Les liens des sœur

Laissez-moi d'abord me présenter. 

Je m'appelle Kate Delcour, j'ai 17 ans. Mes cheveux bruns tombent en longues vagues, et mes yeux sont d'un bleu-gris indécis. Née en Angleterre, j'ai déménagé en France avec ma famille quand j'avais 10 ans. J'ai trois sœurs et un frère. Depuis le divorce de nos parents, quand j'avais 13 ans, je vis à la campagne avec ma mère et ma plus jeune sœur, Victoria.

Mon histoire a commencé un jour qui, en apparence, aurait dû être tout à fait banal.

Il y a un mois que je travaille dans un petit salon de coiffure non loin de la maison. J'aimais bien mon travail étudiant. Je m'y sentais bien. Il va fermer pour le reste des vacances, et c'est ce soir que mon job prend fin.

Ce soir, Victoria et moi allons faire quelque chose de très dangereux. Mais pour que vous compreniez, je dois vous expliquer ce qui se passe depuis qu'on a emménagé ici.

Dans cette maison, des choses étranges se produisent. Des objets disparaissent, puis réapparaissent des mois plus tard, comme par magie. On entend des pas lourds sur le parquet vide, alors que personne ne bouge. Plus étrange encore, il arrive qu'une mélodie de guitare flotte dans ma chambre, même quand elle est vide.

Petit à petit, Victoria et moi avons appris à reconnaître certaines présences.

Il y a d'abord l'esprit d'une vieille dame, coincée dans la cave. On pense que c'est parce que c'est la seule pièce de la maison qui n'a jamais été rénovée. Ensuite, il y a deux jeunes filles qui se promènent dans la maison. On ne les sent jamais ensemble, alors on suppose qu'elles sont deux. Enfin, il y a lui. Un homme. Il terrifie Victoria. C'est à cause de lui qu'elle a déplacé sa chambre au premier étage.

Vous vous demandez sûrement : "Comment est-ce que vous savez tout ça ?"

C'est parce que Vic les voit. Elle dit que ce sont comme des flashs, des apparitions brèves, mais intenses. Et plus le temps passe, plus les visions sont nombreuses et menaçantes.

La peur a peu à peu envahi notre maison.

Victoria a commencé à faire des recherches. Elle a découvert qu'il y aurait eu un meurtre ici. Mais impossible de trouver des preuves sur Internet ni dans les archives locales.

Alors on a pris une décision.

C'est peut-être stupide, peut-être dangereux, mais on a besoin de réponses. On veut comprendre qui hante cette maison et pourquoi.

Ce soir, nous allons faire une séance de spiritisme.

Un ouija.

⚠️ Avertissement important : Le ouija n'est pas un jeu. Il doit être utilisé avec précaution. Si vous avez des questions ou si vous pensez en utiliser un, n'hésitez pas à m'écrire. Mais n'oubliez jamais : le surnaturel n'est pas un jouet. ⚠️

Quand je rentre du travail, la planche ouija est déjà là.

Il est 22 heures. Nous avons allumé quelques bougies autour de la table. Nous sommes seules, Vic et moi. Le silence qui règne dans la pièce est lourd, palpable.

Nous posons nos doigts sur la goutte.

"Esprits présents dans cette maison, si vous êtes là, joignez-vous à nous." chuchote Victoria.

Rien. Le silence est absolu.

Puis, la goutte bouge.

Victoria et moi échangeons un regard. Surprise. Un peu de soulagement de se dire que tout ce qu'on a vécu n'était pas que dans notre tête. Mais surtout, une terreur grandissante.

"Quel est ton prénom ?" demande ma sœur. La goutte glisse lentement, formant un mot.

A-N-N-A-B-E-L-L-E

"Tu t'appelles Annabelle ?" demandai-je, ma voix tremblante.

La goutte se pose sur le OUI.

C'est là que tout a commencé. Je sens une présence. Une vague de froid traverse la pièce, et mes poils se hérissent sur mes bras.

Dans le coin de mon œil, près de la porte de la cave, une silhouette apparaît. C'est une femme, vêtue d'une longue robe sombre. Elle semble figée dans le temps, ses yeux vides fixés sur nous.

Je vois Victoria se figer à côté de moi, son regard se perdant dans le vide. Puis, d'une voix calme qui ne va pas avec sa pâleur, elle dit : "Vous êtes là parce que vous avez besoin d'aide, n'est-ce pas ?"

La goutte répond : OUI.

L'ombre se place alors juste à gauche de ma sœur. Un frisson me parcourt.

"Je la comprends," murmure Victoria. "Elle ne parle pas, mais c'est comme si j'entendais sa voix dans ma tête." Soudain, l'ombre pose sa main sur l'épaule de ma sœur. Victoria écarquille les yeux, un souffle d'étonnement s'échappe de ses lèvres.

"Je la vois maintenant. Elle s'appelle Annabelle. Elle est morte à 93 ans. C'était l'ancienne propriétaire de cette maison. Elle l'a laissée à sa petite-fille, qui a été tuée. Annabelle est restée coincée ici tant que sa petite-fille ne sera pas en paix."

