로그인Sa main pesait sur ma hanche quand il a enfin rendu sa décision.- Je ne prononcerai pas le mot bannissement, dit Kaël. Je refuse de t’arracher notre marque comme on l’a fait à d’autres quand j’étais jeune.Un souffle a traversé le cercle. La fille du nord ne cligna même pas. Mon fils, derrière elle, se tendit comme un arc.Kaël continua, le regard planté dans ses yeux à elle.- Mais je ne peux pas ignorer que tes crises attirent les machines. Alors j’ouvre une autre voie. Tu quitteras le sanctuaire pendant un temps. Pas seule. Avec des passeurs, avec des errants. Vous remonterez vers une lisière plus éloignée, là où tes ondes se perdront parmi d’autres. Tu ne seras pas chassée, tu seras éclaireuse.Les mots tombèrent lourds. Dans la bouche des anciens, « éclaireur »
Les moteurs se sont tus avant la nuit.Les véhicules humains ont reculé, les drones sont remontés vers le ciel, emportant leurs données, leurs cartes, leurs certitudes froides. Aucun tir, aucune victime. Juste cette impression qu’ils avaient obtenu ce qu’ils voulaient vraiment : mesurer la manière dont nous nous fissurerions après leur passage.La fissure n’a pas attendu.Sur la crête, un jeune guerrier a parlé trop vite.- On sait d’où ça vient, a-t-il lâché. Ils suivent la même trace depuis l’éclipse.Je relevai la tête.- Précise, dis-je.- La fille du nord, répondit-il. L’éruption sous la lune mordue, sa première métamorphose, le sanctuaire qui pulse… Les capteurs ont suivi ce point-là. Sans elle, ils n’auraient jamais trouvé Rochenoir
Le hurlement a traversé le sanctuaire comme une lame.Je venais de remonter la couverture sur la fille du nord. Sa jambe immobilisée semblait minuscule sous les bandages. Milo, assis sur un tabouret, jouait avec un caillou poli, et mon fils lisait à mi-voix un passage du carnet d’Iria.Le signal venu des hauteurs a tout déchiré.Ma marque s’est contractée au point de brûler. Mon fils s’est figé.- Rochenoire, murmura-t-il. Frontière nord.Le rideau s’est soulevé. Kaël est entré à grandes enjambées, torse nu, cheveux encore humides, brassards de cuir à demi bouclés. Sa main s’est posée immédiatement sur ma nuque, réflexe autant qu’ancrage.- Convoi humain à la lisière, dit-il. Blindés, drones, chiens. Le messager parle de tir d’intimidation. Ils avancen
- Tu ne peux pas écrire la tradition, elle se vit, grogna Ardan.- Elle s’écrit depuis toujours, rétorqua Iria sans hausser la voix. Simplement, tu ne lis que les passages qui t’arrangent.Ils étaient face à face, de part et d’autre de la pierre des plans. La vallée vibrait d’une inquiétude sourde. Les jeunes avaient cessé leurs exercices, les passeurs faisaient semblant de réparer des cordes. Tout le monde écoutait.Je me tenais entre eux, littéralement. Une main posée sur la pierre, l’autre crispée sur ma cuisse pour m’obliger à rester immobile. Si je bougeais, la clairière éclatait.Kaël ne disait rien. Il observait, adossé à un rocher, bras croisés sur son torse nu. À la lumière du matin, ses cicatrices prenaient une teinte plus claire. Son regard allait d’Iria
Je l’ai repéré au son.Les coups tombaient à intervalles serrés, secs. La lame de bois frappait le poteau d’entraînement comme s’il essayait d’ouvrir un passage dans le tronc. L’odeur de sueur et de poussière montait de la clairière basse du sanctuaire.Je descendis la pente.Kaël était torse nu, pieds plantés dans la terre, dos offert à la lumière. Les muscles de ses épaules roulaient. À chaque impact, le poteau gémissait. Un éclat vola, effleura ma cheville.- Tu comptes le tuer ou tu cherches juste à lui faire peur ? demandai-je.Il se figea. La lame resta levée, suspendue. Il paraissait épuisé.Puis il se retourna.- Le poteau ou mon fils ? répondit-il.Je m’approchai, posai la main sur le bois fendu.- Si tu parles au poteau, on va en cher
Elle est revenue un matin où la vallée sentait encore la cendre de l’éclipse.Je l’ai reconnue avant de la voir. Une odeur de vieux parchemins, de pluie sur la pierre, mêlée à celle d’une louve qui a trop marché. La rumeur a couru plus vite que ses pas : l’exilée remontait vers nos terres, appelée par une décision que je n’avais pas encore comprise.Je me tenais près du ruisseau, à regarder notre fils expliquer sa ronde à Milo et à la fille du nord, quand l’air a changé. Les arbres ont retenu leur souffle, les passeurs ont relevé la tête. Kaël a posé sa main sur le bas de mon dos.- Elle arrive, a-t-il murmuré.- Qui ?Ses doigts ont pressé ma hanche, comme s’il craignait ma réaction.- La louve érudite, répondit-il. Celle qu’on a ex







