LOGINPétrolier de profession, Xavier Xamie est un homme solitaire au regard profond, marqué par une blessure que le temps n’a jamais su guérir. Célibataire endurci, il a troqué les promesses d’amour contre les ronronnements de son camion-citerne. Son moteur ? La route. Son seul compagnon fidèle ? Son mastodonte de métal, avec qui il sillonne le pays pour le compte de son entreprise. Mais derrière cette façade d’homme fort et calme se cache un cœur généreux, prêt à battre à nouveau… s’il en trouvait la raison. Et cette raison, il la trouve un jour, sur une route poussiéreuse, isolée du monde. Là, au détour d’un virage du destin, il croise seraleonne Palmarès — une jeune femme métisse, élégante, au regard fatigué mais déterminé. Récemment divorcée d’un homme infidèle, elle tente de reconstruire sa vie, seule avec son petit garçon de trois ans, silencieux mais profondément attachant. Ce jour-là, la mort aurait pu les prendre. Le destin aurait pu les briser. Mais au lieu de cela, il les a réunis. Dans ce chaos, une main tendue, un regard échangé, un enfant accroché à sa mère comme à la vie… et le cœur de Xavier s’est remis à battre. Lentement. Doucement. Mais pour de vrai. Parfois, l’amour naît là où la douleur croit régner. Et c’est sur cette route, au goût de bitume et de rédemption, qu’il a commencé à rouler… vers son cœur.
View More— Ce n’est pas ce que tu crois, Sandra ! Laisse-moi t’expliquer, mon cœur ! cria Xavier en reboutonnant sa chemise à la hâte, la panique peinte sur le visage.
Mais Sandra ne voulut rien entendre. Le regard brisé, les larmes prêtes à jaillir, elle recula lentement avant de lâcher froidement : — Je te déteste, Xavier. Et sans lui accorder un regard de plus, elle sortit précipitamment de son bureau, les talons résonnant dans le couloir comme des gifles à son cœur. Allongée nonchalamment sur le canapé en cuir, Béatrice, la strip-teaseuse plantureuse avec qui il venait d’échanger plus qu’un simple regard, fit claquer sa langue contre son palais avant de lancer d’une voix suave : — Laisse-la partir, bébé. Elle ne te mérite pas. Moi, je suis là. Mais Xavier n’était plus dans le jeu. L’excitation avait laissé place à une colère froide et fulgurante. Il la fixa un instant avec un dégoût mal contenu, puis gronda : — Sors de mon bureau, Béatrice. Immédiatement. Elle se redressa lentement, provocante, tirant sur sa robe trop courte, léchant sensuellement sa lèvre inférieure. — On n’a pas encore terminé ce qu’on avait commencé, chéri… Mais Xavier explosa. Il abattit violemment son poing sur la table, faisant trembler le plateau de verre. — Je t’ai dit DEHORS ! rugit-il d’une voix rauque et menaçante. Effrayée par la soudaine montée de rage, Béatrice attrapa son sac sans un mot, se rhabilla à la va-vite et prit la fuite comme une voleuse, les jambes flageolantes, le maquillage légèrement coulant. La porte claqua. Et le silence, lourd et coupable, envahit la pièce. Xavier s’effondra dans son fauteuil, la tête entre les mains. Il venait de perdre la seule femme qui comptait réellement. Et cette fois, il savait… il n’aurait peut-être pas droit à une seconde chance. Xavier, seul dans son bureau au parfum encore chargé des effluves du péché, tenait fermement son téléphone entre ses mains tremblantes. Il appelait Sandra en boucle, désespéré, le regard vide, le souffle court. Mais elle ne décrochait pas. Pas un seul message, pas une vibration. Rien. Il insista. Encore. Encore. Et encore. Mais la tonalité froide et interminable fut sa seule réponse. Il laissa retomber son téléphone sur la table dans un soupir amer, se disant qu’il réessaierait ce soir. Elle l’aimait — il le savait. Elle finirait bien par céder… comme d’habitude. Elle l’avait toujours fait. Mais ce que Xavier ignorait… c’est que cette fois, il ne s’agissait plus de simples larmes. Cette fois, Sandra n’allait plus revenir. *** Sur la route, Sandra Dominicaine marchait, seule, l’esprit brisé et les yeux noyés de larmes. Elle errait comme une ombre, le regard perdu, tenant son ventre avec une tendresse mêlée de douleur. — Ton père n’est qu’un lâche, mon bébé…, murmurait-elle entre deux sanglots, sa voix déchirée par la trahison. Elle ne voyait plus rien autour d’elle. Ni les voitures, ni les klaxons. Rien d’autre n’existait que la tempête dans sa poitrine. — Il ne nous mérite pas. On va s’en aller loin d’ici… rien que toi et moi. Il restera dans sa vie de trahison… et toi, tu n’auras pas à connaître sa lâcheté. Elle continuait de marcher en parlant à ce petit être fragile niché en elle, inconsciente du danger, inconsciente de la route qu’elle traversait lentement… Quand soudain, un fracas assourdissant coupa net le fil de ses paroles. Un