Le lendemain, le lac avait perdu sa couleur.
Un voile de brume s’était abattu sur Willowridge, et les collines ressemblaient à des bêtes endormies sous un drap trop lourd. Je ne parvenais plus à penser à autre chose qu’à la soirée de la veille : le ruban rouge, le masque, la façon dont Laila m’avait observée — ni tout à fait curiosité, ni tout à fait tendresse.Sur la table, le dé noir brillait.
Un son de goutte sur le verre, régulier, rythmait la pièce. Quand je m’approchai, j’aperçus sur la face du dé un chiffre que je n’avais jamais vu : un zéro gravé dans le bois. J’eus l’impression que le lac, à travers lui, me parlait.⸻
Un message vibra sur mon téléphone.
Midi. Urgent. Viens seule.
— IvyPas de signature supplémentaire. Pas d’explications.
Le chemin du Boathouse semblait plus long que d’habitude.
Quand j’arrivai, le portail était grand ouvert. L’eau battait le rivage d’un rythme impatient. Ivy m’attendait sur la terrasse, pâle, les bras croisés.— Tu es la seule à qui je peux parler, dit-elle sans préambule.
— Que se passe-t-il ? — Quelqu’un a menti hier soir. — Au Cercle ? — Oui. Et ce n’est pas une petite faute. Ici, un mensonge attire le lac. Et le lac réclame toujours un prix.Sa voix tremblait, malgré son assurance d’habitude.
Elle me montra une petite boîte métallique : à l’intérieur, le même ruban rouge que celui que Laila m’avait rendu. — Je l’ai trouvé sur le ponton ce matin. Tu l’avais encore, non ? — Oui. Je l’avais. — Alors quelqu’un est venu chez toi cette nuit, Sonia. Ou quelque chose.Je sentis la peur se mêler à la curiosité, comme deux rivières qui refusent de se séparer.
⸻
Laila apparut derrière nous, calme, impeccable.
— Le lac ne garde jamais le silence longtemps, dit-elle. Son ton était neutre, mais ses yeux cherchaient les miens. — Qu’as-tu perdu, cette fois ? — Le ruban. — Et qu’as-tu gagné ?Je ne sus quoi répondre.
Elle s’approcha lentement, posant sa main sur la rambarde, proche de la mienne. — Tu dois comprendre, Sonia. Le Cercle vit d’équilibre. Si quelqu’un ment, il faut trouver la vérité avant que l’eau ne la prenne à notre place.— Et comment ?
— En rejouant.⸻
Le salon avait été transformé.
Au centre, les dés noirs formaient un cercle parfait. Chaque membre du Cercle était là : René, nerveuse ; Claudia, impassible ; Ivy, crispée. Laila, comme toujours, au centre. Elle fit rouler un dé, qui s’arrêta sur zéro.— Voilà, dit-elle. Le chiffre de la nuit. Celui du vide. Celui qui ne ment pas, parce qu’il ne dit rien.
Elle tourna le regard vers moi.
— Sonia, c’est toi qui commenceras.Je m’assis. Le feu crépitait doucement dans la cheminée, comme si la pièce retenait sa respiration.
Je pris un dé, le lançai. Le chiffre trois. Laila hocha la tête. — Trois : question directe. À qui fais-tu confiance ?Je sentis mon cœur battre trop vite.
— À toi, dis-je. Elle sourit. — C’est déjà trop.Les autres rirent doucement, mais leurs rires n’avaient rien d’innocent.
⸻
René prit un dé à son tour. Le bois tapa contre la table. Cinq.
— Révélation, dit Claudia. René pâlit. — Quelqu’un est venu me voir cette nuit. — Qui ? demanda Laila. — Je ne sais pas. Je dormais. Quand je me suis réveillée, la porte du balcon était ouverte. Et sur la table, il y avait ceci.Elle sortit un petit masque rouge, plus foncé que ceux du Cercle.
