Le soir arriva plus tôt que prévu, et Fatu se retrouva, comme toujours, en face de Moussa. Ils dînaient dans un restaurant élégant, où chaque plat semblait plus soigné que le précédent, mais Fatu n’en goûta pas une bouchée. Elle était ailleurs, dans ses pensées, dans les paroles de Yacine qui tournaient sans fi n dans sa tête.
Moussa la regarda, sans doute surpris par son manque d’enthousiasme.
Moussa : « Tu es silencieuse ce soir, Fatu.
Est-ce que tout va bien ? » Fatu releva les yeux, et, pour la première fois, elle remarqua la tension dans les siens.
Elle prit une profonde inspiration, sachant qu’elle devait parler, mettre des mots sur ses doutes.
Fatu : « Moussa, je crois qu’il y a quelque chose que je dois te dire. » Elle chercha les bons mots, mais tout semblait trop dif f icile à exprimer. « Ce mariage, cette union… C’est ce que nos familles attendent, et je sais que tu m’aimes. Mais… je ne suis pas sûre de ce que je ressens. Je me suis laissée emporter par ce que l’on attendait de moi, mais aujourd’hui, je doute. » Moussa resta silencieux pendant un moment, son regard se durcissant légèrement.
Moussa : « Tu as toujours été une femme de principes, Fatu. Mais je t’aime, et je te fais conf i ance. Si tu as des doutes, je suis là pour en parler. » Fatu se sentit désemparée, mais elle se força à af f ronter la réalité. Elle avait besoin de vérité. Pas pour plaire à quelqu’un, mais pour comprendre ce qu’elle voulait.
Fatu : « Je t’ai respecté, Moussa. Mais je dois être honnête avec moi-même. Je ne sais pas si je suis prête à vivre cette vie, si je suis prête à m’engager sans savoir ce que je veux vraiment. » Elle baissa les yeux. « Peut-être qu’il est trop tard pour nous, peut-être que ce n’était pas ce que je devais faire. » Moussa prit une profonde inspiration, puis attrapa sa main avec douceur.
Moussa : « Fatu, je ne veux pas te forcer à quoi que ce soit. Si tu n’es pas prête, je comprendrai. Mais sache que je serai toujours là pour toi. » Les mots de Moussa résonnèrent dans l’air, mais Fatu n’était pas prête à se soulager. Elle savait qu’un choix l’attendait, et qu’il était inévitable.
---Le lendemain matin, Fatu se réveilla avec un poids supplémentaire sur les épaules. La discussion avec Moussa la hantait encore, mais ce qui la perturbait encore plus, c’était ce que ses parents pourraient dire lorsqu’ils apprendront ses doutes. Moussa avait parlé à ses parents, et ces derniers avaient, à leur tour, informé les parents de Fatu. Elle savait que cette situation allait dégénérer, mais elle n’avait pas imaginé à quel point.
Elle se rendit au petit déjeuner dans la salle à manger, où ses parents l’attendaient. L ’air était lourd, et ses sœurs semblaient éviter de la regarder. Le regard de son père était fi xé sur elle, dur et intransigeant, tandis que sa mère semblait profondément déçue.
Mère de Fatu : « Fatu, tu sais ce que ton père et moi attendons de toi. Ce mariage n’est pas une option, c’est un devoir. Tu as eu tes doutes, je le sais. Mais maintenant, il est temps de faire face à la réalité. » Fatu s’assit en silence, le cœur battant. Elle n’avait pas prévu que ses parents réagiraient ainsi. Elle savait que les traditions, les attentes familiales, étaient ce qu’ils considéraient comme primordial, mais le poids de cette responsabilité devenait insupportable.
Père de Fatu : « Que veux-tu, Fatu ? » Il la fi xa avec une sévérité inébranlable. « Ce mariage n’est pas qu’une question de sentiments personnels, c’est une union entre deux familles puissantes. Si tu as des doutes, tu les as déjà eus, mais c’est fi ni. Moussa et toi, vous êtes destinés à être ensemble, et ce mariage aura lieu. Peu importe ce que tu ressens. » Fatu sentit un pincement au cœur. Ces paroles résonnaient comme un verdict. Elle n’était qu’un pion dans un grand jeu politique, et son avenir avait déjà été tracé, sans qu’elle ait son mot à dire.
