Le réveil était brutal, comme un coup de marteau. Raphaël ouvrit les yeux dans une pièce sombre, la lumière pâle de l’aube filtrant à peine à travers les rideaux. Il se redressa lentement, un mal de tête sourd battant contre ses tempes, la brume de la nuit encore présente dans son esprit.
Il scruta la chambre autour de lui, le souvenir de la veille flottant dans l’air comme un rêve lointain. Les draps froissés, l’odeur persistante du parfum, la chaleur d’un corps contre le sien. Et puis, il chercha Cyra. La place à ses côtés était vide. Un vide étrange, un vide qu’il n’avait pas anticipé. Il se redressa brusquement, cherchant à rassembler ses pensées. Un froid s’empara de son corps à mesure qu’il balaya la chambre du regard. Pas de Cyra. Rien. Juste les draps éparpillés et cette sensation de perte qui s’infiltrait dans son âme. Il n’avait pas imaginé qu’il pourrait la laisser partir. Pas après cette nuit. Il se leva en vitesse, sa tête encore en proie à l’euphorie de la drogue qui s’éloignait lentement, mais le sentiment de panique qui montait en lui était bien réel. Il s’approcha de la porte de la chambre, la secoua. Elle était verrouillée de l’intérieur. Non, elle n’était pas partie en catimini. Elle l’avait laissé là, sans un mot. Son cœur se serra. Une douleur étrange envahit sa poitrine. La réalité lui revenait en vagues. Ce n’était qu’une nuit, une nuit où il avait cherché à se raccrocher à quelque chose, où la frontière entre l’homme qu’il était et l’homme qu’il aurait voulu être s’était effondrée. Une nuit où il n’avait pas voulu se voir tel qu’il était, mais plutôt comme un homme capable de ressentir quelque chose de plus que de la froideur et du contrôle. Mais Cyra avait disparu. Il se rendit à la fenêtre, jeta un coup d’œil dehors. La rue était calme, presque déserte. Il chercha son visage dans la foule imaginaire qu’il s’était créée. Où pouvait-elle bien être ? Pourquoi être partie si tôt, sans un mot ? Un nouveau frisson parcourut son dos. Il avait du mal à comprendre ce qui s’était passé entre eux, comme si les brumes de la nuit avaient effacé les repères qu’il avait soigneusement placés dans sa vie. Mais il ne pouvait ignorer le vide qu’elle avait laissé. Ce vide qui s’était installé à la place de la chaleur de son corps contre le sien. Raphaël se dirigea vers le salon. La lumière du jour perça davantage à travers les rideaux. Il s’assit sur le canapé, les mains tremblantes. Sa tête lui faisait mal, mais c’était bien plus que ça. Ce n’était pas juste un mal de tête. C’était la certitude qu’il avait perdu quelque chose, peut-être quelque chose qu’il n’avait jamais voulu retrouver. Le souvenir de Cyra s’imposa avec force, ses yeux, ses gestes hésitants mais pleins d’une douceur incroyable. Cette tendresse, cette fragilité. Tout en elle le fascinait et l’effrayait à la fois. Pourquoi diable avait-elle disparu sans laisser de trace ? Il passa ses doigts dans ses cheveux, repoussant les pensées qui commençaient à se multiplier comme des vagues. Il avait besoin de réponses, de comprendre pourquoi elle avait agi ainsi. Mais il savait au fond de lui que ce n’était pas une simple question de compréhension. C’était cette peur irrationnelle qui montait en lui, celle de s’être encore laissé submerger par ses émotions. Il regarda l’heure sur son téléphone. Il était déjà tard. La journée ne tarderait pas à commencer, mais il n’arrivait pas à faire face à la réalité qui l’attendait. Ce qu’il avait fait la nuit précédente, ce qu’il avait ressenti… Ce n’était pas censé arriver. Pas dans sa vie. Il avait toujours su garder une distance. Mais avec Cyra, tout avait changé. Il n’avait pas voulu qu’elle parte, pas comme ça. Pas dans le silence. Raphaël se leva brusquement, la frustration et la colère bouillonnant en lui. Il savait qu’il devait la retrouver, la retrouver coûte que coûte. Peu importe où elle était allée, il