Dans un monde où les instincts dictent les relations, Ryse, une jeune oméga, vit une existence discrète en tant que domestique dans une riche demeure. Son quotidien bascule lorsque Nigel, l’héritier de la famille et un alpha marqué par un passé douloureux, revient après des années d’absence. À peine arrivée, sa présence ravive en lui un profond rejet, alimenté par un traumatisme qu’il garde enfoui. Entre incompréhensions, tensions et obligations imposées, Ryse se retrouve piégée dans un destin qu’elle n’a pas choisi. Mais peut-on vraiment lutter contre l’appel des phéromones et des lois impitoyables de leur monde ?
View MoreLe frottement du chiffon contre le bois poli résonnait doucement dans la chambre baignée de lumière. Ryse s’appliquait, passant le tissu humide sur chaque surface avec la minutie d’un travail qu’elle connaissait par cœur. Elle venait de finir de faire le lit, et les draps blancs parfaitement tendus donnaient à la pièce un aspect immaculé. Ici, tout devait être parfait, impeccable, sans la moindre trace de poussière ou de négligence.
Elle repoussa une mèche de cheveux blonds derrière son oreille et recula de quelques pas pour inspecter son travail. La grande chambre d’amis, qui n’avait pas été occupée depuis des mois, était désormais prête. D’un geste automatique, elle ramassa son seau et son chiffon, puis se dirigea vers le couloir silencieux. Les journées de Ryse étaient toujours les mêmes : du matin au soir, elle s’occupait du nettoyage, du linge, parfois de la cuisine quand on avait besoin d’aide. C’était une routine bien rodée, une existence discrète au sein de cette immense demeure où elle avait grandi sans jamais vraiment y appartenir. Elle longea le couloir aux murs ornés de tableaux anciens et poussa la porte de la chambre suivante. Une brise légère entrait par la fenêtre entrouverte, soulevant légèrement les rideaux blancs. Ici, l’air sentait la lavande, l’odeur familière des draps fraîchement lavés. Ryse commença son travail avec la même application, effaçant toute trace de poussière avant de lisser le couvre-lit d’un geste précis. Son esprit vagabonda un instant alors qu’elle replia une couverture. Aujourd’hui, Nigel revenait. Dix ans. Dix ans depuis qu’il était parti pour les États-Unis, emportant avec lui l’image du grand frère qu’il avait toujours été pour elle. Il l’avait protégée, écoutée, soutenue, surtout après la mort de sa mère. Mais il était parti, et le temps avait fait son œuvre. E aujourd’hui. . Nigel était le fils héritier de la famille Harris. Son retour ne changerait rien à son quotidien. Lorsqu’elle eut terminé la dernière chambre, elle descendit au rez-de-chaussée, ses pas légers à travers les longs couloirs. L’air se chargeait déjà d’odeurs appétissantes, et lorsqu’elle entra dans la grande cuisine en pierre, l’atmosphère chaleureuse la fit sourire malgré elle. « Ah, Ryse ! Tu tombes bien ! » s’exclama Martha, la cuisinière, en essuyant ses mains pleines de farine sur son tablier. « Viens m’aider à éplucher ces légumes, le dîner doit être prêt à temps ! » Ryse posa son seau dans un coin et retroussa ses manches avant de prendre place à la grande table de bois massif. Elle attrapa un couteau et une carotte avant de commencer à éplucher avec l’aisance de l’habitude. « La maison est prête pour son retour ? » demanda Martha en pétrissant une pâte avec énergie. Ryse hocha la tête sans lever les yeux. « Oui, tout est en ordre. » Martha poussa un soupir. « Je me demande à quoi il ressemble maintenant… Dix ans, c’est long. Il était un beau garçon, il doit être devenu un homme impressionnant. » Ryse esquissa un petit sourire. « Peu importe à quoi il ressemble, il ne va pas passer