WILLOW— Arrête avec ça, Maxime, grondai-je en souriant malgré moi, un sourire en coin qui ne parvenait pas tout à fait à masquer mon agacement. Ce n’est pas “mon” domaine, c’est le nôtre. Je posai ma fourchette avec un cliquetis sec, les doigts serrés autour de la tige. William va avoir besoin de nous deux, pas juste de moi pour les couches et de toi pour… Je haussai les épaules, ironique. … lui apprendre à jouer au foot quand il aura dix ans.Un éclat de rire lui échappa, grave et chaleureux, faisant vibrer l’air autour de nous. Ses yeux, d’ordinaire si sombres et tourmentés, pétillèrent un instant, comme si l’ombre de Diane venait de s’effacer. D’accord, d’accord, je me rends, dit-il en levant les mains en signe de reddition, un sourire malicieux aux lèvres. Mais je te préviens… Il pencha la tête, taquin. Je suis sérieux pour le berceau. Je risque de le visser au plafond par erreur.Je secouai la tête, amusée, une chaleur douce s’installant dans ma poitrine. Ce moment, malgré les o
WillowIl cligna des yeux, interloqué, sa fourchette figée en l’air au-dessus de son assiette. La lumière dorée du restaurant dansait sur les traits de son visage, soulignant l’embarras qui rosissait ses joues.— Pas vraiment, avoua-t-il, une pointe de culpabilité dans la voix. J’ai été… occupé par..— Diane, achevai-je, sèchement, sans détourner le regard. Mes yeux plantés dans les siens, je vis son expression se voiler, comme s’il venait d’être pris la main dans le sac. Il baissa la tête, un enfant puni, et je sentis ma colère monter, mais je la ravalai. Pas maintenant. Pas comme ça.Je repris mon souffle, adoucissant mon ton avant de continuer, déterminée à ne pas le braquer :— Maxime, il faut qu’on pense à lui. À William. Ma voix était plus douce, mais ferme. Il va arriver bientôt. On ne peut pas se contenter d’improviser. Il lui faudra une chambre, un lit, des jouets… Je serrai les poings sous la table, les ongles s’enfonçant dans mes paumes. Tu te rends compte de ce que ça repr
willow— Alors je viendrai avec toi, déclarai-je, le menton levé, défiante. Comme si mon simple présence pouvait changer quoi que ce soit. Comme si je pouvais le protéger de ce qui l’attendait.Il secoua la tête, une lueur de panique traversant son regard avant qu’il ne la maîtrise.— Non, dit-il, ferme. Ce sera pire si tu es là. Elle en profiterait pour… Il marqua une pause, cherchant ses mots. Pour te blesser. Te provoquer. Je préfère l’affronter seul.Seul.Ce mot me frappa comme une gifle. Comme si j’étais un fardeau, comme si ma présence ne faisait qu’aggraver les choses. Je reculai légèrement sur ma chaise, le dos raide, comme si on venait de me verser un seau d’eau glacée sur les épaules.— Et moi, je devrais attendre sans savoir ? Ma voix était plus amère que je ne l’aurais souhaité, chargée de cette frustration qui me rongeait depuis des semaines. Attendre, encore. Toujours attendre.Il soupira, passa une main dans ses cheveux déjà ébouriffés, un geste que je connaissais trop
willowLe restaurant bourdonnait d’une énergie presque tangible, un mélange de rires étouffés, de murmures complices et du cliquetis cristallin des couverts contre la porcelaine. Les lumières dorées des lustres se reflétaient dans les verres, dessinant des éclats mouvants sur les nappes immaculées. L’odeur du thym rôti et du vin corsé enveloppait l’espace, chaude et réconfortante, comme une étreinte après une longue journée d’hiver. J’inspirai profondément, laissant ce parfum me pénétrer, essayant de m’accrocher à cette normalité alors que tout, en moi, était encore en ébullition.Maxime, en face de moi, semblait à la fois présent et lointain, comme s’il était déjà en train de négocier avec les ombres qui dansaient autour de nous. Ses doigts, longs et fins, effleurèrent le bord de son verre avant de le soulever. La lumière jouait sur les arêtes de son visage, soulignant la fatigue creusée sous ses yeux et cette tension permanente qui raidissait ses épaules. Il commanda pour nous deux
WILLOW— Franchement, je ne vois aucun problème majeur pour cette adoption. Votre lien avec Cassidy est clair, documenté. Vous êtes stable, vous avez un foyer, des revenus… Il esquissa un sourire, un éclat presque amusé dans les yeux. Et, ne nous voilons pas la face, votre situation financière est plus que confortable. Les services sociaux, même s’ils passent tout au crible, ne devraient pas vous poser de difficultés. Ils cherchent avant tout la stabilité pour l’enfant, et vous l’incarnez à merveille.Je sentis un poids s’alléger dans ma poitrine, une bouffée d’air frais perçant l’atmosphère étouffante du bureau. Mes épaules s’affaissèrent légèrement, et je laissai échapper un souffle que je retenais sans m’en rendre compte.— Vraiment ? murmurai-je, ma voix tremblante d’un espoir prudent.Maître Blood hocha la tête, son sourire s’élargissant.— Vraiment. Je m’occupe de tout. Je vais préparer le dossier, contacter les services sociaux, et m’assurer que tout soit en ordre. Avec votre t
WILLOWLe silence pesait dans le bureau de Maître Blood, un silence épais, presque tangible, où chaque mot semblait suspendu, prêt à basculer dans un verdict irrévocable. Depuis le début, je m’étais murée dans le silence, écoutant Maxime déverser sa colère, ses certitudes, son refus obstiné d’un test ADN. À plusieurs reprises, le regard perçant de l’avocat s’était posé sur moi, comme s’il attendait une approbation, une contradiction, ou simplement un signe que j’étais encore là. Mais je n’avais rien dit. Parler m’effrayait. Les mots, une fois prononcés, risquaient de révéler une vérité que je n’étais pas prête à affronter.Quand Maxime lâcha enfin cette phrase, lourde d’espoir et de défi« J’aimerais aussi faire une demande d’adoption » , je sentis mon cœur s’emballer, comme un cheval lancé au galop. Ce fut mon signal. Je me redressai sur le fauteuil en cuir, mes mains jointes crispées sur mes genoux, et relevai le menton, cherchant dans ce geste une assurance que je ne ressentais qu’