Chapitre 6 Le rejet

Point de vue d’Astrid

Killian a détourné le visage, honteux, lorsqu’il a entendu mes paroles. Ses mains ont tremblé légèrement alors qu’il écartait à contrecœur les lys de mon visage, me permettant de mieux respirer.

Je suis restée silencieuse en me couvrant le nez. Mon nez me démangeait à cause de ces maudites fleurs qui avaient déclenché mes allergies.

Après un instant de silence, Killian a soudain poussé un ricanement.

« Ces fleurs ne sont pas pour toi. » a-t-il lancé, la voix dure.

J’ai lentement levé les yeux vers lui, par le coin de mon regard, en entendant ses paroles. Lorsqu’il était arrivé avec les fleurs, j’avais vraiment cru qu’elles m’étaient destinées.

« Pour qui étaient-elles, alors ? » lui ai-je demandé, pensant sincèrement qu’il était venu jusqu’ici pour m’offrir ces fleurs en guise d’excuses.

« Pour Giselle, évidemment. » a lâché Killian. « Comme tu l’as dit, tu n’as jamais reçu de cadeau de ma part. Pensais-tu vraiment que je t’offrirais des fleurs maintenant ? »

Un sourire amer a étiré mes lèvres à sa réponse. Quelle idiote j’avais été de croire que ces fleurs m’étaient destinées.

Killian a raison. Je suis vraiment naïve. Même si je sais qu’il ne m’aime pas, j’espère toujours qu’il se souciera de moi.

J’espérais qu’il apprendrait à m’aimer et à oublier Giselle pendant notre mariage.

J’espérais qu’il serait heureux d’apprendre que j’étais enceinte de notre bébé.

J’espérais qu’il serait présent pour me réconforter lors des funérailles de ma grand-mère.

En réalité, mes attentes stupides me blessent toujours.

Désormais, je n’espérerai plus de telles choses. Je ne serai plus l’Astrid naïve que j’avais été.

« Tant mieux, alors, » ai-je riposté avec un sourire forcé sur le visage. « Même si tu me suppliais de te pardonner et que tu couvrais mes pieds de fleurs, je ne changerais jamais d’avis sur le divorce. »

Killian a été stupéfait par mes paroles. Peut-être s’attendait-il à ce que je pleure et me lamente face à ses mots, mais j’ai déjà appris ma leçon.

Un homme comme lui ne mérite ni mes larmes ni mes efforts. Mieux vaut que je le quitte au plus vite avant qu’il ne détruise complètement ma vie.

« Rends-moi mon bracelet maintenant, et je m’en vais. » ai-je dit en fixant la mère de Killian.

La mère de Killian m’a juste adressé un sourire narquois, indifférente à mon sérieux. Au lieu de cela, elle a brandi le bracelet dans sa main et l’a montré à son fils.

« Dis-moi, Killian. Ce bracelet est-il vraiment à elle ? » a-t-elle questionné avec sérieux.

Killian a examiné le bracelet attentivement. Ses sourcils se sont froncés et ses yeux se sont assombris alors qu’il l’observait minutieusement.

« Est-ce le sien, Killian ? » a répété sa mère, impatiente, face à son silence prolongé.

Killian a cligné des yeux, comme s’il était brusquement tiré de ses pensées.

« L-le bracelet est à elle. » a-t-il fini par admettre, honnête.

Les yeux de la mère de Killian se sont écarquillés à la réponse de son fils.

« C’est impossible ! » s’est-elle exclamée. « Comment une simple oméga comme elle pourrait posséder un bracelet aussi cher ? Elle a dû le voler. » a-t-elle insisté.

J’ai serré les dents en entendant ses accusations. Maintenant, je savais de qui Killian tenait cette arrogance : mère et fils partageaient le même mépris pour les omégas.

« Attention à tes paroles, mère. » l’a réprimandée Killian. « C’est vrai, le bracelet appartient à Astrid. » a-t-il affirmé, fermement.

Ce bijou… il m’était infiniment précieux. Ma grand-mère me l’avait offert, ce qui en faisait un trésor irremplaçable. S’il ne venait pas d’elle, je l’aurais donné sans hésiter, peu importe sa valeur financière. Mais il portait en lui la mémoire de la personne qui m’avait aimée sans condition.

« Mère, rends-lui le bracelet. » a demandé Killian d’un ton respectueux.

