Dans les jours qui ont suivi, le magazine était en effervescence autour de l'interview de Tiago, tout le monde travaillait avec une énergie et un enthousiasme sans précédent.
Lorsque le week-end est enfin arrivé, Inès s'est sentie épuisée, mais elle n'a pas pris de repos. Après avoir rendu visite à sa mère à l'hôpital, une visite empreinte d'émotions contradictoires, où le soulagement de voir sa mère se rétablir lentement se mêlait à l'anxiété de l'avenir incertain, elle s'est occupée de ses bagages, se préparant à déménager chez Tiago.
La veille du déménagement, Inès a envoyé un message à Tiago pour lui dire qu'elle déménagerait le lendemain. Il a répondu : « Veux-tu que j'envoie quelqu'un te chercher ? »
Sa proposition, pleine de sollicitude, a fait naître un sourire timide sur les lèvres d'Inès, même si elle se trouvait seule dans sa chambre.
Inès a rapidement répondu : « Non, merci, j'ai engagé une entreprise de déménagement. »
Elle voulait montrer son indépendance, prouver qu'elle pouvait gérer cette transition par ses propres moyens.
Il a fallu un moment avant qu'il ne réponde par un simple « d'accord ».
Ce délai, bien que court, a semblé interminable à Inès, amplifiant son anxiété quant à la réception de sa décision.
Le lendemain, Inès est arrivée à la villa de la famille Vincent. La villa de Tiago était véritablement immense, avec une décoration qui respirait un style européen classique. Il y avait peu de domestiques, seulement un couple âgé nommé Monsieur Thomas et Madame Julia.
Leur accueil chaleureux et leurs sourires bienveillants ont apaisé une partie de son anxiété, lui faisant sentir qu'elle était la bienvenue.
Quand Inès est arrivée, Tiago n'était pas là. Julia et Thomas l'ont aidée à déménager tout en lui donnant un bref aperçu de la maison. L'explication était simple : la maison n'avait qu'un seul maître, Tiago, et maintenant qu'Inès emménageait, ils seraient deux.
Thomas a aidé Inès à transporter ses affaires dans la chambre principale au deuxième étage, une pièce au design moderne et minimaliste. En ouvrant l'armoire, elle a vu qu'une moitié était remplie de chemises pour homme et que l'autre avait été vidée pour elle. Son regard a balayé la pièce, s'attardant sur les chemises de Tiago, symbolisant leur union et leur partage de la vie à venir.
Après avoir fini de déballer, il faisait déjà nuit, et Tiago n'était pas encore rentré. L'attente de son retour a rempli Inès d'une anticipation nerveuse, se demandant comment serait leur cohabitation quotidienne.
Après s'être lavée, elle s'est soudain rendu compte qu'elle avait oublié de prendre une serviette de bain dans la salle de bain.
Inès, agacée par son propre étourdissement, a hésité un moment avant de rassembler son courage pour ouvrir prudemment la porte de la salle de bain. Sachant que Julia et Thomas vivaient au rez-de-chaussée et qu'ils ne monteraient pas dans la chambre principale, elle s'est sentie un peu plus audacieuse et a couru directement dans la chambre.
Tandis qu'Inès fouillait dans l'armoire à la recherche d'une serviette de bain, elle n'aurait jamais imaginé entendre soudain derrière elle le bruit d'une porte qui s'ouvre. Inès s'est retournée d'un bond, voir la porte s'ouvrir et Tiago, assis dans son fauteuil roulant et entrer lentement dans la chambre.
Tiago n'aurait vraiment pas imaginé qu'à son retour à la maison, sa nouvelle épouse l'accueillerait de cette manière. Du côté d'Inès, la surprise était encore plus grande. Elle se sentait complètement vide d'esprit et, reprenant ses esprits, elle a poussé un cri aigu avant de courir vers la salle de bain.
Malheureusement, le sol était déjà mouillé par l'eau qu'elle avait éclaboussée précédemment. Dès qu'elle a couru, elle a glissé, perdant l'équilibre et tombant en avant. La panique a traversé son esprit en un éclair, ses pensées tourbillonnant alors qu'elle tentait désespérément de se rattraper.
