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Chapitre 2

Lehyan et Ondine décidèrent de décorer la maison plus tard. Ils se changèrent en maillots de bain, mirent de la crème et marchèrent jusqu'à la plage la plus proche. Ils courraient presque à vrai dire et sourirent tels des enfants quand il sentirent le vent sur leurs visages. Ils entendirent les mouettes avant de voir l'eau et accélérèrent encore le pas. Lehyan et Ondine s'immobilisèrent d'un coup en voyant l'océan. Cette surface d'un bleu épuré et à la surface brillante balayait d'un revers de main tous leurs problèmes.

Ondine attrapa la main de Lehyan et le tira en avant. Ils se mirent à courir aussi vite que possible et ne s'arrêtèrent qu'une fois dans l'eau. Ils ressortirent immédiatement en criant ne s'attendant pas au choc de température. Ils rirent avant de remettre leurs pieds dans l'eau. Ils essayaient de s'habituer petit à petit à la température. Lehyan décida que c'était mieux de sauter dans l'eau d'un coup et de nager. Il le fit donc tandis qu'Ondine continuait à avancer à petits pas.

Une fois Lehyan habitué à la froideur de l'eau salée, il éclaboussa sa sœur qui le mit en garde d'arrêter. Évidemment il ne l'écouta pas. Ondine essaya de fuir mais Lehyan l'attrapa et la lança dans l'eau. Ondine fut très surprise quand elle se retrouva la tête dans l'eau. Et dire que quelques années auparavant son frère n'arrivait même pas à la soulever, alors la jeter dans l'eau encore moins.

Ondine remonta à la surface tellement vite qu'elle percuta quelqu'un. Elle s'essuya les yeux tout en s'excusant. Quand elle réussit à ouvrir les yeux elle vit qui elle avait percuté. Une homme d'un vingtaine d'années aux cheveux foncés et à la barbe de trois jours. Ondine lui sourit même si le regard de l'homme était aussi sombre que ses cheveux. Visiblement il n'était pas venu s'amuser.

«Regarde où tu vas.»

L'homme grogna de sa voix froide et imposante avant de s'éloigner. Ondine le regarda partir perturbée. Lehyan se rapprocha et regarda l'inconnu avec une once de rage. Un regard digne du petit frère protecteur qu'il était. Ondine haussa les épaules pour lui faire comprendre qu'elle s'en fichait. Ils rirent de la scène se demandant comment un homme pouvait-il être si grognon alors qu'il était à la plage.

Ils oublièrent très vite cette rencontre et s'enfonçèrent encore plus dans l'eau. Les vagues étaient de plus en plus grande et ils se faisaient un plaisir de sauter dedans. Parfois le courant était tellement fort qu'ils se faisaient emporter jusqu'à la plage et ils revenaient en demandant encore. L'océan ne fatiguait pas et continuait à envoyer des vagues pour que les enfants s'amusent à se laisser porter ou à plonger en dessous.

Au bout de trois heures de jeu, Ondine commença à avoir froid. Elle ne voulait pas sortir mais Lehyan remarqua ses lèvres bleutées et lui proposa d'aller manger quelque chose. Ondine finit par accepter. Ils sautèrent dans une dernière vague et se laissèrent porter jusqu'à la rive.

Le chemin du retour se fit beaucoup plus dans le calme. Ils ne s'en étaient pas rendus compte mais toutes ces heures passées dans l'eau les avaient horriblement fatigués. Ils rentrèrent donc et décidèrent au pierre feuille ciseaux qui allait prendre sa douche en premier. Ondine gagna comme toujours et se dépêcha de laisser la place à son frère.

Une fois lavés et changés, Lehyan et Ondine décidèrent de se promener pour trouver un endroit où manger. Ils n'avaient pas encore de quoi cuisiner chez eux et avaient assez d'argent mis de côté pour se permettre de manger dans un restaurant.

«Ces rues sont magnifiques. Surtout les petites ruelles.»

Lehyan approuva la remarque de sa sœur d'un hochement de tête.

«On devra définitivement revenir se promener ici une fois la nuit tombée.

-Excellente idée.»

Ondine et Lehyan mirent du temps à choisir un restaurant. Ils examinèrent de nombreux lieux avant de finalement bloquer leur choix sur une maison rouge et étroite. Il y avait quelque chose de convivial dans les sourires des serveurs et le menu donnait l'eau à la bouche. Ils entrèrent donc et on les fit asseoir près d'une fenêtre.