Le silence tomba, dur.— C’est impossible, murmura Ivy. Ce masque-là… il n’appartient à personne.
Laila prit l’objet, le tourna entre ses doigts.
— Le lac ment parfois, mais il ment toujours pour une raison.Elle posa le masque devant moi.
— C’est à toi de décider ce que ce mensonge veut dire, Sonia.Je sentis tout le Cercle m’observer, comme si mon souffle pouvait déclencher un verdict.
— Et si ce n’est pas un mensonge ? ai-je soufflé. — Alors c’est un avertissement, répondit Laila.⸻
Le feu se mit à crépiter plus fort. Une odeur d’orage s’insinua dans la pièce.
Dehors, la brume s’épaississait, avalant la rive opposée.Je fixai le masque rouge. Sa surface semblait respirer, légèrement.
Un détail me frappa : à l’intérieur, un mot gravé au canif. Reviens.— Qu’est-ce que ça veut dire ? murmurai-je.
— Que le Cercle n’aime pas les frontières, dit Laila doucement. Le lac non plus. Il réclame toujours ce qu’on a essayé de lui cacher.Je levai les yeux vers elle.
— Et toi ? Qu’as-tu caché, Laila ? Son sourire fut bref, trop bref pour être sincère. — Assez pour savoir que la vérité flotte toujours avant de couler.⸻
Quand je quittai le Boathouse, le ciel s’était ouvert.
Une pluie fine tombait, droite, silencieuse. Le ruban rouge pesait dans ma poche, humide et froid. Au milieu du lac, quelque chose bougea — un éclat de métal, peut-être, ou un reflet de lune, mais le mouvement était trop précis, trop volontaire.Je restai là, sous la pluie, le regard rivé à cette ondulation lente.
Et, l’espace d’un instant, je crus voir — juste avant que les gouttes ne brouillent tout — un visage remonter à la surface.Le jour s’éleva sur la Maison du Vent comme un souffle chaud et lourd, chargé des murmures et des secrets de la veille. La lumière filtrait à travers les rideaux, dessinant sur le sol des ombres mouvantes qui semblaient danser avec les pensées et les désirs des novices. Chaque héritière de la première génération sentait le poids de sa responsabilité : guider la nouvelle génération tout en veillant à ce que les flammes de la passion et de la trahison ne consument pas le Cercle naissant.La jeune fille aux cheveux emmêlés posa ses mains sur la pierre noire. La vibration était différente aujourd’hui : plus intense, plus vivante, comme si les désirs et les secrets des novices s’étaient déposés en elle et sur le Cercle. Elle comprit que la leçon d’hier n’était qu’un prélude à ce que chaque héritière devrait traverser.— Aujourd’hui, dit Farah d’une voix grave, vous apprendrez que la loyauté et le désir sont des flammes qui se nourrissent l’une de l’autre. Si vous ne savez pas les tenir, el
Le matin s’éveilla dans un silence feutré, comme si le monde retenait son souffle après la confrontation d’hier. La Maison du Vent, encore marquée par les passions et les trahisons, semblait respirer lentement, pesant chaque souffle, chaque mouvement. Les héritières se rassemblèrent autour de la table, leurs visages portant les marques de la nuit passée : fatigue, tension et désir mêlés.La jeune fille aux cheveux emmêlés posa ses mains sur la pierre noire. La vibration qu’elle sentit était plus douce qu’hier, mais encore chargée de mémoire. Chaque objet sur la table semblait raconter l’histoire des épreuves : le coquillage chargé des murmures, la corde tendue des désirs, la pierre noire des secrets acceptés.— Hier, dit Farah d’une voix calme mais puissante, nous avons traversé le fil de l’ultime confiance. Aujourd’hui, vous devez affronter les répercussions de ce que vous avez porté. Les secrets et les désirs laissent des traces, et le Cercle doit apprendre à les transformer en forc