avait besoin d’une explication. Mais plus que tout, il avait besoin de sentir qu’il n’avait pas perdu cette fragile connexion qu’ils avaient partagée. Il s’habilla rapidement, quittant la chambre, laissant derrière lui le vide de l’hôtel, un espace où les souvenirs s’étaient déjà fanés. Il descendit les escaliers, sortit dans la rue, les yeux scrutant chaque recoin à la recherche de l’ombre de Cyra. Mais la rue semblait aussi déserte que sa propre existence à cet instant. La journée avait commencé, mais pour lui, tout s’était arrêté à la seconde où il avait ouvert les yeux et s’était rendu compte qu’elle n’était plus là. Et il ne savait pas comment le dire, mais il avait l’impression d’être sur le point de perdre tout ce qu’il venait à peine de comprendre. Raphaël errait dans les rues, son esprit tourné en spirale, se heurtant à des souvenirs flous, des images qui dansaient autour de lui sans jamais se fixer. Il se concentrait sur une chose : Cyra. Le prénom était gravé dans sa tête comme un écho persistant, un murmure qu’il n’arrivait pas à effacer. Il n’avait rien d’autre sur elle. Aucun autre détail, pas de passé, pas de famille, pas de lien. Juste ce visage, ces yeux, ces lèvres qui s’étaient posées sur les siennes avec une intensité qu’il n’aurait jamais cru capable de ressentir. La drogue avait obscurci ses pensées, mais une chose restait claire dans son esprit : la manière dont elle l’avait fait se sentir. Comme un homme vivant, pour la première fois. Un homme capable de se perdre dans une autre, capable de ressentir ce qu’il avait si longtemps rejeté. Cette nuit-là, il n’avait pas seulement partagé un instant avec une inconnue, il s’était reconnecté à une part de lui qu’il croyait morte depuis longtemps. Mais c’était tout. Le prénom. Rien d’autre. Et cela l’énervait, l’irritait. Comment pouvait-il avoir ce besoin d’elle alors qu’il ne savait rien d’elle ? Comment pouvait-elle l’avoir marqué si profondément alors qu’ils ne s’étaient croisés que dans cet espace suspendu entre la drogue et la réalité ? Il n’arrivait pas à trouver de réponses. Mais plus il pensait à elle, plus il se rendait compte qu’il avait été touché par quelque chose d’inattendu, quelque chose qu’il n’avait pas cherché, mais qui s’était imposé de manière violente et douce à la fois. Il n’avait pas pu l’empêcher. Il avait cru, pendant un instant, qu’il pouvait échapper à sa propre solitude en se perdant dans celle de cette inconnue. Mais maintenant, il se retrouvait seul avec un vide insondable. Elle s’était éclipsée, comme une ombre qui se dissipe au matin, et lui, il était resté là, à la recherche de ce qui n’était plus. Il tourna en rond, ses pensées tourbillonnant autour de l’idée qu’il fallait la retrouver. Mais comment, quand il ne savait même pas où chercher ? Elle n’avait laissé aucune trace, aucun indice. Pas de nom, pas d’adresse. Rien. Finalement, il décida de rentrer chez lui. Il n’avait aucune idée de ce qu’il pourrait y trouver, mais il savait qu’il avait besoin de s’éloigner de cette angoisse qui le rongeait. La grande maison familiale se dressait devant lui comme une forteresse, un monument à l’abandon et à l’héritage. À l’intérieur, tout était calme. Trop calme. La maison semblait presque morte, à l’image de son passé. La famille, les souvenirs, tout avait disparu derrière des murs immenses. Il n’avait jamais eu d’autre choix que de grandir dans cette demeure, sous l’influence de ses deux femmes : sa mère et sa grand-mère. Les seules personnes qu’il avait connues, qui l’avaient élevé, qui avaient façonné l’homme qu’il était devenu. Mais à quel prix ? Il monta lentement les escaliers, son esprit toujours tourné vers la perte de Cyra, mais aussi vers la confrontation qu’il savait devoir avoir. Ce n’était plus une question de sentiments, ni de besoin. Il devait poser une question qui le hantait depuis trop longtemps : pourquoi