ses journées avec nous en cuisine. » La cuisinière éclata de rire. « Ça, c’est sûr ! Un héritier comme lui a d’autres préoccupations. » Ryse continua son travail en silence, laissant Martha discuter avec les autres domestiques. Elle était reconnaissante de ces moments simples, où elle pouvait s’occuper sans penser à ce qui l’attendait. Car même si elle se disait que rien ne changerait, une petite part d’elle savait que l’arrivée de Nigel marquerait un tournant.. Et même si Ryse n’éprouvait pour lui qu’un attachement fraternel, elle savait que cette maison ne serait plus jamais la même. Le soleil déclinait doucement à travers les grandes fenêtres de la cuisine lorsqu’elle termina ses tâches. Le dîner était presque prêt, la maison était impeccable. Tout était en place pour accueillir le fils prodigue. Le jour déclinait lentement, teintant le ciel d’orange et de rose à travers les rideaux fins de la chambre de Ryse. Assise sur le bord de son lit, elle laçait distraitement sa cheville fine, profitant du rare moment de répit que lui offrait la fin de sa journée. Ses muscles endoloris par les heures de travail protestaient légèrement, mais elle avait l’habitude. Elle ferma les yeux un instant, laissant le silence de sa chambre l’envelopper. Dans cette maison où elle avait grandi en tant que fille de la domestique mais depuis la mort de sa mère , elle n’avait plus eu de véritable place. Ni vraiment domestique, ni vraiment membre de la famille, elle naviguait entre les deux mondes sans s’attarder sur ce que cela signifiait. Mais ce soir, ce silence fut soudain brisé. Des éclats de voix résonnèrent depuis le rez-de-chaussée, portés par l’enthousiasme d’une réunion longtemps attendue. Des rires, des exclamations, un accueil chaleureux qui ne pouvait signifier qu’une chose : Nigel était enfin rentré. Ryse ouvrit les yeux, fixant le plafond dans l’obscurité naissante de sa chambre. Elle hésita un instant, puis se leva, lissant sa robe d’un geste automatique. Elle ne s’attendait pas à grand-chose de cette soirée, mais quelque chose l’attirait tout de même vers le salon. Peut-être une simple curiosité, peut-être ce besoin inconscient de voir de ses propres yeux à quel point il avait changé. Ses pas furent légers dans l’escalier alors qu’elle descendait, effleurant la rambarde de bois poli. Plus elle approchait du grand salon, plus les voix devenaient distinctes, emplies d’émotion et de joie. Lorsqu’elle franchit l’encadrement de la porte, la scène qui s’offrit à elle lui parut presque irréelle. Au centre de la pièce, madame Harris serrait un homme dans ses bras, les yeux brillants de larmes. « Mon fils… Mon garçon, te voilà enfin ! » Il était grand. Beaucoup plus grand que dans ses souvenirs. Nigel Harris n’était plus le jeune homme qu’elle avait connu. Son dos large, sa stature imposante, tout en lui dégageait une force tranquille, une prestance naturelle qui imposait le respect. Son visage, sculpté par les années, arborait des traits plus marqués, une mâchoire forte, des yeux sombres où l’ombre du passé s’était mêlée à la maturité. Son costume élégant lui donnait un air distingué, bien loin du garçon insouciant qui parcourait autrefois les couloirs de cette maison. Ryse resta en retrait, observant la scène sans un mot. À côté de Nigel, une jeune femme se tenait droite, le regard curieux mais empreint d’une certaine douceur. Elle était belle. D’une beauté délicate et raffinée, avec ses cheveux bruns soigneusement coiffés et sa robe parfaitement ajustée à sa silhouette élancée. Une femme qui appartenait à son monde. « Mère, je te présente Éloïse », c’est ma fiancée , déclara Nigel en se tournant vers elle. Éloïse s’inclina