MAXIMEFlashback – La première foisUn jour ordinaire. Un de ces matins où le soleil perce à peine à travers les stores du bureau, où le café est tiède dans ma tasse et où les mails s’accumulent comme une marée silencieuse sur mon écran. Rien ne laisse présager que cette journée va basculer, qu’un événement minime va planter une graine qui germera bien au-delà de ce que j’imagine. Jusqu’à ce qu’on frappe à ma porte. Un coup discret, presque hésitant, qui me tire de mes pensées embrouillées par les chiffres et les rapports. — Monsieur Valdrake, une consultante RH est là pour un entretien. Mandat externe. C’est pour un audit de structure.La voix de ma secrétaire, Claire, filtre à travers le bois massif, teintée d’une pointe d’incertitude qui me met immédiatement en alerte.Un audit RH ? Dans ma propre boîte, Valdrake Enterprises.Je lève un sourcil, l’étonnement creusant une ride sur mon front, et j’accepte, plus par curiosité que par réel besoin. Quelque chose dans cette annonce sent
MAXIMEJe pousse la porte du bar.Une bouffée d’air tiède me frappe aussitôt, chargée de l’odeur de café brûlant, de tabac froid incrusté dans les murs et de bois ciré. C’est familier, presque réconfortant, mais pas ce soir. Ce soir, tout m’écorche. Crevé. Pas juste physiquement — ça, j’ai l’habitude. Non, c’est plus profond, comme une fatigue qui s’est accrochée à mes os, qui me ronge de l’intérieur. Ces derniers jours m’ont lessivé, poncé les nerfs jusqu’à la corde. Et cette nuit blanche, passée à tourner en rond dans mon appart à ressasser chaque mot de ce foutu message… elle n’a fait qu’ajouter une couche de plomb à mon crâne.J’ai menti à Willow. Pour la première fois.Ces mots résonnent encore dans ma tête comme une alarme que je n’arrive pas à éteindre. Je lui ai dit que j’allais voir mon avocat. Elle m’a cru. Bien sûr qu’elle m’a cru. Elle me croit toujours. Et c’est ça qui me tue. Cette confiance aveugle, ce regard pur qui ne doute jamais de moi. Je la trahis déjà en me planq
MAXIMELa nuit est lourde, presque suffocante. La maison dort, bercée par un silence que seul trouble le murmure lointain du vent qui s’infiltre par une fenêtre mal fermée. Allongé près de Willow, je fixe le plafond, les yeux grands ouverts, incapable de trouver le sommeil. Son souffle régulier caresse mon épaule, mais mon esprit est ailleurs, prisonnier d’un tourbillon de pensées.Le message de Diana.Le rendez-vous de demain.Et cette chose qu’elle veut me montrer, ce quelque chose qui, selon elle, va « changer ma vie ».Ces mots tournent en boucle, comme une menace tapie dans l’ombre.Je me dégage doucement du lit, veillant à ne pas réveiller Willow. Ses cheveux s’étalent sur l’oreiller, une cascade sombre qui capte la lueur pâle de la lune. Un bras repose en travers de la couverture, vulnérable, paisible. En la regardant, une vague de culpabilité m’envahit. Elle ne mérite pas ça – mes secrets, mes doutes, cette tempête qui gronde en moi.Je ramasse mon pantalon abandonné sur le so
MaximeNous rentrons dans la maison, et une douce odeur de plat en sauce flotte dans l’air, enveloppant l’entrée d’une chaleur presque réconfortante. Ça sent le bœuf mijoté, peut-être avec des carottes et une pointe de thym. Un parfum qui semble vouloir panser les blessures des derniers jours.La cuisinière a dû s’activer en cuisine, sans doute dans l’espoir de nous offrir un peu de réconfort après cette épreuve interminable. La lumière tamisée du salon jette des ombres douces sur les murs, et le tic-tac de l’horloge dans le coin résonne comme un rappel implacable du temps qui passe.Je retire ma veste, les épaules encore raides après le trajet, et la laisse tomber sur le dossier d’une chaise avec un soupir las. Willow se dirige vers l’escalier, ses pas lourds trahissant son épuisement. Elle monte sans un regard en arrière, comme si elle voulait fuir le poids qui nous écrase tous les deux.C’est alors que mon téléphone vibre dans ma poche. Un bourdonnement discret, mais qui me fai
WILLOWLe retour se fait dans un silence épais. Pas hostile. Juste… épuisé. Le genre de silence qui s’installe quand on n’a plus d’énergie à dépenser, ni pour les mots, ni pour les faux-semblants. Les derniers jours nous lessivent, nous rincent jusqu’à la moelle, comme si chaque heure avait aspiré un peu plus de notre vitalité.Maxime a eu raison, la veille, quand il a murmuré, la voix rauque : — Il nous faudra quelques jours pour nous remettre. Moi surtout. Pour gérer l’après. Les papiers, les actes, les comptes, les notaires… toute cette jungle administrative qu’une mort laisse derrière elle.Il a raison, et je le vois dans la façon dont ses épaules s’affaissent légèrement sur le volant, dans la ligne tendue de sa mâchoire. Mais moi… moi, je traîne une fatigue différente. Un poids lourd, ancré au creux de mon ventre, qui refuse de se dissiper.Je n’ai pas pu aller voir le petit William à l’hôpital, et ça me ronge plus que je ne veux l’admettre. C’est un vide étrange, presque phys
WILLOWJe reste figée, le verre d’eau pétillante tremblant dans ma main. Les mots de Maryline résonnent encore dans ma tête comme un coup de tonnerre. Parce que, même si Richard te détestait cordialement, moi, je t’apprécie sincèrement !Sa voix, mélange étrange de sarcasme et de sincérité feinte, me désoriente. Pourquoi cette soudaine confidence ? Est-ce une main tendue ou une grenade dégoupillée jetée dans mon monde déjà instable ?Je la regarde s’éloigner, son tailleur noir se faufilant entre les silhouettes comme une ombre calculée. Ce sourire énigmatique reste gravé dans mon esprit, comme une menace déguisée en amabilité.Mon regard revient vers Maxime. Il est toujours avec elle. L’inconnue du cimetière. Leurs têtes sont penchées l’une vers l’autre, trop proches à mon goût. Son visage à lui est fermé, mais je repère cette tension dans ses épaules, comme si chaque mot qu’elle prononce l’agaçait et l’attirait en même temps.La jalousie, jusque-là brûlante, se mue en une rage fro