"Attends, tu es en train de dire que tu entends l'esprit dans ta tête ?" Je suis stupéfaite.

"Oui. Dès qu'elle m'a touchée, j'ai su. Je ne peux pas l'expliquer. Mais je sais une chose : Annabelle n'est pas seule ici."

"Alors, combien sont-ils ?"

"Je ne sais pas. Mais il n'y a pas que des bons esprits ici." murmure-t-elle, son regard balayant la pièce. Je me tourne vers le ouija.

"Annabelle, combien d'esprits sont présents dans la maison ?"

La goutte indique : 4

"Ce n'est pas possible," dit Victoria, la voix plus forte. "J'en vois au moins cinq." Elle se tait, fixant un point à sa droite.

"Alors, qui est cette personne à ta droite ? Et qui est derrière moi ? Je sens ce froid, je n'arrive même pas à me retourner." La panique commence à s'installer dans sa voix. Elle s'interrompt brusquement, ses yeux fixés sur un point.

De mon côté, je sens aussi une présence dans mon dos. Un poids lourd sur mes épaules, impossible de bouger. Comme si quelque chose m'écrasait, m'empêchant de respirer.

"La personne à ma droite," dit-elle lentement, sa voix un filet d'air, "c'est Jésus. Et derrière toi, Kate... c'est le Diable."

Je la regarde, abasourdie, mon cœur manquant un battement.

"Quoi ? Toi, tu es entourée de Dieu et de gentils fantômes et moi, j'ai le Diable à mes trousses ? C'est toi qui perds la tête !"

Mais je n'ai pas le temps de finir ma phrase. La présence dans mon dos devient plus forte. Ma tête se baisse toute seule, je ne contrôle plus rien. Je sens Victoria baisser la sienne aussi.

"Il faut que ça cesse," dit-elle, la voix pleine de détermination. "Anna, vous devez partir. Votre petite-fille vous suivra, je vous le promets."

"Tu comptes faire comment ? On n'est pas dans une série N*****x ! Il ne suffit pas de dire 'suis la lumière' pour qu'elle parte."

"Je sais," répond-elle. "Je ne sais pas comment, mais je sens que je dois le faire. Anna, êtes-vous prête ?"

OUI.

"Alors prenez la main que Jésus vous tend, et suivez-le vers la porte du paradis."

Je reste silencieuse, mes yeux fixés sur Victoria. Deux ombres surgissent du couloir et se placent à côté de ma sœur.

"Vous êtes Julie et Marie ?" demande-t-elle.

OUI.

"Vous avez été tuées ici ?"

OUI.

⚠️ AVERTISSEMENT : La scène qui suit peut choquer les lecteurs sensibles. Elle décrit un meurtre violent.

Une des ombres s'approche de Victoria et lui touche l'épaule. Ma sœur se fige. Une larme coule sur sa joue. Elle se dégage lentement.

"Julie... elle m'a montré ce qui s'est passé," dit-elle, sa voix tremblante. "C'était leur voisin. Il est venu, prétextant qu'elles faisaient trop de bruit. Puis il a frappé Julie à la tête. Quand elle s'est réveillée, elles étaient enchaînées dans la cave. Il criait, un couteau à la main."

Victoria se met à pleurer en racontant ce que l'esprit lui a montré.

"Marie a tenté de le frapper, il est tombé. Elle a réussi à prendre les clés, mais il s'est relevé. Il l'a poignardée encore et encore. Puis il s'est tourné vers Julie. Elle a reçu vingt-trois coups de couteau avant de perdre connaissance." Elle se tait un instant, son regard vide. "Ensuite, il est monté au deuxième étage et il s'est tranché la gorge. Dans ta chambre." murmure-t-elle en me regardant, un frisson la parcourant.

⚠️ Fin de la scène violente.

"Elles avaient juste besoin qu'on connaisse la vérité pour pouvoir partir," souffle Victoria, essuyant ses larmes.

"Tu vas bien ?" demandai-je, ma propre voix étranglée.

"Oui, ça ira."

"Julie, Marie, êtes-vous prêtes ?"

OUI.

"Alors, prenez les mains que Jésus vous tend et partez en paix." Les deux ombres disparaissent.

"Il ne reste que l'âme du meurtrier," dis-je, sentant un poids quitter mes épaules.

Victoria hoche la tête.

"Mais ce n'est pas Dieu qui viendra le chercher," ajoute-t-elle d'un ton sombre. "On peut continuer demain ? J'ai besoin de souffler. Il est encore là. Je le sens." dit-elle, des larmes coulant de nouveau.

"D'accord. On arrête là."

"Au revoir," dis-je à voix haute. La goutte glisse une dernière fois vers AU REVOIR.

C'est terminé. Pour ce soir. Je ne sens plus rien derrière moi. Nous rangeons la planche, éteignons les bougies. Et cette nuit-là, je ne dormirai pas dans ma chambre.

.....

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