avait-on cherché à le manipuler ainsi ? Pourquoi l’avaient-elles drogué et poussé à agir d’une manière qu’il n’aurait jamais choisie ? Il frappa à la porte du bureau de sa mère. Le bruit d’un stylo qui grattait sur du papier se fit entendre avant que la voix douce mais ferme de sa mère ne réponde. « Entre, Raphaël. » Il entra sans attendre. Sa mère, une femme élégante et calme, leva les yeux de son bureau. Elle ne semblait pas surprise de le voir. À côté d’elle, sa grand-mère, une femme plus âgée mais toujours vive, l’observait d’un air inquiet. Raphaël les fixa un moment. Il sentait une colère froide monter en lui, une colère qu’il n’avait jamais exprimée auparavant. Il avait toujours été le fils obéissant, celui qui suivait les règles, qui respectait les attentes. Mais aujourd’hui, il n’était plus cet homme-là. « Maman, grand-mère… » Il marqua une pause, cherchant ses mots. « Vous m’avez drogué. » Le silence qui suivit était lourd. La mère de Raphaël posa son stylo, croisa les bras sur son bureau. Sa grand-mère haussait les sourcils, un petit sourire nerveux sur ses lèvres. Raphaël laissa sa colère déborder. Il ne pouvait plus se contenir. « Vous m’avez drogué pour que je trouve une femme. Une femme que vous avez choisie pour moi, une femme qui m’aurait donné un héritier. C’était ça, n’est-ce pas ? » Sa mère ne répondit pas immédiatement. Elle se leva lentement, puis s’avança vers lui. « Tu ne comprends pas, Raphaël. » Sa voix était douce, presque apaisante. Mais il n’y avait rien de réconfortant dans ses paroles. « Nous n’avons fait cela que pour ton bien. Tu es un homme, Raphaël. Tu portes un héritage, et il fallait… que tu le transmettes. » Elle laissa ses mots flotter dans l’air, comme une justification. Raphaël secoua la tête, incrédule. « Et moi, qu’est-ce que je deviens dans tout ça ? Vous m’avez manipulé. Vous m’avez utilisé pour vos propres désirs, vos propres ambitions. Et ce qui me révolte, c’est que vous n’avez même pas pensé à ce que je ressentais, à ce que je voulais. » Sa grand-mère prit la parole, cette fois d’un ton plus sévère. « Tu ne comprends pas, Raphaël. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait pour toi. Pour ton avenir. Tu dois comprendre que dans cette famille, ce ne sont pas les désirs individuels qui comptent, mais la lignée, l’héritage. » Raphaël les regarda, un dégoût profond se formant dans son estomac. Il comprenait maintenant. Il comprenait pourquoi tout semblait toujours être une question d’apparence, de pouvoir, d’argent. Et pourquoi il n’avait jamais eu le droit d’être un homme libre, un homme qui fait ses propres choix. « Ça suffit. » Sa voix était ferme, mais pleine de douleur. « Vous ne me manipulerez plus jamais comme ça. Je ne serai pas ce que vous avez décidé pour moi. Je veux que ça cesse, ici et maintenant. » Les deux femmes échangèrent un regard, puis sa mère se tourna vers lui, son visage durci par une expression qu’il ne lui connaissait pas. « Si tu veux vraiment qu’on arrête, alors tu dois comprendre qu’il n’y a pas de retour en arrière. Ce que nous avons fait, nous l’avons fait pour préserver ce qui est le plus précieux dans cette famille. » Elle marqua une pause, comme si elle pesait chaque mot. « Mais je ferai ce que tu veux, Raphaël. Si tu veux vraiment tourner la page, il faudra que tu l’assumes entièrement. » Raphaël sentit un poids immense s’abattre sur ses épaules. Il avait cru qu’il pourrait échapper à cette destinée. Mais il savait maintenant que, pour pouvoir avancer, il devait se libérer complètement. De cette famille, de ces attentes, de ce jeu sordide. Il tourna les talons sans un mot de plus, laissant derrière lui les murs froids de la maison familiale, empli d’une seule pensée : il était temps de vivre pour lui-même, et non pour les désirs des autres.Dans la chambre des jumeaux, une veilleuse projetait des étoiles au plafond. Deux petits