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Chapitre 6

Author: Sylvie Vernal
Les grands yeux clairs de Claire se sont écarquillés un instant.

Depuis cinq ans, pour l'anniversaire d'Adrien, elle commençait à préparer son cadeau un ou deux mois à l'avance, le cachant au fond de l'armoire pour lui faire la surprise.

Il y avait eu des pinces à cravate qu'elle avait polies elle-même, des costumes qu'elle avait cousus, des parfums qu'elle avait composés de ses propres mains…

Pourtant, les présents qu'elle lui offrait, il ne les regardait même pas et les laissait prendre la poussière.

En revanche, le stylo gravé « A&C » que Camille lui avait donné, avec leurs initiales, il le gardait toujours sur lui, le faisant tourner entre ses doigts comme un talisman.

Et en cinq ans de mariage, Claire n'avait jamais reçu de lui le moindre cadeau.

Aujourd'hui, alors qu'elle était sur le point de demander le divorce, cet homme avait soudain fleuri comme un arbre sec.

Claire a fixé la boîte dans sa paume ; ses doigts se sont repliés légèrement, ses cils fins ont tremblé comme des ailes de papillon.

Adrien, baissant les yeux, l'a observée de haut.

Voyant son visage délicat s'émouvoir malgré elle, ses lèvres fines ont esquissé un imperceptible mouvement.

Toutes les femmes étaient pareilles, se disait-il.

Surtout celles comme Claire, qui n'avaient jamais vraiment connu le grand monde : si faciles à toucher, si faciles à apaiser.

Sous ses yeux, Claire a ouvert la boîte.

À l'intérieur, une paire de boucles d'oreilles en forme de goutte, serties de petits diamants.

À première vue, cela n'était pas mal… mais aucune pierre ne dépassait un carat.

Dans leur milieu, ces diamants épars étaient considérés comme de simples broutilles sans valeur.

Ce qui lui a fait le plus mal, c'était qu'elle avait reconnu immédiatement cette paire de boucles : elles étaient le cadeau promotionnel offert avec le collier de rubis qu'Adrien avait offert à Camille.

Leurs anniversaires, à elle et à Camille, n'étaient espacés que d'une seule journée.

Depuis que Camille avait été reconnue par leur père, Claire n'avait plus jamais fêté son propre anniversaire.

Chaque année, elle se contentait de le célébrer avec Camille, n'ayant plus ni gâteau ni cadeau rien qu'à elle.

Ces boucles d'oreilles en diamants, c'était la même chose : un simple accessoire, l'ombre du collier de rubis.

Camille lui avait volé la vie qui aurait dû lui appartenir.

Et maintenant, son mari piétinait jusqu'à sa dignité !

« Heh… quelle farce… »

D'un geste désinvolte, Claire a jeté l'écrin dans la poubelle la plus proche.

« Claire ! Toi… ! » Les pupilles d'Adrien se sont dilatées.

« Adrien Charon, au lieu de me faire ce cadeau de pacotille qu'une autre a dédaigné, tu pouvais tout simplement me traiter de tous les noms. Je devrais en pleurer de joie, te remercier à genoux ? »

Claire a soutenu son regard ; ses yeux ambrés étaient rouges. Sa voix était glaciale : « Puisque tu veux t'amuser confortablement dehors, tu devrais au moins savoir comment calmer les esprits. Si tu voulais vraiment m'offrir quelque chose, c'était le collier de rubis de Camille que tu devais me donner. »

Le visage d'Adrien s'est figé ; ses lèvres fines se sont serrées.

