— Très bien, dit-il. Voici les règles, Lila.Première : tu ne reverras plus jamais Jason Stuart. Pas en face, pas au téléphone, pas même par message. Pour toi, il n’existe plus.Deuxième : tu ne parleras plus de lui à quiconque. Son nom ne franchira plus tes lèvres.Troisième : tu ne remets pas en question mes décisions. Tu es à moi, et ce qui te concerne passe par moi.Je serrai les poings.— Si j’accepte, tu répares tout. Tout de suite.Son regard s’accrocha au mien. Puis il sortit son téléphone, composa un numéro et appuya sur haut-parleur.— Annulez toutes les opérations contre Stuart & Co, dit-il d’un ton sec. Rétablissez les lignes de crédit, informez les investisseurs que la société est sécurisée. Et je veux un communiqué dès cet après-midi pour calmer le marché. Compris ?Une voix à l’autre bout répondit, nerveuse :— Oui, monsieur.Il raccrocha sans un mot et rangea son téléphone.— C’est réglé.Je le fixai, incapable de bouger. Il venait de détruire une vie, puis de la répar
Une semaine s’était écoulée depuis cette nuit où j’avais sombré, brûlante de fièvre, dans les bras de Dante. Durant les premiers jours, il avait veillé sur moi presque sans relâche… jusqu’au moment où il avait dû partir en voyage d’affaires à Genève.Il m’avait laissée aux bons soins d’une infirmière. mais c’était Rachel, sa secrétaire personnelle, qui passait souvent me voir pour s’assurer que je ne manquais de rien.Cela faisait quelques jours que j’étais enfin de retour au bureau.Je n’avais pas revu Dante autrement qu’en réunion depuis mon rétablissement, et c’était peut-être mieux ainsi. Je m’étais jetée corps et âme dans le travail, préférant me noyer dans les rapports et les chiffres plutôt que dans mes pensées.Ce matin-là, alors que je rangeais quelques dossiers, Rachel s’approcha de mon bureau, un gobelet de café à la main.— T’as vu ça ? lança-t-elle d’un ton mi-inquiet, mi-curieux.Elle me tendit son téléphone. À l’écran, un article d’actualité s’affichait."La société St
— Lila… Lila, tu m’entends ?Je clignai des yeux, à demi-consciente, la tête lourde. Le visage de Dante était penché au-dessus du mien. Inquiet. Il semblait inquiet.— Pourquoi tu n’as pas demandé à un chauffeur ? Pourquoi t’es partie seule, comme ça ?J’aurais voulu lui répondre. Lui dire que j’en avais eu marre qu’il me traite ainsi. Que je n’avais pas d’argent sur moi. Mais mes lèvres étaient engourdies.— Je… n’y ai pas pensé.Il grogna doucement, plus pour lui que pour moi. Puis sans rien ajouter, il m’attrapa dans ses bras et me porta à l’intérieur de la maison comme si je ne pesais rien.Je protestai faiblement, les joues en feu.— Je… je peux marcher…— Laisse-moi faire, souffla-t-il d’un ton sans appel. Tu tiens à peine debout.Il me porta jusqu’à ma chambre, déposa mes affaires sur une chaise, et me fit asseoir sur le lit. Il passa le dos de sa main contre mon front.— Tu brûles.J’avais la gorge en feu. J’essayai de sourire mais ma vision dansait.— Je vais bien…— Tu ne va
J’attendais que le service logistique m’apporte les dossiers imprimés pour la mission. En attendant, j’ouvris le carton posé sur mon bureau : un smartphone flambant neuf. Je retirai les plastiques, insérai ma carte SIM, et laissai l’appareil s’allumer. L’écran me demanda une adresse mail. Un blanc. Pendant une seconde, je crus avoir tout oublié. Mais les automatismes reviennent vite, même après des années. Mes doigts tapèrent l’adresse presque par réflexe.À peine le téléphone activé, une pluie de notifications se déchaîna.Je savais que ce n’était pas une bonne idée. J’aurais dû me contenter de le configurer, rien de plus. Mais la curiosité… cette fichue curiosité : comme si une partie de moi avait besoin d’aller gratter là où ça fait mal. Je finis par ouvrir l’application Facebook. Je ne l’avais pas utilisée depuis si longtemps.Des visages familiers défilèrent ainsi que des statuts anodins, des photos de vacances, de mariages, de bébés. J’avais appartenu à ce monde, autrefois. Le v
Il était presque dix-sept heures lorsque j’insérai enfin le dernier document dans le dossier de mission. Tout était prêt : réunions confirmées, billets émis, réservations enregistrées et invitations envoyées. Rachel m’informa que Dante m’attendait dans son bureau pour vois où j’en étais.Je frappai doucement à la porte. Une voix grave répondit :— Entrez.J’ouvris. Je vis Elena assise sur le canapé, une jambe élégamment croisée sur l’autre, un smoothie pastel à la main. Elle tourna la tête vers moi sans cacher son agacement. Elle était donc là depuis ce matin ? Il vaut mieux adopter une attitude professionnelle pour m’éviter ses commentaires désagréables.Je fis un pas à l’intérieur.— Je viens vous présenter les détails de la mission.Il leva les yeux de son écran, et son regard se posa sur moi, plus doux que je ne l’aurais cru.— Déjà ? Montre-moi.Je m’approchai, mon dossier en main. Il m’indiqua de m’asseoir en face de lui. Je m’exécutai.Je lui tendis le planning et commençai à
J’étais encore secouée par l’humiliation que je venais de subir que je pensais m’être trompée de pièce en retournant à mon bureau. Je ne reconnaissais plus rien. Tout avait changé. Les mobiliers avaient été remplacés par des meubles modernes et sophistiqués, un ordinateur portable flambant neuf était installé sur la table de bureau avec une imprimante sur la console et un smartphone encore dans son packaging. Mon attention fut attirée par un petit post-it sur l’écran : — « À utiliser dès aujourd’hui. – D. »Mon cœur s’est emballé sans raison logique. Ce n’était que des outils. N’importe quel employé aurait dû en recevoir dès son arrivant. Mais pour moi, c’était un signe que je n’étais plus invisible.— Vous avez vu le mot du patron ? a dit une voix.Je me suis retournée. C’était Rachel, la secrétaire de Dante.— Oui… je…Rachel sourit en me voyant bégayer. Elle referme la porte du bureau en entrant.— J’ai supervisé l’installation pendant que vous déjeuniez. Vous aurez besoin de ces