Chapitre 5 Le bracelet

Point de vue d’Astrid

Mon cœur était lourd de chagrin et mon corps complètement épuisé lorsque je suis retournée au manoir de la meute.

La grossesse m’a rendue plus émotive, et cela me fatiguait aussi plus facilement.

Avec tout ce qui m’était arrivé récemment, être enceinte rendait les choses encore plus difficiles.

Retourner ici était la dernière chose que je voulais, mais je n’avais pas le choix. J’avais laissé toutes mes affaires derrière moi quand j’avais décidé de ne plus jamais remettre les pieds dans cette maison.

Pour l’instant, je ne voulais croiser personne qui pourrait encore plus gâcher mon humeur. Je suis venue à la maison de la meute pour emballer mes affaires, et c’est tout. Je n’avais aucune intention de rencontrer Killian, ni même de voir son visage.

Et je n’avais pas non plus l’intention de lui parler de notre enfant à venir.

Instinctivement, j’ai touché mon ventre en pensant à cela. Je me suis mordu ma lèvre inférieure, me sentant désolée pour mon enfant.

Ayant grandi sans père, je ne voulais pas que mon bébé connaisse cette même absence. Cependant, je ne pouvais pas non plus le laisser grandir avec un père qui ne voulait pas de lui. Puisque Killian avait déjà un enfant avec Giselle, il était clair qu’il ne voudrait plus d’un enfant avec moi.

Peu importe. Ma mère a réussi à m’élever seule.

Je ferai mieux qu’elle. Je serai une mère bien meilleure pour mon enfant.

« Tu es de retour. » a dit quelqu’un derrière moi alors que je fourrais toutes mes affaires dans ma valise pour pouvoir enfin quitter cet endroit pour de bon. « Tu as été absente trois jours. Quelle sorte de Luna abandonne la meute si longtemps sans prévenir ? »

J’ai serré les dents en fermant ma valise pleine et en la zippant avant de me retourner pour faire face à la mère de Killian.

La mère de Killian m’avait toujours détestée. Elle avait toujours pensé que j’étais trop faible pour être une Luna et que je ne méritais pas son fils.

Pendant des années, j’avais tout fait pour répondre à ses attentes et vivre en paix avec elle en tant que belle-mère. Mais quoi que je fasse, elle ne m’avait jamais aimée.

Elle me détestait simplement pour ce que j’étais, et elle a toujours essayé de me forcer à quitter son fils et à renoncer à ma position dans la meute.

Debout dans l’embrasure de la porte, les bras croisés, la mère de Killian m’a fusillée du regard.

À chaque fois que je faisais une erreur, elle était toujours là pour la souligner et me faire honte. Elle avait dû attendre mon retour pour pouvoir me reprocher à quel point j’étais une mauvaise Luna et me forcer à renoncer à mon titre une fois de plus.

« Je croyais que tu ne voulais pas de moi ici. Tu ne m’as pas toujours forcée à quitter cette meute et à renoncer à mon titre ? Pourquoi es-tu en colère que je sois absente trois jours ? » ai-je répliqué sèchement.

Avant, je la laissais m’insulter, crier sur moi et déverser sa colère sur moi, même au prix de ma propre dignité. Je ne lui avais jamais répondu, car c’était ma belle-mère et je devais la respecter.

Maintenant que Killian et moi allions divorcer, il n’y avait plus de raison pour moi d’encaisser tout cela alors que nous ne serions plus liées.

Ses yeux se sont écarquillés en entendant ma réponse.

« Toi ! » a-t-elle haussé la voix en pointant un doigt rageur sur moi. « C’est comme ça que tu parles à ta belle-mère, hein ? ! »

« Ne t’inquiète pas, tu ne seras bientôt plus ma belle-mère. Killian et moi allons divorcer, et je vais quitter cette meute pour de bon. Tu n’auras plus jamais à voir mon visage, comme tu le souhaites ! » ai-je craché à mon tour.

Enfin, après tant d’années à me taire face ses humiliations en silence, j’ai pu lui répondre et me défendre contre elle.

Ça faisait du bien de pouvoir me défendre à nouveau au lieu d’accepter les insultes et de tout garder pour moi.

« Vraiment ? ! » Son visage, tordu par la colère s’est soudain illuminé lorsqu’elle a entendu mes paroles. « Tu pars ? » a-t-elle demandé, comme pour être sûre d’avoir bien entendu.

« Oui ! Je quitte enfin cet endroit, et j’en suis tellement heureuse ! » ai-je crié avec colère en voyant à quel point elle était ravie d’apprendre que je partais.

Si elle était heureuse, je devais l’être aussi. Je devais être heureuse de pouvoir enfin quitter cet endroit où personne ne m’avait jamais appréciée.

