Je finis par m'endormir, juste pour tomber dans un nouveau rêve, ou peut-être plus un cauchemar. J'étais dans une sorte de forêt. Tout y était si sombre que l'ambiance était presque suffocante. Je ne savais pas où j'allais, je marchais juste tout droit. De toute façon, il faisait trop noir pour savoir où j'étais, et encore moins où j'allais.
Au bout de quelques minutes à marcher sans but, j'arrive dans une clairière. Bizarrement, elle est parsemée de fleurs rouges, et ces fleurs semblent éclairer l'endroit. Pour une raison inconnue, je m'arrête net au milieu de cette clairière. C'est comme si je ne contrôlais pas mon propre corps. Une lumière rouge apparaît d'un coup devant moi. Plus elle s'approche, plus je remarque que ce n'est pas une simple lumière : ce sont des yeux.
Ils se rapprochent lentement de moi. Les yeux qui hantent mes rêves ces dernières nuits. Mais cette fois-ci, c'est différent : les yeux appartiennent à une silhouette. Et à chaque pas, ses traits se dévoilent devant moi.
Les traits d'un homme grand, aux cheveux noirs couleur corbeau, un visage fin et élégant digne des plus grands acteurs, des yeux rouge cramoisi portant une lueur. Il était vêtu entièrement de noir. Une fois à ma hauteur, il s'arrête. Il est si près que je sens la chaleur s'échapper de son corps.
Bizarrement, ses yeux semblent moins angoissants maintenant qu'ils ont un visage. L'homme lève la main lentement, comme si j'étais un petit animal apeuré et qu'il ne voulait pas m'effrayer davantage.
"Qui es-tu?" demandai-je, reprenant peu à peu le contrôle de mon corps.
L'homme pose sa main délicatement sur ma joue, l'effleurant à peine. Comme s'il avait peur que je me casse.
"Je ne peux pas encore te le dire, et puis tu n'es pas prête à l'entendre de toute façon", me répond-il en retirant sa main de ma joue.
Pour une raison inconnue, le contact me manque immédiatement. Sa main était tellement chaude contre ma joue.
"Pas prête? Comment pourrais-tu le savoir si tu ne me réponds pas?" Dis-je, me retenant de prendre sa main pour la reposer sur ma joue. "Je sais encaisser bien plus que ce que tu crois."
Il ricane. "Je te crois, ma douce." Sa voix grave, en me donnant un surnom, me fait frissonner. "Mais même moi, j'ai des règles à suivre. Ne t'en fais pas, tu auras toutes tes réponses très bientôt."
"En attendant, je t'offre ceci." Dit-il en se penchant vers moi, embrassant mon front, caressant ma joue du revers de sa main une dernière fois.
"Qu'est-ce que..." Avant que j'aie le temps de finir ma phrase, je me sens tomber en arrière.
Je me réveille en sursaut. Je prends quelques minutes pour reprendre mes esprits. "Qu'est-ce qui vient de se passer?" marmonnai-je. Je regarde sur ma gauche, voyant qu'il est à peine six heures, mais sachant déjà que je n'arriverais pas à me rendormir. Je décide de me lever et d'aller prendre ma douche.
Quand je me déshabille, je remarque une nouvelle marque sur mon corps. Elle est juste au-dessus de mon cœur. C'est à nouveau un croissant de lune, un peu comme le symbole sur ma main hier quand j'ai touché ce livre. Mais ce symbole-là semble presque incomplet. Et hier, il était lumineux et a disparu au bout de quelques secondes, mais là, il est noir et complètement immobile.
Beaucoup trop de bizarreries ces derniers jours. Je prends juste une douche rapide et, en sortant pour m'habiller, je remarque que la marque n'a pas bougé d'un poil. "Génial", je soupire, finissant ce que j'avais à faire dans la salle de bain.
Puis je descends pour préparer le petit déjeuner. Je prends le temps de préparer des pancakes. Vic n'allait sûrement pas se réveiller d'aussi tôt. Il n'est même pas encore 7 heures. En plus, on est un dimanche au beau milieu des vacances d'été.
Une fois terminée, je prépare deux assiettes. Je mets celle de Vic dans le micro-ondes. Je mange mes pancakes, des questions plein la tête. Je pense qu'il est temps que je trouve des réponses. Une fois que j'eus fini, je mis mon assiette dans l'évier. Je montai me laver les dents.