«Je peux avoir la chaise de gauche? demanda Ondine.

-Yupp.»

Ils s'installèrent donc et prirent le menu en main. Ils savaient déjà ce qu'ils allaient commander mais cela ne les empêcha pas de parcourir les plats des yeux une nouvelle fois. Lehyan en vint même à douter de son choix mais finit par rester sur une entrecôte saignante.

En attendant leurs commandes, Lehyan et sa sœur discutèrent de tout et de rien. Leurs plats arrivèrent très vite et ils furent agréablement surpris par le goût de la nourriture.

«Chez délicieux.

-Chadore.»

Lehyan rit en voyant la manière dont Ondine dévorait sa viande des yeux.

«Franchement je ne suis pas déçue c'est super bon.

-Je suis d'accord. Ça me rappelle le petit restaurant près de chez nous.

-Tu t'en souviens?

-Bah ouais.

-Pourtant il a fermé quand tu n'avais que cinq ans. Tu as dû y manger deux fois mais tu étais tellement jeune... Même moi qui avais sept ans lorsque nous y avons mangé la dernière fois je ne m'en souviens pas.

-Ouais mais toi tu ne te souviens jamais de rien.»

Ondine tira la langue.

«J'y peux rien si je suis un génie.

-Ça va les chevilles? demanda-t-elle exaspérée.»

Lehyan baissa les yeux vers ses chevilles mais avant qu'il ait le temps de parler Ondine le coupa.

«Tu n'as pas intérêt à faire cette blague.»

Lehyan rit.

«Madame est jalouse?

-Moi? Jalouse de toi? Voyons je n'ai rien à t'envier.

-Qui a de grosses chevilles à présent?»

Ondine haussa les épaules et sourit d'un air naïf.

«Je ne vois pas de quoi tu parles.»

Lehyan souffla amusé. Ondine se redressa sérieuse.

«Bon, sinon demain on a un programme chargé. On doit aller à l'université pour finaliser ton inscription. Ensuite nous devrons aller acheter les meubles qui nous manquent. Par la même occasion nous devrons acheter de quoi remplir le frigo. Ça peut largement se faire en une journée mais j'ai peur de devoir faire plusieurs allers retours avec la voiture parce que les meubles ne vont jamais tous rentrer d'un coup. Le deuxième problème est qu'on est samedi et que demain les magasins ferment à midi. On devra se lever tôt.

-Quelle heure?

-Hum je sais pas disons sept heures?

-Ça marche.

-L'université ouvre à quelle heure?

-Neuf heures je crois. On devrait peut être faire les courses avant.

-Je pense aussi. En soit c'est cool on n'a pas non plus besoin de trop de choses. On a déjà un canapé et des lits qu'il faudra reconstruire. Il nous faut une table, des chaises, un lave linge, un four et un lave vaisselle si possible.

-On peut s'en passer du lave vaisselle. On n'en a jamais vraiment eu besoin.

-Ouais t'as raison et puis c'est quand même assez cher.»

Ondine sourit à son frère satisfaite en voyant que les choses se concrétisaient. Elle n'aurait pas pu rêver de meilleur colocataire que son frère. Ondine ne le savait pas mais Lehyan lui sourit en pensant à exactement la même chose.

«Tu as remercié Tatiana pour le canapé? demanda Ondine.

-Ouais je lui ai envoyé un autre message ce matin. C'est vraiment super gentil de sa part de nous l'avoir passé. Il est en parfait état.

-Il faudra qu'on prenne souvent de ses nouvelles. Cette femme a toujours été là pour nous même après...»

Lehyan hocha la tête. Tatiana avait été leur voisine durant de nombreuses années. Elle avait déménagé avec son mari mais était restée en de très bon thermes avec leur famille. Ils l'avaient connus tous petits et il arrivait souvent qu'elle les invitait à venir manger chez elle ou faisait du gâteau et passait chez eux pour leur en proposer. Tatiana s'était montrée plus présente que jamais suite au drame qu'avait été la mort de leurs parents. Elle avait aidé les enfants à trouver une maison et s'était occupée des papiers. Ondine et Lehyan lui en étaient très reconnaissants.

«C'était pas dure de dire au revoir à tes amis? demanda Lehyan.

