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Chapitre 6 – Les chaînes invisibles

작가: Velvet aura
last update 최신 업데이트: 2025-09-04 19:51:27

Un silence lourd retomba sur la clairière après les mots de Caius. « Elle m’appartient. »

Je restai figée, incapable de respirer. Mon cœur battait si fort que j’avais l’impression que toute la meute pouvait l’entendre.

Il ne m’avait pas reconnue comme son âme sœur. Pas même comme une louve digne de lui. Non. Il venait de me réduire à une chose. Une possession.

Les murmures éclatèrent à la périphérie du cercle.

— L’Alpha l’a dit. Elle lui appartient.

— Alors elle reste…

— Mais pourquoi garder une anomalie ?

— Parce qu’elle peut servir…

Chaque mot me donnait envie de disparaître.

Theron s’avança, le visage fermé, ses yeux brillant d’un éclat dangereux.

— Alpha, avec tout le respect que je vous dois… est-ce bien sage ? Laissez-moi m’en occuper. Elle n’apportera que le chaos.

Caius le toisa d’un regard glacial.

— Je n’ai pas demandé ton avis, Theron.

Le Bêta se raidit, serra les poings, mais recula d’un pas. La hiérarchie était claire : personne ne pouvait défier l’Alpha.

Eldric prit alors la parole, sa voix résonnant comme le vent dans les pins.

— Qu’il en soit ainsi. Cette enfant reste parmi nous. Mais sachez ceci : tout pouvoir a un prix. Le jour où elle mettra la meute en danger, je ne lèverai pas la main pour l’épargner.

Un frisson glacé me parcourut. Mon regard se brouilla de larmes, mais je les ravalai avec peine.

Caius se tourna vers moi. Son visage était fermé, impassible, mais son regard me clouait au sol.

— Tu restes à Silverpine, déclara-t-il. Sous ma protection. Et sous ma surveillance.

Je déglutis avec difficulté.

— Protection ? soufflai-je. Non… une cage.

Ses yeux se plissèrent, comme s’il avait entendu, mais il ne répondit rien.

Les gardes s’approchèrent pour me reconduire. Cette fois, ils ne me saisirent pas avec brutalité. Mais leurs regards disaient tout : ils auraient préféré me voir morte.

Je fus ramenée vers les quartiers des omégas, sous les yeux de toute la meute. Les regards me dévoraient : certains emplis de haine, d’autres d’avidité, quelques rares d’admiration muette. Je marchais comme dans un cauchemar, chaque pas plus lourd que le précédent.

Mira m’attendait près des cabanes. Elle se précipita vers moi, mais fut arrêtée par un garde.

— Elle doit rester seule, ordonna-t-il.

— Laissez-la ! protesta Mira, la voix tremblante. Elle a besoin de moi !

Le garde gronda mais finit par céder. Mira me rejoignit et m’entoura de ses bras. Je me laissai aller quelques instants, respirant son odeur familière.

— Lyra, murmura-t-elle, je t’ai entendue… ils veulent te garder ici. Tu n’es pas seule. Je serai avec toi.

Je la serrai plus fort, des larmes silencieuses coulant enfin.

— Mira… je ne voulais pas de ça. Je voulais juste exister, être comme les autres. Et maintenant… je suis prisonnière.

Elle s’écarta, ses yeux humides mais brillants de détermination.

— Non. Tu es plus que ça. Ils ne le voient pas encore, mais ton don… c’est une force. Un jour, ils comprendront.

Ses paroles étaient belles, mais mon cœur restait lourd. Car je savais que ce n’était pas de force qu’ils parlaient, mais d’une arme.

La nuit tomba rapidement. Je fus installée dans une petite cabane isolée, sous la garde constante de deux guerriers. Impossible de fuir, impossible même de respirer librement. Les murmures de la meute me parvenaient encore à travers les murs de bois.

J’étais devenue un sujet de peur. Un objet de convoitise. Une anomalie enchaînée.

Je m’assis sur le lit de fortune, fixant mes mains. Elles tremblaient encore. Je les ouvris, espérant ne plus voir cette lumière. Mais dans l’ombre, une faible lueur argentée persistait, comme un rappel cruel que ma vie ne m’appartenait plus.

Un grincement de porte me fit sursauter. Je relevai brusquement la tête. Caius entra, seul, sa silhouette massive emplissant l’espace exigu.

Mon souffle se bloqua.

— Que veux-tu encore ? murmurai-je, la gorge sèche.

Il referma la porte derrière lui, son regard toujours sombre.

— Tu crois que je voulais ça ? Que je voulais te rejeter ?

Ses mots me frappèrent comme une gifle.

— Alors pourquoi ?! hurlai-je, ma voix se brisant. Pourquoi m’avoir humiliée devant tous ? Pourquoi m’avoir brisé le cœur, si c’était pour dire ensuite que je t’appartenais ?

Il s’approcha d’un pas, son ombre recouvrant presque la mienne.

— Parce que si je t’avais acceptée comme mon âme sœur, tu serais déjà morte.

Je restai figée, le cœur battant à tout rompre. Ses yeux brûlaient d’une intensité qui me glaça.

— Des ennemis guettent, Lyra. Tu ne comprends pas encore la valeur de ce que tu portes. Mais moi, je la connais. Et je sais ce qu’ils seraient prêts à faire pour t’arracher à moi.

Je voulus répondre, mais aucun son ne sortit. Son regard me transperçait, à la fois barrière et flamme.

Il se détourna brusquement, sa voix redevenue froide.

— Reste tranquille. Obéis. Et peut-être que tu survivras.

Puis il quitta la cabane, me laissant seule dans l’ombre, le souffle coupé.

Je posai une main sur ma poitrine, là où le lien invisible brûlait toujours malgré son rejet. Mes larmes coulèrent en silence. J’étais à lui, mais pas aimée. Proche, mais rejetée. Liée, mais prisonnière.

Et dans cette contradiction insupportable, je sentis une promesse muette naître au creux de ma douleur : Un jour, je briserai ces chaînes invisibles.

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