Passion au Bureau

                             Clara

Aujourd’hui, c’est mon premier jour de travail dans une des plus grandes entreprises de technologie en Allemagne, nommée FuturoDigital. Je ne connais absolument pas grande chose concernant les dirigeants de cette entreprise, néanmoins je sais que la rigueur et la discipline sont leur devise.

J’ai déjà fini de prendre ma douche matinale, je me dirige vers le placard et récupère l’ensemble de costume à rayures fines avec blazer et pantalon de couleur noir. Je porte également des talons à aiguilles et un sac à main César. Je me maquille légèrement en appliquant un léger rouge à lèvres, du mascara qui est en harmonie avec la couleur noisette de mes yeux. Je prends le soin de bien tracer mes sourcils, de mettre un peu de fond de teint.

Après que j’ai fini de me préparer, je prends une profonde inspiration et me regarde dans le miroir avec un sourire stressant. Je suis simplement ravissante malgré que je n’ai pas encombré mon visage de maquillage. Je prends encore le temps de me reluquer dans le miroir de ma chambre.

Je suis âgée de 26 ans et mesure 1m68, la peau foncée et lumineuse, les lèvres recourbées, le nez fin, le visage oval. J'attrape mes cheveux brun en chignon haut.

Contrairement à certaines femmes, je ne suis pas complexée par mon physique et je ne le serai jamais. Je n’ai pas besoin de chirurgie pour être attirante, je n’ai pas une forme voluptueuse certes. Par contre, je suis fière de du volume moyen de mes seins ainsi que de mon postérieur.

Je souffle bruyamment, un peu anxieuse pour mon premier jour au boulot. J’ignore comment est le climat de cette entreprise, si je saurai être à la hauteur des attentes de mes supérieurs. C’est la première fois que je serai dans un bureau et de surcroît, dans une grande entreprise.

Je sors de ma chambre et rejoins les autres membres de la famille au salon. Je vis avec ma mère et mon frère aîné Gabriel, nous sommes une famille modeste mais nous ne manquons de rien et c’est le plus important.

___ Bonjour, lancé-je à ma mère.

Ma mère se trouve à la cuisine, qui est entre ouverte avec le salon. Elle est entrain de boire un jus de fruit. Elle faillit s’étouffer avec son jus quand elle pose ses yeux sur moi. La bonne dame me fixe avec de gros yeux comme si elle n’en revient pas de la personne qu’elle a devant elle.

___ Qu’est-ce qu’il y’a maman ? lui demandé-je, simplement.

Elle se reprend et pose son verre de jus sur le plan de travail. Un sourit fier apparaît sur son visage et ses yeux brillent étrangement.

___ Tu es tout simplement ravissante, ma chérie  me complimente.

___ Merci maman, et Gabriel ?

___ Ah, il est déjà parti

___ Quoi ?

Je ne dispose pas d’un moyen de déplacement mais mon frère si. Il a une bagnole qui ne coûte pas une fortune mais qui nous est utile. On avait convenu qu'il passerait me déposer à mon lieu de travail ce matin, qui est à une trentaine de route d’ici.

___  Gabriel ne peut pas me faire ça… Il m’avait promis de me déposer à l’entreprise avant de continuer sa route.

Je fais sortir mon téléphone de mon sac à main et je réalise que je risque d’être en retard pour mon premier jour au travail, si je traîne encore dans cette maison. Je tourne les talons, paniquée.

___ À plus maman ! lance je d’un ton hâtif.

Je sors de la maison et presse le pas pour rejoindre l’arrêt de bus. En marchant sur le trottoir à la hâte, un porsche cayenne coupé qui roule à une grande vitesse passe près de moi et me souille de l’eau sale qui éclabousse mes chaussures ainsi que mon pantalon, me laissant frustrée et trempée.

___ Hé, arrête toi ! hurle je furieusement à gorge déployée en pourchassant la voiture.

Les passants m’epient comme si je suis une cinglée qui vient de s’échapper de l’hôpital psychiatrique. La voiture qui vient de me salir, s’arrête brusquement à quelques mètres près de l’arrêt de bus. Je presse encore plus mes pas jusqu’à me retrouver près de la vitre du siège conducteur. Je toque violemment la vitre et le conducteur finit par baisser la vitre et je rencontre une homme vêtu d’un smoking noir et porte des lunettes de soleil. Je ne m’attarde pas plus longtemps sur son apparence car c’est m’est égal de savoir à quoi il ressemble.

___ Non, mais vous êtes aveugles ? Vous m’avez  salie et maintenant, je risque d’être virée par mon supérieur à cause vous, m’emporté je.

 Je n’ose même pas imaginer comment mes collègues se moqueront de moi quand je vais me présenter ainsi au bureau. Je me penche et l’assassine du regard à travers la vitre.

___ Si vous êtes si pressé à ce point, pourquoi n’avoir pas pris l’avion ? continue je.

___ Mademoiselle… commence t’il.

Je l’interromps immédiatement car c’est à lui de m’écouter. Si on en est là, c’est à cause de lui.

