Chapitre trois

 

Lila

 

Mes pieds étaient engourdis.

 

Mon mentor était lui, l'inconnu avec qui j'avais couché la nuit dernière. Dexter Rain, le chirurgien le plus respecté de l'hôpital, était celui avec qui j'avais couché. Non seulement cela, mais aussi mon mentor ?

 

J'ai dégluti, mon corps tout entier paralysé tandis que je le fixais, mais il ne m'a même pas accordé un regard.

 

Peut-être ne m'avait-il pas vue, ou ne me reconnaissait-il pas parce qu'il n'avait pas vu mon visage clairement ? Je soupirai, levant la tête pour essayer de me concentrer sur ce qu'il disait.

 

Quoi qu'il en soit, j'allais l'éviter. Je devais juste rester ici pendant un an et tout irait bien. Je m'en suis assurée, acquiesçant à ses prochains mots avant que nous nous séparions.

 

J'ai évité son regard en passant à côté de lui, mais il ne m'a pas accordé un seul regard non plus et je n'ai pu m'empêcher de pousser un soupir de soulagement.

 

Je suis sortie du bureau, encore en train de réfléchir à qui je venais de voir, quand j'ai été heurtée, ce qui m'a fait sortir de mes pensées.

 

« Regarde où tu vas », m'a-t-elle averti, une pointe de crainte dans la voix, tout en remettant les bouteilles à leur place.

 

Je m'inclinai légèrement, murmurant des excuses, lorsqu'une autre personne arriva.

 

Elle murmura quelques mots à l'oreille de la dame et me confia le plateau. « Apportez-le à la salle 025, le médecin en a besoin de toute urgence », dit-elle avant d'être emmenée.

 

Je soupirai, me retournai et poussai le plateau devant moi tout en marchant.

 

Je marchai un moment avant d'arriver enfin devant la salle. J'étais sur le point d'ouvrir la porte lorsque j'entendis sa voix.

 

C'était Dexter.

 

J'ai écarquillé les yeux en reculant du plateau, voulant m'enfuir, mais je me suis arrêtée.

 

Une vie pouvait être en jeu si je tardais, et je ne serais jamais capable d'expliquer pourquoi. Ma poitrine se souleva à cette pensée. Je me préparai, prenant une profonde inspiration tandis que je m'approchais de la porte.

 

Un autre stagiaire est arrivé dans le couloir et je me suis arrêté, les mains figées sur la poignée de la porte, un sourire se dessinant sur mon visage.

 

Dès que l'interne s'est approchée, je lui ai dit : « Aidez-moi, s'il vous plaît, le médecin en a besoin de toute urgence. » Sans attendre sa réponse, je me suis enfuie en courant.

 

Elle est restée figée sur place pendant un moment, se demandant si elle devait m'appeler ou non.

 

Je suis resté dans le couloir, attendant qu'elle comprenne le message et envoie le médicament, sinon je risquais d'être en danger.

 

Elle jeta un coup d'œil au plateau, regarda autour d'elle avant de finalement le pousser à l'intérieur, et je poussai un soupir.

 

Le poids qui pesait sur ma poitrine s'est enfin envolé, mais une voix m'a fait sursauter et j'ai bondi, avant de me retourner pour voir qu'il s'agissait d'Ethan.

 

Je sifflai en roulant des yeux et en me détournant.

 

« Qu'est-ce que tu fais ? » répéta-t-il en s'approchant de moi. Je ricanai, ses paroles humiliantes encore fraîches dans ma mémoire.

 

Je me suis retournée brusquement, juste au moment où il était à quelques centimètres de moi.

 

« Cela ne vous regarde pas », ai-je répondu avec un sourire suffisant. « Et que faites-vous ici ? Êtes-vous malade ? »

 

lui ai-je demandé, et il a grimacé, visiblement agacé par ma remarque.

 

« Attends. Tu es vraiment malade ? C'est ton fiancé qui te l'a transmis ? » lui ai-je demandé, et il m'a lancé un regard noir, levant la main avant de répondre.

 

« N'exagère pas, je t'ai seulement rejetée parce que tu ne valais rien à mes yeux. N'utilise pas ça... » a-t-il dit, mais j'ai levé la main pour l'interrompre.

 

« Je t'en prie », ai-je rétorqué avec mépris. « Je t'ai déjà oublié, tu n'étais pas si important que ça. » ai-je dit, même si je sentais une boule se former dans ma gorge.

 

Il resta immobile, digérant mes paroles avant d'éclater d'un petit rire.

 

« Toi ? Tu m'as tourné autour pendant trois ans et tu prétends que je ne suis pas si important que ça ? » demanda-t-il, les yeux rivés sur moi.

