Chapitre 5

Plus tard dans l'après-midi, j'avais revu deux fois le chat, mais je l'avais laissé tranquille. Je m'étais trouvée un bon livre à lire. Je l'avais commencé dans le jardin que Daniel m'avait montré, mais il s'était mis à pleuvoir. Je l'ai donc continué dans ma chambre. Le chat était déjà là, endormi sur le lit. Il avait probablement un nom. Je mis alors mon roman de côté puis je partis à la recherche du propriétaire du manoir. Après une dizaine de minutes à me perdre dans les couloirs, je ne l'avais toujours pas trouvé.

-Daniel ! Bon sang, t'es où ? M'exclamais-je.

J'entendis enfin des pas derrière moi. Mais que diable faisait-il durant ces journées ?

-Quelque chose ne va pas ? Me demanda-t-il en haussant un sourcil.

-C'est quoi le nom du chat ?

Il se mit à rire. Oh mon dieu...

-Mais pourquoi tu ris ? Je t'ai posé une question !

-Tu me cherchais juste pour savoir le nom d'un chat errant ? Il n'en a pas... Nomme-le comme tu veux.

-Okay... Et puis je me demandais, que fais-tu durant tes journées ? Je te vois très rarement...

-Cela ne te regarde pas, me dit-il en reprenant un air sérieux.

-Comme tu veux...

Je souris et relevais les yeux vers lui.

-Danioubinouchou ! Lui dis-je en tirant la langue.

Il eut un air choqué.

-Comment m'as-tu surnommé !?

J'éclatais de rire puis je suis partis rapidement vers ma chambre. Il n'avait pas voulu me dire ce qu'il faisait, alors voilà ce qui arrivait. Mais peut-être que je pouvais l'observer... L'espionner sans qu'il ne s'en aperçoive. Ainsi, je saurais sûrement ce qu'il fait.

J'attendis un petit moment dans ma chambre avant de ressortir. Je vis Danioubinouchou dans le couloir un peu plus loin. Il venait d'entrer dans une pièce. Je me suis alors rapprochée et je passais lentement la tête dans le cadre de la porte. Je le vis qui sirotait une boisson sur le balcon. Alors il faisait la belle vie... Il semblait hypnotisé par le paysage. Je suis entrée discrètement puis je me suis cachée derrière le canapé qui reposait au milieu de la pièce.

Il y avait une drôle d'odeur dans la pièce. Une odeur comme de fer... Ou plutôt... De sang. J'observais avec plus d'attention le verre qu'il avait dans la main. Le liquide rouge semblait épais. Cela ne pouvait être qu'une chose, du sang. Pile au mauvais moment, mon ventre se mit à gargouiller, ce qui attira l'attention de Daniel qui tourna la tête en ma direction. Ses yeux me regardaient bizarrement.

-Que fais-tu ici ? Me demanda-t-il sèchement.

Je tremblais comme une feuille. Je laissais échapper un cri puis je courus vers la porte. Il se jeta sur moi pour m'immobiliser après avoir déposé son verre. Il me prit les poignets pour que j'arrête de me débattre et me fixa dans le blanc des yeux.

-Bon sang, mais qu'est-ce qui te prend ! Me cria-t-il.

-Lâche-moi espèce de monstre buveur de sang! Lui criais-je, paniquée.

Je lui donnais un coup de genou entre les jambes. Il me lâcha en se pliant en deux, grognant de douleur. Je me suis précipitée dans ma chambre et j'ai verrouillé la porte.

Un silence s'était abattu sur le manoir. Je n'aimais vraiment pas cela. J'eus du mal à reprendre mon calme, le sang me dégoûtait tellement. Et Daniel aussi.

J'entendis gratter à ma porte, c'était le chat. Je lui ouvris rapidement pour le laisser entrer et jeter un coup d'œil dans le couloir, il n'y avait personne. Je pris l'animal, le colla contre ma poitrine puis je m'effondrais sur le lit. J'entendis son ronronnement, ce qui me rassura un peu. Mais cela fut de courte durée. Daniel cachait quelque chose. Il cicatrisait rapidement et maintenant il buvait du sang. 

Était-ce un vampire? Je chassais rapidement cette pensée en secouant la tête. Ces monstres n'existaient pas... Mais cela expliquerait aussi pourquoi Daniel était froid.

Je baissais la tête vers le félin, voulant penser à autre chose.

-Et si je t'appelais Timo ?

Il miaula doucement.

Je souris, ce petit nom lui allait bien.

Je lui fis un bisou sur son front.

J'allais ensuite me changer pour ensuite retourner sur le lit. Une fois couchée, Timo vint coller sa tête contre moi pendant un court moment pour ensuite quitter la pièce. 

Bizarrement, quelque chose me poussait à le suivre. Je me levais en silence et passais ma tête dans l'encadrement de la porte.

J'écarquillais les yeux en voyant Timo se métamorphoser en Daniel.

Ça y est, j'étais folle. Mais en même temps, je n'avais pas rêvé, Timo s'était bel et bien transformé en Daniel. Je voulais m'assurer que j'avais bien vu ce qui s'était passé.

Je vérifiais si Daniel était encore dans le corridor. Personne. Je sortis de ma chambre pour ensuite me promener dans le couloir innocemment.

-Timo, j'ai une surprise pour toi ! Viens me voir, s'il te plaît.

Je le vis tourner le coin du mur qui donnait sur la cuisine. Il avançait joyeusement vers moi. Je m'approchais de lui puis le pris dans mes bras. Cette fois, je ne le bécotais pas puisque je savais que ce n'était pas un vrai chat. Du moins, c'est ce que j'avais vu. En rentrant dans la chambre, je le déposais sur mon lit.

-Je t'ai démasqué, Daniel, dis-je tout simplement en croisant les bras.

Le chat prit peur et débarqua du lit pour ensuite s'enfuir dans le couloir.

-Non! Reviens ici toi ! Criais-je.

Je courus dans le couloir pour rattraper le félin.

-Daniel, reviens ici! Je veux des explications !

J'étais trop concentrée sur le chat lorsque soudainement, mon corps fonça dans quelque chose. Je tombais au sol et vis le chat prendre la fuite. Je regardais la personne qui avait freiné ma course.

Daniel ?

-Tu as appelé le chat Daniel? Me demanda-t-il en se moquant clairement de moi.

-Mais tout à l'heure, je t'ai vu te...

-Est-ce que ça va ? Ajouta-t-il.

-Oui... Non... J'en sais rien ! M'exclamais-je, complètement perdue.

-Alors pourquoi tu courais comme une folle dans le couloir pour rattraper le chat ?

Je m'effondrais en larme, choquée et perdue. J'avais complètement l'air d'une idiote... Ou mieux, d'une folle! J'avais tout imaginé cela.

Soudain, je sentis ses bras me prendre comme une princesse. Cette fois, je ne me débattis pas. Il m'emmena à ma chambre pour ensuite me déposer sur le lit.

-Une bonne nuit de sommeil ne te fera pas de mal, me chuchota-t-il.