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Chapitre 5

Author: L'encre
last update Last Updated: 2025-05-19 21:16:28

Ceci dit, Abiba poussa le portail et pénétra dans la cour. La visiteuse, quant à elle, resta debout, là, pendant quelques secondes et prit une direction.

Abiba, ayant traversé la cour de la maison à la hâte après avoir rabattu le portail, traversa le salon, dévala les escaliers et se rendit à la cuisine. À sa grande stupéfaction, elle aperçut une jeune fille en train de frotter à l’éponge, les assiettes qu’elle avait rassemblées et dont elle estimait laver dans les prochaines minutes. Abiba, tiquée de peur, se retira subitement en arrière avant de s’arrêter. Reconnaissant le visage de la jeune fille, elle lui demanda : « Par où avez-vous pris pour entrer dans la chambre ? ».

La questionnée, se concentrant sur sa besogne, ne broncha mot.

– C’est à vous que je parle ! répéta-t-elle.

L’autre, continuant le travail, ne tourna guère son regard pour l’observer. Dans son entrain, elle répondit : « Peux-tu arrêter de me gronder s’il te plaît ? »

– Je ne te gronde pas, mademoiselle ! Je demande comment est-ce que tu as fait pour te retrouver ici ?

Ce fut en ce moment que l’intruse tourna son regard pour fixer la domestique de la maison. Un sourire muet autour des lèvres, elle lui répondit : « N’est-ce pas toi qui as dit qu’il n’y a pas de tâches dans la maison ? »

– Et c’est pourtant vrai ! C’est moi qui m’occupe de ces devoirs !

– D’accord, c’est compris ! Permets que je t’aide !

– M’aider ? s’enquit la domestique, le cœur battant.

Apeurée, elle se dirigea vers sa compagne et restant un peu à l’écart d’elle, lui lança : « Par quelle magie es-tu arrivée jusqu’ici ? »

– Je t’ai devancée, c’est toi qui ne m’as pas vue…

– Mensonge !

– Arrête de me traiter de menteuse sinon, ça va chauffer ici, maintenant, et tout de suite !

Trouvant cette phrase menaçante, Abiba se retourna dans la cour, en courant pour aller appeler le gardien.

– S’il te plaît, dit-elle, il se passe quelque chose que je ne comprends pas, dit-elle.

– Comme quoi ?

– La jeune fille avec qui tu m’as vue tout à l’heure, à mon entrée à la cuisine, je l’ai vue en train de laver les assiettes…

– Ce n’est pas vrai ! Tu étais pourtant la seule à marcher par ici tout à l’heure n’est-ce pas ?

– C’est ce qui m’étonne aussi ! Elle est là, au lavabo, lavant les assiettes.

– C’est quel mensonge cette parole. Allons je vais voir.

Le gardien, se penchant, attrapa son coupe-coupe et se mit à la suite de la jeune fille. Les deux marchèrent jusqu’à arriver dans la cuisine où travaillait une jeune fille. Mais à leur grande surprise, il n’y avait personne dans la cuisine. Abiba, entrouvrant la bouche, observa partout, le cœur submergé de peur.

– C’est pourtant ici que je l’ai abandonnée !

– Et où est-elle ?

Un silence naquit aussitôt.

– Peut-être que c’est une erreur !

– Quelle erreur ? demanda Abiba, le cœur meurtri. Je l’ai laissée ici il y a quelques minutes. Ces assiettes, c’est elle qui les a lavées.

La domestique, confuse, ne savait que faire d’autres.

La sonnerie retentit et le gardien, se dépêchant, demanda la permission de s’en aller. Il partit à peine que la jeune fille quitta le couloir et pénétra dans la cuisine.

– J’étais allée à la selle, dit-elle, sourire aux lèvres. Maintenant, je suis à toi ! Alors, je voudrais te demander une dernière doléance !

– Une dernière doléance ?

– Oui ! Et c’est avec obligation !

– Avec obligation ?

– Bien sûr !

Abiba, continuant de fixer sa compagne, ne la détacha guère du regard.

– Bien, continua l’intruse, tu vas me céder la place dans cette maison.

Abiba, secouant la tête, rejetait la proposition de son interlocutrice.

– C’est sans commentaire, ma chère ! Soit tu acceptes de partir pour me libérer la maison ou je te tue et tu meurs pour toujours.

La domestique, continuant de secouer la tête, déclinait la proposition.

– Abiba, appela l’intruse, tu n’as aucune proposition. Et une chose : je reviendrai ici dans trois jours. Gare à toi si tu n’es pas partie.

Sans attendre le dernier mot de la domestique, la visiteuse disparut.

Abiba, courant de la chambre, alla dans la cour. S’approchant du gardien, elle lui fit le compte rendu de sa discussion avec l’intruse.

– N’est-ce pas que tu es en train de devenir folle par hasard ? questionna le gardien, étonné.

– Je te jure, Bio, elle m’a menacée de partir de la maison.

– Pourtant tout à l’heure quand nous étions entrés ensemble dans la cuisine, on n’avait vu personne n’est-ce pas ?

– C’est vrai ! Elle s’était cachée. Elle est revenue après ton départ.

– En toute sincérité, je ne te crois pas ! Si tu projetais à abandonner tes devoirs, tu es libre. Maintenant, je veux me reposer un peu…

– S’il te plaît Bio, aide-moi ! Je te jure que ce n’est ni de la blague ni du mensonge.

– Ma chère, va travailler ! Toute la nuit, je veillais sur la maison pendant que vous autres, enfermés dans vos chambres respectives, étiez en train de ronfler comme un lion assoiffé. Laisse-moi me reposer aussi parce que la nuit n’est nulle part. Elle apparaîtra bientôt.

Ceci dit, le gardien de la maison tira la porte de sa chambre et la verrouilla derrière lui.

Abiba, debout, se remémorant l’avertissement de celle avec qui elle venait de parler à la cuisine, resta immobile et, fouillant dans la tête, ne savait que faire.

Calmement, elle retourna à la cuisine et, descendant la sauce du feu, elle le désactiva. Elle rangea tout et se retourna dans sa chambre. Les meubles, elle ne les essuya guère. Il lui fallait du temps pour bien réfléchir sur sa vie. Démissionner de son job pour survivre ou rester pour passer sa vie à trépas ?

Dans un dilemme total et presque fatal, la jeune fille ne savait que faire. Se levant, elle se promenait, faisant le tour de la chambre. La partie qui la tracassait le plus était la manière dont sa visiteuse a pu entrer dans la chambre sans passer par la cour ni par la porte d’entrée.

– Comment est-ce que je peux traduire cela ? se demanda-t-elle, morose. Pire, comment démissionner d’un travail où je suis bien payée et où il n’y a jamais eu de retard de paiement ? Oh, Je ne peux pas ! Si quelque chose va arriver, que la chose arrive.

Sur ces paroles, la jeune fille retourna à ses devoirs.

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