-Ça va. Dogan a pleuré. Il était adorable et m'a fais pleurer à mon tour. Ils étaient tous adorables et je sais qu'on va garder contact. Ça va être dure de ne plus les voir mais je ne suis pas vraiment triste en fait. Et toi alors?

-J'ai pas pleuré perso. Ni aucun de mes amis. Je dois être pas aimé.»

Ils rirent.

«Non, plus sérieusement, ils étaient archi cool. Je pense qu'on va garder contact aussi alors tranquille.

-T'as pas l'air non plus très triste qu'on parte.

-Non. J'aime voyager du moment qu'on est ensemble. J'étais légèrement dégoûté de ne pas pouvoir aller à Amsterdam avec eux mais je m'en suis vite remis.»

Ondine lui sourit avec douceur.

«Tes profs ont dis quoi par rapport au bac et l'année prochaine?

-J'ai fais la bise à la prof de maths.

-Sérieux?

-J'étais le seul à avoir eu vingt alors elle m'a demandé si elle pouvait me faire la bise. Je m'y attendais pas mais c'était drôle.

-Franchement tu gères. Je n'ai jamais eu vingt en maths en terminale.

-Ouais mais toi t'avais vingt en svt.

-Tu as eu dix neuf. C'est tout aussi génial.

-Ouais mais c'est pas parfait.»

Ondine leva les mains en l'air en signe de paix.

«D'accord, d'accord je savais pas que monsieur était si exigent.»

Lehyan rit. Soudain la musique d'ambiance des lieux changea pour la musique très connue des anniversaires. Ondine se redressa et fit mine d'être surprise. Elle joua très bien la comédie et Lehyan ne remarqua pas qu'elle savait que c'était à leur table que le gâteau allait venir. Lehyan regarda même autour de lui se demandant qui fêtait son anniversaire tout en se balançant au rythme de la musique.

C'est seulement quand le gâteau fut posé devant lui que Lehyan comprit. Il regarda sa sœur avec des yeux ronds et il lui fallut de longues secondes pour sortir de sa torpeur et souffler les bougies. Tout le restaurant applaudit et Lehyan rougit. Il avait beau avoir fait des années de théâtre il n'aimait pas vraiment être au centre de l'attention. C'est seulement quand ils furent enfin laissés seuls que Lehyan se tourna vers sa sœur touché.

«C'est toi qui as fais ça?»

Ondine hocha la tête fière d'elle.

«Mais comment? Tu n'as pas bougé de cette chaise.

-Le magicien ne révèle jamais ses secrets voyons.

-Tu es plutôt le lapin que le magicien.

-Un lapin fort rusé dans ce cas.

-Mais un lapin tout de même.»

Ondine roula des yeux.

«Merci... C'est adorable de ta part.

-Avec plaisir.

-Mais c'est même pas mon anniversaire.

-Certes mais j'avais envie qu'on fête ton bac comme il se doit. Tu es heureux?

-Tu rigole? Je suis plus qu'heureux. Je t'aime, Ondine.

-Moi aussi... Je suis horriblement fière de toi. Je ne veux jamais que tu l'oublie. Tu es le meilleur frère et le meilleur ami au monde. Tu as eu ton bac mention très bien bon sang!»

Ils rirent pleins d'émotion.

«Toi aussi tu as eu cette mention.

-Mais c'est pas moi qui l'ai passé cette année. Aujourd'hui c'est ta journée.

-Ça veut dire que tu vas m'acheter ma propre voiture?

-Rêve toujours.

-Roh t'es nulle...»

Ils rirent avant de s'attaquer au gâteau. Une fois avoir payé ils décidèrent de prendre le chemin du retour. Il faisait nuit à présent et ils passèrent par les petites ruelles afin de les voir éclairées. Lehyan porta Ondine sur son dos comme elle était fatiguée. Ils ne parlèrent pas sur le chemin et se contentèrent d'admirer les lanternes.

Une fois de retour à la maison ils se rendirent compte qu'ils n'avaient pas assemblé le lit. Ils étaient trop fatigués pour le faire de décidèrent de dormir sur un des matelas à même le sol. Ils se mirent donc en pyjama puis éteignirent les lumières.

«Bonne nuit Lehyan.

-Bonne nuit Ondine. Merci pour aujourd'hui. Tu es la meilleure sœur au monde.»

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