Mère de Fatu : « Je comprends que tu sois confuse. Ce n’est pas facile, je le sais. Mais Moussa est un homme honorable, et il t’a toujours soutenue. Il te faut le respecter, Fatu. » Fatu baissa les yeux, le cœur lourd. Elle n’avait jamais voulu décevoir ses parents, mais leur insistance sur ce mariage la poussait dans une direction qu’elle ne voulait pas suivre. Elle avait aimé Moussa autrefois, mais ces derniers mois, la question du sacrif i ce de ses rêves et de son bonheur personnel lui semblait de plus en plus insupportable.
Père de Fatu : « Nous avons parlé à ta mère.
Nous avons décidé que ce mariage se fera dans les prochaines semaines. Tu n’as plus à te poser de questions. Il est temps que tu grandisses, Fatu. C’est ce que nous attendons de toi. » Les mots de son père frappèrent Fatu comme une gif l e. Elle avait toujours voulu être digne de l’amour et des attentes de ses parents, mais maintenant, elle se sentait comme une marionnette, privée de son libre arbitre.
Fatu : « Je… je comprends. » Sa voix était faible, mais elle savait que ses paroles étaient celles que ses parents voulaient entendre. « Je vais le faire. » Mais à l’intérieur, elle se sentait brisée. Ce n’était pas une soumission, mais un compromis qu’elle n’avait pas demandé. Elle sentait que tout ce qu’elle avait espéré, tout ce qu’elle avait imaginé pour elle-même, s’ef f ondrait lentement, et elle n’était pas prête à l’accepter.
Mère de Fatu : « C’est pour ton bien, Fatu. Il faut penser à l’avenir. Ce mariage va consolider ta place, et nous, nous serons là pour te soutenir. Nous ne voulons que ton bonheur, mais il faut que tu arrêtes de fuir la réalité. » Elle lui posa une main douce sur l’épaule, une tentative de réconfort, mais Fatu se sentit plus seule que jamais.
Le reste du petit déjeuner se passa dans un silence lourd. Fatu ne savait pas quoi dire.
Elle savait que son père et sa mère étaient convaincus qu’ils faisaient ce qui était mieux pour elle, mais elle ne pouvait s’empêcher de se sentir piégée dans cette situation. À quoi bon ses rêves si tout devait être sacrif i é pour un mariage arrangé ?
Elle se leva soudainement, excusant son départ, et monta dans sa chambre. Elle n’avait pas envie de pleurer, mais les larmes étaient déjà là, prêtes à déborder. Elle s’assit sur le bord de son lit, son téléphone dans la main, et regarda les messages de Moussa, les plans pour le mariage, les préparatifs. Tout semblait être une formalité, un passage obligé. Mais pour elle, c’était une toute autre histoire.
Fatu (pensant) : Est-ce vraiment ce que je veux ? Est-ce ce que j’ai toujours voulu ? Elle se leva brusquement et se dirigea vers la fenêtre. De là, elle aperçut la mer au loin, une étendue inf i nie. Et quelque part, dans cette immensité, elle rêvait encore d’un autre avenir. Un avenir où elle pourrait choisir son propre chemin.
Les semaines passaient lentement, et les tensions autour de la campagne présidentielle se faisaient de plus en plus palpables. Fatu était plongée dans son travail, jonglant entre ses responsabilités de consultante pour la campagne et ses réflexions internes. Elle n'était pas encore prête à confronter ses émotions face à Ibrahim, bien que ses pensées y revenaient constamment. Elle avait appris à maîtriser ses sentiments, mais chaque rencontre professionnelle semblait la plonger dans des tourments qu'elle n'avait pas anticipés.Ce matin-là, elle arriva au bureau de son mentor, Monsieur Ndiaye, un homme respecté dans le milieu politique, toujours calme, posé, mais aussi ambitieux dans ses stratégies. Il l’avait conviée à une réunion pour discuter de l’avancement de la campagne, mais Fatu sentait au fond d'elle qu'il y avait autre chose. Quelque chose qu’il ne disait pas, mais qu’elle ressentait. Ce n’était pas seulement une question de politique.Elle entra dans son bureau, prête à écout
Ibrahim se tenait devant la fenêtre de son bureau, observant la ville de Dakar qui s'étendait à ses pieds, ses pensées aussi complexes que les rues labyrinthiques qui se déployaient sous ses yeux. La lumière du matin éclairait la ville d'une lueur dorée, et la chaleur humide de l'Afrique rendait chaque mouvement un peu plus pesant. Il avait l’habitude de ce cadre, de cette vue. Il était l’un des hommes les plus influents de son époque, un politicien en pleine ascension, mais il y avait toujours ce vide, cette sensation d'inachevé.Ibrahime (pensée) : La politique, c’est bien. Mais ce n’est pas ce qui me remplit. Ce n’est pas ce qui me fait vibrer.Il soupira et se tourna vers son bureau. Son agenda était plein, ses journées étaient minutées. Des réunions avec des investisseurs, des visites sur le terrain, des stratégies pour la campagne présidentielle. La pression montait à chaque étape. Et au milieu de tout cela, il y avait elle.Fatu.Le nom s’imposa à lui comme une évidence. Il l’a
