Chapitre 4 Divorce

Point de vue de Killian

Divorce ? Je n’arrivais pas à comprendre.

J’ai poussé un soupir en passant ma main dans mes cheveux avec frustration.

Mon esprit s’égarait une fois de plus au lieu de se concentrer sur les documents que je devais finaliser pour la journée.

Mes pensées revenaient sans cesse aux paroles d’Astrid. Je n’arrivais pas à croire qu’elle m’ait si facilement demandé le divorce.

Astrid a toujours été responsable et obéissante en tant que Luna et en tant que ma main droite, ou commandante, dans l’armée.

Je ne pouvais pas croire qu’elle envisagerait si facilement de demander le divorce, sachant que cela signifierait renoncer à son titre de Luna et rendrait les choses gênantes entre nous dans la meute.

Je me suis adossé à ma chaise et j’ai fermé les yeux, sentant une migraine pointer. Elle devait parler sous le coup de l’émotion. Une fois calmée, avec un regard clair sur la situation, elle se rendrait compte que divorcer serait aller trop loin.

J’ai simplement été en retard aux funérailles de sa grand-mère, mais j’ai une excuse valable pour cela. Si je m’en fichais vraiment, je n’aurais pas muté en loup et couru jusqu’à cet endroit, même en sachant que j’étais déjà en retard.

Pour ce qui est de l’avoir empêchée d’être avec sa grand-mère avant sa mort… ce n’était pas intentionnel.

Je n’avais aucune idée qu’elle disait la vérité à ce moment-là. Je pensais qu’elle inventait des excuses. Je n’en avais vraiment aucune idée.

Si elle n’avait pas poussé Giselle dans les escaliers, elle n’aurait pas manqué sa chance d’être avec sa grand-mère.

Que voulait-elle que je fasse, après avoir tenté de tuer Giselle et de mettre en danger la vie de mon enfant à naître ?

Encore une fois, ce n’était absolument pas ma faute.

Je reconnais que j’ai été très occupé ces derniers temps et que j’ai négligé les sentiments d’Astrid, mais ce n’est pas une raison valable pour décider subitement d’un divorce.

J’ai sursauté quand quelqu’un est entré dans ma pièce sans frapper. J’ai cru que c’était Astrid, mais il s’agissait de mon Bêta.

J’avais oublié qu’Astrid devait frapper avant d’entrer, mais le Bêta Ryder pouvait entrer dans mon bureau quand il le voulait.

« Les documents sont signés ? » m’a demandé Ryder en se promenant nonchalamment dans mon bureau.

J’ai baissé les yeux vers les papiers que je n’avais à peine lus. Avant que je puisse répondre, Ryder a repris la parole.

« Tu n’es plus toi-même depuis que Luna Astrid est partie. Qu’est-ce qui s’est passé entre vous deux ? » a-t-il demandé avec curiosité.

Cela faisait trois jours qu’Astrid était partie, et étonnamment, il ne posait la question que maintenant.

« Astrid demande le divorce. » ai-je répondu franchement.

Ses sourcils se sont haussés lorsqu’il a entendu ma réponse.

« T’es sérieux ? » m’a-t-il demandé, incrédule.

« J’ai l’air de plaisanter ? » l’ai-je fusillé du regard.

Ses sourcils se sont froncés alors qu’il réfléchissait soigneusement.

« C’est une bonne ou une mauvaise chose ? »

Mes yeux se sont plissés en entendant sa question, mais je ne pouvais pas lui en vouloir de poser une telle question.

Même si Astrid et moi étions mariés depuis quatre ans, nous n’avions jamais été intimes l’un avec l’autre.

Je n’ai jamais traité Astrid comme ma compagne, mais quand Giselle est revenue, je l’ai déjà mise enceinte.

Il est normal que Ryder pense ainsi.

« Bien sûr, c’est une mauvaise chose. » ai-je répondu. « Elle est notre Luna, nous ne pouvons pas la perdre. »

Quand j’ai rencontré Astrid, je pensais qu’elle n’était qu’une louve faible, incapable d’assumer le rôle de Luna.

Parmi toutes les femmes puissantes auxquelles j’aurais pu être lié, comme Giselle, j’ai fini avec Astrid, une simple née oméga.

Je l’avais détestée parce qu’elle était faible, indigne de moi. Je la détestais encore plus parce qu’elle avait manipulé mon père et m’avait séparé de Giselle.

Mais, avec le temps, quand j’ai vu de quoi elle était capable, j’ai fini par la détester moins, uniquement à cause des contributions qu’elle apportait à la meute.

Elle reste une Luna utile pour cette meute, même si elle est née oméga.

