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Chapitre 4

Author: Blanche Boule
Comme si elle était submergée par l’émotion, Karine s’est lovée délicatement dans les bras de Clément, son corps tremblant légèrement. Elle retenait ses larmes, sa voix brisée par un sanglot : « Clément, n’accuse pas Odile… C’est de ma faute. Je n’aurais pas dû sortir habillée comme ça juste pour aller chercher un verre d’eau. »

Elle a inspiré, feignant d’être coupable : « Je me suis dit qu’il était déjà tard, qu’Odile devait dormir… Alors je n’ai pas pris le temps d’enfiler un manteau et suis sortie en caraco. Qui aurait pensé que dès que j’ouvrirais la porte, je tomberais nez à nez avec elle ? Quand elle a vu… toutes ces marques sur mon corps, elle s’est mise en colère. Elle m’a insultée, m’a reproché mon impudeur et m’a dit qu’une femme incapable de pudeur ne méritait pas ton amour... »

En quelques phrases, elle venait d’ériger Odile en une créature tordue et jalouse, une jeune fille dérangée qui errait en pleine nuit dans les couloirs, épiant aux portes, puis, prise de rage, s’attaquait à la fiancée de Clément…

« Elle ment ! Je ne l’ai jamais insultée ! », s’est exclamée Odile, ses yeux rougis par la frustration, « C’est elle qui a cherché à me provoquer… Elle a osé insulter ma mère… Elle l’a traitée de folle ! »

Quand elle était à l’école primaire, Odile avait été la cible des moqueries incessantes de ses camarades parce que sa mère était une meurtrière présumée. Ils l’encerclaient, lui jetaient des détritus au visage en la traitant de petite folle née d’une folle. C’était Clément qui, un jour, était intervenu pour y mettre un terme.

Odile savait qu’il se rappelait cela. Il savait qu’elle ne mentirait jamais sur un sujet aussi douloureux.

Pourtant, Karine a pris un air innocent, presque décontenancé : « Mais enfin, Odile… Quelle folie racontes-tu ? Qu’est-ce qui est arrivé à tes parents ? Tout ce que je sais, c’est qu’ils sont morts quand tu étais très jeune. Je ne sais rien d’autre… »

Clément, jusqu’ici silencieux, a caressé doucement le dos de Karine pour l’apaiser, puis a tourné lentement son regard vers Odile.

« Odile, comment peux-tu inventer une chose pareille juste pour calomnier Karine ? » Sa voix était d’une froideur inhabituelle, teintée d’une profonde déception. « Elle ne sait rien de tout cela. Je ne lui ai jamais parlé de ta naissance. »

Odile a serré les poings, sa respiration s’accélérant sous le coup de la frustration : « Si tu ne lui as rien dit, elle a très bien pu chercher sur Google, non ? Ce n’est pas comme si c’était un secret d’État… » Son ton était amer.

« Ça suffit ! » Clément l’a interrompue brusquement. Sa voix, tranchante comme une lame, a fendu l’air, « Tu crois que tout le monde est aussi malintentionné que toi ? Que les autres aiment semer la zizanie autant que toi ?! »

Sur ces mots, Odile est restée figée. Ainsi, c’est ainsi que Clément la voyait ? Son cœur s’est serré douloureusement. À cet instant, elle sentait que toutes ses explications semblaient vaines.

Clément la regardait de haut, un ordre implacable suspendu sur ses lèvres : « Excuse-toi auprès de Karine. Tout de suite. »

Odile s’est mordu la lèvre, mais est restée muette. Elle ne s’excuserait pas. Elle n’avait rien fait de mal. C’était Karine qui devait s’excuser.

Clément a froncé les sourcils : « Je t’ai vraiment trop gâtée…

Sa voix s’était encore durcie.

Mais cette fois, je ne tolérerai pas ton entêtement. À partir d’aujourd’hui, tu n’as plus le droit de sortir de ta chambre. Tu resteras enfermée jusqu’à ce que tu comprennes ta faute et que tu sois prête à t’excuser.

Odile a senti son monde vaciller. Depuis son enfance, Clément l’avait toujours protégée, toujours placée au-dessus de tout. Mais cette fois, il privilégiait une autre femme.

Elle était enfermée dans sa chambre. Recroquevillée sur son lit, elle a entouré ses genoux de ses bras. Elle avait si froid.

C’était alors que son téléphone a vibré soudainement. Elle a tendu la main d’un geste mécanique et a lu le message : « Mme Ramus, votre rapport médical est disponible. Après nos recherches, nous avons déterminé que la période optimale pour votre cryogénisation se situe entre le 7 et le 21 du mois prochain. Vous pouvez choisir la date qui vous convient. »

Le mois prochain… c’était décembre.

Odile a senti son cœur battre plus fort. Elle est restée longtemps immobile, plongée dans l’obscurité de sa chambre, son téléphone toujours entre les doigts.

Puis, d’une main tremblante, elle a tapé la date qu’elle venait de choisir : « Le 12 décembre. »

Le 12 décembre était son anniversaire, et aussi le jour où Clément épouserait Karine.

Il valait mieux qu’elle n’aille pas à leur mariage. De toute façon, Clément était déjà en colère contre elle. Elle serait de trop, une présence indésirable.

Elle partirait tranquillement, sans déranger personne.

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