Share

Chapitre 8

Author: Orange
En entendant l'accusation aveugle de Didier, je n'ai pas pu m'empêcher de rire.

« Que je m'excuse ? Va donc vérifier les caméras de surveillance, tu verras bien qui ment ! » ai-je rétorqué.

Il a froncé les sourcils, l'air incrédule : « Isabelle est malade et enceinte, tu crois vraiment qu'elle se serait jetée dans les escaliers volontairement ? »

Une lueur de panique a traversé le regard d'Isabelle. Elle a pris aussitôt une voix doucereuse : « Laisse tomber, Didier... La réaction de Nina est compréhensible. Partons. »

Craignant que Didier n'aille effectivement consulter les enregistrements, elle s'est mise à tenir son ventre en affectant une faiblesse extrême. Comme prévu, Didier a changé immédiatement de visage et l'a emmenée en vitesse.

Il n'est pas revenu de la soirée. À n'en pas douter, il était occupé à choyer la « fragile » Isabelle.

Le lendemain, j'ai expédié mes affaires à mon appartement milanais, ne gardant qu'une valise cabine pour le vol.

Didier est rentré finalement chez nous ce soir-là, toujours aussi courroucé : « Isabelle est toujours à l'hôpital. Même si c'était un accident, tu ne pourrais pas faire preuve d'un peu de gentillesse ? Tu dois absolument t'en prendre à elle ? »

Mon rire a résonné, glaçant.

La gentillesse ? J'en avais déjà fait preuve, et bien au-delà ! Assez pour lui avoir laissé mon fiancé ! Assez pour l'avoir laissée porter la robe de mariée que j'avais choisie, poser devant l'objectif du photographe que j'avais engagé !

Le regard de Didier s'est posé sur la date encerclée en rouge du calendrier. Son ton s'est adouci légèrement : « Bon, demain c'est notre mariage. Je ne veux pas me disputer. Tu t'excuseras auprès d'elle après la cérémonie, et nous partirons en lune de miel comme prévu. »

« Tu as préparé le voyage ? » a-t-il ajouté.

Je suis resté silencieuse.

Un peu d'attention lui aurait pourtant permis de remarquer l'absence totale de fleurs ou de décorations festives dans l'appartement. Rien, absolument rien ne laissait deviner qu'un mariage devait avoir lieu le lendemain.

« Nous... » J'allais enfin parler quand la sonnerie de son téléphone m'a coupée net.

Qui d'autre qu'Isabelle ?

« Attends-moi, j'arrive ! » Sa voix était tendue.

Après avoir raccroché, il a enfilé ses chaussures à la hâte : « Isabelle ne se sent pas bien. Je vais à l'hôpital. Sois à l'heure demain pour la cérémonie. »

La porte a claqué. C'était alors que j'ai prononcé : « C'est fini entre nous, Didier. Le mariage n'aura pas lieu. »

Personne ne m'a entendue. Seul le tic-tac obsédant du vieux murier a répondu dans cet appartement vide...

Je suis resté assise dans le salon, de la nuit tombée jusqu'à l'aube.

Une vibration de mon téléphone m'a sortie de mes pensées : « Décollage dans 2 heures. »

Je me suis levée, ai fermé ma valise. Sur le calendrier, à la date du 10 entourée en rouge, notre jour J prévu, j'ai tracé une croix épaisse.

Puis j'ai écrit un dernier mot : « Didier, c'est fini entre nous. »

Je l'ai ensuite posé bien en vue sur la table du salon, et suis partie sans me retourner.

...

Pendant ce temps, Didier n'a pas quitté l'hôpital qu'une fois Isabelle hors de danger.

En route pour la cérémonie, il m'a envoyé un message : « Tout est prêt pour la cérémonie ? J'arrive. »

Ma réponse, bien sûr, n'est venue jamais.

Il a parcouru fiévreusement l'historique de nos messages du dernier mois. Presque uniquement mes monologues solitaires :

« Tu rentres à quelle heure demain ? Je t'attends pour dîner." »

« Tu veux voir le menu du mariage ? »

« Pour la décoration de l'église, j'ai choisi des roses rouges. Ça te va ? »

Ses réponses à lui, toujours les mêmes : « Comme tu veux », « Décide toi-même », et « Peu importe ».

