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OSUKATEÏ  l’âme de l’Arbre-Mère livre 2
OSUKATEÏ l’âme de l’Arbre-Mère livre 2
Auteur: GEOFFREY LEGRAND

PRÉFACE + Préambule

PRÉFACE

J’écrivais dans la préface du premier opus qu’ « Osukateï - L’Âme de l’Arbre-Mère est une énigme. Puisqu’on apprend dès les premières pages du roman, dès le résumé en quatrième de couverture même que l’Arbre-Mère porte le nom d’Okateï. » Le voile se lève ici sur ce primo mystère...

Tandis que dans le premier tome, l’univers se pose dans toute sa richesse, les énigmes s’installent et l’action se lance. Ici tout est en place. L’aventure commence véritablement… et au grand galop ! Luwise va plus loin dans sa quête d’identité, dépasse les frontières imaginables. Car Geoffrey Legrand nous emmène ici au-delà du possible. On franchit au gré de sa plume les plus sombres interdits. On plonge au cœur de destinations d’où personne ne revient jamais et on va plus loin dans l’épaisseur de l’univers de cet auteur de talent. Il y a le monde physique, la mythologie, le cadre spirituel et l’impalpable qui nous absorbe inévitablement. Un roman qui vous entraîne jusqu’à la dernière page et qui ne vous laisse pas indemne. Ce deuxième opus rebondit magistralement et transcende le premier !

Alexandra A. Touzet

Livre deuxième

Les Chevaliers

de la Nouvelle Alliance

Exténué par des journées de lutte qui l’avaient vidé de son sang, le Renard s’effondra entre les racines d’Okateï. Skwiteïsan avait répondu à la détresse de la jeune déesse et affronté pour elle le Démon des Ténèbres dont les chairs putrides contaminaient les terres sur lesquelles nulle plante ne pousserait désormais. Impuissante, l’Arbre-Mère pleurait son défenseur à l’agonie dont les forces s’amenuisaient d’heure en heure.

Parmi les créatures qui peuplaient les Branches de la divinité, l’une d’elles dépassa sa peur pour porter secours au Grand Renard Sylvestre. Une poignée d’hommes tâcha d’apaiser les souffrances du Démon de Lumière et de nettoyer son pelage souillé dont les reflets dorés narguaient jadis le soleil. Il était hélas trop tard, cette vie que Skwiteïsan avait tant chérie le quittait déjà. Il fut néanmoins touché par cette attention désintéressée et jugea d’un œil nouveau ces insectes qui s’affairaient autour de lui. Au seuil de la mort, il pressentit la valeur en germe chez ces humains, si faibles et si vaillants, capables d’affronter les pires dangers pour secourir leur souverain. Capables de défier Asiwosu s’il venait à ressusciter.

« Venez à moi, petits êtres. J’ai sauvé mon enfant, ma très chère Okateï. Mais je m’éteins tandis que le péril rôde toujours autour d’elle. Acceptez-vous de la défendre contre les menaces du ciel et de la terre ? Pour récompense, j’imprimerai en vous ma part de divin et vous hisserai au-dessus des animaux et des démons qui peuplent ce monde. J’attends en retour un total dévouement à la déesse Plante. »

Ils acceptèrent à l’unanimité. Skwiteïsan expira avec la mine apaisée de ceux qui ont mené à bien leur labeur. Les humains inhalèrent le dernier souffle du défunt Renard, ce qui scella leur alliance avec l’Arbre-Mère.

Extrait du conte de la Guerre des Démons.

Livre deuxième

Les Chevaliers

de la Nouvelle Alliance

Exténué par des journées de lutte qui l’avaient vidé de son sang, le Renard s’effondra entre les racines d’Okateï. Skwiteïsan avait répondu à la détresse de la jeune déesse et affronté pour elle le Démon des Ténèbres dont les chairs putrides contaminaient les terres sur lesquelles nulle plante ne pousserait désormais. Impuissante, l’Arbre-Mère pleurait son défenseur à l’agonie dont les forces s’amenuisaient d’heure en heure.