légèrement, un sourire charmant aux lèvres. « C’est un plaisir de vous rencontrer enfin, madame Harris. Nigel m’a beaucoup parlé de vous. » Madame Harris lui adressa un sourire poli, mais Ryse, elle, remarqua l’éclat fugace dans les yeux de la maîtresse de maison. Un éclat indéchiffrable, peut-être même un soupçon de déception. Mais tout cela ne concernait pas Ryse. Elle n’était qu’une simple observatrice de cette scène qui n’avait rien à voir avec elle. Pourtant, lorsque Nigel redressa la tête, son regard balaya la pièce et croisa le sien. Un instant suspendu. Ryse sentit son cœur rater un battement. Pas à cause d’un quelconque trouble romantique – non, ce n’était pas cela. Mais ce regard… Ce regard qui la fixait comme si elle était une étrangère. Comme si elle n’avait jamais existé. Nigel n’eut aucune réaction. Aucune reconnaissance dans ses yeux. Juste une indifférence polie. Ryse sentit un frisson glisser le long de son dos. Dix ans s’étaient écoulés, et il ne restait plus rien du garçon qui la prenait dans ses bras lorsqu’elle pleurait. Elle n’était plus qu’une ombre parmi tant d’autres dans cette maison qui l’avait vue grandir. Et ce soir, plus que jamais, elle en prit pleinement conscience. Chapitre 2 (suite) Le silence entre eux dura une fraction de seconde, mais il sembla s’étirer à l’infini. Ryse n’était pas du genre à attendre quoi que ce soit de Nigel, pas après tant d’années. Pourtant, elle se surprit à avancer d’un pas, puis d’un autre, jusqu’à se retrouver face à lui. Il était encore plus impressionnant de près, son aura écrasante, presque intimidante. Elle déglutit légèrement, puis, dans un geste aussi naturel que maladroit, elle lui tendit la main. « Bon retour, Nigel. »Nigel, debout à présent, détourna les yeux, ému malgré lui. Il savait que tout venait de basculer.Mais au milieu de ce bouleversement, une chose était certaine : ils s’étaient retrouvés.Nigel coupa leur petit moment à deux et demanda a Rygel d’aller faire un gâteau avec sa grand-mère.Le petit s’élança vers la porte, saluant son père en passant. Nigel le regarda partir, puis referma doucement la porte derrière lui. Il resta un instant appuyé contre elle, observant Ryse, le visage calme, tourné vers la fenêtre.— Il t’adore, souffla-t-il. Il n’a jamais été aussi heureux que depuis qu’il est avec toi.— Et pourtant, tu me l’as arraché, répondit-elle simplement, sans le regarder.Nigel baissa la tête.— Je sais… Mais je suis là maintenant. Et je ne suis plus le même homme. Je suis venu te dire que j’ai quitté Éloïse. Définitivement. C’est fini. Je ne veux plus mentir, ni fuir, ni faire semblant.Ryse le regarda enfin. Il avait l’air sincère. Fragile aussi. Moins sûr, plus vrai.— Tu
Alice la fixa longuement, puis se leva pour l’aider à choisir une tenue. — Viens, on va te préparer. Tu vas y aller belle, digne, forte… enceinte aussi. Ryse sourit. Un vrai sourire, doux et confiant. Pour la première fois depuis longtemps, elle n’avait pas peur de ce que l’avenir lui réservait. Ce soir, elle allait dîner avec Nigel, chez Léonie. Ce soir, une page allait peut-être se tourner ou s’écrire. Ryse tenait la main de Rygel alors qu’ils remontaient doucement l’escalier menant aux chambres d’amis. Le petit garçon, repu et joyeux, babillait des histoires sans fin. Léonie les observait du pied des marches, le regard tendre, presque inquiet. Elle attendit que Ryse revienne seule, une fois Rygel endormi. La jeune femme redescendit, silencieuse, le visage apaisé par la douceur d’un moment avec son fils, mais le cœur toujours tendu. Léonie l’attendait dans le salon, une tasse de thé fumante à la main. — Viens t’asseoir un instant, Ryse, murmura-t-elle. Juste un moment.
