Elya
Mon cœur bat encore trop fort alors que Caïn recule légèrement, ses yeux sombres toujours ancrés aux miens.
Le goût de son baiser brûle encore sur mes lèvres.
Il n’aurait pas dû faire ça.
Je n’aurais pas dû répondre.
Et pourtant…
J’ai senti quelque chose. Quelque chose que je ne peux pas ignorer.
— C’était une erreur, murmuré-je.
Caïn esquisse un sourire en coin, mais il n’a rien d’amusé.
— C’est ce que tu penses ?
Je me force à soutenir son regard, même si mes joues chauffent encore sous l’intensité du moment.
— Ce n’est pas censé arriver.
— Ce qui est censé arriver ne nous appartient pas, Elya.
Je frissonne.
Ce n’est pas juste une attirance. C’est autre chose.
Un lien invisible.
Un murmure ancien, plus fort que ma raison.
Mais avant que je ne puisse répondre, un mouvement dans l’ombre attire mon attention.
Je me fige.
Dimitri.
Il est là, adossé contre un pilier de pierre, les bras croisés, nous observant avec une lueur amusée dans les yeux.
Mon estomac se noue.
Depuis combien de temps est-il là ?
Il s’avance lentement, son sourire énigmatique toujours présent.
— Fascinant, souffle-t-il en me regardant.
Je déglutis.
— Depuis combien de temps tu es là ?
— Juste assez pour voir ce que je voulais voir.
Je sens Caïn se tendre à côté de moi, son énergie crépitant autour de lui.
— Tu t’amuses bien à nous espionner, vampire ? gronde-t-il.
Dimitri l’ignore presque, ses yeux rivés aux miens.
— Dis-moi, Elya… Est-ce que ton cœur battait aussi fort quand il t’a embrassée ?
Mon souffle se coupe.
— Qu’est-ce que…
— Ou bien est-ce seulement parce que tu étais surprise ?
Son ton est calme, mais il y a une lueur de défi dans son regard.
Je recule légèrement, troublée.
— Ce n’est pas tes affaires, Dimitri.
Son sourire s’élargit.
— Oh, mais ça l’est.
Il avance encore d’un pas, et je sens cette énergie étrange qui nous lie, lui et moi, s’intensifier.
Ce n’est pas la même chose qu’avec Caïn.
Avec lui, c’est une brûlure profonde, une intensité qui me dévore.
Avec Dimitri…
C’est une tentation obscure, quelque chose de plus insidieux.
Quelque chose de dangereux.
— Ce lien entre nous… Tu le ressens, n’est-ce pas ?
Je ferme les yeux un instant, rassemblant mes esprits.
— Arrête.
Il rit doucement.
— Arrêter quoi ? Te dire la vérité ?
Je serre les poings.
Caïn, jusque-là silencieux, pose une main sur mon bras.
— Tu n’as pas besoin de l’écouter.
Mais le regard de Dimitri s’assombrit.
— Tu n’as pas non plus le droit de décider pour elle.
Un silence électrique s’abat sur nous.
Je déteste cette sensation d’être un enjeu entre eux.
— Je décide pour moi-même, dis-je d’un ton ferme.
Dimitri et Caïn me fixent tous les deux, chacun attendant ma réponse.
Mais comment choisir entre un sorcier et un vampire, quand je suis moi-même piégée entre deux instincts contradictoires ?
---
Dimitri
Elya est une énigme.
Un défi que je veux relever.
Et ce que j’ai vu ce soir…
Je ne suis pas prêt de l’oublier.
Son trouble. Sa réaction quand j’ai parlé du lien entre nous.
Elle ne peut pas le nier.
Tout comme moi, elle le ressent.
Et je ne suis pas du genre à abandonner ce qui m’attire.
Caïn le sait.
Il essaie de se l’approprier, mais je ne le laisserai pas faire.
Alors que je m’éloigne dans la nuit, je me fais une promesse.
Elya finira par me choisir.
Peu importe le prix.
---
Caïn
Je serre les poings alors que Dimitri disparaît dans l’ombre.
Il est un problème.
Un problème dangereux.
Et le pire, c’est que je vois bien qu’il la trouble.
Je devrais lui dire la vérité.
Sur ce qu’elle est réellement.
Sur ce que nous sommes, elle et moi.
Mais une part de moi craint ce que cela signifiera.
Parce qu’une fois qu’elle saura tout…
Elle devra choisir.
Et si elle ne me choisissait pas ?
Elya
Je suis partie.
J’ai fui.
Je n’ai même pas réfléchi, mes jambes ont juste bougé d’elles-mêmes.
Caïn et Dimitri…
Leur regard sur moi, l’électricité dans l’air, l’attente suspendue entre eux comme une lame prête à tomber.
J’avais besoin de respirer.
La forêt nocturne m’accueille avec son silence. Seule la brise fait bruisser les feuilles au-dessus de ma tête.
Je ne comprends plus rien.
Mon cœur me trahit.
Pourquoi suis-je liée à eux deux ?
Ce n’est pas normal. Ce n’est pas… possible.
