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Chapitre 3 : La Marque de l’Ombre

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-03-04 00:40:33

Depuis ce jour, tout a changé.

Je ne pouvais plus dormir sans craindre d’entendre ce grattement sinistre à ma fenêtre ou ce murmure derrière ma porte. Chaque coin de la maison me semblait hanté par une présence invisible. Et surtout, je sentais leur emprise grandir.

Le Corbeau ne me lâchait plus du regard. La Mouche Tsé-Tsé rodait toujours autour de moi, silencieuse mais menaçante. Le Hibou, elle, souriait de son air énigmatique, comme si elle connaissait déjà la fin de l’histoire.

Mais je ne comptais pas leur laisser le dernier mot.

---

Une nuit, alors que tout semblait calme, je me suis réveillé en sursaut, pris d’un violent frisson.

Mon corps était glacé.

Je n’avais pas fait de cauchemar, mais quelque chose n’allait pas.

Puis je l’ai senti.

Un poids sur ma poitrine.

Invisible. Écrasant.

Je voulais bouger, mais mes membres refusaient d’obéir. Ma respiration s’accélérait, mon cœur cognait dans ma poitrine.

Et alors, dans le silence de la nuit…

Une voix.

— Il est à nous…

Une ombre est passée sur mon mur.

J’ai voulu crier, mais aucun son n’est sorti de ma bouche.

Puis, aussi brutalement que c’était arrivé, tout s’est arrêté.

Le poids s’est levé.

J’ai repris mon souffle, haletant.

Je me suis levé d’un bond, allumant la lampe à pétrole à côté de mon lit.

La pièce était vide.

Mais sur mon bras…

Une marque noire.

Fine. Sinueuse.

Comme une empreinte laissée par des doigts invisibles.

Je n’avais plus le moindre doute.

Elles avaient franchi une nouvelle étape.

---

Le lendemain matin, j’ai couru voir mon grand-père.

Je lui ai montré mon bras.

Il a blêmi.

— Elles t’ont touché.

Il a attrapé un tissu et a commencé à frotter violemment la marque, comme s’il voulait l’effacer. Mais rien ne partait.

— Elles ont posé leur marque sur toi.

Son regard était hanté.

— Elles t’ont choisi.

Le sol a semblé se dérober sous mes pieds.

— Que veux-tu dire ? ai-je demandé d’une voix tremblante.

Il a pris une profonde inspiration.

— L’un de mes enfants devait les servir. Mais aucun d’eux n’a été assez fort.

Il m’a regardé droit dans les yeux.

— Alors elles ont attendu. Et maintenant, elles t’ont désigné.

J’ai secoué la tête.

— Non ! Je ne veux pas !

Mais mon grand-père m’a saisi les épaules avec force.

— Alors tu devras te battre. Mais ce ne sera pas facile.

---

À partir de ce jour, mon calvaire a commencé.

Les nuits sont devenues un enfer.

Parfois, je sentais une présence s’asseoir au pied de mon lit.

D’autres fois, des chuchotements sifflaient à mes oreilles.

Et toujours… cette marque sur mon bras.

Elle devenait plus sombre, plus visible.

Un soir, alors que je tentais de dormir, une douleur fulgurante a explosé dans mon bras.

J’ai arraché ma manche et j’ai vu la marque briller faiblement dans l’obscurité.

Puis une voix a résonné, claire cette fois-ci.

— Il est temps.

Et alors, devant moi, dans l’ombre de ma chambre…

Trois paires d’yeux sont apparues.

Elles étaient là.

Elles m’attendaient.

Et je savais que je ne pourrais plus fuir.

Je ne pouvais plus fuir.

Elles étaient là. Trois paires d’yeux brillant dans l’obscurité, me fixant avec une intensité qui m’enserrait la poitrine. J’étais paralysé. Mon souffle s’étranglait dans ma gorge. La marque sur mon bras brûlait, comme si un fer rouge s’enfonçait sous ma peau.

Puis, une voix a brisé le silence.

— Il est prêt.

C’était le Corbeau.

Son ombre s’est avancée dans la pièce, glissant comme une silhouette sans poids. Derrière elle, la Mouche Tsé-Tsé et le Hibou restaient en retrait, mais je sentais leur présence, menaçante et oppressante.

— Viens.

Ma gorge était trop sèche pour parler. Mes jambes refusaient de bouger.

— Viens, David.

Elle a tendu la main.