« Et Giselle, alors ? » a-t-il demandé en s’affalant sur mon canapé, comme s’il était chez lui. « Elle est toujours enceinte de ton enfant, et je suis sûr qu’elle adorerait devenir la Luna de la meute. »

« Giselle ne peut pas être notre Luna. » ai-je répondu.

Si Giselle devenait Luna, je suis sûr qu’elle ne serait pas à la hauteur d’Astrid. De plus, notre meute ne pourrait pas se permettre de perdre un talent comme Astrid.

Tout cela a commencé parce que j’ai mis Giselle enceinte. Si je ne l’avais pas mise enceinte, peut-être qu’Astrid n’aurait même pas pensé au divorce, et j’aurais aussi plus de raisons de convaincre Astrid de rester dans notre meute.

Ce qui s’était passé entre Giselle et moi était un accident, j’étais ivre ce soir-là. Je ne me souvenais même pas comment cela s’était produit, la nuit où Giselle était revenue.

Je me détestais de ne pas avoir su me contrôler. La prochaine chose que j’ai sue, c’est que Giselle était enceinte. Je ne pouvais pas revenir en arrière, même si je le voulais, et je devais assumer la responsabilité de mes actes, qu’ils soient intentionnels ou non.

En fin de compte, le bébé est innocent, et c’est le mien. C’est ma responsabilité de prendre soin de Giselle et de mon enfant.

« Je vais m’occuper d’elle et de notre enfant, car c’est mon devoir et la meute a besoin d’un héritier, mais Astrid est la Luna légitime. Je ne divorce pas d’elle. » ai-je ajouté fermement après avoir pris ma décision.

« Dans ce cas, pourquoi ne vas-tu pas simplement le lui dire ? » a-t-il suggéré comme si c’était aussi simple.

« Astrid est encore en colère. Elle me détesterait encore plus si elle me voyait et m’entendait dire quoi que ce soit d’autre. »

Mon expression abattue s’est légèrement éclairée lorsque j’ai eu une idée.

« Fais-moi confiance, une fois qu’Astrid se sera calmée, elle réalisera que le divorce n’est pas ce qu’elle veut. Astrid n’aimerait pas quitter la meute et devenir une rogue, n’est-ce pas ? Qui, dans son bon sens, voudrait cela ? »

Toutes mes peurs se sont dissipées avec cette pensée.

« Que comptes-tu faire maintenant ? » m’a demandé Ryder, me plongeant dans une profonde réflexion.

« Achète-moi des fleurs… des lys. » lui ai-je ordonné.

« Quoi ? » Les sourcils de Ryder se sont froncés face à ma réponse inattendue.

« Je ne devrais pas juste attendre qu’Astrid se calme, je devrais aussi essayer d’apaiser sa colère. » ai-je répondu.

Puisque mon problème serait résolu une fois qu’Astrid se serait calmée, il serait préférable que je fasse quelque chose pour apaiser sa colère. De cette manière, je pourrais aussi regagner son cœur.

En entendant ma raison, Ryder n’a pas posé plus de questions et est parti chercher les fleurs que je lui avais demandées.

Quel meilleur cadeau pour conquérir le cœur d’une femme que des fleurs ?

J’étais certain qu’une fois qu’Astrid recevrait les lys, elle repenserait à tout ce qu’elle avait dit, et elle comprendrait que je ne me souciais pas uniquement de Giselle, contrairement à ce qu’elle avait cru.

Un petit sourire s’est dessiné sur mes lèvres quand je me suis souvenu de la première fois que j’ai rencontré Astrid.

C’était un beau jour de printemps. Je me promenais dans le jardin du manoir de la meute lorsque je l’avais aperçue, au loin, parlant aux poissons qui nageaient dans l’étang tout en les nourrissant.

C’était la première fois que je voyais quelqu’un, d’apparence saine d’esprit, parler à un poisson. Elle ne s’était pas aperçue que je l’observais et elle avait continué à leur parler.

À ce moment-là, je n’avais pas eu l’intention d’aller lui adresser la parole. Je l’avais simplement trouvée étrange, parlant à des créatures qui ne pouvaient évidemment pas la comprendre.

J’étais sur le point de partir, lorsqu’elle était soudain tomée du pont qui surplombait l’étang, plongeant dans l’eau parmi les poissons qu’elle nourrissait.

Je n’avais pas hésité une seconde avant de sauter pour la sauver.

C’était une première rencontre inhabituelle, je ne pouvais donc jamais l’oublier. À cette époque, beaucoup de lys poussaient dans l’étang.

Depuis ce jour-là, chaque fois que je voyais des lys, je me souvenais de notre première rencontre.

Je suis sûr qu’une fois les fleurs dans les mains, elle se souviendra aussi de cette rencontre.