Les flammes du désir

Cassandra

Le parfum des roses blanches embaume la pièce, trop entêtant, trop oppressant. Je me tiens devant le miroir, figée dans cette robe ivoire que je n’ai pas choisie, dans cette vie que d’autres ont tracée pour moi.

Aujourd’hui, je deviens la fiancée d’Adrien Morel, l’héritier d’un empire qui ne laisse aucune place au hasard. Son père et le mien ont signé cet accord avant même ma naissance. Ce n’est pas un mariage, c’est une alliance, une prison tissée d’or et de promesses de pouvoir.

On frappe à la porte. Noah, mon ami d’enfance, entre sans attendre. Il est le seul à oser, le seul à se souvenir que j’étais libre, avant.

« Cassandra, tu peux encore dire non. »

Sa voix est basse, urgente. Il y a cette inquiétude dans ses yeux noisette, cette ombre de douleur qu’il ne cache plus.

« Tu sais que ce n’est pas vrai. »

Je détourne les yeux. Adrien est un homme puissant, redouté. Refuser, c’est déclencher une guerre. Et je n’ai pas le droit de décider.

« Alors fuis avec moi. »

Un frisson glisse le long de ma colonne. Noah est mon seul repère dans ce monde froid. Mais il n’a pas le pouvoir d’arrêter la tempête qui approche.

Avant que je puisse répondre, une autre présence envahit la pièce. Adrien est là. Grand, imposant, vêtu d’un costume sombre qui souligne l’autorité gravée en lui. Son regard bleu acier accroche le mien, impénétrable.

« Je vois que nous avons un problème. »

Le silence pèse. Noah se raidit, prêt à se battre, mais c’est moi qu’Adrien fixe. Il attend. Une réponse. Une soumission.

Mon cœur tambourine. Trois choix s’offrent à moi : fuir avec Noah, affronter Adrien, ou plier sous le poids du destin.

Et dans l’ombre du couloir, un autre regard m’observe. Ezra, le frère d’Adrien. Celui qui ne devrait pas me regarder ainsi. Celui qui cache un feu que personne ne soupçonne.

Le jeu vient de commencer.

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Le silence entre nous est un champ de bataille. Adrien ne détourne pas les yeux, et moi non plus. Je refuse d’être la femme soumise qu’il attend. Pourtant, je le sais, il suffit d’un mot de travers pour que tout bascule.

Noah reste figé, le poing crispé, prêt à exploser. Je sens sa colère vibrer dans l’air, sa haine pour Adrien qu’il ne tente même plus de cacher.

« Sors d’ici, Noah. »

La voix d’Adrien claque, tranchante comme une lame. Ce n’est pas une demande, c’est un ordre. Noah ne bouge pas. Je vois sa mâchoire se contracter, l’hésitation brûler dans ses yeux.

« Cassandra n’a pas besoin que tu lui dises quoi faire. »

« Et toi, tu crois que tu es en position de décider pour elle ? » Adrien s’avance d’un pas, le regard froid, l’assurance d’un homme qui sait qu’il domine. « Ce mariage est scellé depuis longtemps. Tu n’es qu’un gamin qui rêve d’un passé révolu. »

La tension est insoutenable. Je dois intervenir avant que la situation ne dégénère.

« Noah, s’il te plaît. »

Il serre les dents, lutte contre l’envie de me désobéir. Mais au bout d’un instant, il capitule. D’un regard assassin lancé à Adrien, il tourne les talons et quitte la pièce, claquant la porte derrière lui.

Le silence revient, plus oppressant encore. Adrien ne me quitte pas des yeux. Je devrais avoir peur, je le sais. Mais ce que je ressens, c’est autre chose. Une colère sourde, un feu qui me consume.

« Je ne suis pas une chose que tu possèdes, Adrien. »

Il esquisse un sourire, un de ceux qui n’annoncent rien de bon.

« Non. Tu es bien plus que ça. »

Il s’approche lentement, chaque pas résonne comme un avertissement. Il lève une main, effleure une mèche de mes cheveux, puis glisse ses doigts sous mon menton pour forcer mon regard à rester accroché au sien.

« Tu es ma future femme. »

Un frisson me parcourt, mélange de rage et de trouble. Je devrais le repousser, crier, lui dire que jamais je ne serai à lui. Mais au fond, je sais qu’il a raison sur un point : je suis piégée.

« Si tu veux jouer à ça… » Je murmure, la gorge nouée. « Alors sache que je ne me laisserai pas dompter. »

Il sourit, et cette fois, c’est un avertissement.

« J’aime les défis, Cassandra. Ne me déçois pas. »

Il se détourne et quitte la pièce comme si la conversation était terminée, me laissant seule avec mon cœur battant trop fort et cette certitude glaçante : ce n’est que le début.

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Le soir tombe sur le domaine Morel. Le manoir est un chef-d’œuvre d’opulence, un palais de verre et d’acier où le pouvoir se dissimule sous des dorures. Le dîner est un spectacle où chacun joue son rôle.

Adrien est à ma droite, impassible, un verre de vin à la main. Son père, Victor Morel, trône en bout de table, scrutant les moindres détails comme un roi surveillant son royaume. Sa mère, une femme aux yeux perçants, m’observe avec une attention dérangeante.

Et puis il y a lui. Ezra.