poids lourd surgit à toute allure, les pneus crissant contre le bitume dans une tentative vaine de freinage. Mais il était trop tard. L’impact fut brutal. Son corps fut projeté violemment à quelques mètres plus loin. Le conducteur, affolé, freina en catastrophe. Il descendit en titubant, l’odeur d’alcool flottant encore dans son haleine. Son regard se posa sur la silhouette inerte de Sandra, baignant dans une mare de sang. — Mon Dieu… j’ai… j’ai tué quelqu’un…, bredouilla-t-il, incapable de soutenir la vue de ce qu’il venait de faire. Mais le mal était fait. Une vie s’était éteinte. Deux cœurs s’étaient arrêtés. Et quelque part, dans un bureau bien trop luxueux pour une conscience aussi pauvre, Xavier ignorait qu’il venait de tout perdre. Il ne tenta même pas de lui venir en aide. Pris de panique, le chauffeur tourna les talons et s’enfuit à toutes jambes, abandonnant le camion encore en marche et la scène tragique derrière lui. Le moteur grondait encore, mais le silence pesant de la mort avait déjà tout envahi. Sandra gisait là, étendue sur l’asphalte. Son regard vide était figé vers le ciel, comme si elle cherchait une réponse divine. Une main posée tendrement sur son ventre arrondi, son dernier souffle s’était envolé avec une prière muette pour la vie qu’elle n’aurait jamais pu donner. *** Pendant ce temps, dans un luxueux bureau orné de marbre et baigné de lumière naturelle, Xavier Xamie parlait affaires, comme si de rien n’était. Assis confortablement, il échangeait avec l’un de ses plus gros investisseurs, affichant ce sourire commercial qu’il maîtrisait à la perfection. Mais soudain, sans prévenir, une douleur sourde et violente lui traversa la poitrine. Il porta instinctivement la main à son cœur. — C’est sûrement la fatigue, murmura-t-il à lui-même, tentant de chasser ce mauvais pressentiment. D'accord Monsieur Topo, ravi de travailler avec vous, conclut-il en forçant un sourire avant de raccrocher. À peine eut-il relâché le téléphone qu’un nouvel appel s’afficha : numéro inconnu. Il hésita. Quelque chose en lui se figea. L’air devint lourd. Un étrange frisson lui parcourut l’échine. Finalement, il décrocha. C’est d’une voix lasse, légèrement rauque, et teintée d’arrogance que Xavier décrocha : — Allô, c’est qui à l’appareil ? lança-t-il sèchement, agacé. — Allô, suis-je bien en ligne avec Monsieur Xavier Xamie ? — Lui-même, répondit-il en soupirant, déjà lassé de l’appel. — Je suis au regret de vous informer que votre fiancée, Mademoiselle Sandra Dominicaine, vient de nous quitter. Son corps a été transporté à la morgue centrale. Xavier éclata de rire, un rire nerveux, incrédule, presque moqueur. — Sandra... Je t’en prie, arrête. Je sais que tu es fâchée, mais c’est la pire des blagues. T’as poussé un peu loin cette fois. — Monsieur, je ne suis pas Mademoiselle Sandra, répliqua la voix, plus grave, plus ferme. Je suis le Commissaire Karl Marx. Ce que je vous annonce est malheureusement la stricte vérité. Le téléphone glissa de la main de Xavier et tomba au sol dans un bruit sourd. Son cœur se mit à battre à tout rompre, ses jambes faiblirent, et sans même s’en rendre compte, il éclata en sanglots. Un cri de douleur, venu du plus profond de ses entrailles, déchira le silence de son bureau. Quelques minutes plus tard, alors qu’il tentait de se ressaisir, une alerte info apparut sur l’écran de télévision. Il leva instinctivement les yeux… et ce qu’il vit brisa définitivement tout ce qui lui restait de lucidité. L’image de Sandra, allongée sur le bitume, inerte, son visage couvert de sang, une main posée tendrement sur son ventre, et un pneu de camion encore sur son corps… figée dans l’horreur. Le monde autour de lui se mit à tourner au ralenti. Son souffle se coupa. Ses mains tremblaient. — Ce n’est pas réel... Ce n’est pas réel... Elle ne peut pas être morte..., murmurait-il en boucle, comme un mantra. Mais la voix de la journaliste à l’écran, d’un ton solennel, poursuivit son bulletin : — Nous venons de recevoir une triste nouvelle. La fiancée du célèbre pétrolier Xavier Xamie est décédée ce jeudi 17 mai sur la route de Patavor, à la suite d’un accident tragique. La jeune femme, âgée de 23 ans, était enceinte de trois mois au moment du drame. Nos sincères condoléances à Monsieur Xamie ainsi qu’à la famille de la défunte. — Enceinte ?... souffla-t-il, les yeux écarquillés par le choc. Ses larmes, à peine contenues, reprirent de plus belle, brûlantes, incontrôlables. Son esprit se brouilla, puis tout se mit à défiler à une vitesse folle dans sa tête : son sourire, sa voix, ce regard blessé qu'elle lui avait lancé en le surprenant dans les bras d’une autre. Il la revoyait encore franchir la porte de son