Une vague d'angoisse l'a submergé soudain. Il s'est souvenu de mon regard, d'un calme et d'un désespoir jamais vus, quand il avait évoqué la fécondation in vitro pour Isabelle.

Oui. C'était depuis ce jour-là que j'avais cessé de lui parler, cessé de lui prêter l'attention.

Il a serré son téléphone et a lancé au chauffeur : « Plus vite ! »

À l'église, ses amis et sa mère Marie l'attendaient dans le hall.

« Tu n'as même pas enfilé ton costume ? Et Nina ? » s'est étonnée Marie en fronçant les sourcils.

Didier a hésité : « Elle doit être ici... »

Mais il ignorait tout simplement où aurait lieu la cérémonie. Je ne le lui avais jamais dit et il ne s'était jamais renseigné.

Il a interpellé une employée : « Pardon, où a lieu le mariage ? »

L'employée a consulté ses dossiers : « Là-bas... Mais... »

Elle a plissé le front : « La réservation a été annulée il y a quinze jours. La dame a dit que le mariage était annulé. »

Sur ces mots, Didier s'est figé.

Le mariage... avait été annulé ? Son monde s'est écroulé.
Continue to read this book for free
Scan code to download App

Latest chapter

  • La Femme qu’il n’a pas reconnue   Chapitre 17

    J'ai accepté et ai promis qu'on lui apporterait une invitation et des dragées le soir même.Didier a déballé un bonbon et l'a porté lentement à ses lèvres, comme s'il avait oublié le goût du sucre.Le jour J, une foule élégante a afflué.Théo, superbe dans son costume noir sur mesure, irradiait d'une présence magnétique. À son côté, j'ai ressenti une sérénité et un bonheur nouveaux.Grâce à lui, j'avais appris ce qu'était l'amour vrai : sans masque ni méfiance.Au son de la marche nuptiale, j'ai avancé au bras de mon père vers l'homme de ma vie.Mon père a posé solennellement ma main dans celle de Théo : « Je te confie ma fille. »« Je la protégerai de ma vie », a-t-il juré avec gravité.Nous avons ensuite échangé nos vœux, nos alliances, et un baiser passionné.Une ovation tonitruante a empli la salle, chargée de bénédictions sincères.Dans un coin, Didier applaudissait, le regard rivé sur moi. L'image de notre mariage avorté lui est revenue : moi, préparant chaque détail avec tant d'

  • La Femme qu’il n’a pas reconnue   Chapitre 16

    Mais la douleur attendue n'est pas venue.Je me suis retournée d'un coup et ai vu Didier devant moi, une main pressant son abdomen d'où le sang jaillissait. Il a chancelé, puis s'est effondré lourdement dans mes bras.« Didier ! » Je l'ai soutenu précipitamment, composant le SAMU de l'autre main. Une seule pensée m'obsédait : stopper l'hémorragie, vite !« Tu es fou ?! » J'ai comprimé la plaie, mes doigts trempés de sang chaud.Didier, déjà semi-conscient, livide, a lutté pour rouvrir les yeux. Un faible sourire a erré sur ses lèvres : « Alors... c'est ça... la douleur d'une lame... Toi aussi... tu as tant souffert ? »Ma poitrine s'est serrée et mon nez a picoté.Le hurlement des sirènes est arrivé alors qu'il perdait connaissance.L'opération a duré trois heures. « La lame a évité les organes vitaux, mais l'hémorragie était sévère », a expliqué le médecin.Je me suis affalée sur une chaise glacée, contemplant son corps inerte. Des sentiments contradictoires m'assaillaient.Il avait p

