Blondie-les-jolies-guiboles remontait ses bas à l’abri du comptoir.—J’te jure, si mon cochon de mec…Elle indiqua Bibi d’un mouvement de tête, gros, gras et à la calvitie géante, ses rares cheveux tombant sur ses épaules en mèches grasses et désordonnées, assis à sa table en train de compter les billets de la caisse.—… n’était pas aussi obsédé, j’mettrais autre chose que ses mini-jupes qu’il m’offre tout le temps et ses putains de trucs glissants et ses putains de talons de 122 centimètres de hauts !Stan se marra.—T’es avec Bibi, t’es avec Bibi, faut assumer, petite obsédée. Elle lui lança un doigt d’honneur bien mérité.—T’es toujours fidèle aux blondes, non ?
Seule Ida Kalda, déjà debout, buvait un café dans la cuisine en regardant le jardin Japonais par la fenêtre, pensive.Il y eut un malaise des deux côtés lorsque Stan entra.A peine dix minutes s’étaient passées depuis l’épisode du Dreamcatcher brisé dans tous les sens et il avait encore sérieusement la gueule dans le cul… et les nerfs à fleur de peau.Mais la voir lui remplit les poumons d’un oxygène différent, libérateur.Un souffle puissant et revitalisant.—Je suis une lève-tôt, dit Ida en montrant sa tasse et en se redressant.Stan hocha la tête et se remplit une tasse du café qu’elle avait préparé. Ils se touchaient presque.C’était très étrange. Là où il aurait dû ressentir méfiance envers une ennemie potentielle ou avérée, elle lui donnait confi
Toute l’équipe était maintenant réunie autour de l’îlot central, dans la cuisine. Qui buvait café sur café, qui se tartinait des Krisprolls à la confiture, qui regrettait de ne pas avoir de croissants, mais malgré tout, tout le monde était là : Akihiro, reposé ; Théophile-le-traître, qui engloutissait sa tasse de café noir ; Rose, colorée de partout, comme toujours, qui buvait un thé vert à la menthe ; Ida, perdue ; Antonio, sur ses gardes, ses mains jamais loin de ses flingues ; et Stan, que tout le monde observait.Stan prit le paquet de sucre en poudre et le plaça à un coin de la table.Il plaça une tasse de café à l’autre bout et déposa la cafetière pleine de café bien chaud au milieu. Il prit sans le lui demander la tasse de thé de Rose pour la placer à côté de la tasse de café, dans un coin.—Voilà comment le Bureau 09 nous trouve, mais voilà aussi le moyen génial
Stan et l’Homme aux Bottes atterrirent dans un désert sans fin en se tenant fermement par les bras l’un l’autre.Ils roulèrent sur une dune, face à face, en s’agrippant sans se lâcher. La descente sembla ne jamais se terminer.Une fois en bas, une fois enfin arrêtés, ils relâchèrent la pression l’un sur l’autre.Stan, du sable plein la bouche et les narines, les yeux et les oreilles, recula sur les fesses de plusieurs mètres pour s’éloigner de son ennemi en crachant, en bavant, en se mouchant avant de se tordre de douleur.Une des balles de Théophile lui avait traversé les côtes, dix ou douze centimètres sous le bras droit. Rien de grave, mais ça saignait. Et ça faisait horriblement mal.Assis, brassant le sable entre ses mains, l’Homme aux Bottes semblait encore sonné.Stan se mit debout, titubant de douleur.
L’esprit montre tant de pauvreté qu’il semble, tel le voyageur dans le désert qui ne réclame qu’une simple gorgée d’eau, n’aspirer tout simplement pour son réconfort qu’à l’indigent sentiment du divin. Et c’est à cela même dont l’esprit se contente qu’on peut mesurer l’importance de sa perte. (Usserl)C’est d’abord par un épais nuage de sable qui s’éleva au loin qu’ils comprirent que quelque chose approchait. Puis il y eut les bruits de moteurs rugissants, d’abord éloignés puis de plus en plus puissants au fur et à mesure que la dizaine de véhicules fonçait vers eux.Ils remirent leur capuche en place dans un geste étrangement synchronisé.—Hé hé ! dit l’Homme aux Bottes. Nous n’allons plus tarder à savoir où nous nous trouvons.Un serpent sortit la tête du sable et s’enroula autour du bâton rouge à 7 nœuds jusqu’au poignet d
Murphy Klemmerton franchit les portes de l’ascenseur avec un mal de crâne digne de sa meilleure beuverie. Elle avait fêté l’anniversaire de sa collègue analyste Ania Proskitia jusqu’à trois heures du matin, dans un bar tendance de Bruxelles, avant de terminer en boîte de nuit, comme il le fallait. On n’avait pas trente ans tous les jours et on ne fêtait pas son divorce le même jour tous les jours. Enfin… un truc comme ça. Tout ce dont elle se souvenait, c’était s’être fait sauter dans des chiottes dégueulasses par un type dont elle ne se rappelait même plus le visage. Pour le reste…Elle salua tout le monde d’un geste ample, le visage baissé pour qu’on ne remarque pas son état et se dirigea directement dans la salle de repos. Il lui fallait son cinquième café. Et avaler un autre cacheton de Paracétamol. Et une autre ligne de coke, dans les chiottes.La salle de repos était vide, heureusement.Elle inséra le
La jetbulle suivait sa trajectoire à plus de 1500 km/heure. A l’intérieur, on ne sentait pas la vitesse.Après seulement une heure depuis le site de Transfusion Temporelle situé en pleine mer du Nord, sur une ancienne plate-forme pétrolière officiellement à l’abandon depuis soixante-six ans, Claude Santoro vit rapidement la mer disparaître pour des terres acides et fumantes.La jetbulle, en pilotage automatique, ralentit à 800 km/heure, la vitesse maximum autorisée au-dessus des terres.Il était temps de redevenir lui-même. Le processus prenait trente minutes en moyenne. Il fit pivoter son siège à 180° et passa dans la micro-cabine à l’arrière et, sur un siège spécialement conçu pour cela, dans lequel il s’installa presque à regret, ordonna la rétro-transformation.Des pods magnétiques se fixèrent à ses tempes, ses bras et ses chevilles.
Stan se réveilla sur son lit, un bras dans le dos, une jambe en V, en train de baver légèrement sur son oreiller.Pendant un court instant, il vit encore l’arc-en-ciel l’entourer. Mais il disparut dès qu’il ouvrit un œil.Son camping-car était impeccable, lustré, on l’avait nettoyé des joints de portes aux angles des plafonds. On avait préparé son retour ici, pour que rien ne traîne, pour que rien n’entrave la fin de son Transit.C’était du Théo tout craché.Le recruteur de l’Entité savait qu’il allait revenir là. Ce qui signifiait aussi qu’il était rentré avant lui. Avec Ida saine et sauve, il l’espéra. Théo avait donné sa parole et un homme qui ne tient pas sa parole n’est pas un homme. S’il l’avait trahie, Stan le tuerait. Il le savait fermement en son cœur.Tout ce que ces derniers jours lui avaient procuré comme événements, sensation