Mon souffle est court alors que je m’arrête près d’un ruisseau. L’eau reflète la lune, pâle et lointaine, aussi confuse que moi.
— C’est une erreur, murmuré-je à voix haute, comme pour m’en convaincre.
Mais la vérité est bien là.
J’ai ressenti quelque chose avec Caïn.
Et j’ai ressenti quelque chose avec Dimitri.
Différent. Mais aussi puissant.
— Ça t’angoisse tant que ça ?
Je sursaute, me retournant vivement.
Dimitri est là, adossé à un arbre, les bras croisés sur son torse.
Ses yeux me sondent, et cette lueur moqueuse brille toujours en eux.
— Suis-moi souvent comme ça ? demandé-je, méfiante.
Il s’approche lentement, et je ne peux pas m’empêcher de remarquer la fluidité de ses mouvements.
Félin.
Dangereux.
— Je suis un vampire, Elya. C’est dans ma nature.
Son ton est amusé, mais il y a autre chose, sous-jacent.
Une faim contenue.
— Alors tu traques tes proies ?
Il sourit.
— Seulement celles qui en valent la peine.
Un frisson me parcourt, mais ce n’est pas de la peur.
— Arrête ça, soufflé-je.
Il s’arrête à quelques pas, penche légèrement la tête.
— Arrêter quoi ?
Sa voix est un murmure caressant, une promesse insidieuse.
Je déteste ça.
Parce que je le ressens trop.
Mon cœur bat plus vite, et il le sait.
— Ce que tu fais. Jouer avec moi.
Son sourire s’élargit, mais il y a une ombre dans son regard.
— Je ne joue pas, Elya.
Il lève lentement la main, frôle une mèche de mes cheveux.
Je devrais reculer.
Mais mes pieds restent ancrés au sol.
— Ce lien entre nous… Tu veux le nier, mais il est là.
Ma gorge se serre.
— Ce lien existe aussi avec Caïn.
Dimitri se fige un instant. Puis, lentement, il acquiesce.
— Je sais.
Son aveu me surprend.
Mais ce qui me frappe le plus, c’est son expression.
Il n’est pas en colère.
Il est intrigué.
— C’est une anomalie, continue-t-il. Une oméga ne peut pas être liée à un sorcier et un vampire à la fois.
— Pourtant, c’est le cas.
Il pose son regard sur moi, intense, brûlant.
— Ce qui veut dire qu’il y a quelque chose de plus grand en jeu.
Le vent se lève légèrement, balayant mes cheveux.
Je devrais partir.
Mais quelque chose me retient.
Lui.
Son odeur, mélange troublant de nuit et de sang.
Sa présence, trop oppressante.
— Dis-moi, Elya…
Il s’approche d’un pas, si près que je peux sentir la fraîcheur de sa peau.
— … si je t’embrassais maintenant, est-ce que tu le repousserais ?
Mon souffle se bloque.
C’est une provocation.
Un défi.
Et le pire…
C’est que je ne connais pas la réponse.
Dimitri attend.
Il ne me touche pas.
Il me laisse le choix.
Je devrais partir.
Je devrais le repousser.
Mais au lieu de ça…
Je lève lentement le menton.
Son sourire s’efface.
Son regard s’assombrit.
Puis, avec une lenteur exquise, il baisse la tête vers moi.
— Éloigne-toi d’elle.
La voix grave et autoritaire brise le moment en un claquement de tonnerre.
Je recule brusquement, mon cœur manquant un battement.
(Elya)---Nous marchons.Pas pour fuir. Pas pour chercher.Nous marchons parce que nous en avons décidé ainsi.Le couloir s’efface lentement derrière nous. Ce couloir qui fut tour à tour prison, sanctuaire, labyrinthe. Il nous a tenus en otages de nos douleurs et de nos espoirs. Il nous a mis face à nos pires reflets. Il nous a séparés autant qu’il nous a liés.Mais maintenant, ce n’est plus lui qui trace notre route. C’est nous.Le silence qui nous enveloppe n’a plus la texture de la peur. Il n’a plus le goût de l’attente. Il est doux. Habité. Dense. Chaque pas que je fais vibre dans mes os. Je sens la pierre sous mes pieds, l’air s’élargir autour de moi, la lumière qui grandit. Et je sens Caïdrian à mes côtés.Pas comme une menace.Pas comme un souffle qui m’épie.Mais comme une évidence.Nous sortons. Le ciel est immense. Le vent est franc, piquant. La lumière du matin nous tombe dessus comme une gifle tendre. Mes yeux pleurent un peu, sans tristesse. C’est la brûlure de la renais
(Elya)---Nous marchons. L’un à côté de l’autre. Silencieux. Mais ce silence n’est plus vide.Il pulse.Comme une respiration nouvelle. Comme un cœur qu’on aurait cru mort, et qui recommence à battre.Le couloir semble s’étirer à l’infini, ce long ventre de pierre que nous quittons enfin. Il y a encore l’écho de tout ce qu’on y a vécu. Les cris tus. Les visages qu’on a croisés. Ceux qu’on a aimés, détruits, pardonnés. Tout ce qui nous a modelés, arrachés, défaits. Chaque pierre a gardé une empreinte de nous.Mais je n’ai plus peur de la distance. Le poids de mes pas ne m’écrase plus. Chaque mouvement est un acte de volonté. Ce n’est plus une fuite. Ce n’est plus une quête. C’est un choix.Et dans ce choix, il y a Caïdrian. Et il y a moi.Pas l’ancienne moi. Pas le fantôme brûlé par les vies passées. Pas l’éclat blessé qu’il a tant cherché à réparer.Moi, ici. Maintenant. Entière. Debout.Et libre.Je ne le regarde pas. Je n’ai pas besoin. Il est là, à la lisière de moi. Comme un ryth