  • La Femme qu’il n’a pas reconnue   Chapitre 15

    Avant même que je ne puisse parler, son expression s'est décomposée : « Je peux tout expliquer ! J'ai cru qu'Isabelle m'avait sauvé. Il n'y a jamais eu d'amour entre nous. »Sa voix s'est brisée, ses paupières ont rougi instantanément : « Ce n'est qu'après ton départ que j'ai su... C'était toi, cette nuit-là, il y a six ans. Tout n'était qu'un malentendu, Nina... »Ses yeux débordaient de remords, avec une lueur presque suppliante.Croyait-il que ces mots suffiraient à me faire pardonner ?Il rêvait !Cette nuit-là, je l'avais sauvé. Malgré ma propre blessure, j'avais suturé sa plaie par balle sous la lumière stérile, contrôlant chaque saignement. Jamais je n'en avais parlé, c'était un passé que nous évitions tous deux.Didier avait cru qu'Isabelle était son ange gardien. Pas une simple erreur, mais une méprise qui aurait pu durer toute une vie.« Cet enfant... Je n'ai pas laissé Isabelle le mettre au monde », a-t-il murmuré, « J'avais découvert la vérité. Nina, pouvons-nous revenir en

  • La Femme qu’il n’a pas reconnue   Chapitre 14

    Autrefois, lorsque je m'épuisais à lui plaire, il restait de glace, comme une pierre qu'aucune chaleur ne pouvait réchauffer. Ce n'était qu'avec l'arrivée d'Isabelle que j'avais compris : ce n'était pas de la froideur, mais simplement l'absence d'amour pour moi.Il y a deux ans, j'avais déchiré notre contrat de mariage de mes propres mains, leur laissant le champ libre. Aujourd'hui, séparé d'Isabelle, il prétendait éprouver pour moi une passion inaltérée ?D'une voix glaciale, j'ai annoncé : « Désolée, mais Théo est mon fiancé. Notre mariage est fixé au 18, dans dix jours. »Les traits de Didier se sont décomposés. Ses yeux se sont empourprés, comme incapable d'accepter que j'épouse un autre.Mais je n'avais nulle envie de prolonger cette scène. Entraînant mes amis, j'ai changé d'établissement. En passant près de lui, il a agrippé machinalement mon vêtement. D'un geste sec, je me suis libérée pour saisir la main de Théo, le laissant seul, pétrifié.Une fois en voiture, Théo a lâché bru

  • La Femme qu’il n’a pas reconnue   Chapitre 13

    Deux ans plus tard, à l'aéroport Charles-de-Gaulle, j'ai poussé mes valises hors du terminal, accueillie par l'air familier de Paris.Le jour de mon départ, j'étais seule. Aujourd'hui, je revenais accompagnée de Théo.À la fin de ma première étude, mon professeur m'avait accordé deux mois de congé. J'avais décidé de revenir pour une dernière chose : un adieu en bonne et due forme.« Nina, dépêche-toi ou nous allons être en retard ! » Théo m'a pris la main et nous nous sommes mis à courir.Lydia avait organisé une fête pour mon retour. Après deux ans sans voir mes amis, j'avais accepté avec joie. Alors que nous montions rapidement les marches, une silhouette familière a semblé croiser mon regard, mais je n'y ai pas prêté attention.À l'ouverture de la porte de la salle privée, une avalanche de confettis nous est tombée dessus.« Deux ans sans nouvelles ! J'allais porter plainte ! » Lydia s'est jetée sur moi avec des reproches affectueux, et j'étais entourée bientôt par l'enthousiasme gé

  • La Femme qu’il n’a pas reconnue   Chapitre 12

    Didier était effondré dans son fauteuil en cuir, les yeux rougis, serrant dans sa paume un rapport qui venait de lui être remis.« Isabelle... Ce n'est pas toi qui m'as sauvé il y a six ans. »Le visage de cette femme s'est figé une fraction de seconde avant qu'elle ne tente de retrouver son sourire doux et de lui prendre la main : « Didier, pourquoi dis-tu une chose pareille ? Tu dois être fatigué... »Elle n'avait pas le temps d'achever sa phrase que Didier l'a repoussée violemment et a rugi : « Arrête de jouer la comédie ! J'ai vu les images de surveillance de l'époque. C'était elle, Nina, qui m'a sauvé et m'a soutenu pendant ces moments insupportables ! »Isabelle a blêmi instantanément. Elle était passée par hasard devant la chambre d'hôpital de Didier ce jour-là. À son réveil, il l'avait prise pour son sauveur. Elle aurait dû le détromper, mais prise d'une folle inspiration, elle avait laissé faire. Ensuite, envoyée à l'étranger par sa famille, elle avait dû interrompre tout con

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status