Parmi les créatures qui peuplaient les Branches de la divinité, l’une d’elles dépassa sa peur pour porter secours au Grand Renard Sylvestre. Une poignée d’hommes tâcha d’apaiser les souffrances du Démon de Lumière et de nettoyer son pelage souillé dont les reflets dorés narguaient jadis le soleil. Il était hélas trop tard, cette vie que Skwiteïsan avait tant chérie le quittait déjà. Il fut néanmoins touché par cette attention désintéressée et jugea d’un œil nouveau ces insectes qui s’affairaient autour de lui. Au seuil de la mort, il pressentit la valeur en germe chez ces humains, si faibles et si vaillants, capables d’affronter les pires dangers pour secourir leur souverain. Capables de défier Asiwosu s’il venait à ressusciter.

« Venez à moi, petits êtres. J’ai sauvé mon enfant, ma très chère Okateï. Mais je m’éteins tandis que le péril rôde toujours autour d’elle. Acceptez-vous de la défendre contre les menaces du ciel et de la terre ? Pour récompense, j’imprimerai en vous ma part de divin et vous hisserai au-dessus des animaux et des démons qui peuplent ce monde. J’attends en retour un total dévouement à la déesse Plante. »

Ils acceptèrent à l’unanimité. Skwiteïsan expira avec la mine apaisée de ceux qui ont mené à bien leur labeur. Les humains inhalèrent le dernier souffle du défunt Renard, ce qui scella leur alliance avec l’Arbre-Mère.

Extrait du conte de la Guerre des Démons.

Préambule

La nouvelle avait à ce point secoué le Puits de Science que les mauvaises langues lui attribuaient les irrégularités de la dernière révolution de l’île volante de Sutanal. Un Gölbynekën venait d’être abattu aux prémices de son funeste repas. Sauvée par une poignée de chevaliers fylides, la Lignée de la Neuvième Branche de l’Est survivait à un péril mortel et s’offrait un avenir prospère selon la coutume qui octroyait au sang du serpent-oiseau des vertus fertilisantes. Un tel évènement méritait une session extraordinaire du Conseil.

Lorsqu’Useärn de la caste des Dénigrés arriva, la salle comble bruissait du tumulte enthousiaste d’une foule conquise, ravie par l’heureux dénouement d’une portée historique. Au cœur de l’amphithéâtre, la table en demi-lune du Conseil trônait en majesté, ornée d’une nappe verte aux lisérés rouges et jaunes. Les pieds en bois massifs incrustés de filets d’or et d’argent pour dessiner les symboles des trois castes majeures, réfléchissaient la lumière des lustres à la manière de veines enflammées.

Applaudis par les uns, sermonnés par les plus véhéments sans jamais se défaire du respect dû à leur rang, les Patriarches s’installèrent un à un à leur place, deux pour les Éclairés, deux pour les Avisés et trois pour les Anciens ; un nombre impair, manière de réduire les cas d’égalités lors des votes. Restait l’éventualité d’une abstention accompagnée d’une parité parfaite. En pratique, la discipline aër rendait cette hypothèse hautement improbable.

Seuls membres du Conseil à prendre part aux votations, les Patriarches n’avaient aucun droit de proposition. Les Aërlydes des castes supérieures assis aux premiers rangs de l’assemblée présentaient et défendaient les mesures qu’ils souhaitaient voir adoptées, parfois au prix de harangues enflammées, de protestations de l’auditoire, voire d’impitoyables tollés. Il pouvait s’écouler des heures de débat entre les membres des différentes castes avant que ne soit promulguée la résolution.

Parmi les Dénigrés, caste inférieure reléguée dans les plus hauts gradins de l’amphithéâtre, seuls les Patriciens avaient le droit d’intervenir dans les discussions, sans toutefois jouir d’un pouvoir de proposition. Ces Dénigrés de haut rang espéraient intégrer sous peu l’une des castes supérieures, leurs voix étaient donc tolérées dans l’enceinte du Conseil. Useärn en avait usé par le passé avant d’abandonner ses ambitions.

