Chapitre 2

Point de vue de Siana

Cela faisait une semaine que je suis arrivée à Marseille. Dès que j'avais atterri dans ma ville natale, je me suis affairée à déballer mes affaires et à aménager ma maison. Cette demeure avait été acquise par ma mère avant son décès. Elle souhaitait en faire un foyer chaleureux, pourtant aujourd'hui, aucun membre de ma famille n'était à mes côtés.

Ma famille était au courant de mon arrivée, mais personne n'avait tenté de me rencontrer ni de me joindre.

J'ai chassé ces pensées et j'ai continué à savourer mon café dans le salon, quand mon portable s'est mis à sonner.

Je me suis levée promptement pour attraper le téléphone posé sur le bureau. Un sourire s'est dessiné sur mes lèvres en voyant le nom affiché à l'écran, et j'ai décroché.

« Allô, Papi ! Comment vas-tu ? Comment se porte Mamie ? »

« Nous allons bien tous les deux, ma chérie. Et toi ? Tu t'es bien installée dans ta nouvelle maison ? », a-t-il demandé avec enthousiasme.

« Oui, Papi, je me suis installée. J'aimerais tant que vous soyez ici avec moi. », ai-je répondu, un peu mélancolique, ce qui a fait rire Papi.

« Nous viendrons à Marseille ce week-end, ma douce. Il est temps que je te transmette enfin l'entreprise. », a déclaré Papi d'un ton sérieux.

« Oui, Papi, je m'en souviens. J'espère simplement être à la hauteur des responsabilités. »

« Tu seras formidable, ma chérie. Tu es faite pour diriger l'entreprise. », m'a rassurée Papi.

« Eh bien, espérons le meilleur. », ai-je dit, essayant de rester optimiste.

« D'accord, ma puce, on se voit ce week-end. », a dit Papi.

« Bien sûr, Papi. Embrasse Mamie pour moi. Au revoir. »

J'ai raccroché et je me suis mise à réfléchir à quel point les choses sont différentes maintenant.

Mon grand-père, Stéphane D'Amario, n'a jamais fait confiance à mon père après ce qu'il m'avait fait quand Maman est décédée. Mon grand-père a créé cette entreprise quand il avait la vingtaine, et ma mère en était l'héritière légitime puisqu'elle était fille unique. Après son mariage avec mon père, ils ont tous deux bien géré l'entreprise jusqu'à ce que ma mère soit diagnostiquée d'un cancer.

Peu à peu, ma mère passait la plupart de son temps à la maison ou à l'hôpital, pendant que mon père gérait notre entreprise. Mais mon grand-père s'est assuré qu'une fois que j'avais 21 ans, l'entreprise me serait légalement transmise.

Je me souvenais à quel point Lisa m'avait maltraitée pour qu'elle et sa fille puissent tirer tous les bénéfices de l'entreprise : l'argent était sa seule préoccupation.

Lisa s'assurait que je ne remplissais pas les critères pour gérer l'entreprise à l'avenir. Elle a même manipulé mon père pour qu'il essaie d'arrêter mes études après le lycée, et elle a partiellement réussi. Mon père m'a dit que je n'étais pas capable de faire des études universitaires.

Bien que j'aie toujours maintenu de bonnes notes : je n'étais pas première de ma classe, mais je faisais partie des bons élèves qui réussissaient régulièrement tout au long du lycée.

Je me souviens encore de ces souvenirs affreux qui me hantent dans mes cauchemars jusqu'à aujourd'hui.

FLASH-BACK

Je venais de rentrer du lycée et j'étais occupée à terminer mes devoirs, quand Joanna et Chloé ont fait irruption dans ma chambre.

« Hé, sale peste. J'ai entendu dire que tu as appelé Adrien la semaine dernière. », a dit Joanna avec colère.

« Oui, c'est vrai. Il me manquait et ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas parlé. », ai-je répondu sans la regarder.

« Eh bien, un vilain petit canard comme toi ne mérite pas un ami comme Adrien. Je ne comprends pas pourquoi Adrien a même décidé d'être ton ami. », a lancé Chloé à haute voix.

« Je suppose qu'il choisit ses amis sans tenir compte de leur apparence ou de leur richesse. Laissez-le décider avec qui il veut être ami. », ai-je dit. À peine ces mots sortis de ma bouche, j'ai senti quelque chose de dur me frapper le visage.

J'ai senti du sang au coin de mes lèvres. Avant que je puisse comprendre ce qui s'était passé, Joanna m'a donné un coup de poing dans le ventre.

Avant que je puisse me défendre, Chloé m'a attrapé les bras par-derrière. Joanna m'a giflée à nouveau, et quand elle en avait fini avec ses violences, elle m'a craché au visage.

« Je pense que tu as retenu la leçon, peste. Reste loin d'Adrien, ou la prochaine fois, les conséquences seront pires. », a dit Joanna avec rage avant qu'elles ne quittent ma chambre.

Avant de partir, elles ont pris soin de ruiner mes devoirs, les déchirant en morceaux alors que je devais les rendre le lendemain.

Je suis restée là à pleurer, me serrant dans mes bras. Je ne comprenais pas pourquoi elles avaient un problème avec mon amitié avec Adrien. Il était le seul ami qu'il me restait. J'ai essuyé mes larmes et j'ai décidé de recommencer mes devoirs depuis le début.

Finalement, après trois heures, j'ai terminé mes devoirs. Quand j'ai remarqué l'heure, il était déjà une heure du matin. Mon ventre gargouillait, mais j'ai choisi d'aller me coucher. Je ne voulais plus de drame cette nuit-là.

FIN DU FLASH-BACK

J'ai soupiré en me remémorant ces choses. Je me détestais à l'époque de ne pas m'être dressée contre ces mauvais traitements.

Peut-être j'étais faible : je n'avais aucun soutien à ce moment-là.

Bien que Papi et Mamie aient toujours soupçonné que quelque chose n'allait pas, je ne voulais pas qu'ils s'inquiètent pour moi.

Aujourd'hui, je suis une personne plus forte. Je peux me protéger maintenant. J'ai même appris l'autodéfense de base quand je me suis inscrite à l'université. Voir à quel point je suis forte et déterminée aujourd'hui me donne la confiance nécessaire, pour assumer la responsabilité d'être l'héritière de D'Amario Entreprises.