C’était une belle journée de printemps. Le soleil brillait haut dans le ciel, une douce brise faisait danser les branches des arbres dans la forêt communale de Valmont. Les élèves de seconde du lycée professionnel d’Ombrepins étaient réunis pour une sortie scolaire. Au programme : randonnée, pique-nique et course d’orientation. Quelle meilleure façon de célébrer la fin de l'année scolaire, et l’imminence des grandes vacances d’été ? L’excitation était à son comble, et les rires des adolescents résonnaient à travers les sous-bois.
Alba se tenait légèrement à l’écart des groupes animés. Elle avait toujours aimé la nature, et les promenades en forêt. Son frère, un chasseur aguerri de quinze ans son aîné, lui avait appris à se repérer dans la nature et à en apprécier la beauté. Les cartes et les boussoles n’avaient pas de secrets pour elle, et elle espérait bien dénicher les balises avant les autres. C’était une compétition amicale, mais pour Alba, c’était aussi l’occasion de briller.
« Allez, Alba, viens avec nous ! » l’interpella une de ses camarades, mais elle s’éloigna en souriant, déterminée à prendre de l’avance. Elle observa sa carte : la première balise passait par une zone humide au bord d’un ruisseau, un endroit qu’elle avait déjà exploré avec son frère. L’endroit était escarpé, mais sa connaissance du terrain lui donnerait certainement l’avantage.
En s’enfonçant dans la forêt, elle se sentit revigorée. Le chant des oiseaux et le murmure de l’eau créaient une mélodie apaisante. Elle avança avec assurance, ses chaussures de randonnée crissant sur le sol humide. Du haut de ses quinze ans, Alba se sentait prête à relever tous les défis. Elle voulait gagner cette course d'orientation, et sans l'aide de personne !
Alors qu’elle longeait le ruisseau, le terrain devint plus difficile. Évoluant péniblement dans une zone rocailleuse et pentue, elle enjamba des rochers, les pierres humides glissant sous ses pas. Elle se concentra sur sa carte, cherchant à repérer l’emplacement exact de la balise, lorsqu'une pierre roula sous sa chaussure, lui faisant perdre l’équilibre. Ses bras battirent l’air dans une tentative désespérée de se rattraper, mais elle bascula sur le côté, sa tête heurtant violemment le rocher qu'elle s'apprêtait à contourner.
En un instant, ce fut le noir total.
Alba reprit connaissance un moment plus tard, prise de vertiges douloureux. Elle cligna des yeux, essayant de se concentrer sur son environnement. La lumière du jour lui semblait trop vive, et sa vue se brouillait par intermittence. Elle était allongée sur le sol, une sensation de froid s'insinuant dans ses veines. Son souffle était court, et elle pouvait sentir son cœur battre à toute vitesse dans sa poitrine.
« Qu’est-ce qui s’est passé ? » se demanda-t-elle, mais la réponse lui échappait. Elle avait soif, une soif intense, comme si elle était déshydratée, ce qui n’avait pas de sens, puisqu’elle avait bu régulièrement grâce à la gourde qu’elle avait emportée dans son sac. Elle tenta de se lever, mais son corps refusait de bouger. Une fatigue écrasante l’envahit, et elle se sentit sombrer à nouveau.
Alors que ses paupières se faisaient lourdes, elle aperçut une silhouette venant dans sa direction. Rassurée, elle pensa qu’elle était sauvée, qu’on allait la trouver et la secourir. Elle prit vaguement conscience d’être allongée dans une substance tiède et visqueuse. « Du sang ! » pensa-t-elle, une peur sourde s’insinuant dans ses veines avant qu’elle ne perde à nouveau connaissance.
