DorianJe frappe à sa porte, le cœur battant comme un tambour sourd, chaque respiration mesurée, chaque geste calculé. Quand elle m’ouvre, je suis frappé par son regard : défi, défiance, mais aussi une lueur de curiosité que je devine à peine derrière la colère. Cette flamme fragile me donne l’impression que tout peut basculer à tout instant.— Mia… je… je veux te parler, dis-je, ma voix trahissant à peine l’urgence que je ressens.Elle fronce les sourcils, le corps tendu.— Parler de quoi ? dit-elle, sur la défensive.Je prends une profonde inspiration, pesant chaque mot, cherchant à équilibrer vérité et persuasion.— Je veux que tu viennes vivre avec moi. Ce n’est pas une simple demande… c’est pour ta sécurité. Pour que je puisse te protéger, être à tes côtés à chaque instant.Ses yeux s’écarquillent de stupeur avant que la colère ne prenne le dessus.— Tu te prends pour qui, Dorian ? Tu crois que tu peux décider pour moi, comme ça, juste parce que tu as peur pour moi ? Je ne suis p
DorianJe reste seul un long moment après le départ d’Éléna, figé face au balcon comme si la ville en contrebas pouvait m’offrir une réponse. Mais il n’y a rien dans le tumulte des voitures, dans la lumière artificielle des néons, qui puisse apaiser la brûlure qui me dévore.Mia.Chaque fois que je ferme les yeux, son visage s’impose, la douceur tremblante de ses lèvres, la peur dans ses prunelles, et cette force fragile qui l’habite malgré elle. La marque me relie à elle, et je le sens : elle n’est plus seulement un écho. Elle devient le centre de tout.Je m’entends murmurer, comme si je lui parlais à travers la nuit :— Si tu savais… si tu savais à quel point tu es en danger.La porte claque derrière moi, Adrien revient, son pas ferme résonne sur le parquet. Il ne prend pas la peine de se montrer discret.— Tu dois te décider, dit-il d’un ton qui ne souffre pas de contestation. Si tu continues de la laisser vivre sa vie d’humaine, libre, inconsciente… tu l’exposes. Éléna n’a pas men
DorianLa nuit tombe sur la ville comme une chape, les lampadaires répandent leur lumière pâle sur les façades, mais aucune clarté ne parvient à m’atteindre. La journée entière, je l’ai sentie Mia vibrer à travers la marque, sa peur, son trouble, cette lutte intérieure qui la déchire. Elle croit encore pouvoir me fuir, elle croit encore que ce lien n’est qu’un accident. Mais déjà, il croît en elle, et chaque souffle, chaque battement de son cœur résonne jusque dans mes veines.Je reste immobile, appuyé contre la rambarde du balcon, les yeux fixés sur l’horizon. La ville humaine bruisse en contrebas, inconsciente, insignifiante. Derrière moi, j’entends Adrien. Sa présence est un murmure, une ombre constante, toujours aux aguets.— Tu t’affaiblis, souffle-t-il d’une voix basse. Tu l’as laissée te voir.— Je n’avais pas le choix. Elle devait comprendre.— Comprendre quoi ? Qu’elle est à toi ? Ou que tu es incapable de t’arracher d’elle ?Je me retourne lentement, et ses yeux sombres accr
MiaJe marche vite, trop vite, comme si j’essayais de fuir mes propres pensées, le sac en bandoulière battant contre ma hanche, mes écouteurs vissés dans mes oreilles sans que je parvienne vraiment à entendre la musique qui défile. Le soleil est haut, l’air encore tiède malgré la saison, et tout devrait sembler normal, banal, rassurant. Mais rien, depuis cette nuit, ne l’est vraiment.La marque sous mon gilet me brûle encore, comme un secret tatoué à vif. Je la sens à chaque mouvement, comme si elle cherchait à m’appeler, à me rappeler que ce que j’ai vécu n’était pas qu’un rêve.Je traverse la place bondée devant la fac, des groupes d’étudiants rient, discutent, leurs voix se mêlent au bruit des voitures, et pour un instant je me persuade que je vais m’y fondre, que je peux redevenir invisible.Puis je le sens. Avant même de le voir.Une présence. Un frisson qui me parcourt la nuque, qui m’arrête net. Mon cœur bondit dans ma poitrine, mes mains deviennent moites, et quand je lève les
MiaLe matin s’infiltre dans ma chambre avec une lenteur cruelle, les premiers rayons du soleil traversent les rideaux, effleurent mes draps humides de sueur et viennent se poser sur mon visage, et aussitôt mes yeux s’ouvrent, lourds, brûlants, comme si je n’avais pas dormi du tout. Mon cœur bat encore trop vite, mes tempes résonnent d’un écho qui n’appartient pas seulement au sommeil, une vibration sourde qui me laisse à la fois vide et en alerte, comme si quelque chose de dangereux et de fascinant m’avait choisi pour témoin.Je reste allongée, immobile, essayant de me convaincre que tout ce que j’ai vu, tout ce que j’ai ressenti, n’était qu’un rêve fiévreux, le fruit de mes obsessions et de mes peurs. Mais quand ma main glisse machinalement sur mon épaule, puis descend sur ma clavicule, je me fige. La peau est chaude, trop sensible, et la marque est toujours là. Rouge. Nette. Comme si mes nerfs eux-mêmes avaient été gravés par quelque chose d’invisible mais indéniable, quelque chose
DorianLa nuit s’étend sur la ville comme un voile de velours, et depuis les baies vitrées de mon appartement au dernier étage, je contemple les lumières des gratte-ciel, les néons des avenues, les flux de vie humaine qui s’agitent encore là-bas, en contrebas.Mon empire repose sur cette agitation : des actions, des sociétés, des villas dont je ne foulerai jamais les piscines chauffées, des voitures que je n’ai pas besoin de conduire. Être multimillionnaire n’est pour moi qu’une couverture. Une façade brillante qui distrait les regards et détourne les soupçons.Je reste immobile, les mains croisées dans le dos, mais mes pensées m’échappent, me ramènent inlassablement vers elle : Mia.Ses yeux qui défient, ses doutes, ses tremblements, et pourtant cette force intérieure qui la rend plus dangereuse pour moi que tous les chasseurs de mon espèce.— Encore en train de jouer au tragique devant ta fenêtre ?La voix retentit derrière moi, insouciante, moqueuse. Je n’ai pas besoin de me retour