Ses mots restent suspendus dans l’air, lourds et délicats à la fois. Rebecca inspire profondément. Elle sent son cœur battre contre sa poitrine, pas à cause d’un élan amoureux, mais à cause de cette pression qui monte. Adrien a toujours été correct avec elle, doux, respectueux… exactement tout ce qu’un homme devrait être. Et c’est justement pour ça qu’elle ne peut pas accepter— Adrien… tu es quelqu’un de formidable. Je le pense sincèrement. Mais je… je ne peux pas.Elle détourne légèrement le regard. Ses mains tremblent un peu. Elle s’efforce de sourire pour atténuer la dureté de ses mots, mais elle voit bien que ses yeux à lui se voilent déjà. Adrien ne dit rien tout de suite, il attend, espérant peut-être qu’elle ajoute quelque chose qui lui donnerait une raison de ne pas renoncer.— Ce n’est pas toi, continue-t-elle d’une voix basse. Tu n’as rien fait de mal. C’est moi… Je ne suis pas prête. Et je ne veux pas… je ne veux pas te faire de mal en te donnant quelque chose que je ne
Depuis quelques semaines, Rebecca remarque qu’un nouveau médecin circule dans les couloirs de l’hôpital. Il s’appelle Adrien Morel, la trentaine élégante, un sourire franc et une façon de parler qui donne l’impression qu’il écoute vraiment. Chaque fois qu’ils se croisent, il lui adresse un « Bonjour Rebecca » légèrement appuyé, comme s’il voulait que son prénom reste un peu plus longtemps dans l’air.Elle ne cherchait plus à plaire depuis deux mois. Depuis qu’elle avait quitté l’ombre pesante de Grégory, elle se tenait à distance des histoires de cœur. Elle s’était coupée du quartier, avait changé de numéro, et son quotidien se limitait désormais au travail et à son petit appartement silencieux. Pourtant, Adrien semblait décidé à franchir les murs qu’elle avait érigés autour d’elle.Les premières fois, il lui proposait simplement de l’aider à porter des dossiers, ou de lui apporter un café pendant une garde. Elle refusait poliment, pensant qu’il agissait par simple courtoisie. Mais s
Cela fait deux mois que Rebecca a décidé de s’éloigner complètement de Grégory. Deux mois qu’elle a tiré un trait sur lui, sur ses caresses, ses mots doux, mais aussi sur ses promesses brisées. Elle a changé de numéro de téléphone, ne laissant derrière elle aucune possibilité pour qu’il la retrouve facilement. Elle a même quitté son ancien quartier, préférant la tranquillité anonyme d’un endroit où personne ne connaît son histoireAu début, les premiers jours, elle se sentait perdue. Ses pas la ramenaient presque instinctivement vers les lieux où ils se croisaient autrefois, comme si son corps refusait de comprendre que tout était fini. Elle se souvenait encore de son odeur, du timbre grave de sa voix quand il lui parlait à voix basse. Mais elle se forçait à tourner la tête, à accélérer le pas, à ne plus laisser ces souvenirs s’installer.Elle s’est plongée dans le travail. L’hôpital est devenu son refuge. Les couloirs blancs, les bips réguliers des machines, les pas pressés des inf
Vers l’après-midi, Rebecca est assise dans son petit salon, les jambes repliées sous elle, fixant distraitement la tasse de thé qu’elle avait préparée plus tôt et qui a déjà refroidi. Depuis le matin, elle n’avait pas trouvé la force de se remettre de l’incident. Les mots de Sonya résonnaient encore dans sa tête, tout comme le geste violent de la gifle. Elle se sentait réduite à une image qu’elle n’avait jamais voulu donner d’elle-même : la “petite maîtresse”, celle que l’on cache, que l’on dénigre.Son téléphone vibre soudain sur la table basse. Le nom qui s’affiche sur l’écran la surprend : “Grand-mère L.”Rebecca hésite avant de décrocher. Elle se mord la lèvre, inspire, et finit par glisser le doigt sur l’écran.— Ma chère Rebecca, dit la voix douce et chaleureuse à l’autre bout du fil, cela fait longtemps que je ne t’ai pas vue. Ce soir, je prépare un dîner en famille, et j’aimerais beaucoup que tu viennes.Rebecca ferme les yeux. Elle se sent presque coupable, comme si cette
Chapitre 52Le taxi démarre lentement,. Rebecca est assise à l’arrière, le dos collé contre le siège, ses mains crispées sur son sac posé sur ses genoux. Elle ne regarde pas devant elle. Ses yeux fixent le vide, quelque part sur le dossier du siège du conducteur, mais en réalité, elle ne voit rien.Son visage chauffe encore là où la gifle de Sonya a laissé sa marque. La brûlure est vive, comme si chaque pulsation de son cœur la faisait vibrer un peu plus fort.Elle avale sa salive, mais sa gorge est sèche.Gregory ne l’a pas accompagnée. Pas même un mot pour lui dire où aller. Juste cet ordre sec — Pars. Et elle est partie.Les pneus frottent sur l’asphalte, et le moteur ronronne doucement, indifférent à ce qu’elle ressent. Dehors, la ville défile, avec ses façades blanchies par le soleil, ses passants occupés à leur vie. Personne ne sait, personne ne se doute.Rebecca ferme brièvement les yeux. L’image revient, brutale, comme un coup de poing : Sonya, figée dans l’encadrement de
. Rebecca est toujours allongée sur le côté, ses doigts dessinant distraitement des lignes sur le torse de Gregory. Il a le bras passé autour d’elle, le regard perdu dans ses cheveux. La chambre est silencieuse, seulement troublée par le froissement doux des draps quand elle bouge légèrement.Gregory s’apprête à l’embrasser à nouveau, mais un bruit sec, inattendu, le fige. Le claquement d’une porte. Des pas rapides, précipités, qui résonnent dans le couloir. Rebecca lève la tête, intriguée, mais n’a pas le temps de dire un mot.La poignée tourne violemment. La porte s’ouvre à la volée.Sonya est là.Elle se fige une fraction de seconde, comme si son cerveau avait besoin d’un instant pour comprendre la scène. Son regard balaye le lit, s’attarde sur le corps de Gregory, puis sur celui de Rebecca, encore enveloppé dans les draps. Son visage se tend, ses yeux se durcissent.— Qu’est-ce que… souffle-t-elle, la voix étranglée.Gregory se redresse à moitié, mais Sonya avance déjà. Ses