Gabriel referma la porte derrière lui dans un silence pesant. Son regard croisa celui de Béatrice, puis de Jacques, avant de se poser sur Émilie, qui tripotait encore son fichu collier d’un air complètement absent. Son cœur se serra en repensant à la jeune femme passionnée qu’elle était à son arrivée à Sombreval : son enthousiasme, sa détermination et même ses colères légendaires lui manquaient. Elle semblait éteinte, déconnectée de la réalité, depuis qu’elle portait le bijou sans jamais le retirer.— Quelque chose ne va pas ? demanda Béatrice sans détour en voyant le visage grave de l’Alpha.Gabriel hocha la tête, la m&aci
La forêt était baignée d’une lueur blafarde, les rayons de la lune s’accrochant aux branches nues des arbres, projetant des ombres mouvantes sur le sol gelé. Alba et Lucas se fondaient dans le paysage, deux silhouettes furtives aux yeux brillants, évoluant en silence sous leur forme de loups. La morsure du froid n’avait aucune prise sur eux ; ils n’étaient que souffle et muscles tendus, à l’affût du moindre mouvement, du moindre son anormal dans l’épaisse nuit hivernale.C’était Lucas qui avait suggéré cette promenade nocturne. Depuis quelques jours, il ressentait une nervosité grandissante, une impression diffuse d’être observé lorsqu’il travaillait sur le domaine. Alba, toujours prompte à suivre son frère de cœur, avait accepté sans hésiter. Elle aussi avait perçu cette sensation étrange, ce frisson d’alerte qui courait sous sa peau sans raison apparente. Ce soir, ils voulaient en avoir le cœur net.Il
Un vrai matin d'hiver s'éveillait sur les terres enneigées du domaine, et le froid mordant s’infiltrait jusque dans les os. En temps normal, Émilie serait restée bien au chaud, pelotonnée au coin du feu avec un bon livre et un café bien chaud. Elle n’aurait pas dû mettre le nez dehors par un temps pareil, mais une impulsion inexplicable l’avait poussée à quitter la maison. Un vent glacial faisait voler ses cheveux autour de son visage rougi par la bise, mais elle n'avait pas froid.Elle marchait lentement à travers la cour, sans vraiment prêter attention à son environnement. Ses pensées étaient accaparées par une sensation nouvelle, une pulsation étrange qui émanait du collier contre sa peau. Ce n’était pas douloureux, ni même désagréable, mais cela la
L'hiver avait pris ses quartiers à Sombreval. La neige recouvrait les toits et les sentiers, assourdissant les bruits du quotidien. Le vent sifflait entre les branches nues, et le domaine semblait figé dans une torpeur hivernale. Pourtant, la vie continuait, lentement, avec cette étrange sensation de flottement laissée par le départ de Jacques.Il ne leur manquait pas vraiment. Ses sarcasmes agaçants ne résonnaient plus dans le salon, et son air condescendant ne venait plus troubler les discussions. Mais son absence créait tout de même un vide, une sensation étrange de déséquilibre. Après tout, il faisait partie du paysage ces derniers temps. Gabriel avait fait une remarque laconique sur le calme revenu, et Pierre s'était contenté d'un haussement d'épaules. Béatrice, elle, n'avait rien dit. Peut-être que l'absence de son fr&
Le lendemain matin, la bonne humeur était revenue dans la pièce à vivre de Sombreval, autour de l’imposante cheminée, tandis que Lucas racontait à Alaric et Alba les événements de la nuit précédente avec son enthousiasme communicatif.«Pourquoi Flash Girl?» demanda Alba à Jacques avec des yeux rieurs, lorsqu’il eut terminé son récit. Toute trace d’animosité entre eux avait disparu.«Au départ, c’était une version super-héro de La Fille à l’Appareil Photo, ce qui était ironique, dans la mesure où elle était la seule à ne pas avoir de supers-pouvoirs!&
La nuit était tombée sur la forêt, enveloppant les arbres d’une obscurité épaisse. Gabriel, Jacques et Béatrice se tenaient côte à côte en bordure de la clairière. Face à eux se tenait le vieux chêne aux amoureux, ses branches tordues s’élevant vers le ciel étoilé, tel un témoin silencieux de l’affrontement à venir. Pierre et Lucas, dissimulés dans le sous-bois sous leur forme de loup, attendaient patiemment, les sens aux aguets. L’air se chargea de tension lorsque le vent apporta avec lui un parfum d’encens et d’herbes aromatiques, mêlé à une odeur qu’ils reconnurent tous: Émilie!«On a un problème…» murmura Gabriel, les mâchoires serrées, une lueur mordoré s’allumant au fond de ses yeux bleus. Les autres acquiescèrent, leurs muscles tendus, prêts à intervenir.Au centre de la clairière éclairée par la