bureau, le cœur brisé, la déception déformant son si joli visage... Et lui, aveuglé par son orgueil, n’avait pas bougé. Persuadé que, comme toujours, elle reviendrait. Persuadé qu’il suffisait d’un mot, d’un regard, pour la faire plier. Il l’avait prise pour acquise… Et maintenant, elle était partie. Pas seulement elle… mais aussi leur enfant. Son premier. Son héritier. Son avenir. Il se mit à trembler, puis à hurler, fou de rage, de douleur, de regrets : — Si je l’avais rattrapée... Si j’avais mis mon arrogance de côté... Si j’avais abandonné cette foutue vie de coureur…Et si… Il éclata, fracassant d’un coup de poing son écran plat contre le mur. Le verre vola en éclats, tout comme son monde venait de voler en morceaux. Xavier Xamie, l’homme dur au cœur de pierre, venait de s’effondrer. Et personne ne serait là pour le relever.Xavier esquissa un sourire amusé, puis coupa le moteur avant de tourner la tête vers elle. Son regard, à la fois calme et troublant, se planta dans le sien.— Regardez bien, je vais vous montrer, dit-il d’un ton posé, presque mystérieux.Il se pencha vers elle, sa main effleurant la sienne, puis attrapa la boucle de la ceinture. Il la fit coulisser lentement, avec une aisance presque exagérée, jusqu’à ce qu’un clic libère Seraleonne du siège.Elle le fixait, intriguée par la précision de son geste… et un peu plus par la proximité soudaine de leurs corps.— Et pourquoi faire un nœud aussi tordu ? demanda-t-elle, faussement agacée.— Je ne sais pas… répondit-il avec un sourire en coin. Peut-être parce que ça me donne une excuse pour me rapprocher de vous.Ses mots tombèrent avec une audace maîtrisée. Pas un mot de trop, pas un regard déplacé. Juste le bon dosage pour faire bondir le cœur de Seraleonne.Troublée, elle détou
Elle s’éveilla en sursaut, le cou raide, les muscles endoloris par la position inconfortable dans laquelle elle avait sombré. Dormir dans un camion-citerne n’était clairement pas une expérience qu’elle souhaitait réitérer. Son corps, déjà épuisé par les émotions, lui faisait payer chaque minute passée à dormir recroquevillée.Ses yeux mirent un moment à s’adapter à la lumière diffuse qui filtrait à travers les vitres. L’espace métallique autour d’elle, l’odeur de gasoil mêlée à celle du cuir, tout lui semblait irréel. Un instant, elle ne savait plus où elle était ni comment elle s’était retrouvée là. Puis, comme des éclats de verre, les souvenirs de cette matinée chaotique revinrent la transpercer : la trahison, l’humiliation, les larmes. Marc. L’entreprise. Le vide.En tournant légèrement la tête, elle le vit. Lui. Xavier. Étendu sur le siège conducteur, la casquette posée négligemment sur son visage, il dormait paisiblement, presque trop. Ce contraste entre son p
— Tenez, dit-elle en lui tendant la carte. Un petit plus. Pour votre transport, bien sûr... et pour vous prouver ma bonne foi. J’aimerais beaucoup échanger avec vous autour d’un café, si vous êtes tenté.Xavier la fixa, interloqué. Un rire bref, sec, lui échappa un mélange d’amusement et de profond agacement.— « Non mais elle est sérieuse ? En plein boulot ? » pensa-t-il.Il se redressa, inspira profondément, et répondit d’un ton froid et ferme :— Je ne suis pas intéressé, madame.Il retira l’excédent d’argent de l’enveloppe, déposa les billets sur le bureau, et ajouta d’un ton tranchant :— Gardez ce supplément. Je suis payé pour mon travail, pas pour autre chose.Il tourna les talons et quitta le bureau, le pas plus lourd, les nerfs tendus.Clotilde, elle, resta figée. Choquée. Frustrée.Son sourire s'effaça lentement, laissant place à un rictus amer.— « Tu veux jouer au héros ? Très bien,
Xavier sentit un pincement glacial lui traverser le cœur. La douleur de Seraleonne lui renvoyait brutalement son propre reflet. Il se revit, quelques années plus tôt, infligeant à Sandra son ex-fiancée les mêmes blessures, les mêmes trahisons. À force de la tromper sans scrupule, il avait brisé une femme qui ne demandait qu’à l’aimer… et ses erreurs l’avaient conduite tout droit vers sa fin tragique.Un frisson lui remonta l’échine. Il n’était pas mieux que ce Marc, cet homme qu’il ne connaissait pas encore, mais qu’il haïssait déjà viscéralement. Peut-être parce qu’en lui, il voyait ce qu’il avait été.Serrant doucement les bras de Seraleonne, il força un sourire :— Allez, Madame Grognon, debout.Sa voix était douce, teintée d’humour, mais aussi d’une compassion sincère. Il l’aida à se relever avec précaution, puis la fixa droit dans les yeux. Un regard profond, chargé de regrets, mais aussi d’une promesse silencieuse de ne jamais lui faire ce qu’un autre lui avait infligé.— Je vai






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