Ryse prit place à l’arrière de la voiture, juste à côté de Léonie. Le véhicule sentait bon le cuir et les fleurs fraîches, sûrement un parfum de la gouvernante. La jeune oméga gardait les mains jointes sur ses genoux, le regard légèrement baissé. Elle pouvait sentir la présence imposante de Nigel à l’avant, le dos droit, le visage fermé, concentré sur la route. Elle aurait voulu s’enfoncer dans le siège, disparaître.Mais à côté d’elle, Madame Harris lui adressait des sourires rassurants. Elle posa délicatement une main sur celle de Ryse.— Dis-moi, ma chérie… Est-ce que tu es bien traitée ici ?Ryse cligna des yeux, hésita. Devait-elle dire la vérité ? Dire qu’elle vivait dans la solitude ? Qu’elle ne recevait ni visite, ni appel ? Qu’elle mangeait seule et pleurait la nuit dans son oreiller, en se demandant comment elle allait élever un enfant dans cette ambiance ?— Oui… ça va, murmura-t-elle, fuyante.Léonie fronça les sourcils. Elle ne la croyait pas une seule seconde. Le ton de
Depuis le jour où Nigel avait quitté sa maison après leur dernière altercation, Ryse avait eu l’impression que tout avait changé. Elle avait espéré qu’il reviendrait, qu’il viendrait la voir, qu’il s’excuserait pour les choses cruelles qu’il lui avait dites. Mais les jours s’étaient transformés en semaines, et Nigel n’avait fait aucun effort pour renouer le contact avec elle.Elle se retrouvait seule, confinée dans cette grande maison, entourée par un luxe qui ne faisait plus que souligner son isolement. Elle n’avait jamais été une femme qui aimait se faire dorloter. Mais être enfermée ici, sans personne pour lui tenir compagnie, lui faisait plus de mal qu’elle ne l’aurait imaginé. Elle avait besoin de savoir où en était leur relation, où en était leur futur. Le bébé grandissait dans son ventre, mais l’absence de Nigel, son indifférence apparente, rendait tout encore plus difficile à vivre.Elle s’était accrochée à l’idée qu’il finirait par revenir vers elle. Mais après plusieurs sema
Ryse resta un moment dans le salon, le regard figé sur l’endroit où Nigel venait de disparaître. Les paroles qu’il avait prononcées, si cruelles et blessantes, résonnaient encore dans son esprit. Elle n’arrivait pas à oublier la manière dont il l’avait traitée, comme si elle n’était rien de plus qu’un simple objet. Mais plus que cela, c’était la douleur dans ses yeux, cette froideur qu’il affichait alors qu’il lui lançait des menaces. Il ne la comprenait pas. Ni lui, ni personne d’ailleurs. Elle était fatiguée de jouer ce rôle d’ombre dans la vie des autres.Elle se leva lentement, ses mains tremblant légèrement alors qu’elle caressait doucement son ventre. Le regard perdu dans le vide, elle se dirigea vers la cuisine. Le silence de la maison lui paraissait oppressant, chaque pas résonnant dans le hall comme un écho de la tension qui régnait dans l’air. Elle n’avait jamais voulu tout cela. Cette vie. Ce mariage forcé. Ce bébé. Mais elle n’avait pas le choix. Le destin l’avait conduite
Le soleil peinait encore à percer les rideaux épais de la chambre quand Nigel ouvrit les yeux. L’odeur dans la pièce était différente. Trop douce. Trop familière. Et surtout, trop dérangeante.Il tourna la tête, lentement, le corps engourdi par un mélange d’épuisement et de tension retenue. Son regard se posa sur elle.Ryse.Elle dormait, la tête tournée vers le mur, son dos nu partiellement recouvert par le drap. Sa respiration était régulière, calme, comme si de rien n’était. Comme si la nuit qu’ils venaient de traverser n’avait rien de tragique.Mais dans la tête de Nigel, le tumulte grondait.Il se redressa brusquement, repoussant les draps, pris d’un dégoût qu’il ne s’expliquait pas. Il se leva, se passa les mains sur le visage puis dans les cheveux, et jura entre ses dents. Comment avait-il pu… ? Comment avait-il pu se laisser aller à ça ?Et avec elle ? Avec elle ?Comme si elle l’avait senti se lever, Ryse se tourna doucement. Son regard encore ensommeillé se posa sur lui. Ell