___ Non, c’est à vous de m’écouter. » lui coupé je au nez.

   Je le vois froncer ses sourcils comme s’il commence à perdre patience. Je lui pointe du doigt et crispe ma mine.

___ J’exige immédiatement des excuses !

Je l’observe attentivement, il tourne sa tête, prend son portefeuille. Je le vois faire sortir quelques billets d’euro, puis il me les balance à la figure soudainement. Je suis figée par son geste, il enlève ses lunettes de soleil et ancre son regard froid dans le mien.

___ Je tenais à m’excuser mais vous m’aviez coupé la parole, pour après exiger encore des excuses. J’espère que vous pourrez vous acheter des habits de rechange en cours de route avec cet argent, bonne journée ! me lance t’il d’un ton sec.

Il redémarre sa voiture et continue sa route sans que je ne puisse rajouter quoique ce soit. Je reste encore là, les sourcils relevés et la bouche légèrement ouverte.

Non, mais c’est pas croyable ! Il pense que l’argent répare tout ? Ça ne devrait même pas m’étonner venant des personnes de cette classe sociale. Les riches pensent que l’argent contrôle tout, répare tout et pourtant, les pouvoirs de l’argent ont une limite.

 Je lâche un soupir d’agacement, ramasse ses billets sans compter le montant total puis reprends mon chemin. Le monde est petit, très petit et je sais que je retrouverai ce type arrogant et qui manque du savoir vivre, un jour. Et lorsque nous allons nous recroiser, je lui rendrai la monnaie de sa pièce. Je n’hésiterai pas à lui balancer ces billets à la figure pour qu’il sache ce qu’est l’humiliation.

***

En une quarantaine de minutes de trajet, j’arrive enfin à destination. Je me présente devant le grand immeuble et scrute les lieux, tellement épatée de me retrouver ici en tant qu’employée. La grande pancarte où on aperçoit “ FuturoDigital "  est planquée près du parking personnel.

J'esquisse un grand souirre, puis entre dans l’entreprise et prends l’ascenseur. Je me rends à la 5e étage où se trouve normalement mon bureau d’après l’email que j’ai reçu. Je loge le couloir en espérant tomber sur la jeune fille qui m’a accueillie le jour où s’est passé mon entretien.

___ Mademoiselle Cruz ?

Je me retourne promptement pour apercevoir Andrea, la fille que je cherchais. Je soupire de soulagement en allant à sa rencontre. Elle a à peu près mon âge, les yeux marrons, la peau clair, les cheveux en châtain dégradé. Elle porte une jupe droite et un blazer, ses cheveux arrivent juste au dessus de ses épaules. Elle a la carrure d’un mannequin et doit mesurer au moins 1m75

___ Bonjour, lui dis-je.

___ Bonjour mademoiselle Cruz, vous êtes prêtes pour votre première journée dans cette entreprise ? me demande t’elle avec un grand sourire.

___ Je suis prête mais un peu anxieuse, lui confié je avec les mains qui tremblent légèrement.

Elle me fait un sourire rassurant et prend mes mains dans les siennes.

___ C’est normal d’être anxieux le premier jour, mais crois-moi que tu vas vite t’habituer.

___ Merci beaucoup 

___ J’aurai aimé pouvoir te faire visiter les lieux mais je suis très occupée en ce moment, dit-elle en regardant l'heure sur sa montre. On remet ça à plus tard.

___ Pas de soucis, je comprends.

Elle semble être une personne gentille et mon petit doigt me dit que nous allons bien nous entendre.

___ Allez suis moi, je te montre ton bureau, me lance t’elle, enthousiaste.

 Nous tournons à gauche du long couloir pour plonger dans une pièce très spacieuse. Je rencontre certains employés qui viennent d’arriver aussi. Certains s’installent dans leurs bureaux transparents, d’autres qui discutent. Lorsque nous passons devant eux, quelques uns jettent des regards curieux sur ma personne, je suis certaine qu’ils ont sûrement remarqué la tâche de saleté sur mes chaussures ainsi que sur mon pantalon.

Je les ignore du mieux que je peux et continue de suivre de près Andrea. Elle finit par s’arrêter devant la porte d’un bureau qui se trouve dans un autre couloir vide de monde, tourne le poignet et la porte s’ouvre pour laisser apercevoir un fauteuil, deux chaises, le bureau, une baie vitrée, quelques tableaux d’art. Les murs sont peints en blanc et rose, la salle est éclairée par la lumière du jour qui s'infiltre grâce à la baie vitrée.

___ Ici, c’est ton bureau, m’informe Andréa en entrant.

Je pose mes pieds dans mon bureau, tout débordée de joie. Je ne sais pas quels termes exacts utiliser pour définir la joie qui m’anime, je ne peux que sourire largement.

___ Tu peux le décorer à ta façon, mais sans excès dans la décoration sinon tu risques d’attirer la foudre du boss sur toi, me dit-elle d’un air plaisantin.

Nous rigolons toutes les deux.