Elle s’écroula à genoux au sol, sanglotant. Nigel s’approcha, mais elle leva la main. — Ne me touche pas ! Il recula, les mâchoires serrées. — Je ne veux pas t’humilier, Éloïse. Je ne veux pas te blesser davantage. Tu mérites mieux que ce que je t’ai donné. Et… je suis désolé. Vraiment. Elle leva vers lui un regard rempli de rage et de chagrin. — Et maintenant quoi ? Tu comptes m’expulser ? Me jeter comme une vieille chaussette ? — Non, répondit-il doucement. Tu peux garder la maison. Tout ce qu’il y a ici, je te le laisse. Moi… je veux juste repartir de zéro. Avec Ryse. Rygel. Elle secoua la tête, les épaules tremblantes. — Tu n’as pas le droit de me faire ça. Pas après tout ce qu’on a traversé. Pas après tout ce que j’ai accepté. Nigel sentit un pincement au cœur. Oui, elle avait beaucoup supporté. Peut-être trop. — Je ne suis pas fier de ce que j’ai fait, Éloïse. Mais je dois réparer ce que j’ai détruit. Je dois redevenir l’homme que j’aurais dû être depuis le d
Ryse sentit son cœur se serrer. C’était trop. Trop de tendresse d’un coup après des années de violence. Trop de chaleur là où il n’y avait eu que froid. Elle se leva, lentement, et se couvrit de son peignoir. — Tu devrais partir, dit-elle doucement. Avant que je ne recommence à t’aimer. Nigel voulut protester. Mais elle lui lança un regard ferme, presque triste. —Laisse-moi respirer. Il hocha la tête. — Tu veux que je m’en aille pour toujours ? — Je veux… du temps. Pour savoir si mon cœur peut encore te supporter. Nigel se leva, sans mot. Il s’habilla lentement, en silence. Et avant de franchir la porte, il la regarda encore une fois. — J’attendrai. Même si c’est toute une vie. Ryse ne répondit pas. Elle resta seule, dans la chambre, un bras autour de son ventre. Et pour la première fois depuis longtemps, elle se permit un sourire. Infime. Brisé. Mais vrai. Lorsque Nigel poussa le portail de la maison familiale, le soleil était déjà haut dans le ciel. U
Arrivé à sa hauteur, il glissa doucement ses mains autour de sa taille, la tenant avec cette douceur qu’elle n’avait jamais reçue de lui autrefois. Il ne disait rien, mais son silence hurlait. Il se pencha, tout près, jusqu’à ce que ses lèvres frôlent la nuque de Ryse, juste là où la marque battait doucement sous sa peau. Un frisson la parcourut malgré elle.— Tu m’appartiens encore, murmura-t-il contre elle.Elle ferma les yeux. Elle aurait dû le repousser. Elle le savait. Elle aurait dû l’éloigner, lui rappeler tout ce qu’il avait détruit. Mais son corps avait une mémoire propre. Il connaissait la chaleur de Nigel. Il savait sa force, son odeur, sa voix. Et dans cette proximité, c’était comme si cinq années d’absence se dissolvaient.— Nigel… souffla-t-elle, la voix tremblante.— Laisse-moi, juste cette fois, Ryse…Elle ne répondit pas. Elle n’avait plus la force de mentir, ni à lui, ni à elle-même. Elle n’avait plus l’envie de fuir ce qu’elle ressentait encore, malgré le gouffre,
Nigel se tenait devant la porte du bureau depuis plusieurs minutes. Dès l’instant où il avait entendu la voix grave d’Edwin, il s’était instinctivement arrêté, ses poings serrés, son cœur battant avec rage et peur. Il n’aurait pas dû écouter. Mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Il avait besoin de savoir. Besoin d’entendre ce que Ryse disait à cet homme qui, visiblement, avait ce qu’il n’avait jamais su offrir : de la stabilité, de la douceur, de la constance.Et puis, il l’avait entendue.« Je suis une oméga encore marquée. »Ces mots l’avaient glacé. Mais ce n’était pas une peur mauvaise. C’était un choc d’espoir. Elle était encore marquée. Par lui. Par leur lien. Et malgré tout ce qu’elle prétendait, malgré toute sa haine, elle n’avait jamais pu vraiment se détacher de lui.Quand elle avait repoussé Edwin, quand elle avait dit qu’elle ne pouvait pas supporter un autre alpha que le sien, son cœur s’était enflammé. Il avait fermé les yeux, les lèvres tremblantes. Elle l’aimait encor
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