Lorsque le doyen arriva en dernier, suivant l’ordre de bienséance, et que le Conseil fut au complet, le tumulte des conversations tomba de lui-même avec la douceur d’une pluie de printemps qui s’achève. Un greffier rappela l’ordre du jour, après quoi l’Éclairé Eseï prit la parole.

— Maîtres du Conseil, mes frères, la nouvelle qui nous monte de la sphère sylvestre mérite plus que notre attention ; elle suscite notre admiration ! Des guerriers fylides menés par Luwise Sofunada Susay-Nashly-Fonda, fille du regretté Seigneur Särise de Palwite, viennent de mettre à bas un Gölbynekën, le serpent-oiseau dévoreur de bourgeon qui aurait pu condamner l’ensemble de la Neuvième Branche de l’Est. Une prouesse qui n’a plus été vue depuis un siècle. 

Palwite. Le nom de cette bourgade perdue dans la canopée éveilla une part endormie de la mémoire d’Useärn. Un nom surgit d’un lointain passé. Le refuge du Réprouvé Nibe, le banni. Luwise Sofunada, ce patronyme aussi ne lui était pas inconnu. Elle avait été l’élève de Nibe. Était-ce une simple coïncidence ? Et puis, il y avait l’autre…

— Le Puits de Science est l’âme de l’Arbre-Mère, poursuivit Eseï. Il se doit de parler au nom de la déesse. Or, celle-ci ne peut qu’être reconnaissante envers ces chevaliers au dévouement admirable. Elle a d’ailleurs déjà récompensé Luwise-obe en la désignant Seigneur du jeune bourgeon, nommé Folivröde. Luwise-tame, puisqu’il faut désormais l’appeler ainsi, a bien mérité la gloire que ses pairs lui reconnaissent. 

Le prénom de cette noble fylide tournoyait dans la tête d’Useärn. Des méandres de son cerveau remontaient des mystères irrésolus et de vieilles blessures mal cicatrisées.

— Mes frères, voici ma proposition : honorons à notre tour la cité de Folivröde et sa nouvelle reine en lui envoyant un ambassadeur. J’ai conscience de la hardiesse de mon offre. Jamais les Îles des Vents n’ont délégué d’ambassadeur, avec le prestige que cela implique, auprès d’une cité à peine fondée. Ce geste en sera d’autant plus remarquable. 

En d’autres circonstances, les Îles des Vents ne se seraient jamais abaissées à considérer un vulgaire patelin perdu au milieu de la canopée. Elles qui traitaient avec condescendance les plus grandes maisons fylides, méprisaient ces seigneuries sans importance. Pourtant, la conclusion de la tirade de l’Éclairé Eseï souleva un tonnerre d’applaudissements de la part des membres de sa caste. Chose plus étonnante, les frères ennemis de la caste des Avisés les imitèrent avec ferveur. La retenue polie des Anciens suivait leur tendance isolationniste naturelle, laissant les mondes inférieurs vaquer à leurs affaires quelles qu’en fussent les conséquences. Nul ne s’étonna donc de leur froideur.

Malgré l’interdiction faite aux Dénigrés de s’exprimer, l’exaltation gagna les gradins supérieurs. Les ambassadeurs, comme n’importe quel Aërlyde en contact direct avec les peuples inférieurs, étaient désignés au sein de cette caste. Un poste auprès d’une seigneurie, certes petite et récente mais déjà glorieuse, offrait des perspectives de promotion rapide vers les plus hautes sphères de la société aër. De quoi attirer bien des convoitises.

Useärn voyait au-delà de ces ambitions auxquelles il avait renoncé. Ambassadeur à Folivröde offrirait l’occasion d’approcher l’élève de Nibe et de percer les secrets que le Réprouvé avait emportés dans la tombe. Il lui fallait cette nomination, et pour cela, il devrait négocier avec l’Éclairé Eseï. Useärn en redoutait déjà le prix.

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