 

Je le regardai avec son air suffisant et je ne pus m'empêcher de sentir mon sang bouillir. Je m'approchai de lui, avec l'envie de le frapper, mais je me retins et pris une profonde inspiration.

 

« Je ne suis pas ici pour toi aujourd'hui. Je ne suis pas prête pour tes drames », dis-je en me détournant pour partir, mais ses paroles me firent m'arrêter.

 

« Où crois-tu aller comme ça ? » J'ai légèrement tourné la tête, j'étais sur le point de répondre, mais j'ai réalisé qu'il ne pouvait pas être sérieux. « Tu crois que tu peux simplement venir ici et rester sans aucune identité ? »

 

m'a-t-il demandé. J'ai haussé un sourcil, puis j'ai compris : il n'était pas là pour se faire soigner, mais pour faire un stage.

 

J'ai cligné des yeux, l'idée de le voir tous les jours m'agaçait.

 

« Comment es-tu entré ? » lui ai-je demandé. Je connaissais bien ses capacités, Ethan ne pouvait pas entrer seul dans cet hôpital haut de gamme. C'était impossible.

 

Un sourire arrogant apparut sur son visage, et mes soupçons se confirmèrent immédiatement. Quelqu'un l'avait effectivement aidé.

 

« C'est facile. Mon oncle est le propriétaire de cet endroit, et c'est aussi le célèbre Dexter Rain. » Il finit sa phrase et je sentis mes yeux s'illuminer.

 

« Répétez ça ? » demandai-je.

 

Ethan leva les yeux au ciel, manifestement peu intéressé par mes questions, mais je savais déjà qu'ils étaient apparentés.

 

Le flashback de la nuit dernière repassa dans ma tête et je ne pus m'empêcher de mordre ma lèvre inférieure, honteuse.

 

Comment avais-je pu coucher avec son oncle ? Mon mentor. La honte m'envahit, mais les mots suivants d'Ethan me ramenèrent à la réalité. 

« Je pense que tu devrais désormais connaître ta place. Fais de ton mieux pour ne pas m'offenser, sinon tu peux oublier ce travail », m'a-t-il dit, mais je n'ai pas bronché. Ses paroles ne sonnaient que comme une plaisanterie à mes oreilles.

 

« Ne t'inquiète pas, tu n'as pas encore à te soucier de ça », ai-je répondu avant de m'éloigner tandis qu'il criait derrière moi.

 

Ses cris résonnaient si fort que j'ai vraiment craint que cela puisse arriver.

 

Chapitre quatre.

 

Lila

 

Je tripotais nerveusement mes mains, la tête baissée, refusant de croiser son regard. Pourquoi m'avait-il appelée ici ? Avait-il finalement décidé de me confronter à propos de la nuit dernière ? Ou avait-il entendu les paroles d'Ethan ?

 

Chaque pensée me faisait trembler. J'ai lentement relevé la tête pour le voir me fixer avec une attention sans partage.

 

« Tu as besoin de moi pour quelque chose ? » lui ai-je demandé, en essayant de rester calme tout en priant intérieurement pour qu'il ne sache pas ce qui s'était passé.

 

Il marqua une pause avant de lever la tête. Son regard croisa le mien et il me demanda : « Pourquoi n'as-tu pas terminé ta tâche ? »

 

Sa question m'a laissé sous le choc et je suis resté là, ne sachant pas quoi répondre. J'ai alors compris... Je m'étais tenu longtemps sur le pas de la porte, il était inévitable qu'il m'ait vu.

 

Mes yeux se mirent à cligner, et lorsque j'ouvris la bouche pour parler, seuls quelques mots sortirent de mes lèvres. « Je suis désolé. »

 

« Désolée ? Tu n'as donc aucune raison pour cela », demanda-t-il d'une voix légèrement agitée. Mes lèvres restèrent ouvertes, mais seuls quelques mots sortirent de ma bouche.

 

« Puisque vous n'avez aucune raison, vous devrez vous occuper de tous les patients de ce service », dit-il, et un sourire apparut sur mon visage.

 

« Merci », murmurai-je, mais il haussa un sourcil, l'air perplexe, avant d'ajouter.

 

« Attention. Ne mélangez pas les médicaments. » dit-il, et j'acquiesçai d'un signe de tête, m'éloignant après avoir vu son attention se tourner vers son ordinateur.

 

Le fait qu'il ne m'ait pas reconnue me remplit de joie, l'idée de ce qui se serait passé s'il m'avait reconnue me faisait trembler les genoux, mais il ne m'avait pas reconnue.

 

Je souris en entrant dans la salle, mais je ne rencontrai que des problèmes.

 

« Ma mère est ici depuis déjà une semaine. Ne pensez-vous pas qu'il est temps qu'elle sorte ? » demanda un homme d'une quarantaine d'années, visiblement énervé que sa mère soit toujours là alors que l'opération était terminée.