cœurs battaient doucement au rythme du sommeil. Une musique douce flottait dans l’air. Iris dormait dans la pièce d’à côté, son nounours contre elle.Et dans cette grande maison autrefois si froide, il n’y avait désormais que chaleur, rires et promesses d’avenir.Cyra Delacroix n’était plus une jeune femme blessée par son passé. Elle était une épouse aimée, une mère comblée, une femme accomplie.Et sa vie, après tant de tumultes, devenait enfin ce qu’elle avait toujours mérité : une symphonie d’amourQuelques années s’étaient écoulées depuis la naissance des jumeaux, et la vie de Cyra et Raphaël s’était transformée. La maison, autrefois froide et imposante, était devenue un véritable foyer, où rires et bruits de pas remplissaient les pièces. Yael et Esteban, les deux jumeaux identiques, étaient désormais des garçons énergiques et curieux, toujours en mouvement, inséparables, mais chacun avec son c
L’aube se levait à peine sur la campagne apaisée qui entourait le manoir des Delacroix. Une brume légère couvrait encore les champs, comme un voile de coton posé sur la terre endormie. Pourtant, à l’intérieur des murs de pierre de la demeure ancestrale, l’agitation était bien là.Cyra ne dormait plus depuis plusieurs heures. Allongée dans le grand lit conjugal, elle tentait de réguler sa respiration, son regard fixé au plafond. Quelque chose était différent. Elle connaissait désormais chaque mouvement, chaque sensation propre à cette grossesse difficile. Mais cette nuit-là, un sentiment d’urgence s’était insinué dans son ventre. Un poids, une pression inhabituelle.— Raphaël… murmura-t-elle, la voix légèrement tremblante.Il dormait à moitié, le bras autour d’elle, ses sens en alerte comme à chaque fin de grossesse. À sa voix, il se redressa d’un bond, les cheveux en bataille, les yeux pleins d’angoisse mêlée d’excitation.— Ça va ? C’est maintenant ?Elle hocha la tête, puis une doul
Le troisième trimestre s’ouvrit comme un compte à rebours précieux. Chaque jour était une victoire. Chaque mouvement dans le ventre de Cyra, un rappel qu’ils allaient bientôt les rencontrer. Et pourtant, ce dernier virage de grossesse s’annonçait plus éprouvant que jamais.Le médecin avait été clair : repos absolu jusqu’à l’accouchement. Alitée depuis plusieurs semaines déjà, Cyra ressentait chaque jour un peu plus le poids de son immobilité. Elle avait toujours été autonome, active, volontaire. Devoir déléguer, attendre, se contenter d’observer, la pesait terriblement.— Je suis utile à quoi, comme ça ? demanda-t-elle un jour, les larmes aux yeux, en se tournant vers Raphaël.Il s’agenouilla doucement devant elle, posa ses mains sur son ventre rond et répondit d’une voix douce, mais ferme :— Tu crées la vie. Tu portes nos fils. Tu fais plus que tout ce que j’aurais pu espérer. Et tu n’es pas seule.Cette phrase, Cyra se la répétait comme un mantra. Car non, elle n’était pas seule. T
Les jours s’étaient écoulés depuis le mariage comme un doux rêve dont Cyra ne voulait pas se réveiller. La vie au manoir Delacroix s’était installée dans un équilibre presque parfait, rythmée par les rires d’Iris, les moments tendres partagés avec Raphaël, et la chaleur d’une famille qui s’était reconstruite autour d’elle.Mais quelque chose en elle avait changé. Ce n’était pas seulement la fatigue ou les nausées matinales. C’était plus profond, plus fort. Son corps lui envoyait des signaux qu’elle ne comprenait pas encore entièrement. Et lorsqu’elle se rendit à son premier rendez-vous de suivi, main dans celle de Raphaël, elle s’attendait à entendre un battement de cœur. Un. Un seul.Mais ce fut deux.Deux petits tambours précoces résonnant sur l’échographie. Deux vies. Deux miracles.Cyra tourna les yeux vers Raphaël, incrédule, émue, bouleversée. Il était figé, les sourcils haussés, la bouche légèrement entrouverte.— Deux ? répéta-t-il dans un souffle, le regard rivé sur l’écran.
