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Chapitre 6

Author: Lilia
J'ai été réveillée par une douleur aiguë et piquante dans le bras.

En regardant vers le bas, j'ai vu que ma perfusion s'était remplie de sang, une ligne cramoisie remontant régulièrement le long du tube transparent.

J'ai appuyé sur le bouton d'appel.

Une infirmière est entrée en trombe et a froncé les sourcils devant la perfusion. « Pourquoi personne ne vous surveille ? Où est votre petit ami ? »

« Il n'est pas mon petit ami », ai-je dit calmement, « il a dû partir pour quelque chose d'important. »

« Il y a combien de temps ? » a demandé l'infirmière en changeant habilement l'aiguille.

J'ai jeté un coup d'œil à l'horloge sur le mur, il était deux heures du matin. Victor était parti à sept heures du soir, il y a sept heures.

« Il y a longtemps. »

L'infirmière a secoué la tête en soupirant. « C'est comme ça avec ces riches, ils font bonne figure, mais ils ne sont jamais là quand ça compte. »

Après son départ, je n'ai pas réussi à me rendormir.

Le matin venu, j'ai décidé d'aller faire un tour.

En traînant mon pied à perfusion dans le couloir, j'ai entendu deux infirmières parler à voix basse.

« Cette fille de la salle VIP a beaucoup de chance. Son petit ami a réservé tout l'étage pour elle. »

« J'ai entendu dire qu'il avait même fait venir des spécialistes de l'étranger pour une prise en charge 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. »

« L'héritier de la famille Martin est si bon avec elle, il ne l'a pas quittée depuis qu'elle a été admise. »

Je me suis arrêtée.

La salle VIP était au dixième étage, j'étais au huitième, dans une chambre privée standard.

J'ai appuyé sur le bouton de l'ascenseur et je suis montée au dixième étage.

Tout l'étage était en effet bouclé, seule une pièce était éclairée.

Arrivée à la porte, j'ai jeté un coup d'œil par la petite fenêtre.

Victor était assis près du lit, nourrissant patiemment Isabelle de bouillie à la cuillère. Elle était appuyée contre un tas d'oreillers, son visage était pâle mais satisfait.

« Est-ce que ça fait encore mal ? » a demandé Victor à voix basse.

« Beaucoup mieux », a répondu Isabelle en ouvrant la bouche pour prendre une autre cuillerée. « Avec toi, je n'ai plus peur de rien. »

Maître Roman était assis sur le canapé et épluchait une pomme pour elle. Dès qu'elle a fini sa bouillie, il lui a tendu une petite tranche.

« Mange lentement, ne t'étouffe pas. » la voix de Maître Roman était empreinte d'une affection que je n'avais pas entendue depuis des années.

« Oncle Roman, tu es si bon avec moi », a dit Isabelle en souriant gentiment, « comme un vrai père ».

« Tu es ma fille maintenant », a dit Maître Roman en lui tapotant la main, « cette famille est ta famille. »

Victor a souri doucement et a tendu la main pour lisser les cheveux d'Isabelle. « Tu as encore la tête qui tourne ? »

« Non, juste un peu fatiguée. »

« Alors dors un peu plus », a dit Victor en fermant les rideaux et en tamisant les lumières, « je serai à tes côtés. »

Cette scène domestique et tendre était un couteau qui me transperçait le cœur.

Je me suis mordu la lèvre si fort que j'ai senti le goût du sang, me forçant à ne pas crier.

Je me suis détournée de la salle VIP pour retourner dans ma propre chambre.

Ne pleure pas, Salomé. Tu ne peux pas pleurer.

Quatre jours avant mon départ pour Marseille pour le mariage, je suis sortie de l'hôpital.

En sortant de l'hôpital, j'ai vu Victor, qui était appuyé contre sa voiture noire et attendait.

« Monte. » m'a-t-il dit.

« Je vais prendre un taxi. »

« Monte. » Le ton de Victor ne laissait aucune place à la discussion.

Devant son regard froid et dur, je me suis finalement glissée dans la voiture.

« Où va-t-on ? » J'ai demandé.

« Pour te clarifier l'esprit. » a dit Victor en démarrant la voiture. « Tu es restée trop longtemps enfermée à l'hôpital. »

Une demi-heure plus tard, il s'est arrêté devant la salle des ventes de Sotheby's dans le centre ville.

« Une vente aux enchères ? » J'ai regardé l'affiche à l'entrée.

« Il y a une vente aux enchères d'œuvres d'art aujourd'hui », a dit Victor en descendant de la voiture, « je pense que tu aimes ce genre de choses. »

Je voulais refuser, mais lorsqu'il m'a tendu le catalogue de la vente, mon regard s'est arrêté sur un objet familier.

Lot 47 : un collier de perles.

Mes mains se sont mises à trembler.

Je connaissais ce collier, c'était celui de ma mère, c'était la seule chose qu'elle m'ait laissée.

« Qu'est-ce qui ne va pas ? » Victor a remarqué ma réaction.

« Rien », j'ai serré le catalogue fermement, « entrons. »

Dans les toilettes, j'ai composé le numéro de mon avocat avec des doigts tremblants.

« Vends tout ce que j'ai, tout ce que j'ai, tout de suite. »

« Mlle Salomé, vous avez dit que vous vouliez emmener ces choses à Marseille... »

« J'ai changé d'avis », ai-je dit avec insistance, « combien puis-je obtenir ? »

« Une quinzaine de millions d'euros. »

« C'est suffisant. » J'ai raccroché et j'ai respiré profondément.

Je devais récupérer le collier de ma mère.

Nous sommes entrés dans la salle des ventes et Victor nous a trouvé des sièges près de l'avant.

Au moment où j'allais m'asseoir, une voix familière s'est fait entendre.

« Victor ! »

Isabelle s'est approchée, vêtue d'une robe rose pâle. Sa tête était encore enveloppée de gaze, mais elle était toujours aussi belle et fragile.

Elle a passé son bras autour de celui de Victor.

« Salomé est là aussi », a dit Isabelle en me souriant gentiment, « j'ai dit à Victor que je voulais m'excuser auprès de toi en personne aujourd'hui. Je ne pensais pas qu'il t'amènerait à la vente aux enchères. »

A cet instant, tout est devenu douloureusement clair.

Victor ne m'a pas amenée ici pour que je me remonte le moral ou que je me rafraîchisse l'esprit.

Il m'a amenée parce qu'Isabelle voulait « s'excuser », et je n'étais qu'un accessoire qu'il avait apporté avec lui.

J'ai regardé le sourire triomphant d'Isabelle, et la dernière douleur dans mon cœur a disparu, remplacée par un engourdissement froid et dur.

Je ne sentais plus rien.
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