« Fais attention ! » Tiago, dont le visage a légèrement changé d'expression, a réagi avec une rapidité surprenante pour quelqu'un en fauteuil roulant. Il s'est précipité en avant, les bras tendus, une lueur d'inquiétude dans les yeux, pour attraper Inès, qui est tombée sur ses jambes.
Tiago a été soudainement stupéfait. En baissant les yeux, il a vu le visage rougi de gêne d'Inès. Elle n'était peut-être pas d'une beauté éblouissante au premier regard, mais avait des traits délicats et un charme qui se révélait à l'observation, surtout avec son visage nu et ses cheveux mouillés repoussés derrière ses oreilles.
Une douceur émanait d'elle, touchant une corde sensible chez Tiago. Il a été captivé, non seulement par sa vulnérabilité mais aussi par sa grâce inattendue dans un tel moment de désarroi.
Inès, ayant finalement retrouvé son équilibre, a levé la tête et a croisé son regard.
Catastrophe.
«Je... je suis désolée... » Sa voix, tremblante d'embarras, a rompu le silence qui s'était installé entre eux. Elle s'est précipitée pour se lever de ses jambes, son cœur battant la chamade, ses joues brûlantes de honte.
À ce moment-là, sans oser regarder Tiago une seconde de plus, elle a fui vers le refuge de la salle de bain. En fermant la porte derrière elle, le cœur d'Inès battait encore à tout rompre, résonnant dans ses oreilles comme un tambour.
C'était si dangereux, pas seulement parce qu'elle aurait pu se blesser physiquement, mais parce que cet instant avait involontairement rapproché leurs mondes d'une manière qu'elle n'avait pas anticipée.
Inès, effrayée mais aussi un peu perdue dans ses pensées, a réalisé qu'en tant que véritables époux, même si quelque chose se passait entre eux, cela semblait naturel. Était-ce approprié de fuir ainsi à ses côtés ?
Quoi qu'il en soit, c'était seulement leur troisième rencontre, et l'idée d'avoir une relation dans ces circonstances lui était encore inacceptable. Elle s'est pincée par réflexe, un geste témoignant de sa confusion et de son conflit intérieur.
« Inès, à quoi penses-tu ! Ne t'inquiète pas trop de ses sentiments et émotions. Après tout, ton mariage avec lui n'était qu'une transaction, n'est-ce pas ? » Avec cette pensée, le regard d'Inès est devenu plus sombre, un voile d'amertume et de résignation s'installant sur son visage alors qu'elle se rappelait la réalité pragmatique de leur union.
Elle a repensé au passé et s'est même demandé si, comme le disaient ses collègues masculins, Tiago ne pourrait pas... Mais il y avait quelque chose d'autre qui troublait Inès. Lorsqu'elle est tombée sur Tiago, elle a accidentellement touché ses jambes.
Ce moment, bien que bref, avait été révélateur. Inès avait toujours cru que chez quelqu'un comme Tiago, qui n'utilisait pas ses jambes depuis longtemps, les muscles des jambes seraient atrophiés et faibles.
Cependant, les jambes de Tiago étaient fortes, rien à voir avec celles d'une personne handicapée. Cette découverte avait suscité en elle une curiosité mêlée de perplexité.
Toc, toc. Alors qu'Inès était perdue dans ses pensées, un coup a soudainement été frappé à la porte de la salle de bain, interrompant ses réflexions.
Inès a sursauté, levant les yeux, « Oui ? »
« Ouvre la porte, » la voix grave et séduisante de Tiago a résonné de l'autre côté de la porte. Le cœur d'Inès s'est mis à battre plus fort, comme si un petit cerf courait à l'intérieur.
Ouvrir la porte ? Pourquoi Tiago voulait-il qu'elle ouvre la porte ? En repensant au regard de Tiago juste avant, les mains d'Inès se sont serrées involontairement, et les sombres souvenirs de cette nuit, il y a deux ans, ont afflué vers elle comme une marée.