La marque sur mon bras a pulsé. Une chaleur étrange s’est répandue dans mon corps, affaiblissant ma volonté. Une partie de moi voulait obéir.

Non.

Je ne pouvais pas.

Alors j’ai fait ce que mon grand-père m’avait appris à faire quand j’étais enfant.

J’ai prié.

Dans ma tête, je répétais les mots qu’il m’avait transmis, ceux qu’il murmurait chaque soir avant de dormir. Des mots anciens, oubliés, mais puissants.

Le Corbeau a froncé les sourcils.

— Arrête ça.

Sa voix s’est faite plus froide.

J’ai continué.

Le Hibou a sifflé.

— Il résiste.

Le Corbeau s’est avancée d’un pas.

— Pas pour longtemps.

D’un geste, elle a levé la main, et un vent glacial a balayé la pièce.

Ma lampe à pétrole s’est éteinte.

Tout est devenu noir.

Et alors, j’ai été aspiré.

---

Quand j’ai rouvert les yeux, je n’étais plus dans ma chambre.

J’étais dans un lieu que je ne connaissais pas.

Une vaste salle, éclairée par des torches vacillantes. Le sol était recouvert de symboles tracés dans une poudre sombre, et au centre, un grand cercle était dessiné.

Le Corbeau, la Mouche Tsé-Tsé et le Hibou se tenaient autour de moi, formant un triangle parfait.

— Bienvenue, David.

Ma gorge s’est serrée.

— Où suis-je ?

Le Corbeau a souri.

— Chez nous.

— Je veux partir.

— Il est trop tard pour ça.

Mon cœur battait à tout rompre.

— Je n’ai rien demandé.

Le Hibou a murmuré d’une voix douce :

— Nous non plus. C’est le destin qui t’a choisi.

Je voulais crier, courir, me débattre. Mais mon corps était figé.

Le Corbeau a levé les bras.

— Le rituel peut commencer.

Le cercle autour de moi s’est mis à luire d’une lumière rougeâtre.

La douleur a explosé dans mon bras.

J’ai hurlé.

C’était comme si du feu liquide coulait sous ma peau, brûlant chaque nerf, chaque os, chaque muscle.

Les trois femmes chantaient des mots dans une langue que je ne comprenais pas.

J’ai voulu résister.

Mais la douleur était trop forte.

Ma vision s’est brouillée.

Mon souffle est devenu saccadé.

Puis, soudain…

Une main s’est posée sur mon épaule.

---

Tout s’est arrêté.

Un silence absolu a envahi la salle.

J’ai levé les yeux.

Mon grand-père était là.

Il se tenait devant moi, droit, imposant, les traits marqués par l’âge, mais son regard brûlait d’une force que je ne lui avais jamais vue.

— Lâchez-le.

Sa voix a claqué comme un coup de tonnerre.

Le Corbeau a plissé les yeux.

— Tu ne peux pas interférer, vieil homme. Il est marqué.

— Alors je briserai la marque.

Un frisson a parcouru mon corps.

Le grand-père a levé la main et a prononcé un mot.

Un seul.

Mais il a résonné comme une explosion.

La lumière du cercle s’est éteinte.

Un vent violent a balayé la salle.

Les torches se sont mises à vaciller.

Le Corbeau a reculé d’un pas.

— Tu oses défier l’ordre ?

Mon grand-père a serré les poings.

— Il n’a pas choisi cette voie. Il ne vous appartient pas.

La Mouche Tsé-Tsé a sifflé.

— Il nous appartient depuis le jour où il est né.

Le grand-père a pris mon bras et a soufflé sur la marque.

Elle a pâli.

J’ai senti une chaleur bienfaisante m’envahir, chassant la douleur.

Le Hibou a murmuré, plus pour elle-même que pour les autres :

— C’est impossible…

Le Corbeau a reculé encore.

— Ce n’est que partie remise.

D’un geste, elle a claqué des doigts.

Et tout a basculé.

Le monde a tourné autour de moi.

Un vertige violent m’a pris.

Puis…

J’étais de retour dans ma chambre.

Allongé sur mon lit.

En sueur. Tremblant.

Mon grand-père était assis à côté de moi.

Il m’a fixé de son regard perçant.

— Elles ne s’arrêteront pas

.

Il a marqué une pause.

— Il faut que tu sois prêt.

J’ai fermé les yeux, encore secoué par ce que je venais de vivre.

J’avais cru que le cauchemar était terminé.

Mais il ne faisait que commencer.

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