La mère de Killian a serré le bracelet dans sa main. La colère montait en elle à l’idée de me le rendre. Ce bracelet devait avoir, comme elle l’avait dit, une grande valeur… pour qu’elle le désire à ce point.

Avec une expression glaciale, j’ai fixé ses yeux perçants et j’ai ouvert la paume devant elle.

La mère de Killian a serré la mâchoire, crispée, avant de laisser tomber à contrecœur mon bracelet dans ma main.

Après avoir sécurisé mon bijou, j’ai ouvert mon sac et j’en ai sorti les papiers de divorce déjà signés.

« Tiens. » ai-je dit froidement en lui tendant les documents. « Puisque tu es là, tu peux les signer maintenant. »

Killian a relevé les yeux vers moi en entendant ces mots, mais je suis simplement partie sans attendre sa réponse.

Lorsque j’ai franchi la porte de la maison de meute, Killian m’a finalement rattrapée, remis de sa stupeur.

« Astrid ! » a-t-il crié.

J’ai sursauté quand il m’a brusquement saisie par le bras, m’empêchant d’avancer.

« Qu’est-ce que tu fais ? » m’a-t-il fusillée du regard en serrant mon bras si fort que je pouvais sentir un bleu se former.

« Tu es la Luna de la meute, tu ne peux pas partir comme ça ! »

Je l’ai fixé droit dans les yeux, sans baisser la tête.

« Tu ne comprends donc pas, Killian ? J’abandonne ! » ai-je crié en plein visage, le prenant de court. « Je ne veux plus être ta compagne et je ne veux plus être ta Luna. Signe ces papiers de divorce et laisse-moi partir ! »

« Je ne signerai jamais ces foutus papiers ! » a craché Killian, en brandissant les documents de divorce, froissés par sa poigne serrée.

Le coin de mes lèvres s’est lentement étiré tandis que je le fixais. Lentement, j’ai secoué la tête et j’ai commencé à rire.

Killian s’est raidi en me regardant comme si j’avais perdu la tête.

Peut-être que je suis vraiment devenue folle à cause de lui.

« Pourquoi pas ? Giselle est libre de devenir ta Luna, après tout, elle porte déjà ton enfant. » ai-je rétorqué d’un ton neutre.

Son visage s’est adouci.

« Ce n’est pas ce que tu crois. Giselle et moi… »

J’ai levé la main pour arrêter Killian. « Tu ne me dois aucune explication, je comprends. Tu ne m’as jamais aimée, et maintenant que Giselle est revenue… »

« Tu ne comprends pas, Astrid ! » a-t-il hurlé en m’interrompant à son tour. « Tu ne peux pas partir comme ça. » a-t-il insisté, les mains agrippant mes épaules.

« Ah… je comprends maintenant. Les papiers de divorce ne suffisent pas, c’est ça ? Très bien ! Alors rejetons-nous mutuellement, comme ça tu pourras avoir Giselle comme Luna sans aucun problème. » ai-je continué à parler sans laisser Killian répondre.

« Moi, Astrid Zorensen, je rejette Killian Sullivan comme compagnon. »

À peine ces mots ont-ils quitté mes lèvres qu’une douleur cuisante a traversé mon corps, me faisant tomber au sol.

J’ai fermé les yeux, les dents serrées, alors qu’un cri étouffé m’échappait. J’ai griffé ma poitrine en ressentant la souffrance atroce qui venait de là.

Comme moi, Killian s’est effondré au sol à cause de la douleur. Il ne pouvait pas parler, son visage déformé par la souffrance, sa main agrippant son cœur.

Il est resté ainsi, à genoux faiblement sur le sol, une main le soutenant pour ne pas s’effondrer complètement.

Il a résisté, refusant d’accepter mon rejet - ce qui rendait la douleur encore plus terrible pour lui.

De mon côté, le lien étant déjà rompu par ma décision, mon corps a fini par s’habituer à la brûlure.

Quand la douleur s’est un peu atténuée, je me suis forcée à me relever.

Killian m’a juste regardée, les yeux pleins de douleur. Dans cet état, il n’avait plus la force de m’empêcher de partir.

Avec le peu de force qu’il me restait, je me suis tournée pour partir.

« Tu ne peux pas vivre sans moi, Astrid ! » a crié Killian. « Je sais que tu reviendras tôt ou tard. Tu ne survivras jamais là dehors ! »

J’ai souri froidement sans lui accorder le dernier regard.

Je ne reviendrai jamais. Plutôt mourir que de remettre un pied ici.