(Elya)---Je ferme les yeux.Et dans le silence, les cendres recommencent à tomber.Pas du feu. Pas de la destruction.Mais d’un souvenir ancien. Un temple brûlé. Une promesse faite dans l’ombre. Une main tendue vers moi, que j’avais refusée, alors. Trop tôt. Trop fort.Aujourd’hui, je ne la repousse plus.---(Caïdrian)---Ses paupières closes, son visage tendu vers moi, comme une offrande. Pas de soumission. Pas de pardon. Juste cette ouverture totale, vulnérable, vertigineuse.Je pose ma main sur la sienne, là où elle sent mon cœur. Et je la couvre de mes doigts, doucement, comme si ce geste pouvait effacer tous les siècles de douleurs, toutes les incarnations manquées, toutes les fois où je l’avais perdue.Elle est là. Pas un écho, pas une illusion. Elya. Entière. Brisée et reconstruite. Elle n’a plus peur. Et je le sens, au plus profond de moi : c’est elle qui me tient désormais en vie.« Ce que nous avons traversé… » Ma voix est rauque, presque étranglée. « Ce que je t’ai fait
(Elya)---La lumière m’aveugle. Elle ne m’enveloppe pas — elle me transperce. Chaque cellule de mon corps semble exploser dans cette clarté absolue, comme si j’étais faite de verre et que je venais de voler en éclats. Je ne tombe pas, je suis arrachée. Arrachée au monde, à lui, à moi.Le sol se dérobe, le ciel s’effondre, et dans cette chute sans fond, il ne reste que la sensation d’un arrachement. Je veux crier, mais aucun son ne franchit mes lèvres. L’air n’existe plus. Le temps non plus. Il n’y a que ce vertige, cette chute intérieure, comme si mon âme elle-même était dissoute dans un océan d’échos oubliés.Puis… le silence. Épais, absolu. Il me plaque contre un sol froid, rugueux. Mes yeux s’ouvrent, lents, comme s’ils traversaient plusieurs vies avant d’atteindre cette réalité. La lumière a disparu. L’espace est nu, gris, suspendu dans une brume translucide.Je ne suis pas seule.Elle est là.La silhouette se tient devant moi, immobile. Elle ne parle pas. Elle n’a pas besoin. El
(Elya)---L’air est plus lourd ici. Il vibre d’une énergie étrange, une force qui semble se concentrer au centre de cette immense pièce. La lumière qui nous a guidés jusqu’ici vacille, projetant des ombres déformées sur les murs. Et alors que nous franchissons ce seuil invisible, je sens que quelque chose a changé. Comme si chaque pas nous rapprochait davantage de la vérité, mais aussi du danger.Caïdrian marche devant moi, chaque mouvement, chaque geste chargé d’une détermination que je n’ai jamais vue auparavant. Ce n’est plus simplement lui qui avance avec moi, mais une version de lui-même que je n’ai jamais connue. Un homme qui a fait face à des vérités qu’il n’aurait jamais voulu connaître. Un homme qui semble accepter que ce qui nous attend ici, dans cette salle, changera tout.Je n’ai pas le temps de réfléchir davantage, car la pièce devant nous semble prendre forme. Ce n’est pas une simple chambre, ni une salle. C’est un lieu. Un lieu ancien, marqué par une présence imposante
(Elya)---La chaleur du tunnel se dissipe progressivement, remplacée par un froid glacé. La lumière, faible mais persistante, éclaire à peine notre chemin. Chaque pas résonne dans ce vide oppressant. Je serre ma main autour de celle de Caïdrian, mais même son contact, habituellement un réconfort, semble moins solide, moins ancré. Une étrange sensation m’envahit, une peur sourde, presque viscérale. Cette sensation que nous ne sommes pas seuls.Le regard de Caïdrian ne me quitte pas, mais il semble plus distant, comme si une part de lui-même s’éloignait de ce qui nous attend. Ce monde, cet endroit, semble avoir pris une emprise sur lui que je n'arrive pas à comprendre. Il n’a pas dit un mot depuis un long moment, et cette absence me ronge.Je voudrais briser le silence, le sortir de ses pensées sombres, mais une question m'obsède. Le lien que nous partageons… N’est-il pas plus qu’une simple promesse d’amour ? Est-ce une malédiction, un destin inéluctable ? Et si cette silhouette avait