Claire a claqué son bagage d'un coup sec : « Mais même si tu me le donnais, je n'en voudrais pas. Je le trouve sale. »

L'expression d'Adrien s'est assombrie jusqu'à l'extrême ; sa voix, d'ordinaire grave et posée, est devenue rauque : « C'est moi qui m'exprime mal ou c'est toi qui n'entends pas ? Je t'ai dit que Camille est seulement ma sœur de cœur, qu'il n'y a jamais rien eu entre nous. Si tu es paranoïaque, je t'enverrai chez un médecin. Arrête de chercher des prétextes pour m'attaquer et de me parler avec ce ton venimeux ! »

Claire a relevé le menton et a lâché, chaque mot coupant comme un glaive : « Divorçons, Adrien. »

Claire a pris sur le lit l'accord de divorce qu'elle avait déjà préparé et l'a tendu calmement à Adrien : « Tes sempiternels 'il n'y a rien entre nous', tu les as répétés jusqu'à me donner la nausée. Je sais très bien que toi et Camille vous aimez. Alors je vous donne ma bénédiction : que votre petit couple de soi-disant 'frère et sœur' devienne enfin officiel. Plus besoin de prétextes de voyages d'affaires pour aller la retrouver. Cette comédie est trop humiliante pour ta chère 'petite sœur'. »

« Le divorce ? Tu oses en parler ? » La colère a enflammé les yeux d'Adrien.

Il a fait semblant d'ignorer toute la souffrance de sa femme, ne retenant que ce mot, comme si c'était une insulte mortelle.

D'un pas menaçant, il s'est avancé, son aura d'homme dominateur l'a enveloppée : « La nouvelle loi sur le mariage est claire : tout ce qui a été acquis après le mariage est partagé. Si tu divorces, tu pars les mains vides. N'espère pas emporter un centime de mon argent. »

« J'ai deux mains et deux jambes. Que ferais-je de ton argent ? »

Les yeux de Claire étaient glacés, son ton tranchant : « Rassure-toi : je partirai comme je suis venue. Ce qui ne m'appartient pas, je n'y touche pas. »

Les pupilles d'Adrien se sont assombries, un flot de rage y a éclaté.

Cette femme qui avait toujours baissé la tête osait maintenant lui tenir tête.

Sans talents particuliers, rejetée même par la famille Morel, sur quoi s'appuyait-elle pour être si sûre d'elle et oser lui demander le divorce ?

« Et Loulou ? Tu n'en veux plus ? »

La respiration d'Adrien s'est faite plus lourde ; il cherchait à l'atteindre par leur fils : « Tu crois vraiment que tu obtiendras la garde contre moi ? »

« Ce n'est pas que je ne peux pas, c'est que je ne veux pas. »

Le regard de Claire est resté parfaitement calme : « Loulou reste avec toi. »

Les pupilles d'Adrien se sont brusquement rétrécies.

Était-ce encore la même Claire qui, lorsque Léo avait été hospitalisé d'urgence, était restée des nuits entières sans fermer l'œil au chevet de son lit, qui avait mangé végétarien des années durant et avait passé des heures à genoux dans les églises à supplier le ciel de protéger Léo.

Son fils était toute son espérance, la chair de sa chair, et voilà qu'elle disait ne plus le vouloir ?

Un froid glacial s'est répandu autour d'Adrien ; sa poitrine se soulevait violemment : « Je t'ai vraiment surestimée. Tu es bien ce que ton père disait : égoïste, froide et sans cœur. Je croyais que tu aimais vraiment Loulou, mais en réalité tu cherchais seulement à me séduire, à me jouer la comédie ? »

Claire a laissé échapper un petit rire, mais une douleur aiguë lui a transpercé le cœur.

Son père l'avait toujours rabaissée, à la maison comme à l'extérieur, pour mettre en valeur l'excellence de Camille.

Pourtant, cela, elle n'en souffrait plus depuis longtemps.

Quand sa mère était morte, elle n'avait plus eu de père.

Mais avec Adrien, elle avait partagé cinq ans de mariage, le même lit, elle lui avait donné un enfant, elle avait géré leur foyer.

Les autres pouvaient ne pas la comprendre, la calomnier, la juger.

Mais lui, comment pouvait-il balayer d'un mot tous ses efforts et tous ses sacrifices ?

