GraziellaIl a quitté la chambre. Mais il n’a rien emporté.Ni son ombre. Ni son emprise. Ni les traces qu’il a laissées partout en moi, comme des tatouages invisibles.Il a laissé son absence comme un cri suspendu, une morsure dans l’air. Tout semble figé depuis qu’il a passé la porte. Même le vent a cessé de souffler dans les volets. Même mon cœur hésite à battre.Je suis seule. Pourtant je ne respire pas vraiment. Chaque inspiration ressemble à une question. Chaque silence hurle encore son nom.Je le cherche dans les plis des draps, dans la courbe du coussin, dans la chaleur fanée de ses empreintes. Il est partout. Il est en moi, inscrit dans mes os, dans ma peau, dans ma rage.Et je le hais un peu pour ça. Pour ce pouvoir. Pour cette vérité qu’il m’a imposée sans mots.Je me lève, lentement, comme on se relève d’un champ de ruines. Mes jambes tremblent. Pas de douleur. D’impact. Comme si chaque pas réécrivait ma manière d’exister.J’attrape une chemise à lui, tombée au pied du lit
GraziellaLa nuit ne finit pas.Ou peut-être est-ce moi qui ne parviens plus à sortir de cette transe, de ce gouffre tiède et terrible où il m’a précipitée. Un lieu sans contours, sans repères, où le temps ne passe pas, où tout s’efface sauf le battement sourd de mon cœur et le souvenir de sa bouche partout sur moi.Je suis allongée sur le ventre, le visage tourné vers l’obscurité. Mon corps me fait mal. Une douleur sourde, pleine, totale. Chaque partie de moi semble séparée, déplacée, ravagée. Et pourtant, je suis là. Entière dans ma douleur. Entière dans ma survie. Portée par une étrange plénitude, comme si cette douleur-là avait effacé toutes les autres.Ses doigts tracent des cercles lents dans mon dos. Il ne parle pas. Il respire. Moi aussi.C’est tout ce que nous savons encore faire.Des gestes élémentaires. Vitaux. Survivre dans l’après.Le silence pèse, mais il n’est pas vide. Il est chargé d’aveux, de regrets tus, de désirs qui n’ont plus de nom. Il est comme nous : trop plei
GraziellaJe ne sais pas combien de temps s’écoule. Je ne sais même plus qui je suis.Tout ce que je ressens, c’est lui.Élias me possède avec une sauvagerie presque sacrée, élevant la brutalité au rang de rituel. Chaque geste est une prière blasphématoire, chaque murmure une incantation tordue, gravée à même ma peau, marquée comme un ancien symbole maudit, une empreinte qu’il laisse, indélébile, au plus profond de mon être.Je ne suis plus une femme. Je suis une relique entre ses mains. Un vestige de moi-même qu’il modèle, détruit, recrée. Chaque fibre de mon être est distordue, chaque cellule de ma peau réagit au moindre de ses gestes comme si son contact pouvait redonner vie à cette créature qu’il façonne à sa volonté.Ses doigts s’enfoncent dans ma chair, me pétrissent, me retiennent, m’enchaînent. Je gémis, mais ce n’est plus de douleur. C’est autre chose. Un tourment bien plus profond. Quelque chose de plus sombre, de plus violent, de plus affamé.Un gouffre sans fond. Une faim
GraziellaJe ne sens plus rien.Ou plutôt si : je sens tout.Chaque nerf, chaque parcelle de mon corps vibre, hurle, se tord sous des sensations si violentes qu’elles m’écorchent de l’intérieur, me laissent pantelante, suspendue entre deux souffles.Je suis là, sous lui, réduite en lambeaux.Et pourtant je respire encore.Je bats encore.Pour lui.Par lui.Je cligne des yeux, incapable de bouger, incapable de parler. Mon corps entier m’appartient sans m’appartenir, sculpté par sa brutalité, par sa rage, par cette soif insatiable de possession qu’il a gravée sous ma peau, plus profondément que tout ce que j’aurais cru pouvoir endurer.Je devrais le haïr.Je devrais hurler.Le repousser.Fuir.Mais je reste là.Pantelante.Brûlante.À moitié consciente.Les jambes tremblantes et l’âme en déroute.Il me regarde.Il me transperce.Ses yeux noirs, d'une intensité inhumaine, m’enferment dans une geôle invisible, une cage sans serrure ni clé, une prison dont je ne veux plus m’échapper.Je n'
ÉliasElle est sous moi, haletante, défaite, son corps marqué par mes doigts, par mes dents, par mon souffle. Mais ce n’est pas assez. Pas encore.Je veux tout prendre. Je veux la réduire en cendres, la broyer, la faire renaître déformée, façonnée uniquement par mes mains, par ma volonté.Je veux qu’elle ne se reconnaisse plus autrement qu’à travers moi.Je me redresse légèrement, la regardant s’étaler sous moi, abandonnée sur les draps froissés, la gorge rougie par mes morsures, les lèvres gonflées d’avoir crié, les yeux noyés d’un feu sauvage.Elle me hait. Elle me désire. Elle me fuit autant qu’elle me cherche.Et elle ne sait plus où commence l’un et où finit l’autre.Elle n’est plus qu’un chaos d’instincts, une tempête d’émotions brutes dont je suis l’épicentre.Un rire rauque m’échappe. Amer. Cruel. Inévitable.Je lui saisis les hanches brutalement, la retournant sans aucune délicatesse.Elle étouffe un cri contre le matelas.Parfait.Je veux qu’elle sente. Chaque seconde. Chaqu