Les jours passaient, mais la tempête intérieure de Fatu ne se calmait pas. Chaque décision, chaque rencontre semblait la pousser un peu plus loin de ce qu’elle avait toujours connu. Moussa, ses parents, ses traditions… tout semblait l’enchaîner. Mais Ibrahime, bien que de plus en plus présent dans ses pensées, n’était pas une échappatoire. Elle savait bien qu’il ne pouvait pas être la solution à ses dilemmes. Et pourtant, la chaleur de ses regards, la façon dont il la poussait à se dépasser, la faisait vaciller.Ce matin-là, alors qu’elle se rendait à la campagne pour une nouvelle réunion stratégique, son téléphone vibra. Un message de Moussa, d’une simplicité glaciale, sans préambule.Moussa : “J’ai parlé à mes parents. Le mariage doit avoir lieu dans deux mois. Rien ne changera cela.”Les mots étaient froids, directs, comme une épée tranchant ses dernières résistances. Elle soupira et relâcha l’air dans ses poumons, comme si ce message venait de lui retirer une partie de son âme. Il
Le soir arriva rapidement, avec son lot de tensions et de décisions à prendre. Le grand événement était prévu pour le lendemain. Fatu s’était préparée, choisissant chaque mot, chaque phrase qu’elle allait dire. Lorsqu’elle se rendit à la réunion avec Ibrahim et M. Ndiaye, elle se rendit compte que tout était plus sérieux que jamais. Elle savait que la pression allait monter de plus en plus, et elle ne pouvait pas se permettre de faiblir. Elle devait résister à la tentation de tout remettre en question. Mais alors qu’elle entra dans la grande salle, elle aperçut Ibrahim à l’autre bout, le regard sérieux, comme toujours. Cette fois-ci, cependant, il la remarqua immédiatement et s’approcha d’elle avec un léger sourire. Ibrahim : "Fatu. Je suis content que tu sois là. Nous devons faire une équipe solide, ensemble." Il y avait quelque chose dans sa voix qui la troubla. Ce n’était pas simplement le professionnel qu’il incarnait à chaque mot, mais un ton plus personnel,
Nadia sourit chaleureusement, tandis que Fatu, figée, ne parvenait à dissimuler son trouble. Elle tendit la main, mais tout dans son corps criait qu’elle était sur le point de faire face à un autre Ibrahim, un autre homme, différent de celui qu’elle avait commencé à connaître. Ses sentiments se resserraient en elle comme un étau.Fatu ne savait pas quoi dire. Elle avait l’impression que l’espace autour d’elle se rétrécissait. La révélation de cette fiancée changeait tout. Elle avait imaginé Ibrahim différemment, mais tout à coup, l’évidence de sa vie était là, devant elle. Il appartenait à une autre, et il ne s’en cachait même pas. Fatu (d’une voix légèrement tremblante) : "Enchantée… Je suis… je suis heureuse pour vous deux." Le sourire de Nadia ne faiblit pas, mais Fatu sentit la distance s’installer immédiatement. Ce n’était pas la jalousie qui envahissait son cœur, mais quelque chose de plus insidieux : la reconnaissance que ce qu’elle ressentait pour lui, ce
Un après-midi, alors que Fatu s’apprêtait à quitter le bureau, elle aperçut un article dans le journal local qui fit son cœur s'emballer. Il s'agissait d'une interview d’Ibrahim, une discussion sur son passé, ses convictions et son rôle politique dans le pays. En parcourant l'article, un détail attira immédiatement son attention : Ibrahim était divorcé. Un homme divorcé… Fatu n’avait jamais vraiment réfléchi à cette possibilité. Il était toujours un peu plus mystérieux pour elle que ce qu’il laissait paraître. Il n’en avait jamais parlé, et cela ne l’avait pas perturbée jusque-là. Mais maintenant, ce simple fait la rattrapait. Pourquoi n’avait-il jamais mentionné son divorce ? Que cachait-il réellement sous ce calme apparant ? Un voile d’incertitude recouvrait ce qu’elle pensait comprendre de lui. Alors que cette pensée tournait dans sa tête, elle reçut un message. Un message de M. Ndiaye. Un dîner était organisé cette semaine, un événement avec les membres influ