La nuit précédant le mariage, Cyra peinait à trouver le sommeil. Le manoir était calme, baigné dans la lumière douce de la lune. Iris dormait paisiblement dans sa chambre, et tout semblait parfaitement en ordre, comme si le destin avait décidé d’accorder à la jeune femme une trêve bien méritée. Et pourtant, quelque chose dans son corps ne tournait pas rond. Ce n’était ni du stress, ni de l’appréhension… c’était autre chose. Un sentiment diffus, profond, qui ne voulait pas s’éteindre.Elle se leva sans bruit, enfila un manteau et quitta le manoir à pied, la tête pleine de pensées. Elle se rendit à la pharmacie de garde la plus proche, l’une des rares encore allumées dans la ville endormie. Là, elle acheta un test de grossesse, presque tremblante, sans trop savoir si c’était la peur ou l’espoir qui l’habitait.De retour dans la salle de bain attenante à sa chambre, elle s’assit sur le rebord de la baignoire, le cœur battant. Quelques minutes plus tard, deux barres s’affichaient… positiv
Les rayons du matin filtraient à travers les grandes fenêtres du manoir Delacroix, inondant la chambre de Cyra d’une douce lumière dorée. Iris dormait encore, blottie contre l’un des coussins du vaste lit à baldaquin. Cyra l’observait en silence, le cœur rempli d’émotion. Cette maison était devenue leur maison. Plus de peur, plus de fuite. Plus de secrets.La décision avait été prise sans hésitation : Cyra et Iris emménageraient définitivement au manoir. « Une famille doit être ensemble », avait dit Raphaël en lui prenant la main, les yeux emplis de tendresse. Et elle n’avait rien répondu, car elle savait qu’il avait raison. Iris était déjà très attachée à son arrière-grand-mère, la doyenne Delacroix, et à sa grand-mère, qui l’adorait comme si elle l’avait toujours connue.Ce matin-là, une fois Iris réveillée et occupée à dessiner dans le petit salon du jardin d’hiver, Cyra décida d’appeler une personne importante à ses yeux : son ancienne patronne, Clarisse, qui avait été bien plus q
La matinée s’annonçait pourtant calme. Cyra, assise dans le grand salon baigné de lumière de la villa Delacroix, terminait son café pendant qu’Iris dessinait paisiblement sur la table basse. Depuis le gala, les jours s’étaient écoulés avec une douceur presque irréelle. L’élocution de Cyra avait été saluée par les médias, les réseaux sociaux et l’opinion publique. Elle était devenue, en quelques jours, un symbole d’inspiration. Une femme partie de rien, debout sur ses propres jambes, désormais à la tête d’un empire aux côtés de l’homme qu’elle aimait.Mais le calme ne dure jamais longtemps quand l’ombre veille.Tout bascula à dix heures précises.Le téléphone de Cyra vibra. Une notification. Un message d’alerte provenant du service juridique de l’entreprise. Elle fronça les sourcils.“Madame Delacroix, un article vient de paraître sur le site de La Tribune. Nous préparons une réponse juridique, mais il s’agit d’un contenu particulièrement diffamatoire. Le lien est ci-joint.”Cyra ouvri
Le rendez-vous avait été fixé dans un vieux café en périphérie de la ville, à l’abri des regards. Élise avait choisi ce lieu avec soin : ni trop discret pour éveiller les soupçons, ni trop fréquenté pour attirer l’attention. Elle était arrivée la première, lunettes noires sur le nez, tailleur sombre, l’élégance dissimulant à peine le poison qui coulait dans ses veines.Luc arriva avec quelques minutes de retard. Il semblait plus fatigué qu’elle ne l’imaginait, les traits tirés, les yeux cernés, mais la même lueur mauvaise brillait dans son regard. Un homme qui n’avait jamais accepté de perdre le contrôle.— Mademoiselle Delcourt, dit-il en s’installant, son ton mielleux forçant un respect factice.— Élise. Inutile d’être formels. On est ici pour parler affaires, pas pour faire semblant d’être civilisés, répondit-elle avec un sourire froid.Elle sortit une enveloppe de son sac, la posa sur la table. Dedans : quelques photos, des copies de documents, un plan griffonné à la main.— Voilà
Le soleil du matin filtrait doucement à travers les grandes baies vitrées de la maison familiale des Delacroix. Le parfum du thé à la verveine flottait dans l’air, se mêlant à celui des croissants tout juste sortis du four, posés avec soin sur la table du salon. Iris, assise au sol, jouait avec un petit puzzle en bois, tout en gardant un œil discret sur les adultes qui l’entouraient.Cyra était là, légèrement intimidée malgré tout, mais son cœur apaisé par la bienveillance ambiante. Raphaël, assis non loin d’elle, l’observait avec tendresse, et elle sentit sa main chercher la sienne sous la table.Face à eux, la mère de Raphaël — Éliane — tenait entre ses mains le journal du jour. Et à ses côtés, assise plus droite encore que d’habitude, la grand-mère — Madame Joséphine Delacroix — lisait, lunettes au bout du nez, les lignes imprimées avec attention.— “Une femme de courage, une voix d’inspiration.” lut Éliane à voix haute, avant de baisser doucement le journal. Ils ont vraiment titré