« Enfin, tu es revenue à la raison ! » a-t-elle répondu avec un regard de soulagement dans les yeux.

« Giselle est enceinte maintenant, et la meute a enfin un héritier. Tu es mariée à mon fils depuis plusieurs années, mais jusqu’à maintenant, tu ne lui as pas donné d’enfants. »

En entendant ces mots, j’ai baissé les yeux vers mon ventre et je me suis figée.

« Tu as freiné cette meute et mon fils. Il est temps pour toi de partir et de laisser mon fils vivre avec quelqu’un de meilleur, qu’il mérite. »

La mère de Killian était vraiment ravie de la nouvelle de mon départ, sans savoir que j’emporterais son petit-enfant avec moi.

« Puisque tu as décidé de divorcer de mon fils et de partir, ne reviens jamais à l’avenir. Tu n’apportes que le malheur autour de toi. Tu es un porte-malheur pour notre meute. » a ajouté la mère de Killian sans la moindre honte.

Je ne reviendrai pas. Je ne reviendrai jamais. Une fois partie, je couperai tous les liens que j’ai avec cette meute et vivrai ma propre vie en tant que femme libre, sans avoir à plaire à qui que ce soit.

J’ai souri en pensant à l’avenir qui m’attendait. J’aurais dû partir il y a longtemps. Je n’aurais pas dû laisser ces gens me rabaisser et diminuer ma propre valeur.

Pour la dernière fois, je me suis ressaisie et j’ai pris mes affaires avec moi. Je m’assurerais que ce serait la dernière fois que je verrais cet endroit.

Alors que j’étais sur le point de passer devant la mère de Killian, elle m’a soudain tirée sur le côté, faisant tomber mon sac par terre.

Toutes les affaires à l’intérieur se sont éparpillées sur le sol, juste au moment où j’étais sur le point de quitter cet endroit maudit.

Je me suis baissée pour ramasser mes affaires et les remettre dans mon sac quand la mère de Killian s’est soudain accroupie et a ramassé mon bracelet, celui que ma grand-mère m’avait donné.

« Je le savais, petite voleuse. Tu oses encore voler quelque chose avant de partir ? » a sifflé la mère de Killian.

Je me suis relevée et j’ai essayé de reprendre mon bracelet de sa main, mais elle était trop rapide. Elle a levé la main avant que je puisse l’atteindre.

« C’est à moi, je ne l’ai pas volé, » ai-je dit en plissant les yeux.

La mère de Killian a simplement éclaté de rire.

« Tu n’étais qu’une oméga quand tu es arrivée ici. Comment pourrais-tu posséder quelque chose d’aussi précieux ? Tu essaies de nous voler avant de partir. » m’a-t-elle accusée.

J’ai serré les poings en entendant ses accusations injustifiées. Elle avait toujours le don d’être cruelle avec ses mots. Oméga ou pas, je ne suis pas une voleuse.

Ma grand-mère m’a élevée correctement. Je ne viens pas d’une famille de voleurs.

« Ce bracelet est à moi. » ai-je dit fermement. « Ma grand-mère me l’a donné. Il n’appartient ni à vous ni à la meute de la Lune Argente. »

« Ce bracelet est fait de pierres précieuses rares. Comment ta grand-mère aurait-elle pu se le permettre ? Ça doit être un cadeau de mon fils, et tu n’as pas le droit de l’emporter », a rétorqué la mère de Killian.

« Que se passe-t-il ici ? »

Killian est soudain arrivé sur les lieux, m’empêchant de faire quelque chose que j’aurais pu regretter contre sa mère odieuse.

Je ne quitterai jamais cet endroit sans le bracelet que ma grand-mère m’a donné.

« Killian, m’as-tu déjà offert un seul cadeau ? » lui ai-je demandé pour que sa mère réalise à quel point elle avait tort.

Pendant tout notre mariage, je n’ai jamais reçu un seul cadeau de Killian. Il ne connaît même pas ma date d’anniversaire, il ne connaît pas notre anniversaire de mariage, et il se moque complètement de moi à Noël.

Jamais, en quatre années, il ne m’a rien offert.

J’ai attendu que Killian réponde, mais il n’a rien dit. Je l’ai regardé pour voir ce qui l’empêchait de répondre, quand le bouquet de lys dans sa main a attiré mon attention.

J’ai éternué lorsque son parfum a pénétré mes narines. J’ai commencé à rire en sentant mon nez se boucher à cause de mes allergies.

« En quatre ans de mariage, tu ne sais même pas que je suis allergique aux lys. Comment pourrais-tu seulement penser à m’offrir un bracelet ? » lui ai-je demandé avec un regard amer sur le visage.

Lui et sa mère venaient, une fois de plus, de me rappeler à quel point ils avaient été cruels envers moi.