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Chapitre 55 – Le feu sous les silences

Penulis: L'invincible
last update Terakhir Diperbarui: 2025-06-20 21:32:38

LÉA

Il est 10h47 quand je me lève.

Ma chemise ne colle pas à ma peau, mais j’ai la sensation d’être encore prise dans une armure trop ajustée. Chaque mouvement est étudié, pesé, mesuré.

Je sais qu’ils m’observent. Même sans tourner la tête, même sans les affronter directement, je le sens.

L’air est saturé de tension à peine dissimulée. Trop bien contenue pour faire un scandale, mais trop épaisse pour disparaître. Elle flotte entre les écrans, se glisse dans les respirations, rampe sous les tables de réunion.

Je prends le dossier sous mon bras. Celui que Nathan m’a demandé. La Fusion. Le projet de ces six derniers mois. Une guerre de chiffres, de diplomatie, de stratégie. Un labyrinthe où chaque chiffre peut se transformer en couteau si on ne fait pas attention.

Je l’ai monté seule. Ligne après ligne. Nuit après nuit.

Et ce matin, ce n’est plus seulement un projet. C’est une armure.

Je traverse l’open space. Les bruits deviennent anormalement nets. Un crayon qui tombe. Un gloussement m
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  • Là où tout s'effondre    Chapitre 56 – Ceux qui tiennent la ligne

    LÉALa réunion dure une heure et vingt-sept minutes.Je parle quarante minutes d’affilée. Sans interruption.Je déroule les chiffres, les projections, les risques anticipés, les potentiels gains structurels. Je détaille les points critiques, les zones grises, les leviers de négociation. Je parle avec calme, méthode, assurance.Je parle comme je respire : parce que je n’ai pas le choix.Les visages face à moi sont un théâtre figé. Certains m’écoutent sincèrement. D'autres feignent. D'autres encore calculent.Je vois les sourcils qui se haussent. Les mâchoires qui se contractent. Les regards qui s’échangent. Un froncement là. Un murmure au fond de la table. Un verre d’eau qui ne cesse d’être rempli.Mais personne ne m’interrompt.Quand Nathan entre, dix minutes après le début, la pièce se fige à peine. Il n’annonce rien. Il s’installe, simplement, à sa place habituelle, au bout de la table. Détendu. Distant. Délivrant, par son seul silence, un message clair : c’est elle qui tient la sal

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    LÉAQuand la porte se referme derrière moi, le silence, ici aussi, est une lame.Tranchante. Sourde. Perverse.Il ne fait pas de bruit, mais il découpe l’air en deux.Avant moi.Et après.Les regards se tournent. Pas tous d’un coup, non. Ce serait trop frontal. Trop honnête.Les plus prudents détournent les yeux trop vite. Les autres observent à la dérobée, à travers l’écran d’un ordinateur, un coin de miroir, un reflet de lunettes, ou à peine un battement de paupières trop lent pour être naturel.Mais ils regardent.Tous.Même ceux qui prétendent ne rien voir.La salle est la même que d’habitude. Les bureaux alignés comme dans un jeu de dominos bien rangés, les plantes vertes qu’on arrose à peine et qui font semblant d’apporter un peu de vie, les mugs avec des citations ratées sur la productivité, les écrans ouverts sur des tableaux Excel, des slides colorées ou des chats d’équipe.Tout est pareil.Mais rien n’est pareil.Ce n’est pas moi qui ai changé.C’est ce qu’ils pensent savoir

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    LÉALes portes de l’ascenseur s’ouvrent dans un souffle, et d’un seul coup, le silence n’est plus doux. Il est lourd. Chargé. Tranchant.Le couloir du dernier étage s’étend devant nous, vaste, lustré, trop silencieux pour cette heure matinale. Les murs sont d’un blanc impeccable, presque clinique, les éclairages tamisés courent au plafond comme une mise en scène maîtrisée. Il y a des bruits ailleurs — des voix étouffées, des pas pressés, des appels qui sonnent à travers des vitres — mais ici, tout semble retenir son souffle.Et je comprends pourquoi.Nathan n’est pas un employé ici. Il n’est pas un collègue, ni un associé parmi d’autres.Il est le sommet. Le sommet froid et impitoyable d’une pyramide de pouvoir.Il est le patron.Et ça se sent à chaque centimètre carré de moquette. À chaque battement d’ailes que provoque sa seule présence.À ses côtés, je sens les regards se détourner dès que nous posons un pied hors de la cabine. Certains se lèvent, par réflexe. D’autres feignent de

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