ÉliasJe sens son souffle contre ma peau, irrégulier, brûlant, témoin de la guerre intérieure qu’elle ne mène plus que par réflexe. Graziella est là, tout contre moi, vaincue et magnifique dans sa vulnérabilité, et pourtant, je sais qu’elle n’a pas encore tout donné. Qu’il reste encore une partie d’elle, un éclat d'orgueil, qu’il me faudra briser pour qu’elle m’appartienne entièrement.Je caresse sa joue du bout des doigts, lentement, presque tendrement, alors que mes yeux la fixent sans la lâcher. Chaque battement de son cœur résonne contre mon torse, affolé, désordonné, incapable de cacher l’impact que je produis sur elle. Sous mes paumes, elle tremble. Pas de peur. Pas vraiment. Plutôt une terreur plus ancienne, plus primitive, celle de se perdre et de ne jamais retrouver le chemin du retour.Élias : « Regarde-moi. »Elle hésite, un instant, un seul, lutte contre l’ordre silencieux imprimé dans ma voix, mais finit par relever doucement les yeux vers moi. Dans ses prunelles sombres,
ÉliasLes secondes s'étirent dans l’air épais et lourd, comme suspendues entre deux mondes. Le silence qui régnait entre nous avant est maintenant brisé, non par des mots, mais par un souffle, une respiration qui se fait plus rapide, plus profonde. C'est le moment où tout se joue. Où les derniers vestiges de résistance s’effondrent sous le poids de ce qui nous unit, de ce qui nous détruit.Je la tiens encore, mes bras fermement enroulés autour d'elle, comme une promesse, comme une prison douce. Il n’y a plus de fuite pour elle. Elle sait, au fond d’elle, qu’il n’y a plus de retour en arrière. Elle a franchi la frontière. Ses bras, qui étaient tendus contre mon torse, se relâchent lentement, et je la sens se laisser aller. Ce n’est plus de la lutte, c’est de la capitulation.Je la regarde, cherchant cette lueur de défi dans ses yeux, mais je ne la trouve pas. Il ne reste plus que la fatigue, la résignation, un peu d'orgueil peut-être, mais plus d’opposition. Ses lèvres frémissent sous
ÉliasLe silence règne encore. Après ce dernier baiser, une sorte de calme étrange s’est installé entre nous. Ni Graziella ni moi ne bougeons, comme si le monde extérieur n’existait plus. Comme si nous étions suspendus dans une bulle, protégés de tout, à l’abri de tout ce qui pourrait venir briser cette illusion de contrôle.Je la maintiens contre moi, mes mains toujours sur sa taille, mes doigts sentant la chaleur de sa peau à travers le tissu. Mon cœur bat d’une manière différente, plus lourdement, plus irrégulièrement. Ce n’est pas la peur, pas encore. C’est l’anticipation. La satisfaction de l’avoir là, de l’avoir sous ma domination, de l’avoir finalement atteinte, dans tous les sens du terme.Graziella finit par rompre le silence, d'une voix basse, presque tremblante.Graziella : « Tu… tu penses que ça va suffire ? »Elle pose une question, mais je sens cette pointe de défi dans ses mots. Elle tente de reprendre une part de contrôle, de regagner un peu de terrain, mais je sais qu
ÉliasLe silence qui nous enveloppe est presque insoutenable. Il n'y a que le souffle de l’air, léger et froid, qui s’infiltre dans la pièce, comme un murmure distant. Dans ce lieu isolé, chaque mouvement, chaque respiration semble amplifier la tension. La vue splendide qui s’étend au-delà des fenêtres, avec les montagnes qui se dressent majestueuses et l’horizon qui s’étend à l’infini, ne fait rien pour apaiser l’atmosphère. Au contraire, cela me rappelle que tout ici, tout autour de nous, est un monde que j’ai façonné. Chaque détail, chaque objet dans cette pièce a été choisi, chaque espace laissé vide a sa propre signification. Ce n’est pas un hasard. Tout est sous contrôle, tout est calculé.Graziella reste là, figée, une expression de défi dans ses yeux. Pourtant, je vois cette lueur fragile, cette brèche dans sa résistance. Elle me défie encore, mais je sais qu’au fond d’elle, elle est en train de comprendre. Qu’elle n’a pas de contrôle. Pas ici. Pas avec moi. Elle peut encore f