Une promesse de cent ans

Il est déjà minuit passé lorsque j'ai fini tout ce que j'avais à faire.

Le clair de la lune reflète sur le parquet du salon, ce qui accentue la solitude qui règne dans la pièce.

Fatiguée, j'entre dans la chambre. Quand je vois les décorations de mariage, je ne ressens que de l'ironie.

Les pétales de fleurs dorment encore sur les draps, mais je suis trop fatiguée pour les nettoyer. Je les balaie simplement au sol puis je m'effondre dans mon lit.

En chargeant mon téléphone, je vois accidentellement le fil d'actualité de Yann Loubet.

« Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée. »

L'image que ce texte accompagne est une photo de Rhéa Santos dans ses bras, les deux regardent dans les yeux de l'autre, ils s'embrassent presque. Ils portent même des bracelets assortis.

Avant, quand je voyais ce genre de chose, je prendrais un vol immédiatement pour le rejoindre et lui demander une explication.

Mais maintenant, je m'en fiche.

Durant les jours suivants, je n'ai aucune nouvelle de Yann. Mais je vois souvent Rhéa dans sa fil d'actualité.

Ils s'enlacent, se prennent en photo ensemble et visitent ensemble.

Je n'y prête pas attention. J'appelle seulement mon avocat pour préparer le divorce.

Yann et moi étions en couple depuis 6 ans, depuis le début du lycée jusqu'à maintenant.

On vient d'organiser notre cérémonie de mariage, mais nous avons été mariés depuis la fin de nos diplômes universitaires.

À l'époque, même sans la cérémonie, il avait payé la dot et était follement amoureux de moi.

Mais maintenant, l'amour a disparu.

Deux semaines plus tard, j'accompagne mon avocat rédiger l'acte de divorce quand la porte d'entrée s'ouvre.

Je lève les yeux pour voir Yann tenant la main de Rhéa.

Quand nos regards se croisent, un affolement file dans les yeux de Yann et il lâche immédiatement la main de Rhéa.

« Rhéa n'était jamais allée à l'étranger, alors je voulais lui montrer. »

« De toute façon, tu avais du travail, alors je l'ai prise… »

Je réoriente mon regard vers l'acte de divorce en cours de rédaction avant qu'il ne finisse sa phrase.

« Ok. »

« On est… »

Ses mots se bloquent dans sa bouche. Il semble s'énerver quand il voit que je ne réagis pas.

« Pourquoi tu en fais autant ? Je t'ai dit que Rhéa n'est jamais allée à l'étranger, c'est pour ça que je l'y ai emmenée. »

« En plus, on peut aller en lune de miel quand on veut. N'en fais pas toute une scène ! »

« Puis je t'ai déjà dit que Rhéa et moi sommes juste… »

Il semble ne jamais vouloir s'arrêter, alors je l'interromps.

« Je sais, elle est comme une sœur pour toi. »

Je le regarde calmement, sans aucune expression faciale.

Son expression devient froid et il me regarde en fronçant les sourcils.

« Pourquoi tu fais cette scène, alors ? »

« Je suis occupée. »

Je me reconcentre sur ce que je fais sans regarder Yann davantage.

Rhéa s'avance et attrape le bras de Yann.

« Même si Yann n'est pas allé voyager avec toi, il t'a pris un cadeau. »

Elle se retourne pour regarder Yann.

« Yann, montre le cadeau à Sophie. »

En entendant cela, Yann sort une petite boîte et me la tend.

« C'est pour toi, tiens. »

Il semble fier, comme si je devais le remercier pour ça.

Je lève les yeux pour regarder le contenu de la boîte, c'est une paire de boucles d'oreilles assez simples, décorées de perles et de pierres bleues en forme de fleurs, elles sont plutôt mignonnes.

Mais je lui rends la boîte.

« Non, merci. Je ne collecte pas les cadeaux offerts par les magasins. »

L'atmosphère se glace d'un coup, le visage de Yann s'assombrit.

« Sophie, qu'est-ce que tu veux dire par là ? »

Je jette un coup d'œil sur sa montre qui vaut des dizaines de milliers d'euros puis le fixe.

« Prends-le au sens propre. Tu as offert les boucles à une autre, et tu m'offres seulement le cadeau de la boutique. Pour toi, je ne mérite que ça ? »

Yann ne pensait pas que je le dirais aussi brusquement, il est un peu embarrassé.

Rhéa s'explique immédiatement pour lui.

« Sophie, ne t'énerve pas. Yann m'a offert les boucles car je les aimais beaucoup. Si tu n'es pas contente, je te les rends. »

« Ne te dispute pas avec Yann à cause de moi, ça ne vaut pas le coup. »

Mais au lieu de faire ce qu'elle dit, elle regarde simplement Yann d'un air vexé. Quand elle porte son regard sur moi, je peux y voir de l'ironie.

Yann attrape immédiatement le poignet de Rhéa après sa phrase et me regarde d'un air mécontent.

« Rhéa, ne l'écoute pas. Si je t'ai offert les boucles, tu n'as pas à lui les rendre. »

« Elle a toujours été avare et jalouse. »

Je les balaie du regard avant de me reconcentrer sur mon ordinateur.

La colère de Yann monte quand il remarque mon ignorance. Il part en prenant Rhéa par la taille, sans oublier d'ouvrir la porte en faisant un maximum de bruit.

Il se tient à l'extérieur de la porte ouverte, me regardant.

Comme à chaque fois, il attend que j'aille le consoler.

Je faisais ça, avant. Ce qui l'a rendu pourri et gâté.

Alors maintenant, je ne lève même pas la tête pour le regarder. J'ajoute simplement le prix des boucles qu'il a offert à Rhéa dans la division de richesse du divorce.

En voyant ma réaction, Yann claque furieusement la porte.

Peu de temps après leur départ, je reçois l'appel de mes parents qui me demandent de rentrer manger à la maison.

Je ne refuse pas, mais je croise Yann devant chez mes parents.