« Oui. J'ai joué la comédie pendant cinq ans. Et je n'en peux plus. »

Claire a planté ses yeux dans ceux de l'homme, ces yeux de faucon glacials mais dont elle avait été folle autrefois.

Et enfin, elle a posé la question qu'elle gardait au fond d'elle depuis cinq ans : « Dis-moi, tu regrettes, n'est-ce pas ? Si tu avais épousé Camille, tout aurait été mieux, n'est-ce pas ? »

Un long silence, oppressant, suffocant.

Puis : « Avec le recul, oui. Camille aurait été un meilleur choix que toi. »

Les lèvres d'Adrien se sont incurvées en un sourire glacé, teinté de dérision : « Au moins, elle n'aurait jamais dit qu'elle renonçait à son propre fils. Aucune femme, digne de ce nom, ne pourrait prononcer une telle chose ! »

Claire a souri de nouveau. Cette fois, son sourire avait un goût d'amertume, mais il restait beau.

« Signe cet accord de divorce au plus vite. »

D'un geste sec, Claire a saisi sa valise et a quitté la pièce, son dos mince et glacé.

Adrien, immense, est resté figé sur place, les poings serrés, forçant sa colère à rester contenue.

Ignorait-il si c'était une manœuvre de Claire pour l'attirer ou si elle était sérieuse.

Mais jamais il ne la retiendrait.

Son statut, son orgueil ne le lui permettaient pas.

Et puis, il ne croyait pas qu'elle aurait réellement ce courage.

Claire n'avait pas cette audace, sans lui, elle ne pouvait pas survivre à Paris !

À ce moment-là, son téléphone a sonné : c'était Hugues, son secrétaire.

« Monsieur Charon, j'ai contacté le joaillier qui fournit votre famille. Il n'a rien de convenable pour le moment ; la prochaine livraison n'arrivera que la semaine prochaine. Il faudra donc décaler le cadeau d'anniversaire de Madame. Mais je le relancerai. »

« Inutile. Je n'offre plus rien. »

Sur ces mots, Adrien a raccroché.

À l'origine, il avait pensé lui offrir d'abord un petit présent, puis lui préparer quelque chose de plus précieux ensuite.

Mais à présent, cette femme lui paraissait terriblement ingrate, indigne de la moindre attention de sa part.

Furieux, Adrien s'est laissé tomber sur le canapé, jambes croisées. Il a ouvert l'enveloppe kraft et a sorti l'accord de divorce.

Noir sur blanc, le nom de Claire y était inscrit, net et implacable, lui brûlant les yeux.

La seconde suivante, un bruit métallique a résonné : L'alliance de Claire est tombée du dossier et a roulé sur le sol, y jetant un éclat glacé.

« Puérile ! »

La langue d'Adrien a pressé sa joue ; d'un geste sec, il a déchiré l'accord de divorce en mille morceaux.

Ses lèvres fines se sont tordues en un rictus : « Claire, c'est ça, ton petit jeu de séduction ? Tu crois vraiment que je vais mordre à l'hameçon ? »

……

Claire venait à peine d'atteindre le salon qu'elle a entendu la voix claire et enjouée de Léo : « Bonne nuit, tata Camille ! Quand tu dors, tu dois aussi porter le bracelet que je t'ai offert pour ton anniversaire ! »

« Bonne nuit, mon Loulou ! »

La voix de Camille était douce et sucrée, le genre qui rassurait les enfants et faisait battre le cœur des hommes : « Ah, au fait, Loulou, aujourd'hui c'est l'anniversaire de ta maman. Tu lui as préparé un cadeau ? »

« Tous les jours j'ai l'école, c'est très fatigant ! Et puis, après ce qu'elle t'a fait aujourd'hui, je ne veux pas lui offrir de cadeau ! »

À ce moment-là, Léo a entendu des pas derrière lui.

Il s'est retourné et a vu Claire, tirant sa valise d'un pas pressé.

Elle est passée devant lui sans même lui accorder un regard.
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