Quand j'arrive à la salle de bains qui est juste à côté de la chambre de Victoria, je la vois sortir de sa chambre. "Petit-déjeuner dans le micro-ondes", dis-je, passant devant elle vers la salle de bains.
"Merci", marmonna-t-elle, encore à moitié endormie, en descendant les escaliers. Je me brosse les dents, puis je monte encore un étage pour aller dans ma chambre, là où j'avais laissé mon grimoire.
La couverture lisait 'Grimoire du Porteur d'Ombre'. J'ouvris le grimoire d'une main tremblante. Sa couverture semblait plus lourde qu'hier. La première page est celle qui s'était ouverte après mon rêve il y a deux jours de cela. Seulement cette fois-ci, je la regarde vraiment.
Un symbole noir, mouvant. Une forme étrange, entrelacée, qui semble respirer sous mes yeux. J'avais l'impression qu'il m'observait, qu'il s'imprimait directement dans mon esprit. Juste en dessous, une phrase s'étirait dans une écriture élégante, parfaitement lisible :
C'est en regardant l'ombre sans fuir qu'on apprend à dompter ce qu'elle murmure.
À la suite, une ligne, en plus petit, indiquait :
— Initiation : Niveau 1, Lien d'Acceptation établi.
Un frisson me parcourut. Ces mots n'étaient pas seulement une phrase symbolique. C'était comme une étape, une vérité imposée. Comme si j'avais passé une sorte d'étape sans même m'en rendre compte.
Mon regard fut attiré par une lueur sur ma main droite. Le symbole était revenu. Je pris le temps de vraiment l'analyser. Le croissant de lune était dessiné par des symboles celtiques entrelacés. Il était bleu foncé, comme un ciel de nuit.
Je détournai le regard, voulant continuer à lire mon grimoire. Je tourne la page. La même écriture se trouve sur la page.
Règle de niveau 1.
L'ombre répond toujours à l'appel, mais jamais sans prix.
Elle ne se plie pas : elle s'accorde.
Celui qui cherche à s'en servir sans l'accepter verra son propre reflet se dresser contre lui.
Ne crains pas ce qui se cache dans l'obscurité, car ce que tu refuses, elle l'amplifiera.
Mais si tu tends la main, elle t'enveloppera et deviendra ta force.
Le lien d'acceptation t'accorde un premier don :
→ L'Ombre Protectrice.
Elle surgira pour te défendre lorsque ton cœur refusera de céder à la peur.
Mais souviens-toi : plus grande est la peur, plus vaste est l'ombre qu'elle nourrit.
Je lis la page. "Ok, j'ai encore plus de questions qu'avant. Génial." En plus, en voulant continuer à lire, l'écriture devient illisible. "Franchement, fantastique. Bon, au moins, on parle d'une ombre protectrice. Je suppose que ça pourrait être pire."
J'allais relire ce passage encore une fois, quand j'ai entendu crier dans les escaliers. "KATE, EMMA EST LÀ!", cria Vic depuis le rez-de-chaussée.
Je referme le grimoire et le mets sur ma commode, me préparant à descendre.
.....
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Mardi:Ce matin-là commençait de manière ordinaire. La lumière du soleil matinale se frayait un chemin à travers les rideaux, et l'odeur du café fraîchement préparé par Vic était omniprésente dans la cuisine. Emma était déjà à table, tartinant du pain avec de la confiture."Bon, sérieux, tu veux du pain avec ta confiture ou c’est le contraire?" dis-je, amusée.Elle haussait les épaules. "On est en vacances, il faut en profiter."Vic leva les yeux au ciel en déposant les tasses fumantes sur la table.Alors que j’approchai ma main de la table pour prendre le sucre, mon symbole, le croissant de lune, réapparut tout à coup, l’espace d’un instant. J’enlevai ma main rapidement, priant pour qu’Emma n’ait rien vu.Mais elle plissa les sourcils. "Vous avez vu ça?" demanda-t-elle, les yeux rivés à la table."Vu quoi?" répondis-je, un peu trop vite sans doute.
