Chapitre 4 – L’Enlèvement

Ezra coupe le moteur devant son immeuble. L’atmosphère est lourde, électrique. Cassandra reste silencieuse, le regard rivé sur le bâtiment comme si elle hésitait à y entrer. Elle sait que passer cette porte signifie franchir un point de non-retour.

— On n’a pas le choix. Il sait déjà que je t’ai prise. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il agisse.

Elle inspire profondément, ses doigts crispés sur le tissu de son manteau. Puis, sans un mot, elle ouvre la portière et sort de la voiture. Ezra la suit de près, scrutant les alentours du coin de l’œil. L’immeuble est calme, mais il sait que ce n’est qu’une illusion.

Lorsqu’ils entrent dans l’appartement, une pénombre tamisée les enveloppe. Ezra referme la porte derrière eux et tourne les verrous. Il se tient immobile un instant, écoutant le silence. Pas de mouvement suspect. Pas de bruit inhabituel. Pourtant, il sait qu’ils ne sont pas en sécurité.

— Fais comme chez toi.

Cassandra ne répond pas. Elle reste figée près du canapé, les bras enroulés autour d’elle, et c’est seulement à cet instant qu’il perçoit à quel point elle est épuisée. Son corps tendu, son regard voilé par une fatigue qu’elle refuse d’admettre.

— Tu peux te reposer ici. Je vais gérer le reste.

Elle relève brusquement la tête.

— Gérer quoi, Ezra ? Il va venir. Il ne va pas lâcher l’affaire.

Il s’approche lentement, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’une poignée de centimètres entre eux.

— Il ne te touchera pas.

Cassandra lève les yeux vers lui, et il voit tout ce qui danse dans son regard : le doute, la peur, mais aussi une lueur de défi.

— Tu es prêt à le défier pour moi ?

Un sourire lent, presque provocateur, s’étire sur les lèvres d’Ezra.

— Je l’ai déjà fait.

Elle ne répond pas, mais il voit ses poings se serrer, son corps se raidir. Elle sait que ce n’est que le début.

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La nuit tombe sur la ville, et malgré la fatigue, Cassandra ne trouve pas le sommeil. Elle tourne en rond dans la chambre qu’il lui a laissée, ses pensées en désordre.

Il va venir.

Et elle ne sait pas ce qu’elle veut.

Être reprise par Adrien signifierait retourner dans une cage dorée. Mais rester ici, c’est plonger au cœur d’une guerre entre deux hommes qui ne reculeront devant rien.

Elle s’approche de la fenêtre, écartant légèrement le rideau du bout des doigts. Une voiture est garée en bas, ses phares éteints. Un frisson glacé lui remonte l’échine.

Ils sont déjà là.

Son souffle se bloque. Elle recule précipitamment et quitte la chambre. Dans le salon, Ezra est déjà debout, son téléphone vissé à l’oreille, une arme dans la main. Lorsqu’il croise son regard, il comprend immédiatement.

L’attaque commence.

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L’air nocturne est tranchant contre sa peau brûlante. Cassandra respire avec difficulté, son cœur battant à tout rompre. La voiture file à toute vitesse à travers les rues de la ville, engloutissant l’obscurité. Elle ne sait pas si ce qu’elle ressent est du soulagement ou une terreur sourde.

— Tu es folle, tu le sais ?

Ezra ne la regarde même pas. Ses mains sont crispées sur le volant, ses yeux fixés sur la route, une tension brute émanant de tout son être.

— Il allait me forcer à l’épouser. Tu voulais que je fasse quoi ?

Il serre la mâchoire.

— Je sais.

Le silence s’installe, seulement troublé par le rugissement du moteur.

— Où est-ce qu’on va ?

— Chez moi.

Son cœur rate un battement.

— Non. Il va venir me chercher. Il va envoyer ses hommes.

Un sourire sans joie étire les lèvres d’Ezra.

— Je compte sur lui pour essayer.

Il accélère encore, et c’est à cet instant que Cassandra comprend. Il ne l’a pas seulement prise pour la protéger. Il l’a prise pour provoquer Adrien.

Une guerre vient de commencer.

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Dans l’ombre d’un bureau luxueux, Adrien fixe l’écran de son téléphone, la mâchoire verrouillée.

— Je veux que toutes les issues de la ville soient surveillées. Pas une voiture ne sort sans être fouillée.

— Compris, patron.

Il raccroche et relève les yeux vers Victor Morel, qui l’observe en silence, une expression indéchiffrable peinte sur ses traits.

— Il l’a prise.

Victor croise les mains devant lui, imperturbable.

— Je t’avais prévenu qu’il poserait problème.

— Ce n’est pas un problème.

Sa voix est froide, tranchante comme une lame.

— C’est une erreur. Et Ezra va payer pour ça.

Victor incline lentement la tête.

— Ne perds pas de vue l’essentiel, Adrien. Ce n’est pas une simple femme. C’est un symbole. Si tu la laisses filer, si tu perds la main sur cette situation, c’est ta crédibilité qui s’effondre.

Adrien ferme les yeux un instant, inspire profondément. Il sait. Il n’a pas le droit à l’échec.

— Je vais la récupérer.

Victor se lève, son regard perçant.

— Fais vite. Chaque heure qui passe, elle s’éloigne de toi. Et plus elle reste avec lui…

Il n’a pas besoin de finir sa phrase. Adrien sait exactement ce qu’il veut dire.

Il se tourne vers l’homme posté près de la porte.

— Prépare une équipe. On frappe ce soir.