⊰᯽⊱La journée avait été longue, infiniment longue. Ethan Blackwood avait passé chaque heure aux côtés de son frère, Damien. Ce dernier, bien que parfaitement au courant de l’importance de cette date – leur anniversaire commun – et du désir profond d’Ethan de le célébrer avec son épouse, avait insisté avec une obstination d’enfant gâté. « C’est notre anniversaire Ethan, je veux le fêter avec toi », avait-il argué, comme si les années de séparation pouvaient se rattraper en une seule journée. Ethan avait tenté de raisonner ce frère encombrant, proposant même une célébration commune avec Kaëlle, un premier anniversaire partagé si symbolique pour son jeune couple. Mais ses mots étaient une fois de plus tombés dans l’oreille d’un sourd, étouffés par l’égoïsme familier de Damien.Le cœur lourd, Ethan avait cédé. Comment résister à l’appel de ces années perdues ? C’était la première fois après un si long temps qu’ils fêtaient cela ensemble. Alors, il s’était laissé traîn
~ ʚĭɞ ~La semaine de convalescence à l’hôpital s’était écoulée lentement, ponctuée par le doux rythme des monitorings et les visites rassurantes des infirmières. Le masque à respiration assistée, encombrant et froid, avait été retiré deux jours seulement après son réveil, une libération qui avait fait monter à Alessia des larmes de soulagement. Chaque bouffée d’air libre était une victoire.Comme Ethan Blackwood l’avait exigé avec une fermeté teintée d’une inquiétude palpable, le gynécologue était passé pour un examen complet. L’homme, aux mains douces et à la voix posée, avait dissipé leurs angoisses avec un sourire professionnel mais bienveillant. « Tout va parfaitement bien », avait-il annoncé, et le souffle qu’Ethan avait retenu sans même s’en rendre compte s’était enfin libéré dans un soupir bruyant. La question sur le sexe du bébé était venue, naturelle. Alessia avait secoué la tête, un sourire mystérieux aux lèvres. Ce n’était pas pour garder le suspense ; c’était une certitud
❄️ La nuit était tombée d’un seul coup, comme un couvercle de plomb, ensevelissant la ville sous un silence de cathédrale. Seules les lumières jaunes des réverbères et les néons agressifs de quelques concessions automobiles tentaient de percer cette chape d’obscurité, dessinant des ombres longues et difformes sur le sol. L’hiver, cruel et mordant, engourdissait les membres et glaçait les respirations, transformant chaque souffle en un petit nuage fantomatique. La neige, immaculée et traîtresse, recouvrait le bitume d’un linceul blanc qui crissait sinistrement sous les pas.Au cœur du port désaffecté, un labyrinthe de conteneurs rouillés formait une forêt d’acier froid. Au centre de cette clairière, un homme, Clarkson, se tenait raide, le col de son manteau remonté. À ses côtés, une poignée d’hommes aux visages fermés, armés jusqu’aux dents, formaient un rempart vivant, leurs yeux scrutant nerveusement les ténèbres, prêts à se transformer en bouclier humain à la moindre alerte.Le sil
ღEthan sentait le poids de la porte sous sa paume comme celui de ses propres résistances passées. Un dernier souffle, une ultime bouffée d’air froid et aseptisé du couloir, et il poussa le battant. Le monde bruyant et impersonnel de l’hôpital s’éclipsa, remplacé par le silence feutré et le bip monocorde du moniteur cardiaque. Et au centre de cet univers réduit à une seule obsession : Alessia.Allongée sur le lit blanc, son oméga semblait fragile, presque translucide, un papillon épinglé sur un lit d’hôpital. Les tuyaux et les cathéters qui l’enlaçaient étaient une insulte à sa vitalité habituelle. La respiration assistée sifflait doucement, un son qui griffait le cœur d’Ethan à chaque inspiration artificielle. En le voyant, Alessia tressaillit, ses yeux sombres et agrandis par la faiblesse s’ouvrirent pleinement, et elle tenta de se soulever, un mouvement faible et vain.Le cœur d’Ethan se serra. Il traversa la pièce en trois enjambées, ses propres membres lui semblant lourds de tout
⊰᯽⊱La voiture s’était arrêtée telle une parenthèse de silence et d’acier devant l’entrée majestueuse de la demeure de l’Alpha. Le moteur à peine éteint, un garde s’empressa d’ouvrir la portière avec une déférence muette. Ethan Blackwood en sortit, le dos droit, le visage taillé dans une pierre impassible. Il se tenait avec une raideur importante, comme si son autorité était la seule chose qui le maintenait debout. Mais sous la carapace du leader impitoyable, la fatigue des derniers jours le rongeait, pesant sur ses épaules tel un manteau de plomb.Chacun de ses pas résonnait avec une netteté métallique sur le marbre immaculé du vestibule, brisant le silence sépulcral de la grande maison. Sur son passage, les employés s’inclinaient, ployant l’échine dans un ballet de respect et de crainte orchestré. Aucun d’eux n’osait croiser son regard. Même dans cet état : vêtu d’une chemise froissée, maculée de traînées de sang. Ses cheveux, d’ordinaire si parfaits, étaient en
⊰᯽⊱Ethan Blackwood n’y croyait toujours pas. L’annonce du médecin résonnait dans sa tête comme une mélodie trop belle pour être réelle, une douce dissonance dans le cauchemar qu’ils venaient de traverser. Son cœur, qui s’était emballé pendant des heures au rythme effréné de la peur, battait désormais avec une régularité presque déconcertante. Comme si toute cette terreur, cette angoisse viscérale qui lui avait tordu les entrailles, n’avait finalement été qu’un mirage dissipé par une simple phrase. Un souffle qu’il osait enfin expulser de ses poumons lui brûlant la gorge d’un mélange de soulagement et d’incrédulité.Sa seule pensée, son unique point d’ancrage dans ce tourbillon d’émotions, était de voir son oméga. Il devait la voir. Il avait une soif presque douloureuse de contempler ces jolis yeux noisette, généralement si expressifs, se poser sur lui, de voir ce regard le scruter de la tête aux pieds, même faible, même voilé de fatigue. Il voulait, il exigeait d’être la première ima