Je n’avais pas rouvert l’ordinateur depuis la veille.Mais ce matin, alors que j’ouvrais ma boîte mail, une notification apparut dans le coin de l’écran : “Dante Withemore fait encore parler de lui.”Mon cœur manqua un battement.Je cliquai, malgré moi.Cette fois, la photo n’était pas celle du club.On y voyait Dante sortir d’un hôtel parisien. Il portait un manteau long, les cheveux courts, et un air si… beau.Je restai figée quelques secondes, avant de refermer brusquement l’onglet.Pourquoi je faisais ça ? Pourquoi je m’infligeais encore ça ?Je fermai l’ordinateur, inspirai profondément et chassai la douleur comme on repousse un mauvais rêve.Les filles avaient besoin de moi.Plus tard dans la matinée, Mila et Léna étaient assises à table, dessinant des ballons et des gâteaux pour leur fête d’anniversaire.Leur rire emplissait la pièce — un son pur, léger, presque magique.Je les regardais, et malgré tout, un sourire m’échappa.— Maman ? demanda Léna sans lever la tête.— Oui, ma
Je fixai longtemps la lettre ouverte sur la table, sans parvenir à en détacher mes yeux.Dante aurait-il rompu sa promesse ? M’aurait-il retrouvé ? J’aimerai tellement qu’il rompe la promesse et me rejoigne.Depuis six ans, j’avais tout fait pour l’oublier.Six ans à reconstruire ma vie, à me convaincre qu’il n’existait plus.Mais cette lettre, c’était comme rouvrir une plaie mal refermée.Je soupirai et me frottai le visage. J’avais besoin de penser à autre chose.Je devais commander les décorations pour l’anniversaire des filles — ballerina cappuccina, confettis et guirlandes colorées. Rien de mieux pour m’occuper l’esprit.Mais à peine avais-je ouvert mon navigateur qu’une pulsion me saisit.Je restai un long moment à fixer la barre de recherche.Puis, presque malgré moi, je tapai : Dante Withemore.Mon cœur battait à tout rompre.Je savais que je ne devais pas.Et pourtant, mes doigts avaient déjà appuyé sur Entrée.Les résultats s’affichèrent, et aussitôt, je regrettai.La premiè
La musique battait comme un cœur sous acide.Le club privé de la 7e Avenue, réservé aux membres du cercle Nouveau Monde, baignait dans une lumière rouge et or. Les serveuses se déplaçaient comme des apparitions — robes fendues, regards calculés, sourires vénéneux.Luke, déjà accoudé au bar, leva son verre dès que Dante entra.— Enfin ! J’ai failli parier que t’allais nous poser un lapin.Vincent, assis dans le coin lounge, éclata de rire.— J’lui ai dit que t’étais en train d’écrire ton testament ou de menacer un stagiaire.Dante esquissa un sourire sans joie et s’installa avec eux. Costume noir, chemise ouverte, poignet tendu sur le verre qu’un serveur remplit aussitôt.Autour d’eux, la musique vibrait, charnelle.— Alors, Luke, tu voulais me “rappeler que je suis vivant”, c’est ça ?— Exactement. Et pour ça, rien de mieux qu’une soirée entre hommes civilisés et jolies distractions.Luke fit signe à un serveur. Trois femmes s’approchèrent aussitôt — rires doux, parfum de vanille et d
— Je veux les voir dans mon bureau. Tout de suite.Le ton de Dante claqua à travers le téléphone comme un ordre militaire. Son assistante n’osa pas demander pourquoi.Quelques minutes plus tard, le Directeur financier et la DRH entrèrent, déjà pâles. Dante était debout, le regard froid, les mains dans les poches, la mâchoire serrée.— Vous saviez que trois de nos employés se sont retrouvés à la rue après l’incendie de leur immeuble, n’est-ce pas ?Le DAF déglutit.— Euh… oui, Monsieur, mais la procédure de secours interne—— La procédure ? (Dante s’approche lentement, chaque mot frappant comme une gifle.) Notre putain de “programme d’urgence sociale” n’est pas une case administrative, c’est un engagement. Ces gens bossaient pour moi. Vous auriez dû leur donner l’avance logement, le fonds santé, et tout ce qui va avec. Pas un putain de mail de soutien !Le silence pesait. Seul le tic-tac de l’horloge osait exister.— Et pendant ce temps-là, vous deux, vous signez des putains de rapport
Le bureau de Dante Whitemore était plongé dans la pénombre.Les stores tirés, l’écran de son ordinateur encore allumé affichait une liste de chiffres interminables.Le tic-tac de l’horloge murale était la seule musique qu’il supportait désormais.— Monsieur Whitemore ? Il est vingt heures, dit timidement sa secrétaire en frappant à la porte.— Et alors ?— Le personnel aimerait savoir s’ils peuvent rentrer.— Qu’ils partent.Elle se retira, soulagée.Dante passa une main sur son visage fatigué.Six ans qu’il s’imposait ce rythme.Six ans qu’il essayait d’épuiser la douleur à coups d’heures supplémentaires.Mais la culpabilité ne dormait jamais.Il ouvrit son tiroir. Le dossier était toujours là : jauni, usé, écorné à force d’être feuilleté.À l’intérieur, les rapports du détective privé avec les photos et les témoignages du massacre subit par Lila. Les preuves de ce qu’elle avait enduré. Et cette image qu’il n’oublierait jamais : la cicatrice sur son poignet et son front.Le jour où i
Ce jour-là, j’avais donné une interview à la télévision islandaise.Un petit plateau radio cosy, décoré de guirlandes lumineuses et d’une fausse cheminée qui crépitait en fond.L’animatrice, une femme élégante aux yeux turquoise, après avoir signée le contrat de confidentialité m’avait accueillie avec une admiration sincère.— Livia Hale, vous êtes devenue un phénomène. Votre roman “Sous les cendres de l’amour” a bouleversé le monde. Qui vous a inspirée ?Je lui avais souri, cherchant mes mots.— Des femmes qui ont aimé au-delà de la raison, et qui ont dû se reconstruire seules.— Est-ce une histoire vraie ?— Chaque histoire d’amour l’est, un peu, avais-je répondu en esquissant un sourire tranquille.Elle avait hoché la tête, émue.Quand je quittai le studio, les flocons tombaient doucement sur Reykjavik.L’air sentait la mer et la neige fondue.J’avais envie de respirer fort, de rire, de courir.Le soir, j’emmenai les filles dîner dans notre restaurant préféré, un petit endroit chal