Le matin s’éveilla dans un silence feutré, comme si le monde retenait son souffle après la confrontation d’hier. La Maison du Vent, encore marquée par les passions et les trahisons, semblait respirer lentement, pesant chaque souffle, chaque mouvement. Les héritières se rassemblèrent autour de la table, leurs visages portant les marques de la nuit passée : fatigue, tension et désir mêlés.La jeune fille aux cheveux emmêlés posa ses mains sur la pierre noire. La vibration qu’elle sentit était plus douce qu’hier, mais encore chargée de mémoire. Chaque objet sur la table semblait raconter l’histoire des épreuves : le coquillage chargé des murmures, la corde tendue des désirs, la pierre noire des secrets acceptés.— Hier, dit Farah d’une voix calme mais puissante, nous avons traversé le fil de l’ultime confiance. Aujourd’hui, vous devez affronter les répercussions de ce que vous avez porté. Les secrets et les désirs laissent des traces, et le Cercle doit apprendre à les transformer en forc
Le jour s’éveilla lentement sur la Maison du Vent, comme si le temps lui-même hésitait à révéler les conséquences de la fracture survenue la veille. Les héritières, encore marquées par la trahison et les passions brûlantes, se rassemblèrent autour de la table. Chaque regard portait la mémoire des gestes secrets, des désirs inavoués et des murmures trahis. Le Cercle savait que la paix fragile d’hier pouvait disparaître à tout instant.La jeune fille aux cheveux emmêlés posa ses mains sur la pierre noire et sentit une vibration lourde de tension et de peur. Chaque geste, chaque souffle semblait peser comme une éternité. Elle comprit que le Cercle serait aujourd’hui confronté non seulement à la trahison, mais aussi aux conséquences profondes de l’amour et du désir.— Les secrets, dit Farah, ne disparaissent jamais complètement. Ils laissent des traces, des marques invisibles qui peuvent brûler ou illuminer. Aujourd’hui, vous verrez le poids des secrets et la force qu’il faut pour les por
Le jour s’éveilla lentement sur la Maison du Vent, comme si le temps lui-même hésitait à révéler les conséquences de la fracture survenue la veille. Les héritières, encore marquées par la trahison et les passions brûlantes, se rassemblèrent autour de la table. Chaque regard portait la mémoire des gestes secrets, des désirs inavoués et des murmures trahis. Le Cercle savait que la paix fragile d’hier pouvait disparaître à tout instant.La jeune fille aux cheveux emmêlés posa ses mains sur la pierre noire et sentit une vibration lourde de tension et de peur. Chaque geste, chaque souffle semblait peser comme une éternité. Elle comprit que le Cercle serait aujourd’hui confronté non seulement à la trahison, mais aussi aux conséquences profondes de l’amour et du désir.— Les secrets, dit Farah, ne disparaissent jamais complètement. Ils laissent des traces, des marques invisibles qui peuvent brûler ou illuminer. Aujourd’hui, vous verrez le poids des secrets et la force qu’il faut pour les por
La Maison du Vent s’éveilla dans un silence pesant, comme si le monde lui-même retenait son souffle. Les héritières, encore marquées par les épreuves précédentes, se rassemblèrent autour de la table. Chaque regard portait la mémoire des secrets révélés, des désirs inavoués et des trahisons latentes. Le Cercle savait aujourd’hui qu’il serait testé comme jamais auparavant.La jeune fille aux cheveux emmêlés posa ses mains sur la pierre noire, et la vibration qu’elle sentit était plus forte, presque douloureuse. La trahison qui dormait en elle et chez les autres héritières menaçait de se transformer en fracture irréversible. Elle savait qu’un faux pas, un mot trop fort ou un désir mal maîtrisé suffirait à faire éclater l’équilibre fragile du Cercle.— Aujourd’hui, dit Farah, la confiance sera mise à l’épreuve. Ce que vous avez construit, ce que vous croyez tenir, peut se briser en un souffle. Vous devez apprendre à accepter le feu et la glace, le désir et la peur, sans vous laisser consu