Ryse se leva lentement de son lit, sentant la douleur lancinante irradier de sa nuque, là où la marque de Nigel brûlait sous sa peau. Un pic de douleur la fit se plier en deux, l’obligeant à poser une main sur le côté de son cou. La chaleur de la marque semblait s’étendre à chaque respiration, chaque battement de cœur. Elle se força à se lever malgré la souffrance, le corps engourdi par l’inconfort.Elle avait à peine posé un pied hors du lit lorsque son nom résonna, brisé par l’écho de la nuit : “Ryse !” Ce cri, empli de colère et d’angoisse, la fit se figer sur place. Ses mains tremblaient légèrement alors qu’elle se retrouvait dans une sorte de paralysie, incapable de bouger. Elle chercha la source de ce cri, son cœur battant la chamade.À peine eut-elle le temps de réfléchir que la porte de sa chambre s’ouvrit brusquement, et Nigel entra dans la pièce. Son visage était marqué par une expression qui oscillait entre la colère et la préoccupation. Ryse recula instinctivement, sentant
Le week-end arriva bien plus vite que Ryse ne l’avait imaginé. Toute la semaine, la maison avait été animée par des allées et venues incessantes. Des ouvriers s’affairaient à aménager le jardin que Nigel lui avait promis. Depuis sa chambre, elle les entendait travailler, planter, creuser, ériger des treillages pour les rosiers grimpants.Elle aurait aimé descendre et observer de plus près, mais elle savait que la gouvernante veillait. Nigel avait été clair : elle ne devait pas sortir seule, et cela la frustrait terriblement. Pourtant, lorsqu’elle vit le résultat final, une joie enfantine l’envahit.C’était magnifique.Le jardin était conçu comme un petit havre de paix, avec un banc en bois blanc sous un grand cerisier, une allée bordée de buissons fleuris et une fontaine en pierre qui chantonnait doucement. Tout était exactement comme elle l’avait décrit lorsqu’elle avait timidement exprimé ses préférences.Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit… bien.Aujourd’hui, Nig
Le lendemain matin, après une nuit agitée par le poids de ses pensées, Ryse décida d’appeler Nigel. Elle n’aimait pas lui parler, mais elle devait au moins essayer d’obtenir un semblant de liberté.Elle inspira profondément avant de composer son numéro. Le téléphone sonna plusieurs fois avant qu’il ne décroche enfin.— Quoi encore ? demanda-t-il d’un ton sec.Ryse serra le poing. Il ne prenait même pas la peine d’être courtois avec elle. Pourtant, elle ne se laissa pas intimider et s’efforça de garder une voix neutre.— J’aimerais savoir si je peux sortir de temps en temps… juste pour aller au marché ou me promener un peu.Il y eut un silence, comme s’il réfléchissait à sa demande. Puis, il éclata de rire, un rire froid et moqueur.— Tu veux sortir ? répéta-t-il. Tu crois vraiment que tu es en vacances ?Ryse sentit son estomac se nouer. Elle savait qu’il refuserait, mais elle ne s’attendait pas à une telle condescendance.— Ce n’est pas ça, tenta-t-elle d’expliquer calmement. C’est j
Après le déjeuner, Nigel reposa sa serviette sur la table et sortit quelques billets de sa poche pour payer l’addition. Éloïse, toujours accrochée à son bras, lui lança un regard interrogateur.— On y va ? demanda-t-elle en souriant.— Oui, mais je vais d’abord raccompagner Ryse, répondit Nigel d’un ton neutre. Toi, rends-toi directement à l’entreprise, je te rejoins là-bas.Éloïse fronça légèrement les sourcils, mais ne fit pas de commentaire. Elle déposa un baiser léger sur la joue de Nigel avant de s’éloigner.Ryse suivit Nigel en silence jusqu’à la voiture. Elle s’installa à l’arrière, comme à l’aller. Nigel ne fit aucun commentaire et démarra.Un silence pesant s’installa dans l’habitacle, seulement troublé par le bruit du moteur. Ryse se mordait la lèvre, hésitant à parler. Finalement, elle prit son courage à deux mains et lâcha d’une voix tremblante :— Je ne veux plus qu’Éloïse dise que c’est son enfant.Nigel, qui était concentré sur la route, tourna légèrement la tête vers e
Le trajet jusqu’à la clinique s’était déroulé dans un silence pesant. Ryse se sentait étouffée à l’arrière de la voiture, consciente du regard d’Éloïse qui la scrutait de temps à autre à travers le rétroviseur. Son cœur battait à un rythme irrégulier, non pas par excitation, mais par appréhension. Elle savait que cette visite était importante, qu’elle marquerait une nouvelle étape irréversible dans sa vie.Lorsque Nigel gara la voiture devant l’imposante clinique privée, Ryse inspira profondément. Le bâtiment immaculé se dressait devant eux, symbole d’un monde auquel elle n’avait jamais appartenu. Elle sentit une boule d’angoisse se former dans sa gorge.— Descends, ordonna simplement Nigel en ouvrant sa portière.Ryse s’exécuta sans un mot et le suivit dans l’entrée du bâtiment. L’intérieur était luxueux, à l’image du reste de la famille Harris. Tout était fait pour le confort des patients : des fauteuils moelleux, une douce musique en fond et un parfum de lavande qui flottait dans l