Chapitre 14

L'air était légèrement frisquet en ce début de matinée printanière.

Yolaine a laissé les deux enfants aux soins de la vielle dame Richard avant de se mettre en route pour le cimetière.

Elle avait à peine quitté la maison lorsque la voix de Léo a retenti derrière elle : « Maman, il faut faire attention quand tu sors aujourd'hui. »

Le petit enfant a froncé les sourcils, les yeux pleins d'inquiétude.

Il ne savait pas pourquoi, mais avait toujours un mauvais pressentiment dans son cœur.

Yolaine lui a souri : « Ne t’inquiètes pas, maman reviendra une fois que les choses sont terminées. »

Elle n’a pas dit à Léo qu'elle allait au cimetière.

L'affaire des autres deux enfants était un secret qu'elle avait enfoui au fond de son cœur.

Elle ne voulait pas que Léo sache qu'il avait deux frères qui étaient morts juste après leur naissance...

Yolaine a pris la voiture que la vielle dame Richard avait mise à sa disposition et a pris la route vers le cimetière.

Le cimetière était situé dans la banlieue la plus éloignée de la ville de Mer, et elle a conduit pendant plus d'une heure pour atteindre sa destination. Au moment où elle est sortie de la voiture, elle a vu Zoé, portant une longue robe noire, marcher vers elle.

« Ma sœur, tu es enfin là... »

Le visage de Zoé était tellement triste, mais aux yeux de Yolaine, c’était extrêmement prétentieux.

Elle a froidement pincé les lèvres, « Monte le chemin. »

« Ma sœur, es-tu venue seule ? » Zoé a demandé lentement.

« Sinon ? »

Yolaine a demandé froidement en retour.

Elle avait quitté la ville de Mer depuis quatre ans, et tous les liens qu'elle avait autrefois eus avaient été brisés.

La seule personne qui la protégeait encore aujourd'hui était sa grand-mère, alors comment pouvait-elle laisser sa grand-mère venir dans ce genre d'endroit pour se vautrer dans le chagrin ?

Zoé a extrêmement bien caché le calcul dans ses yeux et a soupiré : « Hé, ma sœur, on a toujours pensé que tu étais morte, alors on t'a aussi érigé une pierre tombale, juste à côté de celles des deux enfants... Depuis que tu es partie, papa se lavait le visage avec des larmes tous les jours, la nuit dernière j'ai dit à papa que tu étais toujours en vie, papa était fou de joie... »

« C'est vrai ? S’il est content, pourquoi pas venu avec toi me voir aujourd'hui ? »

Yolaine a piqué le mensonge de Zoé sans pitié.

Le visage de Zoé s'est raidi, mais elle avait toujours l'air d'une sœur ayant un amour profond : « Hier soir, le père était trop excité, sa tension artérielle a soudainement augmenté, et il est allé à l'hôpital tôt ce matin pour une vérification de santé… Le père a également peur qu’il ne puisse pas contrôler ses émotions de te voir, alors il n'est pas venu aujourd'hui. Ma sœur, quand on aura fini de balayer la tombe, je t'emmènerai à l'hôpital pour voir papa. »

Yolaine était inéluctable à ses paroles et n'a pas répondu.

Zoé, elle, ne se sentait pas du tout gênée et, tout en parlant et en guidant la voie, toutes les deux ne marchaient bientôt le long de la grande route qui mène au cimetière.

Zoé ne s'est pas arrêtée à la zone principale, et a dit à voix basse : « Selon nos règles à la ville de Mer, les bébés de moins d'un mois ne peuvent pas être enterrés dans le cimetière, papa a trouvé un très bon endroit dans le cimetière après avoir trouvé beaucoup de relations, c'est juste là-bas dans le coin, ma sœur, allons-y. »

Elle s'est avancée en premier.

Yolaine la suivait avec un visage froid.

Toutes les deux allaient de plus en plus loin. Le coin là-bas était plein de mauvaises herbes, et il était clair que personne n'y venait habituellement.

Et Zoé se dirigeait toujours vers un endroit plus éloigné.

« Arrête. » Yolaine s'est arrêtée, une paire d'yeux froids couverts de froideur, « Où m'emmènes-tu ? »

Zoé souriait toujours, « Pour visiter les tombes des deux enfants. »

« C'est en dehors du cimetière. » Yolaine a ricané, « Qu'est-ce que tu veux, dis-le directement, je n'ai pas le temps de tourner autour avec toi. »

« Je n'en ai vraiment pas envie de faire quelques choses... C'est peut-être parce que je ne suis pas là depuis trop longtemps, je ne me souviens plus du chemin, ma sœur, ne t'inquiète pas, prenons notre temps et trouvons-le, nous le trouverons certainement. » Zoé a serré secrètement les dents, cette petite garce, pourquoi ne suivait-elle pas les règles du jeu ?

Les yeux de Yolaine étaient remplis d'impatience.

Elle n'était plus la même demoiselle Bernard, alors comment pouvait-elle ne pas voir que Zoé avait une autre pensée ?

La seule raison pour laquelle elle essayait de contourner avec Zoé était de trouver les pierres tombales de ses deux enfants le plus rapidement possible.

Mais il était évident que Zoé ne la laisserait pas faire.

Si tel était le cas, il était inutile de perdre du temps ici.

Yolaine s’e retourné et est partie.

« Ma sœur, pourquoi pars-tu ? » Zoé a paniqué, « Je me suis souvenue, les pierres tombales des deux enfants sont juste devant, à moins de cent mètres… »

Cependant, les pas de Yolaine ne s'arrêtaient pas.

Elle pouvait demander au personnel du cimetière, ou demander à la famille des Richard de vérifier pour elle, pourquoi s'embêter avec une personne dégoûtante comme Zoé...

Zoé a serré des dents de haine.

Toutes les dispositions ont été prises, il ne fallait pas les perdre.

Elle a rétréci les yeux et a fait un signe froidement.

Yolaine venait de faire quelques pas, les oreilles ont entendu un bruissement, qui semblait être le bruit de la marche.

« Il n'y avait personne sur le chemin, pourquoi y avait-il soudain une dizaine de pas supplémentaires ?

Se pourrait-il que Zoé ait tout arrangé ?

C’était juste comme ça, il y a quatre ans Zoé avait pu la brûler à mort avec un feu, et cinq ans plus tard elle pouvait refaire la même chose pour la tuer...

Sinon, pourquoi Zoé aurait-elle été si gentille de l'amener au cimetière ? »

Presque instantanément, Yolaine s'est retournée et s'est avancée rapidement pour saisir le cou délicat de Zoé.