 

J'ai fini de faire l'injection avant de me tourner vers lui. « J'ai lu son dossier. Il y a de fortes chances que des complications surviennent en raison de l'âge de votre mère. Je pense qu'elle sortira bientôt. »

 

dis-je en me détournant de lui. Je jetai l'aiguille à la poubelle et m'apprêtai à partir, mais il m'arrêta.

 

« Si l'hôpital ne peut pas l'aider, il aurait dû le dire. Pourquoi son âge pose-t-il problème maintenant ? Vous n'aviez pas remarqué ce problème avant ? »

 

demanda-t-il d'une voix suffisamment forte pour réveiller tous les autres patients. Je gardai un ton calme, me tournant vers lui avant de répondre.

 

« Nous sommes dans un hôpital, veuillez baisser la voix », lui ai-je dit, mais il ne m'a pas laissé finir avant de s'emporter de colère.

 

« Vous ne voulez pas que je parle ? C'est parce que vous avez des secrets louches ? » demanda-t-il en me fixant avec une telle intensité que j'eus peur de tomber.

 

« Je n'ai jamais dit cela. Et vous dérangez les autres patients avec votre voix... », ai-je dit, mais il ne m'a pas laissé terminer, sa voix couvrant la mienne alors qu'il continuait à fulminer.

 

Pensant qu'il s'agissait simplement d'un stratagème de l'hôpital pour lui extorquer plus d'argent, sa mère tenta de l'avertir, mais il continua à parler.

 

Je me suis éloigné alors qu'il se rapprochait, sa voix atteignant probablement la salle voisine. J'ai entendu des pas s'approcher et je n'ai pas pu m'empêcher de trembler.

 

J'ai attendu, essayant de calmer l'homme avec mes paroles, mais il ne voulait rien entendre. Il continuait à parler comme si l'hôpital cachait une conspiration secrète au monde entier.

 

Les patients de la salle se réveillaient déjà à cause du bruit qu'il faisait. J'ai regardé autour de moi et j'ai essayé de m'approcher d'eux, mais il m'a retenu fermement.

 

« Où crois-tu aller comme ça ? Je n'ai pas fini de parler », m'a-t-il dit en serrant fermement mes bras entre ses doigts.

 

Mon cœur battait à tout rompre dans mes oreilles. Je baissai la tête, incapable de savoir quoi faire, et cela me donna mal à la tête.

 

La porte s'ouvrit brusquement et une infirmière entra. Elle s'approcha de l'homme et fit de son mieux pour le calmer, l'emmenant hors de la salle.  Je poussai un soupir de soulagement, enfin libérée de son emprise, mais mes yeux se posèrent sur la femme et je me figeai.

 

Son rythme cardiaque avait déjà dépassé la normale et il semblait que sa maladie s'était aggravée.

 

Je me précipite dehors et fais signe à une infirmière expérimentée d'entrer, ce qu'elle fait immédiatement.

 

Elle a vérifié son état et m'a dit d'appeler un médecin immédiatement. Je me suis précipité dans le couloir, cherchant du regard dans chaque bureau le médecin traitant de la patiente.

 

Je l'ai finalement aperçu et lui ai expliqué la situation. Mon cœur battait encore à tout rompre après ma réaction de tout à l'heure lorsque je me suis retourné, voulant signaler le problème à Dexter.

 

Je me suis précipité vers son bureau, mais je me suis arrêté sur le seuil lorsque les paroles d'Ethan ont atteint mes oreilles.

 

« Mon oncle. Ma mère m'a dit que je pourrais certainement obtenir un poste important si je faisais un stage chez vous. Pourquoi suis-je juste un... » Ethan a hésité, une pointe d'arrogance dans le ton. J'ai ricané, sur le point d'ouvrir la porte, mais les paroles de Dexter m'ont arrêté.

 

« J'ai déjà fait assez pour toi en te laissant travailler ici, ou penses-tu vraiment que ce sont tes capacités qui t'ont amené ici ? » demanda Dexter.

 

Je restai figé, le regardant fixement, l'écoutant parler de la faveur qu'il lui avait déjà accordée. Il méritait vraiment la réputation qu'il avait. Même envers son propre frère, il restait intègre.

 

Je restai sur le pas de la porte, oubliant complètement que j'étais censé appeler Dexter pour autre chose.

 

« D'accord. Je peux accepter ce poste, mais je ne veux pas travailler avec Lila. Elle doit partir si je veux travailler ici. »

 

J'ai serré les poings en entendant ses paroles. Comment osait-il encore être méchant avec moi après tout ce qu'il avait fait ?

 

Je voulais foncer dans la pièce à ce moment-là, mais la réponse de Dexter m'a paralysée.

 

« D'accord. »