___ J’oubliais, le bureau du PDG de cette entreprise se trouve juste en face du tien, il suffit juste de toquer à sa porte et vous pouvez discuter du travail.

J’écarquille les yeux, un peu surprise de me retrouver au rang des boss. Andrea pose sa main sur mon épaule, lorsqu'elle fait la remarque.

___ Je sais que ça peut paraitre étrange de se retrouver au même couloir que le boss de l’entreprise. C’est juste que nous avons eu à réaménager les lieux et la coïncidence s’est produite. Mais tu n’as pas à t’inquiéter, c’est vrai que monsieur Salvador est une personne très compliquée mais il n’est pas non plus un vampire.

 Elle rigole de cela tandis que je suis un peu tendue d’entendre ces paroles qui qualifient le patron de ce lieu, qui de plus est mon voisin de bureau.

___ Il est si difficile à ce point ? murmure je, un peu terrifiée.

Andrea tape ses mains comme une présentatrice qui est sur le point de finir son émission. Elle me fixe profondément et avec sérénité.

___ Es-tu prête pour la pression au bureau ? Parce que je ne vais pas te le cacher, il y’a trop pressions dans ce lieu et surtout que tu es la chargée du marketing de cette entreprise. Les retards et absences non justifiés peuvent te conduire à la porte de cette entreprise. Il n’y a pas de place pour les commérages ainsi que les autres distractions. Il y’aura des jours où certains employés ainsi que le boss travaillent jusqu’à l’aube, mais crois-moi, que quand il décide d’être gentil, il le fait très bien.

Dans quoi me suis-je embarquée ? Une si grande entreprise et chaque retard et absence doivent être justifiés. Aussi, le patron est limite un fou, sinon je ne comprends pas comment peut-on passer toute sa journée à taffer sans prendre des pauses de temps en temps. Il n’y a qu’un fou pour fixer de telles règles dans une entreprise technologique.

___ Qu’est-ce que j’ai oublié ? marmonne t’elle en réfléchissant.

Je sais déjà comment je dois me comporter pour ne pas me retrouver à la porte, surtout que j'ai besoin de ce travail. Je suis la reine des retardataires d’habitude mais je ferai de mon mieux pour être ponctuelle.

___ Ah, j’oubliais encore, s’exclame t’elle, Monsieur Salvador n’est pas encore là, ils ont une réunion avec le gouvernement allemand pour parler de la technologie.

___ D’accord, la présentation va donc attendre alors ? dis-je simplement.

___ Exacte ! affirme t’elle avec une telle énergie.

Andrea me détaille du regard, de haut en bas puis repose son regard sur mon visage.

___ Tu devrais te rincer et tâche toi d’être toujours présentable ma chérie. Tu es très séduisante, on te l’a déjà dit ? renchérit-elle en me souriant.

Je n’ai vraiment pas eu besoin qu’on me complimente sur mon apparence pour me mettre en valeur.

___ En fait, il y’a un imbécile qui a éclaboussé de l’eau sale sur moi avec sa voiture, lui raconte je.

Lorsque je repense à cette scène et à l’acte de cet arrogant homme, j’ai encore envie de hurler de rage. J’explique du mieux que je peux, ce qui m'est arrivée à Andrea.

___ Les hommes sont tous des crétins, me dit-elle en détaillant encore des yeux mon bureau comme pour s’assurer qu’il ne manque rien.

Lorsqu’elle finit d’inspecter mon bureau, elle se tourne à nouveau vers moi.

___ Il y’a énormément de choses que je dois te montrer mais avec le temps, tu connaîtrais ces choses. Après tout, même si je te les récite maintenant, ce n’est pas sûr que tu pourras tous les retenir, reprend t’elle.

Sur ce point, Andrea n’a pas tort. J’ai le cerveau d’un moineau, j’oublie très vite.

___ Bon, je vais te laisser te familiariser avec ce lieu. Je reviendrai pour te présenter au boss.

Elle sort du bureau et je me retrouve seule. Je me précipite vers le fauteuil tournant et pose mes fesses là-dessus, il est très confortable. Je tourne autour de moi-même en étant aux anges.

___ Bonjour mademoiselle Cruz, je suis Monsieur Salvador, le PDG de FuturoDigital. Andrea m’a parlé de vous et j’avoue que je suis très flatté de ce qui se trouve sur votre CV. J’espère que vous serez à la hauteur de mes attentes, dis-je en essayant d’imiter le patron sans même le connaître.

Je racle ensuite ma gorge pour répondre dans la peau de la nouvelle cheffe du marketing.

___ Oh, je suis très flattée monsieur Salvador. J’ai aussi entendu parler de vous et j’admire ce que vous faites. Je donnerai tout pour ne pas vous décevoir.

Après cette scène théâtrale et comique, je me mets à rire seule dans mon bureau comme la folle que je suis. Puis je souffle pour me ressaisir, j’espère que je n’aurai réellement pas de souci avec ce type et que la présentation va se passer comme je viens de l’imaginer.