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Chapitre 3 – Jeu dangereux

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-03-15 18:44:10

Léna

Je viens littéralement d’arnaquer mon patron, un PDG froid et impitoyable qui pourrait me virer en un claquement de doigts.

Mais au lieu de ça…

Il sourit.

Un sourire lent, calculé. Dangereux.

— Vous m’amusez, Mademoiselle Morel.

Cette phrase tourne en boucle dans ma tête alors que je sors de son bureau, les jambes tremblantes.

Et merde.

Qu’est-ce qu’il veut dire par là ?

Est-ce qu’il va me tester encore plus ? Me piéger ? Ou pire… me virer au moment où je m’y attendrai le moins ?

Je n’aime pas cette incertitude. Pas du tout.

Mais une chose est sûre : je vais devoir redoubler de vigilance.

Surveillance rapprochée

La journée passe lentement. Beaucoup trop lentement.

À chaque fois que je croise Blackwood dans les couloirs, j’ai l’impression qu’il me jauge, qu’il attend que je fasse un faux pas.

Et pour ne rien arranger, il m’observe.

Beaucoup trop.

À chaque réunion, son regard s’attarde sur moi une seconde de trop.

À chaque dossier que je lui apporte, ses doigts frôlent les miens juste assez pour me faire frissonner.

Et moi, qu’est-ce que je fais ?

Je joue le jeu.

Je lui tiens tête, je souris, je réponds du tac au tac. Je fais semblant de ne pas être troublée par cette étrange tension entre nous.

Mais quand il passe derrière moi pour vérifier un rapport et qu’il murmure, tout près de mon oreille :

— Vous êtes une énigme, Léna.

… Je manque de renverser mon café sur mon clavier.

Mission sabotage

Après une journée passée à esquiver son regard brûlant, je suis à bout.

Il faut que je me détende. Que je me change les idées.

Et quoi de mieux pour ça qu’un petit verre avec Théo et Zoé, ma meilleure amie ?

On se retrouve dans notre bar habituel, un endroit bruyant et animé où personne ne fait attention aux conversations des autres.

— T’es en train de me dire que ton patron sait que tu mens, mais qu’il te garde quand même ? demande Zoé, les yeux ronds comme des soucoupes.

— Exactement.

Théo éclate de rire.

— Mec, il est chelou.

— Ou alors… Zoé plisse les yeux. Il s’intéresse à toi.

Je manque de m’étouffer avec mon mojito.

— Pardon ?

Elle lève un sourcil.

— Léna, réfléchis. Il est riche, puissant, beau gosse et hyper intelligent. Tu crois vraiment qu’il n’a pas encore découvert d’autres de tes mensonges ?

Je fronce les sourcils.

— Tu insinues que…

— Que s’il voulait vraiment te virer, ce serait déjà fait. Elle prend une gorgée de son cocktail. Donc soit il adore jouer avec toi… soit il est attiré.

Théo hoche la tête.

— Perso, je pense qu’il aime voir jusqu’où tu peux aller. Genre, il se dit "jusqu’à quel point elle va me baratiner avant de s’effondrer ?"

Je pose mon verre et croise les bras.

— Dans tous les cas, c’est un psychopathe.

Zoé éclate de rire.

— Et toi, t’es une folle.

— Merci.

Mais en rentrant chez moi, dans mon lit, la phrase de Zoé tourne encore et encore dans ma tête.

> S’il voulait te virer, ce serait déjà fait…

Et si elle avait raison ?

Et si Adrian Blackwood aimait vraiment jouer avec moi ?

Piège tendu

Le lendemain matin, j’arrive au bureau un peu en avance.

Mauvaise idée.

Parce qu’en entrant dans l’ascenseur… je tombe sur Blackwood lui-même.

Seul.

La porte se referme derrière moi.

L’espace devient minuscule.

J’appuie sur mon étage en essayant de l’ignorer, mais son regard me brûle.

— Bien dormi, Mademoiselle Morel ?

— Merveilleusement bien, Monsieur Blackwood. Et vous ?

Il sourit légèrement.

— Pas mal. J’ai réfléchi à vous.

OK. STOP.

Je tourne lentement la tête vers lui.

— Pardon ?

— Votre parcours. Votre manière de travailler. Votre talent pour… l’improvisation.

Il marque une pause, puis ajoute :

— Vous êtes sous-employée ici.

J’ai un bug.

— Comment ça ?

Il glisse ses mains dans ses poches, détendu, alors que moi, je suis en train de paniquer.

— J’ai une proposition à vous faire.

Ding.

Les portes s’ouvrent.

Il s’avance, mais avant de sortir, il tourne légèrement la tête.

— Rejoignez-moi dans mon bureau à 9h30.

Et il disparaît.

Gros stress

Je suis paralysée.

Une proposition ?

Ça peut vouloir dire beaucoup trop de choses.

Est-ce qu’il veut m’offrir une promotion ? Un autre poste ? Un moyen de mieux me surveiller ?

Ou…

Est-ce qu’il veut me faire tomber dans un piège ?

Je passe les trente minutes suivantes à stresser comme jamais.

À 9h29, je prends une grande inspiration et frappe à sa porte.

— Entrez.

Je m’exécute.

Il est assis derrière son bureau, impeccablement vêtu, une tasse de café à la main.

Il me fait signe de m’asseoir.

— J’ai besoin de quelqu’un de confiance pour une mission spéciale.

Je fronce les sourcils.

— Une mission spéciale ?

— Un dossier confidentiel. Des négociations avec des partenaires étrangers. Je veux quelqu’un qui sache naviguer entre vérité et mensonge avec brio.

Je le fixe.

— Et vous pensez que je suis la bonne personne pour ça ?

Son sourire s’élargit légèrement.

— Oh, j’en suis convaincu.

Léna – La proie devient le chasseur

Je devrais refuser.

Je devrais dire non, merci, je vais rester à ma place.

Mais au lieu de ça…

Je me penche légèrement en avant, un sourire aux lèvres.

— Très bien, Monsieur Blackwood. Je suis votre femme.

Son regard s’assombrit.

Et à cet instant précis, je sais une chose :

Le jeu ne fait que commencer.

Une mission spéciale.

C’est la pire idée du siècle.

Mais j’ai dit oui.

Pourquoi j’ai dit oui ?

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