On passa une bonne journée toutes les trois. Je ne dis rien à Victoria pour la dispute avec maman. Ça ne sert à rien de toute façon, puis Rose a accepté de m'aider pour payer les courses de cette semaine. Le soir, on décida de regarder un film. On s'est installées sur le canapé, Victoria au milieu, Emma d'un côté et moi de l'autre. Le film était un drame romantique.Soudain, le film s'est mis à saccader. Les images se sont figées, le son a disparu, et l'écran est devenu gris. "Le film est tellement ennuyeux qu'il a cassé la télé ?" lança Emma, en riant."Ha ha, très drôle," répondit Victoria, sarcastiquement. On a essayé d'éteindre et de rallumer, de débrancher, mais rien à faire. La télévision est restée éteinte."Peut-être qu'il est temps d'aller dormir," ai-je
PDV de VictoriaJe me suis réveillée avec la sensation d'un doux sable chaud sous mes pieds. C'était l'aube, et le soleil qui se levait inondait la plage d'une lueur dorée. Un homme était assis devant moi, le dos tourné, regardant l'horizon. Ses épaules larges et la façon dont ses cheveux blonds, illuminés par le soleil, tombaient sur sa nuque me donnaient un sentiment de sécurité et de paix. Je me suis avancée, mon cœur battant doucement, comme le bruit des vagues. Quand il s'est tourné, il a souri. Il avait des yeux d'un bleu clair et un sourire rassurant."On se revoit," a-t-il dit."On se connaît?" ai-je demandé, surprise."Pas encore. Mais on se connaîtra. Notre lien est en train de se
Je finis par m'endormir, juste pour tomber dans un nouveau rêve, ou peut-être plus un cauchemar. J'étais dans une sorte de forêt. Tout y était si sombre que l'ambiance était presque suffocante. Je ne savais pas où j'allais, je marchais juste tout droit. De toute façon, il faisait trop noir pour savoir où j'étais, et encore moins où j'allais.Au bout de quelques minutes à marcher sans but, j'arrive dans une clairière. Bizarrement, elle est parsemée de fleurs rouges, et ces fleurs semblent éclairer l'endroit. Pour une raison inconnue, je m'arrête net au milieu de cette clairière. C'est comme si je ne contrôlais pas mon propre corps. Une lumière rouge apparaît d'un coup devant moi. Plus elle s'approche, plus je remarque que ce n'est pas une simple lumière : ce sont des yeux.Ils se rapprochent lentement de moi. Les yeux q
La maison semblait plus calme depuis quelques jours. Un calme trompeur. Le silence s'était installé partout, si épais qu'il me donnait l'impression d'être prisonnière d'une bulle étouffante. Même Victoria, d'ordinaire rassurante, parlait moins. Comme si elle craignait que ses mots suffisent à réveiller ce que nous tentions d'oublier.Mais il y avait une vérité à laquelle je ne pouvais plus échapper : nous n'avions pas rêvé. Pas inventé. Pas exagéré. Quelque chose vivait ici, et nous en faisions désormais partie.Cet après-midi-là, nous allions monter au grenier pour ranger le troisième grimoire. Ni elle ni moi n'osions le laisser traîner. Ce livre avait une présence trop forte, trop lourde, pour qu'on le considère comme un simple objet."On le cache dans la viell
L'odeur du café flottait dans la cuisine, mêlée à celle du pain grillé. Victoria était déjà installée à la table, les cheveux en bataille, emmitouflée dans une couverture trop grande. Elle tournait doucement sa cuillère dans sa tasse, l'air ailleurs. Je suis entrée quelques instants plus tard, encore en pyjama, les yeux mi-clos."C'est quoi ce silence ? T'as tué la cafetière ou tu médites sur l'existence ?""Je réfléchis," répondit Vic en haussant à peine les épaules. "C'est pas interdit."J'ai esquissé un sourire en coin et me suis installée en face d'elle. Notre mère était partie la veille chez mon frère aîné pour la semaine. Elle avait dit vouloir "aider un peu avec les enfants". Une excuse simple, mais qui nous donnait l'espace dont nous avions besoin."Tu penses à tout ce bazar ? Les bruits, les rêves ?""Ouais. Et aussi au fait qu'on ne peut pas juste être normales deux secondes. J'ai envie d'un jour sans fantômes. Tu crois que c'est trop demander ?"J'ai ri doucement. "Viens, o