et la poudre sur le sol s’illumina d’un éclat blanc argenté.Grec planta son b
Le vent soufflait fort ce matin-là.La brume s’était levée sur la clairière, dévoilant un cercle de pierres anciennes dressées comme des gardiennes.Au centre, Grec se tenait, son bâton planté dans la terre. Les sept enfants se tenaient autour de lui, formant un cercle parfait.— Avant d’apprendre la magie, dit-il d’une voix grave, vous devez connaître ce que vous portez déjà en vous.Il leva le bâton.— Chacun de vous a un don, un pouvoir que vos ancêtres vous ont transmis à la naissance. Ces dons sommeillent, mais aujourd’hui, ils vont s’éveiller.Un silence solennel tomba. Le feu bleu brûlait sans fumée, et l’air vibrait d’une énergie invisible.Grec commença par Jacques.Il posa sa main sur son front.— Toi, fils du vent et du fer, tu portes le don de la vision.Une lumière dorée jaillit dans les yeux de Jacques, et il eut soudain des images — brèves, rapides : des villages en flammes, des ombres qui fuient, un grand serpent noir caché sous la terre.Il recula, essoufflé.— J’ai v
Ils n’avaient pas eu le temps d’aller bien loin.À peine Jacques et Jenevieve avaient-ils franchi le dernier arbre que le sol trembla de nouveau.Une brume épaisse, lourde et glaciale, se leva tout autour d’eux. Elle sentait le soufre et les feuilles brûlées.Jenevieve serra la main de Jacques.— Ne t’arrête pas, Jacques ! cours !Mais un rire éclata derrière eux. Lent. Sourd. Moqueur.La brume s’écarta, et Grec apparut.Il se tenait droit, son manteau noir flottant comme s’il respirait. Ses yeux verts brillaient dans l’ombre, et sa voix semblait venir de partout à la fois.— Vous pensiez vraiment pouvoir m’échapper ?Il souriait, d’un sourire calme et cruel à la fois.— Ce n’est que le commencement. Et regardez-vous… tremblants, perdus… Vous croyez connaître la peur ? Vous ne l’avez même pas encore rencontrée.Jacques voulut répondre, mais sa gorge était nouée. C’est Michael, le plus courageux du groupe, qui s’avança d’un pas.Ses yeux brillaient de colère et de larmes.— Commencemen
La rumeur se répandit dans le village avant même que le soleil ne se couche.Les anciens s’étaient réunis sur la grande place, sous le grand fromager sacré.Les tambours s’étaient tus, les marchés fermés, et même les chiens ne criaient plus.Un silence lourd s’était abattu sur Kofima, comme si le vent lui-même retenait son souffle.Les sages parlaient à voix basse, les visages graves.Le plus vieux d’entre eux, Bassa, prit la parole d’une voix rauque :— Ce que nous voyons n’est pas nouveau. Il y a cinq cents ans, le même mal a traversé Kofima.— Le mal des loups ? demanda un autre.— Non… le mal derrière les loups, répondit Bassa. Celui qui prend la nuit en plein jour.Tous se turent. Dans leurs mémoires, un nom refaisait surface : Grec.Un ancien guerrier du village, disparu depuis des années, vivant désormais au fond de la forêt. On disait qu’il connaissait les secrets du feu, des plantes, et des esprits. Certains l’appelaient magicien. D’autres, anti-sorcier.Alors, sans perdre de
Le village de Kofima s’étendait paisiblement au pied des collines, avec ses maisons bien alignées, ses chemins de terre rouge et ses champs verdoyants. L’air y était doux, rempli du parfum des manguiers et du chant des oiseaux. C’était un de ces après-midis tranquilles où rien ne semblait pouvoir troubler la sérénité du lieu.Près du vieux ruisseau, sous un grand fromager, sept amis s’étaient retrouvés comme à leur habitude.Six garçons, inséparables depuis l’enfance, et une fille, Jenevieve, la seule à savoir calmer leurs querelles et à rire plus fort que tous les autres.Ils jouaient, riaient, parlaient de tout et de rien. Le soleil frappait doucement leurs visages, et l’eau du ruisseau scintillait comme un miroir d’argent.Mais soudain, sans prévenir, Jacques chancela.Il voulut faire un pas, mais ses jambes cédèrent. Il s’effondra lourdement, les yeux grands ouverts vers le ciel.— Jacques ! cria Jenevieve, se précipitant vers lui.Ses amis accoururent, paniqués.Et c’est à ce mom







